Brave Hearts
Sous le joug d’une tyrannique reine qui n’a pour destin que d’être crainte ou adulée, on dirait que la nuance n’existe pas chez eux. Et le manichéisme ne plaît pas à notre épéiste. L’absence de nuance la rebute au plus haut point. En bref, elle préfère éviter tout ce qui touche de près ou de loin à la reine rouge. Pour ce qui est de raccourcir le nombre de ses partisans en revanche… ça se discute.

Holy Crowns
Le pacifisme incarné, la pureté… mais oui bien sûr. Elle n’y croit pas une seule seconde. Un royaume pacifique qui possède une armée, c’est un peu l’ironie personnifiée pour elle. Et dès qu’elle entend les mots douceur et tranquillité, elle peut déjà entendre ses dents grincer. En bref, une bande d’hypocrites qu’elle découperait gratuitement sans une seconde d’hésitation.

Master Pieces
Si elle n’avait pas été membre de la brigade… c’est sans doute ainsi qu’elle aurait terminé. Elle appartenait autrefois à une bande de pions elle aussi. Le temps passé avec eux lui était plus précieux que tout au monde. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Aujourd’hui, elle traîne avec une bande différente, mais qui répond mieux à ses besoins.

Dark Shadows
La « famille ». Oh elle aimerait tellement dire qu’elle les voit ainsi, mais elle n’a jamais aimé mentir. En revanche, c’est sans doute ce qui se rapproche le plus du mot qui commence par un « f ». Sans l’être véritablement pour autant. Elle se sent bien auprès d’eux, respecte l’autorité de son gourou et éprouve même une certaine affection pour lui. Elle tue volontiers pour eux, pour lui. Elle est prête à répandre le chaos, l’anarchie, rien que pour la curiosité de voir ce qui se passera une fois leur dessein accompli. Mais surtout, elle veut vivre passionnément, et aucune autre communauté ne lui a autant donné le sentiment d’être aussi vivante. Rien que pour ça, elle est heureuse en leur sein.

Se souvient-il de sa naissance ?
Elle ne se souvient de presque rien et ne cherche pas non plus à s’en rappeler. Elle sait qu’elle a été abandonnée à la naissance et c’est à peu près tout ce qu’il y a à dire.

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Où a-t-il grandi ?
Par-ci, par-là. Que ce soit accompagné de son mentor ou bien de la bande dont elle fit partie pendant un temps, ils avaient tous la bougeotte les bougres. Et ça tombe bien parce qu’elle aussi. Découvrir le monde de ses propres yeux, se faire son propre avis sur la situation de chaque recoin de la terre qu’elle foule ; c’est aussi ce qui a aidé à la façonner. Comme elle aime à le dire : « la maison c’est là où je pose mon cul. Le reste n’a pas d’importance. »

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Un souvenir marquant ?
À vrai dire, il y en a deux. Elle est incapable de choisir entre l’un ou l’autre. La première manifestation de son pouvoir et sa séparation avec son mentor. Impossible de choisir entre ces deux moments.

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Comment est-il arrivé où il en est aujourd’hui ?
Plutôt simple à vrai dire. Elle survécut dans un premier temps, fut formée aux arts martiaux, de la traque, ainsi qu’aux maniements des armes blanches. Tout le savoir qu’elle a accumulé, elle l’usa pour servir les intérêts d’une bande, puis les siens. Lentement mais sûrement, elle bâtit une réputation aussi macabre que tonitruante. Un nom qui résonne aujourd’hui comme un écho funeste dans le cœur et la tête des habitants de ce monde qu’elle a apprivoisé petit à petit. Sans doute que pour le gourou des ombres, passer à côté d’une aubaine pareille était inconcevable. L’avoir à son service, ça doit certainement lui plaire, sinon elle ne serait pas là. À vrai dire, Crowe ne sait pas trop quoi en penser. Ce qui se passe dans la tête et le cœur de cet homme… elle ne sait pas encore si elle désire vraiment le découvrir. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’il lui donne la merveilleuse aubaine de faire parler le tranchant sanguinaire de son arme fétiche, plus que n’importe qui d’autre avant lui. Croyez-le ou pas, ça suffit à son bonheur.

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Quelle est sa plus grande peur ?
Mourir, question suivante, merci.

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Son objectif à Wonderland ?
Vivre le plus longtemps possible, profiter de son vivant pour ne manquer aucune occasion de faire ce qu’elle veut. La dernière chose qu’elle souhaite, c’est mourir en ayant des regrets. Il y a ceux qui restent figés dans le passé, ceux qui veulent prédire l’avenir à tout prix, Crowe, elle, reste ancrée dans le présent.

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/!\ Un ou deux passages un peu violents, rien d'explicite, mais je préfère prévenir que guérir.

Entre le prédateur et la proie, la différence se fait entre celui qui a les crocs les plus aiguisés.
Tu as perdu tes dents de lait, tant mieux pour toi, maintenant, aiguise tes crocs !
Tant que ta morsure n’est pas fatale, personne ne la redoutera !
Aiguise tes crocs !

Credo de son mentor, Crowe répétait inlassablement ces mots, avant, pendant et après chaque affrontement. Rituel qu’elle gardait de chaque confrontation avec lui. Celui qui aimait se faire appeler « sensei. » La demoiselle n’avait jamais compris cette étrange lubie, mais apparemment, l’homme voulait maintenir un semblant de normalité, même dans son autre vie.

Car oui, son mentor avait vécu à une autre époque, dans un autre monde, dans un territoire ou l’on était aux premières loges pour observer le soleil levant ; la vue devait être à couper le souffle, ça laissait presque notre épéiste rêveuse.

Elle avait tant appris de lui. Le maniement des armes, comment mouvoir son corps en économisant son énergie. Comment se défendre, même désarmée, comment reprendre l’avantage dans une situation délicate, elle avait tant appris.

Elle avait même adopté cette culture étrangère à la sienne, vestiges du vécu d’un homme, dans un monde qui n’avait et ne pouvait être le sien, mais qu’il avait parcouru avant de la rencontrer. Ça allait du mode de vie jusqu’au style vestimentaire, « kimono », « yukata » ; que des mots qui étaient voués à disparaître un jour où l’autre, si personne n’était là pour en faire perdurer l’héritage.

Elle avait gardé l’habitude de s’habiller ainsi, constamment vêtue de tenues contrastantes avec celles de ces nombreux semblables, elle les arborait avec fierté et désinvolture, comme ci elle avait tout compris avant tout le monde. Le clou du spectacle étant cette arme unique que son mentor nommait « katana », cadeau d’adieu de l’homme, toujours attaché à sa ceinture. Une arme singulière, légère, agréable à manier… mais la lame était si fine que même son redoutable tranchant donnait l’impression de pouvoir se briser au moindre mauvais coup.

Et Crowe se souvenait alors de ces mots, que dis-je, cette maxime que le sensei répétait sans cesse : « Une averse de coups hasardeux ne viendra jamais à bout d’un ennemi. Tu n’as besoin que d’un seul coup : le bon. » Et c’est bien l’une des rares choses sur lesquelles elle avait toujours été d’accord avec lui.

Oui, elle avait tant appris de lui. Perfectionner son don, pouvoir se battre même privé de son sens de la vue, se fiant aux vibrations dans l’air pour connaître à la fois, l’endroit, la force et la direction d’un impact. Écouter la respiration de son adversaire, pour savoir quand et où frapper. Fragiliser un os, l’entendre grincer, puis le briser. Il arriva un moment où même les coups venant dans son dos n’étaient qu’une formalité et la riposte se faisait aussi fulgurante que sanglante.

Et forcément, lorsqu’on pouvait se battre ainsi, cela n’attisait pas que de la crainte, mais aussi du respect, voir de l’admiration. Mais derrière ce spectacle, se cachaient des années, des décennies d’entraînements acharnés. Crowe pensait que son mentor voulait la briser en mille morceaux, elle avait tort.

Le maître vit en son élève, un diamant brut ; son polissage avait été aussi périlleux qu’excitant pour lui. Vint un jour où cette pierre précieuse aux apparences rugueuses et indomptables se transforma en un véritable petit bijou. Crowe n’était pas née avec des dispositions particulières, loin de là, mais elle avait réussi à exploiter son potentiel.

La chenille devint papillon. Et le maître donna un prénom à son élève, un héritage : Moth ; papillon de nuit. Crowe ne renia pas ce nom, au contraire, elle l’adopta, le garda toujours près de son cœur, un souvenir de plus qu’elle lovait comme un nouveau-né que l’on serrait contre sa poitrine. Son nom de famille, elle le trouva elle-même, ses parents ne lui avaient rien laissé, pas même un nom… alors elle se paya le luxe de le choisir toute seule. De lui, elle avait tant appris, tant héritée, jusqu’à un prénom de plus dans sa besace, rien que ça.

En revanche, il y a bien une chose que son maître, son mentor, ne lui avait jamais apprise : c’était la cruauté.

La lame virevolta, dans une danse lugubre et sanguinolente. Elle fendit l’air, coupa, découpa, bras, jambes, têtes, pas de jaloux. Le tout dans une facilité déconcertante ; mais le talent de celle qui brettait n’en était pas la raison principale. L’amateurisme de ses cibles en revanche… oui, indubitablement. Et bien que celle qui maniait l’arme n’en était clairement plus à son coup d’essai, malgré tout, le spectacle n’en était pas moins fascinant. Et le plaisir de cette horrifiante poésie restait inchangé.

Aujourd’hui, Crowe se vengeait. Et le goût des représailles avait une saveur toute particulière. Elle supprima ces lâches ayant décimé la bande avec laquelle elle avait vécu. Cette bande qui l’avait nommé : « Crowe » parce que je cite : ça lui allait bien.

Elle veilla méticuleusement à ce que chacun et chacune s’engouffrât dans les abîmes. Ce fut l’une des rares fois où c’était personnel. Jusqu’à présent, chaque tâche qui lui avait été donnée, chaque boulot mené à bien ; ce n’était que les affaires. Aujourd’hui… c’était pour elle qu’elle faisait tout cela. Pour clore définitivement ce chapitre de sa vie, afin de passer au suivant.

Quant aux conséquences de ses actes… à cet instant précis, elle s’en fichait éperdument. Tout ce  qu’elle avait devant les yeux, c’était la toile blanche qu’elle repeignait de carmin. Tout ce qu’elle ressentait à cet instant, c’était l’ivresse du moment. L’euphorie incontrôlable de voir les têtes tomber. Et quel pied !

Crowe n’était pas une inconnue du monde de Wonderland. Loin d’être l’individu le plus réputé, ce carnage qu’elle perpétua laissa une trace indélébile dans les esprits d’un grand nombre de gens.

Et quant à la nouvelle bande qu’elle avait rejointe il y a peu. Eh bien… disons que l’ambition n’était plus la même. Apporter le chaos, l’anarchie ; rien que ça. Advienne que pourra.