ici où traînent sourires et rires enjoués
(imbibés d’une innocence factice)
rosie les mains écorchées (d’épines et de maux), lie une branche d’olivier à une douzaine de chrysanthèmes blancs. bouquet particulier,
elle le fera sécher pour décorer sa tête de lit
(peut-être dormirait-elle mieux avec ?)

aujourd’hui le soleil s’est levé sans lâcher dans ses pensées un amas de tourment
que de la fatigue, et un peu d’absence
clément était l’astre, ou bien s’était-elle enfin reniée ?

une voix soudaine brise ce qu’elle croyait acquis,
pourtant elle ignore comme elle s’apprête à la briser toute entière.

« bonjour. » tête relevée, le sourire vendeur pour compagnie.
mais il terni, doucement
comme l’aspect de sa boutique

les lèvres tombent.

l’homme qui la surplombe a dévoré la lumière
et elle le voit déguisé comme une menace sur ses terres

mais lily-rose n’est pas de ces chevaliers qui viennent défendre leur domaine
non, elle est de ces gens morts qui regardent les mauvaises herbes se répandre, amusés par leur fléau.

« inattendue… oui. »

sans pour autant laisser faner son propre jardin.

« dans la mesure du possible. c’est pour quelle occasion ? il y a un message particulier ? »

juger, vif, elle glorifie son défaut.
rose trace sa ligne abstraite
couper ses épines oui, il peut le faire,
oser effleurer ses pétales, ceci dit,
c’est déclarer bataille.

« vous avez des préférences ? un budget ? j’ai certaines variétés originales, cotons en sucre, tiges humides, feuilles de velours… »

noyer le client dans l’information
sommer expressément son besoin dans une liste déjà pré-faite

rosie, mine de rien,
craint les compositions qu’elle ne connait que trop bien.

grand comme l’imposture
le visage dissimulé par une voix assurée
surement plus sinistre que le masque lui-même.

sur les terres d’ivoire on attendait pas le mal
l’hypocrisie, tout au pire,
mais de paisibles auras, pour sûr. et il n’en avait aucune.

présent souvenir de voyage, gage d’amour
(quelconque)
rosie sans l’éclat de son sourire penchait vers l’admiration craintive
(et le regret)
elle note sur un papier les mots clés de l’homme
sans remarquer que ses pas dansaient
à tatillon
sur ses limites

(mais il ignore
que les limites de lily-rose
ne sont pas intrinsèquement pour elle-même)

doucereuse infamie, imbibe sa tête
de l’amour à la haine
(il  n’y a que des coups)

de sentiments pareils
on n’en retrouve pas dans l’imagination
mais dans les souvenirs martelant
destructeurs de ses nuits


doigts crispés, ses pupilles assassinent ses poignets immobiles,
tout son corps enchainé, commémoration trop fréquente

lily-rose, les coups, les disputes, les chocs, les conflits,
lily-rose, chatouillée par ces émotions trop coutumières  
la destruction interne comme vice secret
les « je t’aime » criards, pensements sans adhésif
ce qui t’assène la nuit subitement s’en était pris à toi
dérobant l’aurore et tous les éclats de lumière du jour

ses épaules se haussent, ses ongles marquent ses gants
le souffle agacé, sans jamais s’épanouir rose s’était pourtant enfermée,
les épines acerbes contre elle-même, la désolation pour pétales.  

et,
dans ce silence dominé par la bassesse de cet inepte

un rire (?)
soudain.

(soupire dédaigneux)
quel pourri.

« ah… »

à quoi pensait-il, ce joueur introverti ?
par ce pouvoir acéré contre sa bienséance…

ces sentiments chuchotés ne pouvaient pas la consumer
non,
lily-rose, les avait apprivoisés depuis l’enfance.

« la soumission… »

sourire bâtie par l’aigreur,
aussi vite venu que parti.
ses paupières ses épaules sa fierté bafouée,
ses secrets dérobés
relevé face à la ruse de l’être ébène

(sans oser le regarder)

ainsi imposa-t-il son script abjecte
farce théâtrale,
dont lily-rose se refusait de finir martyr.

et elle hoche la tête.

« oui. »
hoche, hoche, hoche,
monte en elle la rancœur,
hoche,

« vous savez quoi ? j’ai tout. bougez pas. »

hoche, lève son indexe, l’idée nouvelle,
rictus vipérin allégué par le déplaisir
elle se hâte en arrière-boutique,
empoigne agressivement quelques tiges
hoche, toujours,
revient les abandonner sur la desserte

et d’un geste, elle énumère en les désignant du doigt.

« la tulipe rouge. pour l’amour, plus exigeant que la rose. la bourrache. symbole d’impatience, aussi brusque que son nom. le jonc. son aspect mauvaise herbe colle plutôt bien avec son message : le désir de soumission. »

puis elle prend appuie là où gisent ses fleurs
s’osant enfin à le dévisager sans vergogne.

« pour le soupçon sanglant, je vous laisserai les tacher de votre sang ? prenez. je ne fais pas payer pour une composition aussi laide. »

quel affront. de par ses mots et sa carrure
il daigne, ose,
en cette boutique morte où trainent bon nombre de cadavres fleuris
se pavaner fier dans sa prestance
à commander
au dépend de la bienséance
comme si lily-rose, morte pour la violence
succomberait à nouveau.

à quel prix allait-elle vendre sa fierté ?
ses mains toujours froides et dignes dans l’absence de contacte,
soudainement,
enveloppées par ses sinueux doigts d’individu infecte
éprise de dégoût, confortée de mépris
elle respire, plus fortement que de nécessaire,
(il ne l’impressionnait pas
mais le souvenir d’une claque la terrifiait soudainement)
ses yeux clairs, encrés dans ceux que ce masque dissimulait sans pitié
elle plus petite sous ses prunelles, comme une souris que l’on chasse
savait, tout au fond dans sa bile de femme avariée,
que les proies sont aussi les chasseurs d’autres insectes.

l’esclaffement maladroit d’une gêne qui s’amplifie à la rencontre de leur corps,
lily-rose soupire, écorche un rire, détourne une seconde son insolence, se mord la lèvre,
sans démentir son impolitesse.
ici comme ailleurs les clients ne sont pas roi tant qu’ils ignorent que le peuple sait porter menace.

« abuser d’un pouvoir pour se croire poli dans ses exigences… si votre commande était si légitime, pourquoi dépasser mon comptoir ? »

ses ongles sous ses gants, de stress surement,
déformaient les tiges de ces fleurs sans beauté.
elle se reprit
surement persuadée que le temps saurait apprivoiser l’hostilité entre eux deux
ou bien simplement son audace mal placée.

« mes excuses, monsieur. »
non sans vexation.
« si vous me permettiez d’aller arranger cette composition ? »
la soumission, évoquait-il ? quelle aubaine. s’il savait.
rose aime les coups plutôt que la haine.

rien, jamais, sur cette terre ou ailleurs,
ne lui était apparu plus violent que des mots secs.

se défaisant doucement des mains robustes de l’égoïste
elle s’extirpe, la fierté bâchée, en arrière-boutique.

ses doigts masqués glissent sur quelques vases dorées
rosie, longiligne, assure sa démarche d’une lenteur exécrable.
piochant quelques variétés précédemment énoncées,
elle vient, sur son bureau, les mains à nues, disposer bourgeons et fleurettes
contre une couronne argentée, dont les tiges torsadées et les boutons firent des ornements.

méticuleuse dans son absence d’attention lily-rose perfectionne sa création
où de ses mains on admire la création
( de ses poignets, ses cicatrices )
et de ses yeux, le dégoût.

elle, dévêtue de sarcasme, ayant laissé au comptoir sa maladresse intrépide,
se revêtit de ses gants, puis s’approcha à nouveau de l’être abjecte pour lui soumettre ce funeste halo fleuri.

« c’est impoli cependant, d’offrir à quiconque une couronne de fleur où perle le sang d’une femme quelconque. pouvons-nous retourner à nos places, de part et d’autre du comptoir ? »

lui laissant sa commande dans les mains,
lily-rose se faufila avec suffisance pour rejoindre sa caisse.

« aussi apprendrez-vous à ne pas user de votre don pour obtenir ce que vous désirez. »

mais d’une voix chuchotante,
les plus indiscrets surent entendre

« quelle piètre vie que d’exiger, par son pouvoir, le moindre geste de vulgaires pantins. »

chaque parcelle de son être éveillait en elle autant d’aversion que d’envie.
de cette éloquence malsaine à sa présence intempestive
il n’y avait rien que lily-rose eut envie de faire taire, au fond d’elle-même.

mais sa gourmandise mal-placée, quant à elle
n’attisait que son impatience.

il fallut emprunter le même chemin une fois encore pour entremêler à sa couronne
trois roses rouges. quand bien même elle doutait de sa passion.

mais, entendant la nouvelle (et non dernière) indiscrète question de son invité
rosie perdu un pétale de son bourgeon,
une brèche à son cœur.

que faisait-elle en ces lieux ?
là où ses doigts lacérés s’étaient forcés à bâtir un rêve (éphémère)
tapisser, autant de murs que de songes inutiles
vivre (vivre ?) en paix, noyée dans son déni

mais rose, souhaites-tu vraiment oublier ?
le passé, le présent, ce qui te tord les entrailles jusqu’à la mort…
ces coups acceptés pardonnés négligés, qui dans ton silence, jadis
hurlaient
« encore »
et qui aujourd’hui, même quand tu le contestes, te supplie
« un seul »

comme marquée par l’abjecte bestialité qui insuffle en chaque Homme
une âme, même amère
même à wonderland la seule chose qui te prouve que tu es vivante
c’est la violence.


ses pas lents la guident vers son insupportable voix,
elle lui apportait l’œuvre achevée
tandis qu’il s’entête à la remercier par le tourment.

mais pas un mot. rose le sait.
elle n’a rien à faire ici.
c’est le salut
(la honte)
qui l’agrippe férocement au royaume d’ivoire.

petite voix coupable de ses remords
il n’avait pas besoin de pouvoir pour faire naître en elle les sentiments qu’elle déteste
il n’y avait pas un seul jour, morte ou vivante, où rose ne se retrouvait pas avec.
« je ne veux pas de supplément pour les roses ajoutées… »


supposément des plus pures
(ses doigts se resserrent)
royaume de la reine blanche
(dévorée mais sans peur elle soutient son regard accusateur)
pourtant du genre à conseiller
(lèvres entrouvertes mais pas une défense ne l’interrompt)
mon propre sang
(les sourcils se froncent)
couronne florale
(une inspiration intense)




es-tu heureuse ?

vermine immonde, menteuse de profession, à l’allure élégante parfois même téméraire, mais toujours première pour se porter vacante quand la vérité somme qu’on lui rendre justice. femme hautaine dont les valeurs n’ont pour allure que la peur des autres – la moindre critique pourvu que ça compte et la tige se brise sans qu’on l’ai voulu. ah, susceptible quand ça pique et quel comble pour une petite fleur sans augure ! jamais prête à faner non, toujours la main levée lorsqu’il s’agit de se faire reprendre, insultée, cognée. le bonheur ? quel fantasme antalgique, il n’existe pas de paradis pareil pour ceux qui s’indignent qu’on leur ai donné la vie.


rose, tu le sais.
tes yeux larmoyants ne font que lui répondre :
personne ne te déteste plus que tu ne te hais toi-même.


« vous… »

dévorée par ses propos qui s’amusent de son chagrin,
pourtant tiltée par un amusement déplacé
elle ricane, gênée de son insolence

« vous ! vous êtes intrusif ! »

s’adossant contre le mur qui l’éloigne de ses yeux perçants elle s’éclaffe,
la voix saccadée, un reniflement, le revers d’une main contre son nez.

« rentrer dans ma boutique pour me demander une composition bien trop sinistre pour que je la signe de mon nom, trépasser la limite de mon propre comptoir, penser que pour un peu plus d’argent je pourrais vendre ma fierté… et pour finir de parfaire votre culot, vous me demandez si je suis heureuse ? »

un soupire moqueur et ses pupilles fuient la moindre silhouette, jusqu’à son ombre.

« à quoi jouez-vous ? »

lily-rose consumée par tant de peur et de rancœur que la fascination l’imprègne totalement,
qu’il reste donc, prendre un thé si son effronterie le lui-permet !
ce n’est pas face à l’inconnu qu’elle finira par craquer,
non,
car il ne se doute pas comme l’absurde appelle lily-rose
(comme le danger la séduit)
et comme elle s’affame de la curiosité des autres
dès lors que l’on se croit capable de découvrir l’essence de son aigreur.

par une agression si passive
lily-rose se rendait compte qu’elle s’était coincée
en tête à tête avec celui qui excitait ses démons.

s’immisçant sans la moindre fourberie – non, il ne se cachait même plus
de ses intentions malhonnêtes.
et la jeune fleure consciente de ses épines
voyait bien qu’entre ses gants, elle ne laissera aucune écorchure.
non, il était suffisamment obstiné dans sa démarche
pour savoir qu’entre ces murs fleuris
rien ne le ferait chuter de son immondice.

alors qu’il se glisse vers elle plus insupportable que jamais
ses épaules la redresse, droite et figée,
la plus recluse possible contre la cloison qui la retient
agressée par la notion de bonheur tout aussi abjecte
que son interlocuteur.

« et… »
vous ?
indiscrétion intrépide encouragée par l’impolitesse qu’il lui impose
soudainement et contre la moindre de ses envies le voilà
trop
tactile.
par ses mains qui pourraient la détruire
d’une simple pression damnable
sait-il qu’il peut la congédier du royaume blanc
pour la laisser succomber à ses vices cachés… ?

mais d’une perversion aussi sincère

« lily-rose jacquet. »

que pouvait-elle faire ?
se libérant de son étreinte intempestive par un retrait sec,
fallait-il combattre un pied dans la tombe,
ou lui tendre ce qu’il pensait à peine toucher ?

seule. abandonnée face à sa silhouette étouffante.
les yeux larmoyants, elle souffre,
torturée. vulgaire enfant de ses démons c’était d’ailleurs
c’est ce qui l’avait fait entrer en ces lieux.
pas vrai ?
doucereuse blonde dont le visage ne sait mentir,
n’importe qui scrutant ses yeux
pouvait lire en elle toutes les peines qui lui ont donné vie.

mais cherchait-il à les comprendre ? ou à se les approprier ?

alors elle lève ses mains gantées, effleurant du bout de ses doigts
les pommettes du masque méprisable de son client discourtois.

« mais qu’êtes-vous sans votre pouvoir ? »

la voix reposée, sans doute exténuée de craindre pour sa vie.
maitresse de ses peurs
finalement il pouvait bien les appeler par millier
rose les avait déjà toutes apprivoiser.

alors que fallait-il faire pour survivre un peu plus longtemps dans sa cage blanche,
tout lui offrir ?
se faire insaisissable pour sa faim insatiable ?
prétendre n’être rien, pourvu qu’on l’ignore ensuite ?
se laisser piétiner ?

« où est-il, votre bonheur… »

rose éprise de son propre malheur
se demandait ce qu’il lui fallait céder
pour croire un peu plus longtemps aujourd’hui
que ses maux dorment à jamais…

« pourquoi vous cachez-vous ? »

elle se décida alors à l’accaparer comme il le faisait.

ah, qu’il est loquace. quand plus horripilant semblait être un cauchemar, le voilà qui se fond sur elle. de sa hauteur insupportable pourtant suborneuse, à sa voix qui l’agresse le ton pourtant calme. pourquoi tomber sur elle quand le monde d’hier semblait toujours la poursuivre d’être odieuse en cachette ? ses paumes contre le métal froid se lassent, glissent comme une caresse. ses yeux éplorés ne pouvant plus laisser couler la moindre larme – elle n’en aurait plus pour cette nuit si son jugement se tient sous son ombre, projetée par les rayons du soleil. et quel monstre. elle l’apprécie tellement. la honte se moquant.

toutefois de lily à rose se tient un tiret, et entre lui et elle, le respect. sourcils froncés elle voulu le reprendre, mais sous ses épaules l’audace se démène déjà bien assez hardiment pour soutenir son perfide regard, ses mots ne trouvaient aucun courage.

consumée par le risque que chaque réponse lui coûtait, elle voudrait tomber. chuter à ses pieds, le supplier d’oublier. que tout cela n’existe plus si cela lui permet de croire un peu plus à ses mensonges. qu’on lui interdise même de s’y noyer, si elle peut toujours y plonger.

mais timide rose ne s’était pas bâtit en une journée. poings fermés, contestataires – elle pousse ses phalanges contre ses clavicules, dernier avertissement de ses maux qui lui hurlent la violence. mais du chaos à ses réprimandes, rosie irascible n’avait guère écoutée la perversion qu’il voulait insuffler en ses rêves léthargiques. mais ses lèvres contre le métal froid

comment avait-il pu par sa présence gâcher toute son existence ?

poing fermé jusqu’à en marquer sa paume, elle s’élance contre l’or immobile qui fit raisonner en elle une douleur jadis oubliée. rose vicieuse en engageant ce coup, reconnue le châtiment instantané, celui qui malgré la douleur lui donnait satisfaction, mais elle ne pu malgré tout faire taire la surprise. irréfléchie. en le frappant elle se heurta elle-même, qu’elle exprima d’un cri clair ;

« con de masque ! »

sa deuxième main venant couvrir sa douleur, elle se penche d’un côté, s’extirpe de sa hauteur en jurant à foison. de la douceur des terres blanches on oubliait peut-être la grossièreté des âmes, mais rien ne la surprit des termes qu’elle s’infligea, tant elle se les répétaient tard le soir.

« quelle conne ! putain ! ah, merde… »

les larmes grossières fondent sur ses joues alors que de colère elle meurtri du regard la montagne brute qui l’avait poussée à cette agressivité si longtemps étouffée.
mais maudite par ce souvenir qui finira par la hanter, rosie oublie. instinct de survie. non. elle n’a jamais levée la main sur ce démon. et la douleur qu’elle ressent jusque dans sa gorge nouée, ce n’est que la peur de voir sa haine s’abattre sur elle. alors condamnée pourtant elle rétorque.

« mademoiselle jacquet ! de lily ou de rose pour vous il n’en existe pas et peut être même jamais. jusqu’à ce que l’amabilité vous soit inculquée par quelques façons qui soient, je vous défends de croire que tout vous est permis. monsieur comment ? » un sourcil levé.

tentative anéantie. sa traque incessante. elle n'entendu pas même un nom.

quand de colère elle en épuisa son cœur il ne restait à lily-rose plus que le désarroi. emplie non plus de haine pour celui qui voulait la voir plus belle encore, effondrée à sa merci, éprise de ses propres vices… de ses yeux humides qui se refusaient le chagrin elle ne parvenait à contenir toutes ses larmes, tant les émotions lui sommaient de tout laisser couler. mais elle tient tête, rose. à ce désordre qui l’acclame. elle qui pensait que pire encore serait qu’il se moque… il n’avait pas fini de la toucher. grandit en elle cette répulsion qui la captive malgré ses rêves en coton – il piétine tout sans doute même avec un sourire qui lui écorchait les joues.

« cessez, par pitié. » tremblante et fragile la voix de la poupée attrapée. sans abandonner cette ardeur qui la fait vivre même dans ce monde disloqué, ses avant-bras se débattent, ses épaules se secouent. succomber peut-être mais pas sans avoir lutté – pour ceux à qui elle a promis, pour elle-même mais avant tout hypocritement pour sa mémoire. elle pouvait tout oublier mais pas les détails qui façonnent l’accoutrement de vie truquée.

mais quand sa voix susurre à ses cicatrices de reprendre leur œuvre, rose écoute, submergée il fait trop jour encore pour le croire que c’est bon de tout lâcher. au soleil elle ne pouvait s’épanouir – tout le monde verrait comme ses pétales sont perfides. saccagée, petit pantin de ce monde. ses lèvres mordues, elle l’ignore, ignore. d’homme aussi vicieux, de rencontre aussi imparfaite, d’anomalies pareilles, de plaisirs aussi interdits… il ne devait en exister aucun. lily-rose oublie. n'écoute plus.

ses gants jetés au sol, son corps presque habitué à la sévérité de cet intru, ses joues maculées de grossières gouttes de peine. ce stress si intense qu’elle en perd la tête. tout à présent n’avait aucun début : ce qui n'existe pas ne peut pas la détruire. «  allez-vous-en s’il vous plait… » sans plus se risquer à le chasser par le corps. rose presque inerte pour se croire morte, visage caché les paupières fermées. une dernière prière pour celle qui ne se souvenait que d’un homme intrusif qui s’était moqué. plus jamais rose ne profanera de ses mots les attentes d’un Homme.

mais elle ne jette pas aux oubliettes l'entièreté de sa cruauté. son outrage, son audace. sa hauteur, ses envies. son pouvoir. le masque d’or. comme il l’avait trouvé et la retrouverait. comme elle le chercherait pour le reprendre. comme il était toute sa bile incarnée. proie déguisée, inatteignable pourtant il lui tenait la main. rosie sans s’en amourachée venait pourtant malgré ses effrois, d’embrasser le chao qui veillait sur sa carcasse endormie.