Bien sûr, elle ne pouvait que comprendre James, elle non plus n’aimerait pas qu’on la prenne pour quelque chose ou quelqu’un qu’elle n’était pas. Elle rit de nouveau l’étoile, sans doute le dieu des guides touristiques ne pouvait pas être blessé. Lui non plus n’aimerait pas qu’on le prenne pour autre.
Elle écoute l’antiquaire, entend, ne laisse filer aucune information, elle se laisse toutefois emportée par son imaginaire à la mention du bateau, la maison originelle de la pirate.
« Je rêverai d’y faire un tour ! Si je ne suis pas de trop, bien sûr. Ce n’est pas trop difficile de ne pas avoir de domicile fixe en attendant ? Si jamais tu as quelques difficultés, je serais ravie de t’accueillir ! »
Des paroles sincères, alors que son désir d’aventure n’était que très peu dissimulé, même si ce n’était que temporaire, ça devait être une autre expérience de naviguer sur ce lagon, qu’elle n’avait pu qu'observer de loin. Stella prit alors un instant pour réfléchir aux restes de ses paroles, se remémorer certains endroits qu’elle avait déjà visités et d’autres… qu’elle évitaient. Beaucoup de difficultés à assimiler le fait que Crims n’était pas ce royaume si dangereux, que les habitants n’étaient pas tous de sombres personnages. Ceci dit, ça ne lui avait jamais traversé l’esprit de leur donner le bénéfice du doute, elle avait pour la majeure partie de sa vie été attirée par le royaume d’Ivoire et ce faux semblant de pureté. Comme elle. L’apparence trompeuse cachant bien des lourds secrets.
« Hum… C'est-à-dire que… c'est un peu mal vu ? J’ai peur des retombées. »
Un grand temps de réflexion au final. Tiraillée entre sa conscience et sa forte envie d’effectivement, l’accompagner pour visiter ce lieu interdit.
« D’un côté, je suis curieuse de voir comment ça se passe de l’autre côté, mais, l’idée que ce soit réellement différent de ce qu’on m’a appris… C’est en quelque sorte terrifiant ? »
Petit rire gêné, suivi d’une grande inspiration.
« Je risque d’être un poids surtout, si on se fait attraper ce sera entièrement de ma faute ! »
Sous-entendu, emmène moi malgré tout, fais-moi découvrir cet autre monde qui chamboulera certainement ma vision de la vie. Malgré les dangers.
Elle hausse les épaules Crochet mais apprécie diablement le geste, après tout tu la connais à peine et tu lui propose la douceur d’un logis si elle en manque d’un. Ce n’est pas vraiment ce que les gens font en général, à l’exception faite d’Absinthe. Alors son sourire s’étire plus doux à ton égard, son épaule qui rencontre gentiment la tienne pour te pousser un peu.
« Personne n’est jamais de trop sur le Sea Witch ! »
Elle trouvait de la place
« Ce n’est pas si difficile, je dis pas ça n’a pas la qualité de mon bateau mais j’ai jamais eu à dormir dehors, je me suis toujours débrouillée pour trouver l’une ou l’autre auberge qui aurait de la place pour moi et mes frasques. »
Elle te sent tiraillée Crochet, à la recherche entre ce que tu veux et devrais.
« Pourquoi on se ferait attraper ? Suffit de courir, je me chargerais du reste. Et puis si on n nous demande t’es pas d’ici, t’es aussi neutre Neverland et t’es matelot sur mon batiment. »
Pour Crochet rien de plus safe que ça, encore que, c’est qu’elle s’est brouillée avec quelques gardes un peu partout sur le territoire la Mère Crochet mais on ne se refait pas, et puis si on ne fait pas de vague, y’a pas vraiment de raison qu’ils cherchent des poux là où il n’y en a pas.
« Mais qu’est ce qu’on vous raconte sur Crims ici ? »
Oarce qu’elle est curieuse en vrai James, bien loin des tribulations et autres petites guerres entre Royaumes dont elle s’occupe si peu, toujours à vadrouiller ici et là, un peu partout et nulle part en même temps.
Elle est ravie l’antiquaire, de proposer son aide et de voir que ça fait plaisir à son interlocutrice, puis elle lui rend son doux sourire et ricane en sentant son épaule heurter la sienne, ses yeux s'illuminent lorsqu’elle la rassure une nouvelle fois, lui indique qu’elle n’est pas un poids, qu’elle est même la bienvenue à bord. Rassurée lorsque la pirate vint lui dire qu’elle n’avait pas autant de mal que ça à trouver un logement, c’était déjà ça, Wonderland pouvait être si dangereux la nuit… Même pour une femme de sa trempe.
Et puis, elle se dit que même s’il suffisait de courir, elle était piètre sportive, essoufflée en montant les escaliers de son chez soi, marcheuse lente qui prenait bien trop de temps lors de ses randonnées à cause de son manque de cardio et de vitesse. Pouvait-elle feindre la neutralité également ? Ne donnait-elle pas trop l’impression de faire partie du royaume blanc ? Peut-être pas, alors elle s'exprime.
« Je ne suis pas super rapide, mais je peux faire un effort ! C’est vrai que je peux passer pour quelqu’un de Neverland… Avoir les cheveux grisâtres et non blancs immaculé aide, je suppose. Et hum… Tu pourrais m’apprendre des trucs de matelot ? Comme du vocabulaire ou un comportement à avoir, que je puisse étudier afin d’être prête... »
Parce qu’elle ne se pensait pas capable d’improviser, que tout demandait de la préparation avec elle. Elle se voyait déjà dire des “Qui écoute trop la météo reste au bistrot” et autres bêtises du genre qu’elle n’aurait certainement jamais pensé sortir de sa bouche. Dieu sait les infamies qu’elle dirait sans un minimum de connaissance avant ! Pas là pour décevoir son amie pirate, si elle devait se faire passer pour un p'tit matelot, elle le ferait bien. Et puis elle prend un instant pour réfléchir, histoire de répondre à sa question sans trop vouloir dire de bêtises, car elle-même ne savait pas ce qui se passait réellement dans le royaume de cœur, qu’elle n’avait entendu qu’histoires et mythes.
« Globalement que la reine est folle, qu’elle coupe des têtes à tout va et euh…. Que tous les habitants sont bons pour l’asile et qu’il est inacceptable de se mélanger avec eux. Après… Je me doute qu’il y a une part de mensonge là-dedans, j’ai rencontré une personne venant de là-bas et c’est une crème. Bien loin de tout ce qu’on a pu me raconter. Je sais que je suis censée être fidèle à la reine blanche, mais… »
Un petit soupir puis un air triste.
« Parfois je me demande si cette petite guéguerre n’est pas juste stupide. Mais je n’ai sûrement pas le droit d’être neutre. »
Elle ne veut pas perdre son train-train quotidien l’étoile, peur du futur incertain.
Elle sourit James, te sourit alors que tu lui demande si elle peut t’apprendre des mots, de son jargon de pirate, elle est touchée en vrai, c’est rare qu’on lui demande, qu’on ne l’écoute pas juste au détour d’une phrase, balancer ici et là des mots au gré de ses envies. Que les gens finissent par reprendre ou non, c’est un peu aléatoire, c’est un peu spontané.
« Tu peux dire des choses comme Sacrebleu ! ou Je ne vous permet pas d’aborder mon batiment, si un type te drague et que ça te fait chier. Après les pirates s’excusent pas ou peu, on est des brigands, on sauve pas la veuve et l’orphelin. »
Même si en vrai cela pouvait arriver, parce que ce soit elle ou ses matelots ils avaient tous un bon fond dans son équipage à James, probablement parce qu’elle-même elle en avait un. Y’avait de ça, fortement, surement.
Puis elle écoute, t’écoute parler des rouges, de ce qu’on vous apprends, elle s’étonne, lit ta tristesse, et elle réalise toute la pression qu’on imposait à ceux qui ne vivent pas en dehors des règles, en dehors des groupes.
« Disons que bon La Reine Juliette a ses méthodes, elle est pas toute claire, mais je ne la trouve pas si terrible, elle ne passe pas tout son temps à couper des têtes… »
Non parce qu’il lui fait du temps pour traquer son ex mari aussi.
« Les habitants sont pas plus différents qu’ici, peut-être un peu plus dynamique mais les gens restent des gens, qu’ils soient bon ou mauvais. Y’a des idiots partout, comme y’a des gens biens. »
Son sourire qui s’esquisse.
« Tu sais je crois pas que la Reine Edel fasse une crise parce que toi Stella tu n’as pas envie de les hair, ou parce que tu veux rester neutre. Vivre en ses terres ne t’oblige qu’à respecter les règles de vie, ça ne t’oblige pas à changer tes opinions et encore tes sentiments. »
Elle te fait tourner de sa main.
« Ce qui est en toi, est à toi. Personne n’a le droit de choisir ça pour toi. »
Elle sort son petit carnet l’antiquaire, pour prendre des notes, étudiante sérieuse et aussi parce que sa mémoire lui faisait parfois défaut. Hoche la tête à chaque mot qu’elle écrit… sacrebleu…
« Sacrebleu ! Rien que de le dire, je me sens déjà plus pirate. »
Peut-être qu’elle n’utilisera jamais les autres expressions citées, sûrement pas l’occasion ou plutôt le courage, on pouvait dire qu’elle avait plus tendance à fuir les situations gênantes que les confronter. Peu brigande, mais ne sauve personne non plus, non, elle vivait plutôt dans l’égoïsme et son petit confort. Puis elle écoute la pirate, c’était intéressant d’avoir un avis qui diverge de celui des habitants du pays blanc. Sans doute que oui, elle n’était pas si terrible qu’on voulait le faire croire, mais les rumeurs battent leur plein depuis toujours. Acquiesce à ses paroles sur les habitants, ça, elle voulait bien la croire, après tout, elle-même avait rencontré une personne devenue bien importante pour elle, malgré les assomptions. Marmoreal aussi comptait son nombre de mauvaises personnes, de vieux cons.
« Oh ça c’est sûr… Suffit de voir les adultes qui pensent avoir tout vécu. »
Sourire rendu, toujours, comment ne pas lui rendre. Ses mots, elle avait toujours voulu les entendre, en quelque sorte. C’est vrai, ça ne changeait rien, qu’une seule pauvrette ne crie pas haut et fort qu’elle déteste les rouges, qu’elle préfère même leur trouver quelque chose de positif, que si elle n’avait pas aussi peur de se balader en ces terres, elle se ferait sûrement des amis. Puis elle rit, se laissant tourner par James, toujours suivi par des mots avec bien plus de sens qu’elle ne le pensait sûrement. Ça avait même fait monter les larmes aux yeux de l’étoile.
« C’est vrai. J’ai toujours eu peur d’être le vilain petit canard, d’être rejetée. Mais au final, c’était déjà le cas ? Le simple fait d’avoir les cheveux gris, c’est limite signe d’impureté, d’incertitude. Pas que ça change du temps où j’étais encore vivante, mais je suppose que j’aimerais juste éviter que ça se reproduise aussi ici. Faut que je m’affirme, ou que je commence à boire de l’alcool pour me désinhiber... »
Puis elle tape dans ses mains.
« Vous tenez bien l’alcool les pirates, non ? Enfin, si ce n’est pas qu’un cliché offensant. Je n’ai jamais bu ! J’aimerais bien essayer un jour, et partir à l’aventure ! Libre. Je peux apprendre à boire tu penses ? »
Quelle idée saugrenue. Elle finirait alcoolique, comme son père quand son frère a trépassé. Ou irait se noyer dans son chagrin, littéralement.