Fin de journée, plutôt tranquille, elle s’était permise une promenade dans le territoire de la reine blanche. Sans but précis, elle vagabondait pour une fois, observait les alentours, s’attardait devant quelques vitrines, puis elle se dit que ça faisait un moment qu’elle n’avait pas acheté de fleurs pour décorer son bureau et celui de Daphnis, ou même l’intérieur de son chez elle. La renarde avait entendu parler d’une fameuse fleuriste, décrite comme une fée des fleurs, un talent rare ; sans surprise Vixen avait fort envie d’y faire un petit tour et de juger par elle-même.

Elle s’y rendit donc, observant quelques instants le coquet petit extérieur de la boutique avant d’entreprendre d’y rentrer, son regard bleuté se pose alors sur une scène bien triste : un pot brisé, le corps gisant de pauvres tournesols qui n’avaient certainement pas mérité un tel traitement. Qu’avait-il bien pu se passer ? Elle espéra un instant que ce n’était pas de sa faute, qu’elle n’avait pas provoqué ce brisement en était inattentive sur le chemin. La jeune femme apposa alors sa main sur la poignée de la porte aux airs anciens, l’ouvrant et la faisant grincer, celle-ci faisait certainement office de carillon pour la propriétaire. Une voix lointaine qui indiqua à la secrétaire qu’il y avait bien quelqu’un, malgré l’espace vide qu’elle pouvait voir du pas de la porte.

- Bonjour… J’ai bien peur qu’il soit arrivé malheur à vos merveilleux tournesols.

Indiqua-t-elle avant d’apercevoir la demoiselle, surprise en la voyant, elle lui donnait la même impression que ses hélianthes, délicate, abattue. Un sourire désolé faisait apparition sur le délicat visage de la femme renarde, soudainement décidée à aider la fleuriste  à récupérer les morceaux de ce malheureux pot, prenant soin de ne pas récupérer les plus coupants avec ses mains nues.

- On ne pourra pas dire que vous n’avez pas essayé au moins. Le temps et les enfants sont capricieux, c’était destiné à arriver, j’imagine, vous pouvez les sauver ?

Véritable question, elle n’y connaissait rien aux fleurs. Mais sûrement qu’elle espérait possible le fait de donner une nouvelle vie à ses plantes. Puis elle inspecta plus longuement son interlocutrice. Charmante, à la beauté rare mêlée à une espèce de fragilité présente, aux airs dévastés. Quelques instants pour analyser, remarquer le rose douloureux sur ses joues, cette épaule blessée, nul doute que le tout était récent. Que diable était-il arrivé avant qu’elle ne passe ? Indignée, choquée. D’un côté par le tableau affligeant de cette scène, mais aussi par le professionnalisme de cette personne meurtrie, qui aurait pu simplement l’ignorer pour panser ses plaies.

- Ça ne va pas du tout ma chérie.

On passe directement au tutoiement. Ça n'allait pas. Saisit le visage de la fleuriste la renarde, ayant au préalable lâché les morceaux ; vive, bien que délicate, histoire de ne pas appuyer sur ses pommettes et lui infliger davantage de douleur.

- Il faut faire quelque chose pour tes joues, ton épaule… et ton maquillage, tout a coulé enfin ! Laisse ces débris, on s’en occupera plus tard. Amène-moi à la salle de bain la plus proche avec de quoi soigner tout ça.

Indignée. Tellement indignée. Non mademoiselle, on ne pouvait pas se laisser aller comme ça, c’était bien de se montrer et de ne pas boycotter les clients, mais bon dieu, une petite retouche avant ne fait pas de mal. C’était déplacé, oh oui. Mais girls got each other's back. Il était temps de réparer ce qui était brisé, et on ne parle pas des tournesols.

Bien sûr qu’elle pouvait les sauver, n’était-ce pas la merveilleuse magie que pouvait opérer un fleuriste ? Sauver une belle plante bien plus facilement que l’on ne peut se sauver soi-même. Elle aurait certainement dû se concentrer plus sur elle-même que sur ce qui l’entourait, comme le faisait la renarde, à défaut de finir un peu trop nombriliste. Vixen n’avait pas pensé au fait que, peut-être, poser ses doigts sur quelqu’un sans prévenir n’était pas la meilleure chose à faire, mais elle était tactile la femme renarde et le fait qu’elle ne se soit pas fait immédiatement rejeter montrait que son intention n’avait pas été mal prise.

Rassurée, mais que très peu en l’entendant s’excuser, mais s’excuser de quoi ? D’être blessée ? De se montrer faible face à un client ? On ne pouvait pas la blâmer, ça ne faisait certainement pas partie de ses plans, heureusement peut-être que c’était Vixen qui l’avait découverte ainsi. Que, sans le savoir, elle était entre de bonnes mains, bien que très mal placée pour conseiller quelqu’un dans sa vie alors que la sienne n’était que chaos. Mais revenons-en au présent, à cette personne éraflée qui avait besoin de toute l’attention que la renarde pouvait lui offrir. Elle avait préféré rester silencieuse pour l’instant, s’ajustant au rythme de la jeune femme, de nouveau debout et suivant son pas tout en observant l’intérieur de la boutique, curieuse.

- Tout va bien.

Qu’elle indiqua en présentant ses mains. Un petit coup d'œil à ce sopalin… peu raffiné, irritant. Mon dieu. Comme si son visage n’avait pas assez souffert comme ça. Allait-il vraiment falloir qu’elle lui fasse une leçon sur comment prendre soin de sa peau ? Elle espérait que non. Une petite moue quant au champ lexical utilisé par la demoiselle, si seulement elle pouvait penser à elle-même à ce moment précis… Vixen haussa simplement les épaules, trouvant son comportement tout à fait normal, elle n’allait quand même pas laisser une demoiselle en détresse, compatissait sur son joli minois abîmé ; elle qui tuerait s’il arrivait quoique ce soit à son faciès.  Puis elle observe l’endroit où se trouve la trousse de soins ainsi qu’une tasse célibataire.

- Oh, tutoie-moi, détente, chérie. Je prendrais bien un thé, s’il te plaît. Mais seulement une fois qu’on aura réglé cette... situation.

Dit-elle en désignant le visage de la blessée de son doigt, faisant un cercle dans le vide. Sans trop de cérémonie, la femme renarde poussa la jeune femme sur la chaise, la forçant quelque peu à s’assoir - délicate pourtant. Sort de son sac à main une trousse à maquillage, dont elle récupère un petit pot d’huile de coco et un doux coton afin de retirer l’infime reste de makeup ayant résisté aux larmes.

- D’ailleurs, je m’appelle Vixen. Puis-je avoir l’honneur de connaître le nom de cette belle et délicate fleur en face de moi ?

Vixen qui n’était pas vixen sans glisser un peu de flirt dans ses propos, alors qu’en même temps elle entreprit de passer un coup de désinfectant sur l’épaule de la belle inconnue, ainsi que sur ses joues pour au final y apposer une épaisse couche de crème apaisante, plus fine pour ses joues, qu’elle massa pour faire pénétrer dans la peau ; toujours douce, toujours attentionnée. Avec un peu de chance, elle n’en garderait que d’infimes traces. Le plus important était à venir, le ravalement de façade. Bien qu’il n’y avait pas grand-chose à faire au final, jeune femme superbe au visage délicat, tout à fait son genre. La renarde se pencha donc, rapprochant leurs deux visages afin d’avoir un point de vue plus détaillé et faciliter son art.  Elle se contenta ensuite de camoufler les traces, ajouter un trait de liner digne d’une pro, le tout ferait l’affaire, elle aurait même pu la laisser au naturel.

- Magnifique. Je n’ai même pas eu besoin d’utiliser les grands moyens. Être une œuvre d’art naturellement, ça a du bon.

Suivi d’un clin d'œil puis d’un ton un peu plus sérieux.

- Et donc… Que t’est-il arrivé ? J’imagine que tu ne t’es pas infligé ça toi-même. S’il faut que j’aille taper quelqu’un, dis-moi. On ne se connaît que depuis cinq minutes, mais c’est un crime de faire du mal à une si belle demoiselle. Quel taré peut se permettre...

Elle marmonnait un peu ces mots de haine, énervée, soulée, prête à se bagarrer.

hrp:

Rose. Peu surprise de découvrir un prénom aussi charmant et délicat que sa propriétaire. En réponse, un simple sourire, ce nom maintenant placé dans son petit coin de cerveau destiné aux appellations diverses. Un peu brusque la renarde, difficile à suivre, a tenté d’être délicate malgré tout, mais l’alcool utilisé pour désinfecter les plaies de la jeune femme était sûrement aussi fort que le caractère de la secrétaire. Petit rire à sa question.

- Pas du tout ! Mais je n’allais pas laisser une princesse en détresse. Surtout avec le maquillage coulant de la sorte…

Parce que l’apparence est importante, qu’une femme se doit d’être au top, que le maquillage est une arme dont elle abuse. A oublié à quel point elle se moquait du mal être des autres, peu intéressée par les blessures des autres et pourtant; elle était là, à soigner les blessures d’une parfaite inconnue. Le destin ? La parfaite occasion pour soigner son karma que trop damné ? Mystère - et boule de gomme.

- Oh ça va bien prendre quelques semaines chérie… Je te conseillerai d’investir dans une potion, bien que les cicatrices ont leur charme.  

Et qu’elle opterait plus pour l’option de tout faire disparaître. Puis elle attend la vixen, comme demandé par la belle rose. Son regard ne la suivant pas, mais plutôt attiré par la pièce dans laquelle elle était, se permettant de poser son fessier sur une des chaises autour de la table.

Sort de sa contemplation.

- Menthe, s’il te plaît. Aussi fraîche que toi bébé.

Polie. Peu invitée après tout. Prête une oreille attentive à la réponse à sa question, légère appréhension quant à la réponse. Qui donc pouvait briser une si belle plante ? Tique un instant. Nom connu. Nom défendu. Nom inspirant des sentiments bien contradictoires.

- Faustian… Comme dans... Belial Faustian ? Oh.

Un oh très appuyé. Un peu surpris, mais pas totalement. Elle ne pouvait pas dire qu’elle pouvait le dédouaner de tous méfaits, loin de là même. Rose avait raison, il se permettait bien trop de choses, bien que les situations n’étaient pas comparables. Si transgresser son bureau elle trouvait déjà ça hors limite, alors infliger de telles blessures à une demoiselle, ça dépassait l’entendement. N’entend pas la fin de la phrase de la fleuriste, masquée par la bouilloire bruyante, peut-être que c’était pour le mieux ? Qu’aurait-elle dit, au final ? Abandonne ? Oublie-le ?

- Je t’aurai bien conseillé de ne plus le fréquenter et oublier son existence, mais ce serait extrêmement hypocrite de ma part. Bien que nos deux expériences avec Monsieur Faustian soient drastiquement… différentes.

Et c’était peu dire. Alors elle préfère balayer le sujet, ravie qu’une nouvelle question naisse, bien plus simple pour dévier.

- Non, je suis simplement de passage. Je viens de Christmas Town, j’y travaille en tant que secrétaire du père Noël. Ça faisait un moment que je n’avais pas décoré les bureaux de la caserne avec de jolis bouquets et on m’a conseillé de faire un tour à Marmoreal.

Petite pause et un sourire charmeur destiné à la fleuriste.

- J’ai entendu dire que je pouvais y trouver une fleuriste incroyable, on ne m’a pas menti. Si j’avais su que j’allais tomber sur une fée des fleurs aussi charmante, je serais venue bien plus tôt.

Oh arrête-toi Vixen, pourquoi draguer tout ce qui bouge ? Dans son naturel, ça ne faisait pas de mal, ça pimente un peu sa vie monotone.

hrp:

Ne relève pas la grimace lourde de sens de la fleuriste, elle avait tous les droits de le mépriser et ce n’était pas la renarde qui lui ferait la leçon, il n’était qu’un simple amant après tout ; peut-être qu’elle verserait une larme ou deux à son décès, peut-être pas. Ravie d’avoir attisé la curiosité de la demoiselle, elle pourrait lui apprendre quelque chose sur ce monde, qui n’est pas haine, blessure et sang.

- Tu devrais y faire un tour, je serais ravie de te faire une visite guidée si jamais t’en viens l’envie.

Le sérieux qui se fond de nouveau dans la courtoisie, femme-renarde peu en chasse cette fois-ci, mais elle sait apprécier les belles plantes, d’autant plus que celle devant elle, lui versant son thé au doux arôme, piquait son intérêt. Rire léger à sa réponse, le sourire qui s’intensifie à ses mots. Faible hochement de tête, remerciement pour la tasse de thé, qu’elle enserre avec douceur, humant ce parfum agréable.

- On dit que les rendez-vous mémorables sont clandestins. Peut-être que le destin est la raison de ma venue ici.

Car elle n’aurait pas perdu de temps en temps normal, ne se serait certainement pas arrêtée pour panser des plaies, taper la discute, mais elle était là, assise, en tête à tête avec une divine créature. Astres alignés ou pas, ce n’était sûrement pas une simple rencontre due au hasard, qu’allait-elle lui apporter ? Elle apprécie chaque mot, chaque expression qu’elle peut lire sur ce joli minois, prend le temps de siroter son thé avant de lui répondre, regroupe les informations de son esprit, dissipe son énervement concernant Time, lui qui empêchait Daphnis d’être heureux, de fêter Noël.

- Disons que le Temps est capricieux, encore un homme qui fuit ses responsabilités. J’irais même jusqu’à dire que l’on est bien trop préparé… Mais c’est un sujet un peu sensible, comme tu as envie de mettre une rouste à Belial, je ressens la même chose envers ce très cher disparu, ou plutôt fuyard.

Reprend une gorgée de son thé la renarde, fait fuir toute pensée négative, se reconcentre sur son date imprévu, sourire de nouveau aguicheur.

- Ce serait avec plaisir, je prendrais soin de ramener les plus belles décorations possibles, qu’elles soient à l'hauteur de la boutique, mais surtout de sa propriétaire. Quant à un potentiel talent…

Passe une main dans sa chevelure, l’air mutin.

- Il est plus simple de le montrer que de l’expliquer. Ou est-ce plus amusant de te le faire deviner ? À ton avis, à quoi j’occupe mes soirées ? Indice, j’aime beaucoup avoir de la compagnie, surtout lorsqu’elle est aussi délectable que la tienne.

De nouveau les lèvres apposées sur cette tasse, apprécie cette boisson divinement préparée.

hrp: