il y’a un manque à gagner de 13,3% par rapport au jour 6 de la semaine passée où le temps, je l’ai compte - je compte, je compte, le fric,
il n’y a pas suffisamment de fric, ni suffisamment de cotillons
là, là, mes rideaux sont d’un laid ! il faut que je les change, je veux fêter
ah

soupire

fêter, boire, manger, humilier, souffrir, jouir
donnez moi sodome et gomorrhe, donnez moi le marquis de sade, donnez moi les geôles de juliette - non, non pas ces livres de recettes !

on frappe

mh

il est vrai
j’attend un vilain petit rat
vilain vilain vilain et courtois

entre

mine inquiète jeune homme, mine inquiète
ses divins traits, sa gueule d’ange pourri, véreux, haha, mon mignon
il s’assied, il dit, il dit
son absence, son labeur à rattraper, pfeuh ! le sot !
j’écoute, mains croisées sur les papiers
inflexible, impassible

passible des pires maux, lui

il m’agace, il ne se défend de rien, de rien il n’y aura pas de manque ? tes paroles sont bien assurées miel, miel et douceur mais soit, rattrape, rattrape ! une main en l’air, l’agite, papillon je t’ajouterais à la liste des putes disponibles pour les orgies je souris - la gale aux joues, le plaisir au souffle là, ainsi, tu rattraperas deux fois plus vite ! remercie-moi remercie-moi qui n’apprécierait pas être un bout de viande jeté au bon aloi d’une cohorte de vautours ?

je me lève, me dirige vers la vitrine d’alcools dédiée aux gins
ah, un gin, un brin de gin - le gin feu, celui-là, la bouteille bleue, le gin dur, le gin le plus fort, oui ; deux verres, je remplis, cliquetis du liquide sur le cristal mélodieux sons
un pour moi, un que je lui offre

sourire, sourire, sourire, que de sourires, mes plus saints sourires

je t’ai convoqué pour une raison autre que ton arrêt récent me penche à sa rencontre, pousse le culot de son verre jusqu’à ses lèvres ouvre ouvre la bouche - pousse, pousse, que le gin, fort gin, feu gin noie son palais, qu’il lui brûle la gorge, qu’il lui embrase les poumons, qu’il crache, crache, crache si tu craches, je te gifle il m’est apparut que tu fricotes avec un garde du corps ? aslan, mon « ami »

rire

je m’assieds sur le rebord de mon bureau, face à face
déguste mon verre, mon gin, à moi, mon feu, mon feu gin (il est très bon), déguste lentement, tranquillement
que tu lui fais des ennuis ? se croit-il libre ? je ne tolèrerais pas que tu lui fasses du mal - nous devons maintenir de bonnes relations entre employés sourcils froncés, moue candide, sensualité au bout des cils dis-moi, dis-moi, dis-moi… aurais-tu utilisé ton don sur lui ? serpent siffle, colère gronde

je sens qu’il est aussi crispé que mes dents le sont à l’entente de ses paroles
il a du toupet de promettre, de jurer, de déblatérer pareil plaidoyer !

mais soit !
soit…

je suis bon, je suis généreux, je suis conciliant
alors je cajole d’une main
une main douce
à la fraîcheur de son front

mon adorable petit protégé, mon mignon, mon garçon qu’il me regarde, qu’il me regarde droit dans les yeux je te crois court, court ma main sur les traits
ô combien joliment dessinés
de ses pommettes

soupire

je le gifle

la violence éclate, tintement sonore
mes doigts rougissent

mon sourire renaît, s’étire

je refuse cependant que tu me caches des choses s’il ne me dit pas tout, je lui tordrais le cou, le découperais et m’en ferais un vase
j’y disposerais les plus jolies roses
les plus jolies narcisses
oh oui !

je reprends séant sur le rebord de mon bureau, mon verre qui retrouve la tiédeur de ma main, la soif de ma bouche

et lentement - graciles, chéries, trésors
mes ronces écartent les chairs saillant mes bras
et vont, s’en vont, dansent, jusqu’à ses chevilles, jusqu’à ses poignets

serrent, piquent, plantent

raconte-moi, alec je suis voyeur, je suis curieux quelle genre de relation entretiens-tu avec aslan ? j’ai vu leurs regards, j’ai vu leurs ombres se dire bonjour plus de fois que le jour ne se lève, j'ai entendu léazrder sur les murs les murmures, les rumeurs, les perfidies
j’ai sentis dans l’air
les haines
les désirs

n’omet aucun détail veux-tu
je glousse je veux pouvoir être excité dents blanches

c’est que, aslan, mon ami, mon cher, mon tendre, mon fidèle ami
me dit si peu, si peu des secrets qui tapissent son jardin intime…

j’aimerais tant pouvoir m’y inviter
j’aimerais tant pouvoir y déraciner
les derniers lierres qui le retiennent
à sa morale biaisée

il parle, il parle, il parle,
son discours sonne comme sonneraient les clochers d’une église affolée qu’on puisse lui écraser la nef et le choeur par quelques bombes incendiaires - ah !

la drôlerie
d’imaginer alec se transformer en église à pécheurs récidivistes -
dieu sait qu’il en a allumé des cierges, et dieu sait qu’il a trempé dans des eaux plus bénites de stupre que bénites de vertus

je ris

mes ronces libèrent un peu de leur emprise ses poignets et ses chevilles et oh !
quel merveilleux conte ! non, quelle merveilleuse pièce de théâtre ! je pourrais en réécrire les dialogues… oh oui ! oui ! la belle ! la brillante idée ! faire de votre romance bâtarde un spectacle pour les clients… tous les samedis soirs, sur scène, voir vos grotesques et faméliques élans amoureux ravir la foule de nos plus fidèles et loyaux rats

je me rassieds au moelleux de mon fauteuil,
te contemple avec silence

alec et aslan

rictus

aslan et alec

soupire

être un chien te vas bien. je lui reconnais le talent de trouver les meilleurs costumes aux pauvres ères qu’il martyrise. lasse je m’ennuie, ça y’est.

oui,
le rire est passé, tu as tout raconté
tout, trop vite, trop bien,
tout, tout, tout,
tu obéis si bien, toujours, toujours, toujours
tu courbes l’échine

gentille petite poupée

montre-moi un peu… soupire,
encore un soupire

parce qu’il faut bien que je te punisse,
là est ma fonction… fonction, ah !
fonction de merde, de merde, merde, merde ! …

je l’avoue
punir ne me procure plus aucun plaisir ces temps-ci
ô quel ennui !

mortel, mortel…

montre. montre-moi. à quel point tu le veux. met toi à quatre pattes et et lèche le parquet comme si c’était son corps. je dois me faire une meilleure idée de la pièce de théâtre que nous allons produire ensemble.

lorsque tu seras suffisamment humilié,
je te laisserais tout à loisir de retourner à ta misérable vie
et aux amours putes de mon si décuvé ami

ah

il me dit non

ah

très bien

je vois que, en dépit de sa condition et constitution de chien
il ne manque pas d’un minimum de fierté et de courage
ou de stupidité ?

oui,
de la stupidité
c’est de la stupidité plus que ce n’est du courage car le courage sied aux coeurs justes
son coeur n’a de juste que l’odeur de pourriture qui s’en dégage

alec, alec, alec
s’il n’était pas la coqueluche mâle des rats coutumiers des lieux,
qui payent pour se gausser de sa queue de bâtard et se laver de son foutre,
il serait déjà à l’état de sable dans mon jardinet

je soupire,
lasse d’avoir à jouer le cruel et le méchant
lorsque ces messieurs et mesdames les insectes rampants
courroucent mon ego

un soupire, second du titre,
je me lève

bras croisés,
sourcils froncés

toi, vous… vous tous… me faites l’effet d’un hoquet de gerbe ! assez ! j’en ai assez d’avoir à gérer des gamins abrutis par leur instinct vulgaire et des gamines en mal de figure paternelle !

et sortent mes ronces,
grosses, épaisses, pour encercler sa gorge
ses poignets, sa taille, ses cuisses, ses chevilles

qu’il tombe de la chaise, que le poids de la plus grosse épineuse sur le sommet de son crâne l’incite à coller ses mâchoires sur le plancher
qu’il épouse la dureté du bois, la saleté, la poussière
que le sang coule, que ses râles s’étouffent

une ronce, fine
petite serpentine à petites aiguilles
petite maligne - entre ses lèvres se glisse,
meurtrit sa langue, ses gencives

s’en va,
entre salive rouge et salive incolore

la danse de mes serviles servantes
sur son corps - lacèrent les vêtements, lacèrent les chairs
je vais le rendre laid de corps, tant pis ! tant pis !
j’épargne son visage par égard pour l’argent

mais tant pis pour son corps ! tant pis !
il y a assez d’onguent et de remèdes magiques pour le remettre d’aplomb
alors qu’on me laisse jouir de lui infliger les pires maux
les plus viles morsures

je le manipule comme un pantin
là, là ! pauvre pantin ! pacotille de pantin !
le soulève au dessus du sol et le projette contre la porte de mon bureau
crac, crac le fracas de son dos ! crac, crac !

j’aurais adoré te voir conter tes amours pathétiques avec aslan… quel dommage, vraiment. te punir de la sorte est bien moins divertissant hélas

mes ronces reviennent,
disparaissent au coucher de mes chairs

et je m’adosse contre la vitrine d’alcools
le contemple avec dédain

non seulement tu feras les orgies… mais je vais également t’inscrire pour un gangbang je ris demain soir, je t’enregistre sur la liste des putes disponibles - avec un minimum de 4 participants et - mhhhh, disons 7 pour le maximum ? rire plus fort encore,

applaudir,
histoire de meubler ce divertissement de compensation
puis m’avancer, pour mieux le redresser par les lambeaux de son col
et coller ma bouche à son oreille

tâche de te rendre présentable, mh ?

le relâche,
tapote l’une de ses joues
et m’en vais me rassoir à mon bureau

à moins que tu ne souhaites souffrir davantage, tu peux disposer !