Brave Hearts Il n'est pas assez fou pour les provoquer de front. Un certain respect né de l'absolue certitude qu'avoir la reine à dos serait synonyme de tête qui roule sur le sol. Il se voit cependant forcé d'admettre qu'il a une certaine admiration pour la reine et sa capacité à faire régner l'ordre. Si ses propres troupes pouvaient être aussi disciplinées que celle de la souveraine, on avancerait.

Holy Crowns Il apprécie leur calme relatif et la certaine éducation (si seulement certains pouvaient s'en aspirer) dont ils font preuve. Cependant, tout comme pour la reine rouge, il se méfie de la cour et de ses intrigues. Même les eaux les plus calmes peuvent se montrer assassines. Et puis, qu'on a une armée, on a tout de suite des arguments solides contre lesquels Judas ne peut pas rivaliser.

Master Pieces On ne couche pas avec l'ennemi, mais on prend cependant le thé avec. Plus que les deux reines, plus que la disparition du temps, c'est bien le conflit qui l'oppose entre la loyauté factice au représentant des Master Pieces et celle à demi-assumée aux Dark Shadows qui l'effraie. Si Neverland est son premier lieu d'habitation, et son Maire son premier employeur, c'est pourtant à Halloween city qu'il a fondé son foyer et auprès d'Alastor qu'il rend des comptes réguliers. La supercherie tien, par miracle et par lâcheté, mais pour combien de temps encore ? Il a peur Judas, il appréhende le moment du Choix et de ses conséquences. Il déteste le jeu et pourtant, il mise toujours plus gros sur la table, Judas. À croire qu'on cherche à précipiter notre propre fin. Et à force de se refuser à choisir on a décidé pour nous. Ne remarque que bien trop tard, Judas, que ce n'était pas ce qu'on voulait. Retour au foyer originel mais le goût de la défaite en bouche. N'arrive plus a apprécier Neverland, car symbole de ses manquements. Pourtant bien y obligé d'y vivre et on est bon à faire semblant. Mais ce n'est que partie remise, puisque à la fin même la belle ville ne sera que cendre

Dark Shadows  Il n'était pas censé vous aimer. Il n'était pas censé être des vôtres. L'idée était d'écouter, d'observer et de rapporter nos découvertes aux oreilles du Maire. Mais il y a eu Alastor, il y a eu ce sentiment si particulier d'être "intégré", d'être une "part" d'un grand tout. Avec le temps, le personnel s'est mêlé au professionnel. Il a trouvé dans vos idéaux des échos à des envies destructrices profondes, une liberté de laisser libre cours à sa frustration. Comme une mère qui dit à son enfant, "c'est bon, tu peux être toi-même". Il a aimé ça, Judas. Et, petit à petit, l'allégeance a changé pour passer de Verte à Violette. Aujourd'hui, il joue le rôle du garde-fou de votre Maître, il organise et met à exécution les volontés de Gourou. Aujourd'hui, il est las, fatigué, la sensation d'être le grand frère faisant garderie pendant que Papa part boire au PMU du coin. Aujourd'hui, il s'énerve contre vous, rouspète, soupire, tel un professeur devant une classe particulièrement dissipée. Mais il y a l'attachement, aussi. Une certaine candeur face à votre chaos et votre désordre qui l'énerve tant. Un peu comme un père devant ses enfants chamailleurs. Un peu comme un fils qui sait sa famille dysfonctionnelle, mais ne peut s'en détacher. Et on y reviendra un jour, cela fait partie du plan, il ne peut en être autrement

En quelle année et où a t-il grandi ? Né en 1984, il grandit en Irlande dans un petit village campagnard essentiellement habitée par des professionnels de l’agriculture et de l’élevage. Sa famille est modeste et nombreuse. On ne roule pas sur l’or, mais le foyer est stable et sain.

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Un souvenir marquant de sa vie d’avant ?  Probablement son départ pour la ville. C’était le grand départ, le grand changement. C’était le souffle de liberté qu’on a tant attendu, la preuve d’être enfin grand, indépendant, d’être cet adulte responsable auquel personne n’a cru. C’était l’espoir fou avant les désillusions.

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Comment est-il mort ?  Une balle dans la tête. Simple. Efficace.

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Comment a-t-il réagi à son arrivée ? Assez mal. Il était perdu, dans l’incompréhension la plus totale. La conscience d’être mort, l’horreur de ne pas l’être totalement. Et puis le vide, le flou, la pièce manquante. Frustré, parce que même une balle dans le crâne ne l’aura pas sauvé. Lasse, parce que son histoire n’a pas de fin même quand il en faudrait une. Il s’est laissé guider, passant par les phases de deuil pour accepter sa propre renaissance. Il était vide, disait oui parce qu’il ne voyait pas d’importance en quoi que ce soit. Puis, il y a eu Alastor.

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Quelle est sa plus grande peur ? L'absolue dépendance et l'abandon total. La vérité comme le flou de l'oublie

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Son objectif à Wonderland ? Flou. Contradictoire. Judas veut retrouver la pièce manquante de son histoire. Judas est terrifié à l’idée de retrouver la pièce manquante de son histoire. Judas veut l’indépendance. Judas veut appartenir à quelqu’un. Judas veut passer sa frustration sur ce monde absurde duquel il est prisonnier. Judas veut tout de même préserver une partie de ce monde, au moins celle où il est accepté. Judas veut de l’ordre. Judas supervise le chaos. Flou. Contradictoire. S'il y a un Dieu à Wonderland, il doit se fendre la poire. Apporter une belle fin, un superbe point final à cette histoire
Ôyé Oyé, venez écouter l’histoire tragique et stupide d’un homme sot et passif. Venez vous gorger de cette comédie tragique où un garçon naïf a façonné l’enfer à coup de bonnes intentions. Venez rire de lui, venez pointer du doigt cet être méprisable qui, par amour et peur de n’être rien, n’a jamais su dire non. Venez, braves gens, écoutez l’histoire d’un traître honnête. Venez, amis de Wonderland, vous laissez conter la vie misérable de Judas. Venez, enfants fous et grotesques, vous régalez de la chute d’un enfant tout aussi fou et grotesque que vous.

✙ Il est né en pleine campagne irlandaise, Judas. Cadet d’une famille de trois. Petit dernier dans un couple monoparental. Trop jeune pour se souvenir du visage de sa mère avant qu’elle ne disparaisse. Un malheureux accident de travail, lui ont expliqués ses frères. Des choses qui arrivent. La vie d’agriculteur n’est pas de tout repos.
✙ Son prénom, c’est à cette mère disparue qu’il le doit. Judas, pas une référence biblique obscure, juste un hommage à son groupe favori, Judas Priest. Madame Foley était de son vivant le symbole même de l’électron libre et de la vie.
✙ Enfant passif, calme, discret, éteint. Judas est le garçon suiveur, celui qui marche dans les traces de boue laissées par les pas de ses grands frères et de son père. Peu d’ambition, incapable d’initiative, il n’agit que par et pour les autres. Ses professeurs le trouvent triste, il se dit au contraire très heureux de sa vie. Judas dessine des gribouillis naïfs représentant sa famille auréolée de lumières vives. Judas explique tout innocemment que c’est cette vision qui le rend heureux, que c’est quand ses frères et son père brillent qu’il se sent briller aussi.
✙ Il s'épanouit dans ce rôle d’homme de coulisse, un rôle qu’il embrassera totalement à l’arrivée d’Elliot, un nouvel élève venu de la ville, enfant turbulent, plein de rage et de vie, pour qui la campagne et son calme ne sont que tortures, pour qui le bruit et le chahut constant des grandes cités sont le seul cadre de vie qu’il se sent d’accepter. Véritablement un bouleversement dans la vie de Judas, une tornade qui balaye tout sur son passage. Au départ effrayé par cet enfant si vivant et agité, ça finit pourtant par se prendre d’admiration et d’un véritable respect pour lui.
✙ La différence d’âge entre Judas et ses frères, fait qu’il se rapproche d’Elliot et finit par transposer tout son besoin d’exister au travers de son regard. Si Elliot, l’a observé plus d’une fois avec mépris pour son manque d’ambition, la dévotion dont Judas fait preuve à fini par le placer dans le rôle du meilleur ami. Un rôle dont Judas se sent fier, privilégié, mais qui n’a pourtant rien d’enviable, car l’amour n’a toujours été qu'à sens unique. Judas n’a jamais et ne sera jamais rien d'autre qu’un outil bien pratique et plaisant, un doux agneau qu’on peut modeler à sa sauce. Un homme pâte à modeler qu’Elliot se fait un plaisir d’exploiter, car il est bon de se sentir mis sur un piédestal, d’être l’élu face au reste de la populace.  
✙ Une toxicité dont Judas ne prendra jamais réellement conscience, créant le fossé entre lui et sa famille à mesure que les mauvais avis envers Elliot et son influence se multiplient. Encore plus quant à la casquette d’ami vient s’ajouter celle de l’amant. Une casquette qui le rend plus hermétique encore à la moindre critique envers leur relation. Personne ne comprend à quel point on compte pour Elliot, à quel point on lui est essentiel, nous son ami, son confident. Alors quant à dix-huit ans, Elliot prend ses valises pour la ville, avec des rêves pleins la tête et des envies de fêtes et de conquêtes, Judas suit sans se poser de questions. Romps le contact avec les siens, parce que les siens, c’est Elliot maintenant et qu’on ne peut pas tourner le dos à cet ami si cher qui a, on le sait, un si grand besoin de nous.
✙ Pendant un temps c’est la fête, l’euphorie, les jeux. Judas découvre la vie nocturne et l’ambiance étouffante de la ville. Ça ne lui plaît pas, sa campagne lui manque, mais il découvre un Elliot beaucoup plus épanoui, beaucoup plus sûr de lui. Et quand, certains soirs, ça murmure sur l'oreiller qu’il est si content qu’on soit là, il se dit que c’est un mal nécessaire, Judas.
✙ Mais la fête a toujours une fin. Pour Judas, pour Elliot, c’est le manque d’argent, la fainéantise d’en obtenir à la régulière. Elliot ne veut pas rentrer dans le rang. Ça parle de bons plans, de plein de billets dans les poches en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Ça parle de rendre service à l’ami d’un ami, ça parle de promesse d'une fête qui n’aura de fin que quand on le décidera. Méfiant, Judas. Incertain, Judas. Mais des caresses et des mots tendres plus tard, ça cède une nouvelle fois. Après tout, si c’est pour le sourire d’Elliot ça en vaut la peine, non ?
✙ Mais la fête était bel et bien finie depuis longtemps. Ce qui devait être un plan sans prise de tête pour continuer à profiter de l’ivresse de la jeunesse devint une prison qui soumet Elliot et Judas à la plus primaire et brute des craintes. Ça joue le jeu puisque ça n’en a pas le choix, jusqu’à ce qu’Elliot craque. Alors ça demande pardon, ça supplie qu’on parte de nouveau, qu’on retourne à cette campagne qu’il déteste tant pourtant. Mais ça dit que la campagne sera toujours moins pire que de vivre en sursis comme on vit maintenant. Judas ne veut que ça, mais comment ? Avec quel argent ? Alors pour la première fois ça exprime le fond de ses pensées. Pour la première fois ça dit non. Pour la première fois ça accuse en disant qu’il était déjà trop tard, qu’il fallait assumer la merde pour laquelle on avait signé des années auparavant.  
✙ C’est la première dispute. C’est la dernière aussi. Elliot qui détruit verbalement, pointant du doigt, faisant exploser tout le mépris pour ce pantin nommé Judas. Ça hurle. Ça crie. Ça se déchire et ça finit par se sentir mourir. Et quand ça claque la porte en disant qu’on s’enfuira avec ou sans lui, Judas se retrouve seul. Judas se retrouve con. Prisonnier d’une vie qu’on n'a jamais aimée, pour l’amour d’un homme qui n’a jamais vraiment aimé non plus.
✙ Et quand on vient lui demander des comptes parce qu’Elliot agit bizarrement, qu’on lui explique que s’il prépare un mauvais coup ça va mal finir, une partie de lui souhaite le laisser sombrer, Elliot. Qu’il continue à jouer avec le feu jusqu’à s’en immoler si ça le chante. Qu’il aille crever, on avait gâché toute une existence pour lui, après tout. Mais en face ça dit qu’il n’est pas trop tard. Que si Judas sait quelque chose, c’est le moment ou jamais de le dire. Parce que ce sera la seule occasion d’aider Elliot, de le sauver. Parce qu’en allant trop loin, il allait se condamner. Et malgré la haine qu’il ressent, il l’aime encore, Elliot. Son meilleur ami. Probablement son seul et unique amour, aussi. Alors ça décide d’être honnête pour le sauver. Qu’importe qu’il en vient à le détester. Sa vie était trop importante pour que sa haine devienne un obstacle. Alors il parle Judas. Il pense sauver son seul ami. Il pense sauver l’amour de sa vie.
✙ Et quand quelques jours plus tard on le convoque et qu’on lui tend un sac de sport il pense que c’est un cadeau, Judas, un remerciement pour son service rendu, peut-être même un remerciement d’Elliot pour avoir été plus sage que lui, pour lui avoir épargné la mort. Et quel cadeau. Quelle leçon. Il y plonge les mains, Judas. Et il la sort. La tête d’Elliot figée dans l’horreur. L’odeur de la chair qui pourrit déjà. Le regard exorbité, accusateur. Et la terreur. Celle qu’on a quand on lève les yeux, voulant demander pourquoi. Celle qui fait battre le cœur quand on remarque le canon de l’arme braquée sur notre front. Celle qui nous fait hurler quand on entend la détente et les derniers mots qu’on emportera dans la tombe “Nous n’aimons pas les menteurs, mais nous aimons encore moins les balances.”

Je suis mort ce jour-là. Judas, 26 ans. Sans nouvelles de sa famille. Cette histoire n’aurait jamais dû avoir de suite et pourtant nous voilà tous réunis en ce fabuleux jour pour l’écrire. Réveillé dans un monde absurde. Je sais que je ne devrais pas être là, je sais que je ne devrais être nulle part. Pourtant, je suis là. Le cœur lourd d’un regret que je ne peux pas verbaliser. Le cœur lourd d’un vide que je ne peux pas remplir. C’est le début de Wonderland, de ma seconde naissance. Je me souviens de mon nom, je me souviens de ma vie. Je me souviens de cette balle et du bruit de la détente. Je me souviens de cette phrase. Mais je ne me souviens pas de tout. Il y a ce flou, ce brouillard entourant un détail que je sais pourtant primordial. D’un coût, les bruits me sont intolérables, d’un coût, toucher avec mes mains me terrifie sans savoir pourquoi. D’un coût je me sens méfiant. D’un coût je sens la nécessité d’être distant.

Et quand mes pas me font arriver à Neverland et me conduisent jusqu’à son maire, je ne sais pas quoi faire. Presque spectateur des derniers événements. Je ne me souviens pas d’avoir dit oui, je ne me souviens même pas de comment j’ai fini par atterrir à Halloween City. Une certaine mission d’espionnage. C’est flou, mais ça n’a pas d’importance. Depuis que je me suis réveillé à Wonderland, plus rien n’a d’importance. Et soudain il y a eu toi. Toi dont je sens les mensonges. Toi qui n’est que déclarations factices. Toi dont je me méfie plus que le reste. Toi qui m’inspires le danger sans que je ne puisse l’expliquer. Mais toi qui a fini par m’appeler ami. Toi qui as fini par faire de moi ton exception, ton unique. Toi qui me rends heureux autant qu’haineux. Toi qui m’inspires tous les paradoxes qui puissent exister. Toi qui m’es inconnu et qui pourtant détiens probablement toutes les réponses qu'il me manque. Toi Alastor.

Et sans le savoir, j’ai recommencé à arpenter le chemin du drame.

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