Agacé. Frustré. Résultat d’avoir revu Aliocha. Résultat de s’être mis une murge qui n’a pas fonctionné. Résultat de ce foutu bal dansant où on avait été. Tout nous insupporte. Rien ne vient nous combler. Et plus on essaie. Plus on échoue. Plus on est frustré. Alors quand t’as le malheur d’entrer, de ne pas percevoir notre froideur, ni même cette aura dangereuse et palpable que tout le monde a préféré éviter, lentement le cadenas de notre colère commence à se dégoupiller. Regarde les feuilles et les stylos qui sur le sol viennent s’échouer, tendent nos muscles comme jamais.

Hume la nicotine, entends ta verbe, et dégoupille la bombe.

Sourire, pour ne pas dire rictus mauvais sur nos lèvres, darde notre regard sur le tien, alors on se sort de notre chaise, on place notre corps entre tes jambes, t’empêche de descendre, alors que tel serpent on place notre visage en face du tien, une main sur ta cuisse, l’autre pour maintenir ton menton. Fureur de notre regard sur le tien.

« Est-ce que j’ai l’air d’être d’humeur à marchander John. »

Resserre notre pression sur ta cuisse y plante nos ongles. On te cherche. On te provoque de notre regard, de notre air, que même nous on exècre.

« On avait un contrat initial il me semble. Est-ce que tu crois qu’en arrivant avec tes godasses pleines de merde, à me balancer ta nicotine à la gueule alors que je tente vainement d’aligner deux lignes sur mes putains d’obligations ça va me donner envie de rallonger ta mise ? »

On a besoin, c’est affreux, de ta violence. On veut te voir t’enflammer. On veut te voir exploser. Y’a que nous, et de toute façon on en a plus rien à carrer. Détruis nous, allez détruis nous pour nous satisfaire. Fais nous mal, Fais nous trembler. Laisse nous notre rage expulser. T’es le seul avec on peut se permettre d’être fou à lier. Parce que t'étais pas là quand on avait eu besoin d'exploser. On t'en veux et c'est insensé.

« Parce qu’avec tout l’argent que je te file déjà, c’est comme si tu m’appartenais. »

Vif, furtif, nos dents pour mordre ta lèvre. Jamais encore on n’a avec toi été ainsi. Jamais encore on a cherché à ce point à ce que tu vrille. Mais bordel, qu’est ce qu’on en a envie.

Allez John dégoupille.

Se déverse ta verbe, se déverse ta haine, on sait qu’on a été trop loin, mais c’est affreux John, c’est terrible tu sais, mais c’est tout ce qu’on voulait. Te faire exploser. Que ta verbe, que tes coups, nous fassent oublier, fais nous oublier s’il te plait, le vide qu’on est venu nous rappeler. On est rien de plus qu’un pantin désarticulé. Ton crochet dans notre gorge tout juste logé, nous fait tousser, on te sens nous pousser, encore et encore jusqu’à nous faire tomber.

On serre les dents, fureur en nos prunelles quand notre dos avec force vient la bibliothèque heurté, on s’en veut John, de ce qu’on te fait, de te pousser, de t’avoir enrager, égoïste batard qu’on est. Et le pire c’est qu’on est pas satisfait. On ne l’est jamais. Déteste nous s’il te plait.

« Me dis pas des choses qui te concerne de trop près. »

Vérité crue. Parce qu’on l’a déjà remarqué, mais on se gardera bien de dire que c’est juste là où t’as visé, laisse notre corps choir sur le sol, choir le long de la bibliothèque, heurte notre corps le sol avec violence.

« Quand c’est toi qui a besoin de te défouler ça pose pas de problème pas vrai, mais quand c’est moi on en reste là et on en a rien cirer. »

Rictus amer. Frustration exacerbé. On se redresse, vire cette veste qu’on ne peut plus supporter, on t’entends, et notre regard sur toi glisse, ce rire mauvais. On revient te piquer.

« Y’a pas de meilleures pétasses que toi pour se défouler. C’est bien con, comme c’est mal fait. »

On est dégueulasse avec toi on le sait. L’exemple même de notre toxicité. Glisse nos doigts sur notre chéquier, avant de se stopper.

« Y’a que le fric qui compte par vrai John. Juste le fric. »

Darde notre regard terrible sur tes yeux.

« Si j’étais un salaud je t’hypnotiserai. Parce que je pourrais. Mais si j’allongeais ta mise tu resterai ? Avec moi. Ce soir. Ici, ou dans mes appartements privés à l’étage, peu importe. »

Glisse entre nos doigts le bout de papier, ne te lâche pas. Jamais. Viens notre corps à se rapprocher, ondule serpent. Bordel on a déraillé.

« Combien tu veux pour rester. »

On sait pas ce qu’on voulait. On sait pas dans quoi, dans quel merdier on se foutait. On veut juste te voir rester. Con qu’on est. On joue les fiers, les connards, mais on est juste vidé. Explosé. Frustré. Désespéré. Salement défoncé. On a besoin de se vautrer dans tout ce que tu pourras nous donner.

John, on est tellement désolé.

Mais on peut pas s’en empêcher.

Salaud qu’on est.

On se dégoute aussi John. On se dégoute aussi.

On le voit ton sourire, tes dents qui pointent, on sait et c’est terrible à quel point on fait ressortir le pire de toi. Comme tu attise le pire de nous. Un putain de poison. On a obtenu ce qu’on voulait, mais de la pire façon. Pourquoi on pouvait pas faire simple, pourquoi avec toi on pouvait pas être quelqu’un de presque bien. Alors que tu le mériterais John on ne le sait. Qu’on te tende la main. Mais nous on fait que de te tendre le poison.

On prends pas la peine de te répondre, on te regarde remplir le chèque, d’un nombre incalculable de zéro. Fumier en notre fort intérieur. Mais on l'a tellement mérité. Il faut bien payer la rage qu’on a créer, le mal qu’on vient de t’infliger. On vient de te payer, pour que tu puisse nous éclater. Tu vas nous détester. Tu nous déteste surement déjà. On a jamais rien fait pour que tu puisses ne serait-ce que nous apprécier.

« C’est sur que les préliminaires ça te connait. »

Ironie à peine voilé. Pourquoi continuer de te provoquer. Peut-être parce qu’on veut pas te montrer à quel point on est au bord de plonger, à quel point on est désespéré. Déboutonne deux boutons de notre chemise, pour être plus à l’aise, chemise blanche qui bientôt de notre sang sera tâché on le sait. Par la bête qu’on a supplié. On a vraiment plus aucun neurone de connecté.

Un coup.

Un deuxième.

Un troisième.

Jouissif.

Terrifiant, ce qu’on ressent quand tu viens nous frapper, notre sang sur nos lèvres, la douleur sur notre visage qui serait dès demain tuméfié, crache une gerbe sur la moquette, un sourire sur nos lèvres, on rirait presque.

« Putain. »

Pourquoi ça nous fait tant de bien, pourquoi ça illumine notre regard d’un éclat qu’il n’a jamais, pourquoi on vient à aimer par toi se faire tabasser, mais c’est quoi notre problème à la fin.

« Tu peux pas la fermer. »

Et notre poing qui jusqu’à ton visage vient voler, s’écrase contre tes poings, quand le second se loge dans ton ventre, on le sait qu’on peut pas gagner, que t’es en béton armé. Un cri de rage entre nos lèvres, alors qu’on s’arrête plus frénétiquement sur tes poings, avec hargne, avex rage, expulse nos frustration, meurt nos troubles, remplit le vide. Tu nous aura rarement, pour ne pas dire jamais vu dans un tel état. Si attaqué, si bousillé. Mais on s’en fout, on a plus conscience de qui on est. On est perdu John. On a perdu pied.

« Tu m’emmerde, tous vous m’emmerdez, à connement penser que je m’éclate dans ce que je fais, que je suis qu’un pauvre con de richard qui a tout ce qui lui plait, pire que je suis heureux dans ce putain de merdier, vous me faites tous royalement chier. Mais c’est surement toi qui me fais le plus chier bordel. Parce que y’a que tes putains de bordel de poings, tes putains de mots de merde, ta saloperie de verbe, qui remplissent ce putain… »

Ce putain de trou béant.

Echine nos poings sur les tiens jusqu’à lentement briser nos os. Empêche nous de parler, fais nous valser. Pourquoi on peut pas se la fermer. Pourquoi tu détruis tout la façade qu’on a créer.

Un grondement sourd entre nos lèvres quand ton poing vient se loger dans notre flanc. On le voit ton mépris, ce dédain, qui nous fait enrager, alors que t’ose demander, t’ose répéter les mots qu’on a prononcé, tu dois jubiler de voir qu’on a flanché, on est consumé. Darde notre regard noir de fureur sur toi.

« Putain de vide. Que rien ne satisfait. »

Mots crachés. Rien hormis toi ne satisfait notre appétit démeusuré, nous rends plus vivant qu’on ne l’a jamais été. Multiplication de coups contre notre menton, alors qu’on balance une gerbe de sang sur ton épaule, tâche les vêtements, se glisse l’idée que peut-être à force tu vas nous buter. Un autre grondement sourd entre nos lèvres, alors qu’on retient le moindre éclat qui pourrait montrer qu’on sent la douleur nous assener, parcourir notre corps bientôt désarticulé, voie lactée sur notre peau porcelaine. S’échoue notre genou au sol avec lourdeur, peine à retrouver notre souffle, se ferme nos yeux, glisse la fumée entre nos cils.

Tu nous arrache un rire douloureux, alors qu’on s’assoit au sol, attrape une cigarette, liquide carmin débordant de nos lèvres, notre peau déjà rougie et violacée.

« Je me suis jamais tar..gué d’être autre chose que ça. »

Toux légère qui stoppe notre désinvolture, tâche notre paume de sang.

« Crois moi j’aurais préféré que ça soit un petit con qui cogne moins fort que toi. Mais je suis trop vorace pour un petit con qui cogne moins fort qu’un connard comme toi. »

Essuie le sang sur la chemise blanche, notre chemise blanche complètement tachée.

« Qui est en train de chialer fils de p*te ? »

Ego bafoué, les mots pleins de hargne esquissé, parce que t’as touché un brin de vérité.

« Je veux du feu. Je t’aurais bien dit de m’enculer, mais ta cigarette est déjà niqué. »

Toujours provocant, encore plus désinvolte, mais on te regarde, quand tu t’ose à dire que tu vas te barrer. Un murmure échoué, entre nos dents serrées.

« Te barre pas. »

On est un peu satisfait mais c’est jamais assez, ça nous tuerait de te voir nous abandonner, parce que c’est ce qu’on fait, c’est nous qui partons, mais avec toi…avec toi on arrive pas à se barrer, on veut te voir rester alors que tu viens nous bousiller. Plus que personne ne l’a jamais fait, ne le fera jamais.
Se redresse notre corps, avec une difficulté qu’on feint de cacher, s’adosse notre corps cassé contre la vitre, main ensanglantée dans nos cheveux dorés.

« Surprends moi. »

On le regarde en coin ton rictus mauvais, on sait.

Glisse, s’échappe tes mots de tes lèvres, déverse peu de choses mais déverse quand même une vérité crue, sur nous. Une vérité qu’on est déjà. Détraqué. Voilà ce qu’on est. Mais t’es le seul qui vraiment le seul, à quel point on l’est, t’s l seul à qui on vient vraiment le montrer, dans toute sa variété. T’es le seul qui peut nous faire à ce point vriller, le seul qui on le sait pourrait nous briser. Ca nous fait flipper. Autant qu’on crève de te donner le droit d’essayer.

« C’est pas l’élégance qui t’étouffe »

On peut pas te contredire au combien ça nous fait chier, mais on se gêne pas de continuer à te provoquer, quelques piques bien pensées, alors qu’on est celui sur qui on est entrain de rouler. On a du mal à détourner notre regard de toi, on devrait te détester, putain qu’on devrait.

« Mais ça empêche pas que je te plais assez. Pour que t'apprécie me sauter.»

Sinon t’aurais jamais pris ton pied. Et on sait que tu l’as fait. Sous le couvert que nous avions demandé, alors que parfois c’est toi qui était venu chercher. Notre regard happé par tes mains qui viennent déboutonner, dévoiler ce boxer noir jais. On aimerait être dégouté, on aimerait ne pas te regarder, ne pas apprécier, ne pas ressentir tout ce que ça nous fait.

« La ferme John Bordel. »

On crève que tu viennes nous bruler. Ça nous bute à quel point on veut te voir nous consumer, à quel point sous ta rage on veut exulter, t’entendre toi même hurler, mais tu sais pas le pire John, parce que pendant qu’on crache entre nos dents qu’on voudrait te voir la fermer, c’est pas vrai. T’es le seul qui peut lire dans les plus noires de nos pensées.

S’écroule notre corps au sol d’être tiré, d’avoir été brutalisé, réprime ce gémissement de douleur qu’on aurait pu devant toi lâcher. Tes doigts qui vient choper notre mâchoire comme si on t’appartenait. Comme si les rôles s’inversaient. Ne l’avaient-ils pas toujours été ? Inversé.

« Va te faire foutre. »