Balth se marre. Depuis qu'un garde, au détour d'un couloir a laissé échapper l'information. Meliodas dans les cachots du palais, Meliodas roulé par sa go.

Bordel c'est si drôle. Il le voit encore, cambré sous ses caresses, brillant de fierté et d'arrogance. Oh Meliodas, il n'y avait pas pour toi de châtiment plus risible.

Il descend les marches, dégage d'un regard noir le garde à demi endormi. Qu'il aille se ranger au fond du couloir cet imbécile.

Sourire moqueur du Bandersnatch qui détaille les chaînes aux bras de son amant.

- On vient de me transmettre l'info.

Il se passe la langue sur les lèvres, le toisant avec arrogance. Ses griffes viennent tapoter les barreaux.

- Tu connais le châtiment qui t'attend je suppose.

Balthazar s'amuse comme un fou. Il s'amuse et il te sait presque serein, ennuyé surtout.

- Je suis ici pour t'exécuter Robin des bois.

(menteur)

Il lui avait dit. Plus d'une fois. Qu'il était amusant, Robin des bois, mais pas exceptionnel. Il lui avait dit, à Meliodas que lui, Balthazar n'aurait aucun remord à le tuer si on lui en donnait l'ordre.

Des amants, aussi bons soient-ils, il en a vu passer des centaines. Aussi amusants soient-ils, il en a déjà tué quelques uns. Pas de gaîté de cœur évidemment. Mais on apprend vite à se barricader, s'éloigner. Et il est mesquin, Balthazar, après tes vantardises, te voir juste là, enchainé à ses pieds, c'est d'un risible.

Sourire narquois.

- Le clebs de la reine n'est là que pour les basses besognes voyons.

Tu l'as si souvent fait remarquer. Qui a encore peur du Bandersnatch ? Toi peut-être. Dans ta prison, tout seul à la merci de ses griffes.

Il rit Balthazar, aux éclats même.

- T'as vraiment cru qu'ils allaient la prendre en compte ta demande ?

Il s'amuse comme un fou, à te voir Meliodas, tenter de garder la face. Ce n'est qu'un juste retour des choses. Amusante mais agaçante ton arrogance.

Les chaines qui cognent, le bruit du métal, de longs frissons le long de la colonne du Bandersnatch. Impuissance maudite. Entre les griffes d'Opal ou même ici. Dans ces cellules, à la merci de Juliette et de sa clique.

Non, définitivement, il n'aime pas cet endroit. Et te voir vaguement te trainer à genoux le débecte. Tu es laid comme ça Meliodas. Tu étais beau arrogant, tu es laid enfermé.

Et peut-être enfin, as-tu peur du Bandersnatch ?

Sourire. Ah nos beaux jours, tu t'y accroches comme s'ils avaient une quelconque importance. Tu savais pourtant, ce qui t'attendait. Tu savais pourtant, que le monstre est imprévisible et sa fausse allégeance n'a aucune pitié. Oui, il ment, oui tu l'ignores. Mais ç'aurait pu être vrai.

Ça le sera peut-être si tu ne t'enfuis pas assez vite.

- Quelques vols ? Allons Meliodas, ça fait longtemps maintenant, que tu circules dans le château comme si tu étais chez toi. Tu viens te faire baiser dans ma cabane en toute insolence et tu geins quand tu récoltes ce que tu sèmes.

Il s'accroupit à ta hauteur et se perd dans tes yeux. Ils vacilleraient presque. Tu es laid comme ça, tu es faible. Ricanement froid.

- Tu sais bien pourtant, qu'ici, ce que je veux ou non n'a pas d'importance.

Parce qu'il n'est rien de plus qu'une chose, qu'un esclave ici. Et tu t'en es bien gaussé alors que tu te hissais sur ses cuisses. Ça t'amusait beaucoup.

- Ce qui compte, ce sont les ordres que je reçois. Et, oh dommage, cette fois, je dois te tuer.

C'est moins drôle d'un coup. Hein ?

- J'adore quand le bas peuple me divertit, surtout quand il a un cul comme le tien.

Sourire narquois.
Et le rire de Meliodas qui résonne dans les cachots. Rire qui leur redonne de la vie, un semblant de vie. Et toi, toi le prisonnier enchaîné, tu renais, ta fierté exagérée devient belle.

D'agaçant et pitoyable, tu deviens beau et fier.
Peut-être, Balthazar, que tu souris du bout des lèvres et qu'il y a là des accents de tendresse.

Oui, tu mourras libre, parce que toi, tu as le choix. De mourir. Que rien ni personne ne pourra t'arracher ça. Et Balthazar t'envie, il t'envie terriblement avec son énorme collier coincé autour du cou. Il t'envie. Et te déteste. Non, il n'a pas décidé de vivre ses vies enchaîné.

Il a déjà tout essayé, et il continue de se détruire à l'infini.
Mais toi, tu es trop éphémère pour le comprendre.

Cette peur qu'il voit dans tes yeux, cette peur de la mort, c'est ça qui te rend précieux, c'est ça qui te rend humain. La mort.

Et lui, lui, il est monstrueux.

Pour toujours.

- Promis. Je fais ça vite.

Sourire moqueur et sa main plonge dans sa poche, lentement. Il en tire un paquet de clope. Il en sort une qu'il porte à ses lèvres. Il l'allume. Il tire une longue longue taffe.

Il se dirige d'un pas assuré vers le garde reclus au fond de son couloir. Il tend les doigts, exige la clé de la serrure. Et il lui donne, s'imaginant sûrement que le Bandersnatch le tuerait s'il refusait. Imbécile. Il est plus prisonnier qu'aucun autre ici.

Il ouvre la cellule et s'approche de Meliodas, enchainé comme lui tant de fois auparavant. Il s'agenouille et pose ses griffes sorties contre la jugulaire offerte avec un sourire.

- J'ai menti.

Souffle un nuage de fumée sur ton visage et se redresse, narquois.

Ton heure n'est pas (encore) venue.

Tu es mortel.

Humain.

Éphémère.

Libre.

Tu as tout ce qu'il n'a pas. Tout ce qu'il n'a plus. Car il n'y a rien de pire que de perdre ce à quoi on tenait. L'humanité, il ne l'a jamais eue, à peine apprise avant de devenir un monstre enchainé.

Et tu ne réalises pas. Comme les autres. C'est mesquin, de la part de Balthazar, de jouer ainsi avec toi. Mais quand il t'a vu, abattu dans ce cachot sombre, cette pièce qui l'a vu tant de fois hurler et maudire le monde, il s'est dit que c'était dommage.

Dommage parce qu'il t'apprécie. Malgré ton arrogance et tes faux sermons. Dommage de perdre pour si peu la force qui t'animait.

Non, tu ne veux pas mourir, personne ne le veut (sauf ceux qui ne le peuvent pas). La mort fait peur. Il a entendu les alices, les natifs en parler, de cette fin inexorable. C'est elle, on dirait, qui les pousse à bout, qui les pousse à tout.

Il se redresse Balthazar, contemple la colère qui nait dans tes yeux, chasse la crainte. Réveille la flamme. Voilà, c'est ainsi que tu es beau, Meliodas, c'est ainsi que tu es vivant. Il sourit, sourire mauvais, ricanement sourd.

- On dirait presque que t'es déçu.

Il fait tomber sa clope et l'écrase du bout du pied. Il se penche vers le prisonnier, à quelques centimètres de son visage.

- Maintenant que t'as arrêté de te morfondre, prie pour que tes potes viennent te chercher à temps.

Parce qu'il en a. C'est certain.
Et que lui, il y aura forcément des gens pour le délivrer.

En partant, Balthazar jette le trousseau de clés au gardien paniqué. Il effleure son collier. Lourd de métal aujourd'hui. Lourd comme les années qui pèsent toujours plus.

Barre-toi Meliodas.
Vis et meurs.
Avec arrogance, parce que c'est ce que tu sais faire le mieux.