à bout de souffle, le coeur au bord des lèvres, ses jambes ont du mal à la porter encore. étourdie, elle cesse sa course finalement, le parfum des fleurs la prenant à la gorge et les yeux rougis. elle ne sait pas ce qui soudainement l'a poussée à se lancer dans une course effrénée ; quelque chose de diffus, à peine saisissable, désagréable sentiment de déjà-vu.
reprendre son souffle n'était pas une mince affaire, même agenouillée dans l'herbe alors encore humide de rosée. le sang battait ses tempes, ajoutant plus de confusion encore à son esprit embrouillé. elle était venue pour les fleurs, comme toujours. puis, il y avait eu cette angoisse inattendue, la familiarité de l'endroit et des souvenirs teintés d'une amère mélancolie.
cruelle mélancolie.
ils s'étaient séparés ici, appelés à d'autres occupation. des mots partagés, chargés d'émotions suivis de l'absence douloureuse d'un être chéri. des souvenirs qu'elle conservait tendrement – au début, du moins. car le vide, très vite, avait fini par se faire remarquer, sa présence prenant doucement des allures de fantômes. et le pire, probablement, c'était qu'elle s'y était résolue, à ce sentiment si familier, trop habituel. la répétition des peines qu'elle connaissait si bien.
et les larmes, à nouveau, coulent.
brûlent ses yeux et son chargrin déborde ; recroquevillée au milieu des fleurs, un pathétique tableau, tâche sombre brisant le tableau champêtre.
seule.
Invité
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fading light – laurie Mar 9 Mar - 4:42
cette nuit encore nos yeux ouverts nos yeux ouverts à travers nos chairs
nous croyons les avoir fermés (le regrettons)
car sous les ramifications de notre sang le noir des morts qu’ils ont infusé en nous est redevenu rouge.
dans leur réalité de monde en carence nous ne connaissons plus rien de rouge c’est un rouge sale d’encre il en vient aussi brun que la nuit
croyons avoir dormi n’aurions pas dû la sueur pour nos larmes a coulé dans la demeure de froid où personne ne vit près de nous
croyons nos jambes agressées de vie elles ont couru couru rampé notre corps creux de ronces dans l’aube – nous aimons nous souvenir ce qu’était l’aube – a crié. nous ne sommes pas assassine, terre entends-nous
(reprends-nous)
ne savons si notre bouche réellement bougeait. elle attend souvent désormais l’appel du gourou. mais des mots dans notre tête martelés comme des ramures qui explosent nos chairs croissent croissent sans cesse.
dans la nuit, combien combien combien de temps avons-nous couru agressée par la vie. et devant nous à perte de vue les lumières fausses se sont éteintes noir noir
(nous croyons reconnaître cette couleur)
les odeurs. le vent. à travers les herbes qui ne font pas de bruit. nous ne voulons pas faire de bruit. avancer. c’est un champ. un champ. sourions. oh un champ comme ça nous a manqué.
manquons hurler avec l’émotion nous pensions qu’ils nous l’avaient volée. manquons hurler quand dans le noir du monde elle se tient. c’est une forme dans la nuit et le couteau
couteau dans la main. approchons et si la chose en vie est humaine, sa peau sa peau nous la prendrons
(elle bouge) (la nuit soudain nous réalisons qu’il fait jour notre nuit de fumée réalisons la lumière qui nous brûle les yeux de morts ils ont encastré)
dans le jour elle se tient.
jamais avons-nous cru soudain se rappeler aussi avidement de ce qu’était notre maison.