t’as quand même réussi à tenir dix jours avant de décider qu’il était temps de te repointer dans le domaine de ton hôtesse préférée, ouais
sauf que t’aurais préféré t’y repointer avec un mood différent

t’es pas bourré cette fois-ci, non
t’es pas bonheur et stupidité non plus

t’es… ?
t’es un peu vide
et c’est un peu nul

pourquoi ?
la réponse se fait désirer

en vrai, tu n’savais pas trop comment aller mieux, comment t’occuper les méninges autrement qu’en buvant, comment laver tes humeurs maussades et leur inexplicable envie de te poursuivre
t’as bien essayé de te battre jusque’à perdre conscience - mais ça n’a pas marché
tout ce que t’as pu récolter : ce sont des égratignures, une côté fêlée et des hématomes sur le torse

la belle affaire

puis tu t’es souvenu de combien t’avais ri cette nuit-là
tu t’souviens pas du reste, tu te doutes juste que ce serait archi gênant si t’en étais capable alors tant mieux pour le black out

t’es parvenu à pénétrer les lieux en toute discrétion, non sans te prendre les pieds dans un buisson et manquer de te manger une de ces statues de pierre archi kitsche que seuls les riches savent apprécier

t’aurais pu te faire surprendre mille fois mais non - ta discrétion, t’as su la garder jusqu’au bout
jusqu’à ce que tu réussisses à gagner une énorme salle de bain de marbre (peut-être que c’est la même que la dernière fois mais t’as pas sûr)
y’a des plantes partout, des trucs en crystal, des babioles proutprout
ça te fait doucement sourire

l’univers de la duchesse, c’est l’exact contraire du tiens

tu ne t’es pas gêné pour te dévêtir et foutre dans un coin tes sappes
quelques minutes plus tard, te voilà à moitié noyé dans une mousse épaisse et parfumée
l’eau à ras du cou
les bras ballants de part et d’autre des rebords en faïence de la baignoire, la tête reposée sur le dossier
une clope au bec
tu fermes les yeux

t’essayes de retrouver ces sensations de joie, de folie et d’abrutissement
mmmmmmh… ouais… non… toujours le vide
il manque un truc

t’ouvres les yeux
ah ouais

il manque la duchesse

quand est-ce qu'elle compte te surprendre ?
vite t'espère

t'es où salty queen
tu souffles

le mégot qui crépite

aaaah, elle est là ! ta salty queen est là elle est enfin là
tu souris aussitôt quand tu la vois passer la porte et t’accabler de son courroux pincé de ses gestes trop grands de sa petite voix de perruche agitée

avec son haut pailleté et son drapé de soie, elle a des airs de muse à peintre alcoolique, t’es même certain que baudelaire en aurait fait sa reine pour peu qu’elle ait battu des cils à sa bouche
dis john, t’as l’esprit romanesque maintenant ?

bonsoir duchesse pêche, merci de combler mes mirettes de ta plastique élastique - le sourire qui s’étire, tu te redresses et écartes les cumulus nimbus mousseux te séparant du rebord faïence blanche j’risque pas de décamper alors si tu veux prendre ton bain… viens partager le mien invitation graveleuse quoique davantage moqueuse que tu appuies d’un geste nonchalant - une main qui fait courbette au vide

saltimbanque ou pas, t’es effectivement pas prêt de décamper (l’eau chaude c’est le pied, sans parler des parfums sucrés des huiles que t’as littéralement vidé dans celle-ci)
et t’es encore moins prêt de décamper maintenant que t’as la chance de balayer tes humeurs maussades par une compagnie choco sexy baby

alors john, tu fais amende honorable (oui) et concèdes que tes manières peuvent être parfois trop… trop ? (oui) fumer sans cendrier, en soit, tu t’en fiches… (oui, oui)

mais t’as pas envie qu’elle te pète un scandale (mh)
quoique… tu réfléchis

c’est trop tentant en vrai… quand elle s’énerve, c’est mieux qu’un sketch, c’est mieux qu’un film, c’est mieux qu’un shot d’adrénaline

alors t’optes pour le 50/50
amende honorable + comportement puéril
tu écrases ton mégot dans le pot de fleur à ta gauche et l’enterres dans le terreau
(putain cette plante, elle aura prit cher avec toi (même si tu t’souviens pas du coup du camembert)) (même si on peut capter qu’elle a déjà des feuilles qui jaunissent)

là, voilà, c’est biodégradable trou du cul ! happy baby ? le smirk d’abrutis de douze ans qui vient de montrer à ses potes une meuf de magazine à poil (ouais, ce genre de smirk là)

et comme t’es jamais avare d’insolence et de connerie, tu claques violemment l’eau de tes mains et propulses ainsi un jet aqueux mousseux sur madame la duch’hot oops (le oops pas du tout approprié) tu ris oooh, on voit au travers ma chère… mais quelle impudeur ! tu minaudes façon vieux moine eunuque offusqué, en pointant du doigt sa poitrine et le tissu qui laisse à présent entrevoir la choco skin…

et… oh !
tu tiques

t’es drôlement plate duchesse… t’aimes toutes les poitrines, c’est un fait  ! sauf que eh, t’en as jamais vu de si petite - tu hausses les épaules, genre c’est important de préciser mais j’aime bien hein genre… genre c’est nécessaire de préciser tes goûts ? genre c’est nécessaire d’être plus goujat que tu ne l’est déjà ?

ah ouais en fait c’était vraiment pas le bon plan de jeter ton mégot dans le pot de fleur là mdr mais voilà oh c’est drôle, elle s’énerve exactement de la manière dont t’espérais qu’elle s’énerve et ça te fiche un de ces sourires goguenards aux lèvres, c’est presque comme s’il voulait te défigurer totalement

fiouuuuuuu, tu m’as manqué

incroyable cette duchesse
la reine des salty vibes

par contre on en parle du mon coco ? tu pouffes et provoques quelques vaguelettes dans le bain ! splash la plante ! (décidément) splash la mousse sur le carrelage ! (un peu plus, un peu moins - le carrelage n'est plus à une bulle près) et après ça râle sur mon « baby » ? l’truc c’est que t’es limite archi content qu’elle t’ait dit « mon coco » ça fait un peu cocotier, noix de coco, coco, rococo, cocorico

rictus malin
dents blanches, étincelles sous les cils

pardon ma belle duchesse, pardon pour la plante, pardon pour tes huiles, pardon pour ta robe et pardon pour ta poitrine plate tu te lèves - coucou la tenu d’adam, mais où est la feuille de vigne pardi ? - petite courbette, excuses sincères habillées (elles !) de ta bonhomie sale gosse je m’appelle john

t’es trop fier de te la jouer dandy bad boy (stp la fierté mal placée quand tu sais que t’es all naked et que t’en as zéro gêne) sauf que eh, t’as pas trop d’équilibre présentement (l’eau trop savonneuse tout ça) et en voulant te rassoir, tu glisses et te rattrapes à la duchesse (qui d’autre ?) et l’entraînes dans ton abracadabrante chute par on ne sait quel mouvements formidables et rocambolesques

PLOUCH !

à deux dans la baignoire et l’eau partout et toi qui te cognes le nez sur le robinet aaaaaaaAAAh le cri de la douleur de tous les feux de l’enfer, ça fait un mal de chien - et tu saignes

mais t’as pas trop le temps de capter que tu saignes (enfin si mais t’as vu (eut) pire) parce que t’as quand même mine de rien les hanches écrasées par la duchesse qui, contre toute attente, n’est pas un poids plume t’es lourde peachy queen … le tact est mort (avec le respect)

tu la regardes, la moue pincée - tu retiens ton air
elle a de la mousse jusque dans les cheveux je voudrais une glace chocolat avec chantilly en option s’iou plaît c’est plus fort que toi, tu n’retiens plus ni ton air ni ton euphorie
tu peux pas t’empêcher de rire
non, non c'est
impossible

ses drapés paillettes et soie
son visage trempé, sa coupe à la jimi hendrix (post concert de trois heures)
tout l’absurde de la scène, de la chute, de vous t’as rien de cassé bab- duchesse ? et t’as beau être sincèrement inquiet quant à sa réponse (et son état physique (et mental ?)) encore une fois : l’absurde de la scène, de la chute…
impossible, fucking impossible

tu ris, tu ris
t’es un rire sur pattes

et ça te fait tellement du bien de rire, t’en avais tellement besoin, t’en avais tellement envie que tu ris fort, que tu ris à t’en faire mal aux côtes et t’as des larmes qui pointent leur sel sur tes joues (entre ça et le pif en sang, super la sexy attitude du dandy badboy)

damn, t’es une thérapie funky, mieux qu’un rail de coke en plein festival !

et toi johnny, t'es un désastre groovy, pire qu'un témoin de jéhovah à une bar-mitsva !

alors entre le saucisson mal tourné, la panse ventrue, sa contrariété de sainte-josette-prude-coquette et la perruque 100% made in soapy mousse sucrée (et définitivement trop parfumée) - t’sais plus si tu dois roucouler grassement ou rire de plus bel

c’est que la duchesse peut se montrer joueuse aussi hein, c’est qu’elle a les gamineries aiguisées sous ses verbes de dame de proutproutland tu m’as pris pour un champignon ? même pas t’as le temps de faire genre t’es offusqué par ta perruque de mousse qu’elle te plonge sous l’eau !

glouglouglou johnny boy, glouglgouglou !

tu gesticules comme un crapaud funambule, tu bois la tasse, tu crachotes, tu l’entends rouspéter quelques diableries de son cru et quand t’arrives enfin à te redresser et à reprendre ton air façon toxicomane en manque - c’est pour mieux lui jeter un regard si écarquillé qu’on eut dit que moïse venait d’y passer dis-donc mon granité à froufrous, c’était pas très fairplay, tu m’as pris au dépourvu !

le menton levé, les sourcils froncés je saurais répondre à l’affront ! en garde madame duch'hot ! encore ce ton de dandy débauché à la connerie, encore tes airs loufoques
et tu saisis une éponge ronde de coton doux (sans doute préposée à soigneusement laver le corps) et l’a transformes en épée (on y croit (t’y crois dans ta tête)), la brandissant sous son nez et menaçant de la lui coller sur les joues

je ne vous enquiquine point allons, je jouis simplement de votre gracieuse présence - et ce n’est point de ma faute si votre gracieuse présence et gracieusement drôle ! genre - genre comment tu te défausses, genre comment tu nies les faits
évidemment que tu l’enquiquines
évidemment que tu la provoques

tu pouffes
finis par lui savonner les joues avec l’éponge avant d’en profiter pour, en prime, écarter les mèches de son front de part en part afin de lui offrir une coupe à la jean-eude, pharmacien chrétien de soixante-ans, addict aux magical-girls et à la soupe aux oignons

tout de suite t’es moins belle ! le rictus moqueur, le défi dans l’oeil le fripon mal amanché remporte le duel ! petite révérence et tu te rallonges confortablement dos à la faïence ; avec tout ça, t’en oublierais presque que : t’es nu, elle est face à toi, vous êtes dans son bain : tout va bien, oui, oui, tout va bien

les doigts qui font des clapotis à la surface
la réflexion se fait désirer...

je dois admettre que, je me plais chez toi duchesse ! ok c’est pas la meilleure explication m’enfin ça n’en est pas moins une explication véridique je m’y sens, j’sais pas, à l’aise ? t’as beau être de la haute, quand tu m’insultes, ça me vexe pas ? c’est différent quoi, ça fait plaisir mh pas sûr que ce soit très clair c’t’affaire

ça te fait plaisir qu’elle t’insulte ? ouais, c’est pas clair, t’as du mal à parler clair johnny pas clair
disons que les types comme toi, ils ont l’habitude du dédain pur et dur
la duchesse, c’est du dédain taquin, c’est salty, c’est drôle et puis, tu t’y connais en matière de gens saloperies, de gens pourris - tu ne ressens pas ça chez elle ; pas de pourri, pas de saloperie

ouais
ça fait plaisir

moi ce que j’veux, c’est du chocolat pêche à la place du goudron ! tu pointes ta tête là, là dedans ! le sourire un peu bête, les yeux qui dérivent sur le plafond

soupire

johnny tu te calmes, johnny tu songes

dis, j’ai jamais fumé de cigare, c’est vraiment mieux qu’une clope ?
les yeux qui retombent sur son minois
t’as menti, même avec sa coupe à la jean-eude,
elle est toujours belle

t’as le sourire qui reprend ses aises et tes aises toujours se plaisent à regarder la duchesse devenir une rebelle des bac-à-sables  ; ça te fait drôle de la voir te clasher et en même temps ça te fait un bien fou parce que, y’a rien de mauvais, ni dans ses mots, ni dans les tiens ? c’est pas la surenchère de qui rabaisse à terre, c’est plus la surenchère de qui domine l’aire de jeux (et domine avec panache (et avec enfantillage))

je parie que tu tiendras pas plus d’cinq minutes sans me balancer ton vocabulaire à jupons de princesse ! alors son « fi ! » et la (fausse) menace qu’il couve, autant les faire couler sous la mousse avec vos pudeurs respectives mdr

t’aurais bien aimé la provoquer un petit coup histoire qu’elle concède une victoire à ton pari mais eh - la voilà pas qui s’penche au dessus toi et qui farfouille à tes côtés ; ça t’en coupe le verbe
t’as les mirettes qui roucoulent sur ses épaules, sur son cou, sur ses mèches moites et oopsie, johnny y’a du rouge qui s’éprend de tes joues et des gargouillis fourmis qui s’taillent une part de ton ventre

à croire que tu redeviens le jeune ingénu de tes treize ans…
c’te blague

tu sens bon

ça t’échappe, tu crois, ou peut-être que c’est un compliment voulu et réfléchi, ou peut-être que c’est une pensée à voix-haute ou peut-être on s’en fou ? tu ne t’en incommodes pas davantage, l’embarras c’est pas ton truc - c’est un fait, that’s it, la salty queen sent bon

et lorsqu’elle se cale à nouveau en vis à vis, qu’elle te plante un « trésor » aux oreilles et te conte combien le cigare, c’est le paradis ! - t’es vite fait hébété, vite fait silencieux
y’a que ton étonnement, subtile, qui persiste à se vautrer sous tes cils et ta moue, ta moue goguenarde qui s’octroie un soupçon de douceur
t’as pas l’habitude johnny
mais c’est pas grave
profite !

qu’on lui coupe la tête ! tu chuchotes, à moitié rieur, à moitié moqueur - imitant la reine rouge et ses airs furibonds lorsque la duchesse des pêches coupe la tête du cigare avant de te l’offrir

mon loup
tu ris

soudain,
tu tiques sur ce qu’elle a dit une minute plus tôt colorado ? arque un sourcil, foncièrement étonné, puis te rappelles c’est une réincarnamachin… mh, yes, c’est vrai, c’est une maudite de l’éternité
et c’est un peu triste

tu souris le colorado c’est un état des états-unis, dans mon monde, dans la réalité quoi - y’a de belles montagnes et des lacs immenses là-bas, des rues giga grandes et toujours animées - à denver y’a une boutique qui vend des guitares de folies, c’est le pied ! j’y ai acheté ma première gibson ! les grands gestes, tu mimes les lacs et les montagnes, tu mimes les rues, la boutique, les guitares, tu mimes tout le pays - et les yeux qui voyagent dans le passé

quand t’as visité le colorado, c’était dans le cadre d’un trip' scolaire de lycée
dix jours où toi et tes potes, vous avez fait les cons, vous avez dragué les américaines avec vos accents d’écossais du bayou, vous avez mangé comme des gros tas dans tous les fast-foods du coin, vous avez dévalisé les salles d’arcades et les machines à bonbons des cinémas…
avoir quinze ans, c’était chouette

quand tu veux je t’y emmène et tu pourras fumer un cigare colorado au colorado ! l’apogée du luxe, pas vrai ? pas sûr que ce soit l’apogée du luxe mais ce serait drôle
et même si ton offre est vaine, t’as le mérite d’y croire un tantinet

tu te concentres, ça suffit le vagabondage temporel
elle t’explique comment fumer un cigare et c’est quand même sacrément impressionnant

tu le cales entre tes lippes et inspires une bouffée longue et profonde avant de tousser comme un charretier ooooh ! c’est grave bon mais wow, ça te ramone la glotte ! - et tu ris de plus bel avant de te redresser (non sans manquer de lui coller ton buste sur le nez) pour mieux cendrer par dessus la fenêtre (oui, oui, tu fais des efforts)

te rassieds, jambes déployées

dis duchesse, il est où ton duc ? parce que, tandis que tu savoures son présent charbonneux et ô combien suave sur le palais, tandis que tu vous r'cadres dans votre drôle de situation...

...ben t’as les ménages suffisamment au clair pour résonner sur les questions que ta cervelle couve - et c’est une question que t’as dû te poser déjà lors de votre première entrevue

elle n’est jamais accompagnée et lorsqu’elle te sommait de partir, ce n’était pas en invoquant l’aide d’un éventuel époux, non, c’était en te rappelant qu’elle a des gardes

oh mais, jure ? jure ? une assiette de charcuterie ? tu bondis presque hors du bain - mais non, en fait non, tu te ravises parce que eh - t’as pas envie d’avoir ton ouistizizi qui fait coucou sous les mirettes de miss duch’hot (elle en ferait une syncope !)

ok t’as zéro pudeur mais là, vous sympathisez, vous blablatez, vous causez limite comme deux larrons en foire (n’abusons pas) alors s’agirait pas de tout ruiner pour une histoire d’exhibition sous excuse d’excitation pro assiette de charcuterie…

pari tenu peachy queen ! et quand bien même elle réussit à tenir cinq minutes sans t’insulter, ça t’empêchera pas de rire de ses expressions alambiquées du siècle dernier

le cigare s’échange, se change, s’échange entre vos bouches et tu soupires - le rictus large et les bras éparses sur les rebords faïence ; t’es tout à ton aise, et sous tes cils qui battent comme deux papillons au printemps, t’as le regard d’un minot qui fête noël

duchesse, bordel
t’es de la vitamine anti-déprime

alors quand elle te dit qu’elle est veuve, avec ce ton là, avec cette sobriété là, avec ce détachement là - là, là, là tu tiques un peu et la moue qui oh… et l’temps que ton cerveau imprime les imaginaires, les conséquences, les questions…

quels étaient leurs prénoms ? à quoi ressemblaient-ils ? comment sont-ils morts ? les aime t-elle toujours ?

mais johnny-good-boy n’est pas good pour dire je suis désolé, pour dire qu’il est peiné - il l’est hein, il l’est sincèrement et c’est bizarre, c’est curieux de ressentir de la peine pour autrui, pour elle - c’est votre second rendez-vous galant après tout (la blague)…

il est soulagé aussi, parce que le terrain est libre, parce qu’il peut la courtiser sa versaillaise à froufrous - et l’emmerder sans risquer de se prendre un revers de médaille (ou l’amour conjugal bourgeois exhibé sous les mirettes (la lose))

tu sais hein… le rictus qui mord - un défi, un autre ! il le voit comme tel, tant pis si ce n’en est pas un (sans doute n’en est-ce pas un) tant pis, tant pis ! je paris que je les dépasse d’une tête, j’paris que je les surpasse, yes ! et de loin… tout fier, tu dis, tu affirmes - et t’y crois

par contre t’es pas certain de ce que tu sous-entend et du terrain sur lequel tu t’engages
en gros, t’es un peu en train de te vendre comme futur super duc à duchesse non ? genre tu veux la courtiser, l’aimer, l’épouser et hop, elle admet sur l’oreiller « you’re the best » & that’s it ?

WOW ATTENDEZ t’es parti loin
ok stop la réflexion ; juste focus sur le pari, voilà, le pari
le pari c’est drôle

le pari et la gibson, la gibson… sa question… johnny-all-feels
ton regard qui s’illumine de tous les feux du cosmos une gibson ma belle, c’est la crème de la crème of the top des choux de la guitare ! t’es transi d’une euphorie diabolique (rpz parler musique)

ainsi tu bondis hors de la baignoire tel une antilope zélée mais non sans avoir la jugeote (par on ne sait quel miracle) de t’enrouler dans la première serviette à ta portée… ok, j’en crèverais cette nuit si j’me couchais sans t’avoir fait connaître les ronrons d’une fucking gibson ! tu te calmes, un peu - un chouia promis je t’appelle plus baby pour DEUX JOURS grosse pause de mec très sérieux si tu veux bien m’suivre ce soir…

ooooook c’est carrément du jeu hors des sentiers battus - t’sais pas ce qui t’arrive
peut-être c’est le cigare, peut-être c’est son détachement et ses bulles par dessus la fenêtre, peut-être c’est sa façon de te parler avec ce respect courroucé

osef de toute façon
ce qui t’importe c’est qu’elle te suive, que tu l’emmènes à ta suite - un pas dans ton monde mais le monde joli, le monde solo, le monde pas trop laid
ce qui t’importe c’est de jouer, c’est qu’elle t’écoute jouer, c'est qu'elle découvre la magie d'une gibson

hop ! tu tombes la serviette - trop engoncé de ta folle envie d'épopée nocturne pour capter que t'es nu
et tandis que t'enfiles ton t-shirt, t'as un zest de "eh si elle me dit non et ciao" qui te ravale la façade presto promis bis, j't'emmène pas où ça craint. j'ai un tieks pas loin d'chez toi allright, où je vais parfois me vider l'esprit tu vois l'genre ? j'y ai quelques affaires, dont ma gibson

un tieks aka une piaule à la frontière de crims et du domaine de la duchesse
petite maisonnée en hauteur d'une colline
vue sur la ville
vue arrière sur les terres brûlées
c'est pas trop mal

promis duch'hot
promis ça vaut le coup
promis johnny veillera sur ton noble fessier

(et promis il va couvrir le sien (mais en vrai il veut que t'admire un peu ses abdos et sa (big (ce cocky vantard rpz))) mécanique de mâle (...))

oh dis la duchesse des pêches en soleil, elle t’a quand même pas mal de fois glissé des petits surnoms coulant comme le miel elle va me faire rougir tu dis mais tu sais pas à qui tu le dis, c’est rigolo

c’est vrai hein, elle a l’esprit verbeux aussi versatile que t’as les mirettes curieuses - ben ouais, t’aurais bien aimé lorgné mais oh, la porte close tout ça : c’est mort (adieu la vision paradisiaque de ses petits seins-fèves-de-cacao et de ses hanches de madone biscotte bronzée)

bras croisés, gentil toutou sans collier, attends patiemment
tu te refais le cinéma de tes pensées, des heures passées, du bain, du cigare, de vos paris, de toi qui ris
franchement si tu pouvais photographier ces instants passés/présents/futurs, les imprimer sur ta rétine - ou juste faire en sorte que ta cervelle soit 100% fiable niveau détails… ce serait mortel
histoire que tu puisses revisiter c’te soirée quand t’auras le blues au col et le soupire au coeur…

la voilà qui ressort, toi aussitôt droit debout, le rictus du gourou face à sa divinité que divinaaaaa, que bellisssimaaa ! exagères un peu, petite courbette et lui emboites le chemin, poignet lié

je m’enjaille à côté, oui, oui - mais eh, don’t worry milady, je compte arrêter petit clin d’oeil en coin, franchis les grandes portes, adios le marbre, adios le clinquant, adios les serviteurs trop éduqués maintenant que j’suis adopté par ta villa et que tu m’as à la bonne, pourquoi m’enjailler ailleurs ? vas-y esclaffe-toi, gros goujat vantard - n’empêche que t’es sérieux (ben oui)

bras en l’air écartés, révérence royale à la liberté des noctambules, t’inspires bruyamment et les poumons s’éclatent contre tes côtes - le vent frais, les chuchotements de la nuit, les grillons, les loupiotes floues des lampadaires… l’excitation qui r’grimpe le long de ta colonne

t’emprisonnes d’une équerre de coude câlin la duchesse ; vous voilà deux demoiselles de bonne compagnie, coquettes en goguette ; les enjambées grandes, le mouillé des brins d’herbe tu m’apprendras dis ? à déguster le vin ? oui, oui, pour que tu puisses te la péter lors de dîner guindé (si tu tapes dîner guindé avec des riches of course)

moi j’peux t’apprendre des trucs de la street, sait-on jamais que tu doives copiner avec un gang un d’ces jours oh sweet jesus, la duchesse incognito au sein d’un gang, putain tu paierais cher pour voir ça j’ai été champion de boxe, avant petit crochet du droit dans le vide, petit vide dans les méninges c’est utile quand t’as plus d’ennemis que t’amis de fait, oui

par exemple, si j’te menace avec un couteau démonstration physique à l’appui - tu te cales face à elle, fais semblant d’avoir un couteau bloque avec ton avant-bras, poing ferme à hauteur de ton nez, pas au-dessus ! faut qu’tu puisses y voir petit mouvement de recul, t’imites l’agresseur - la manipules pour qu’elle imite l’agressée

de ton bras libre, un coup rapide dans les flancs tires son bras libre, un coup rapide dans tes flancs il se penche et se redresse et là, hop, coup sur la glotte tu te penches, te redresses et hop, coup sur ta glotte

t’vois le scénar’ ? c’est comme danser, mais danser pour cogner le sourire jusqu’aux oreilles, tu reprends le rythme de croisière de votre pèlerinage, entre les vignes, entre les cailloux, entre les buissons puis finalement au travers d’un champ

franchement, j’suis grave heureux que tu m’accompagnes balayes le ciel de ton minois hilare, les yeux qui pétillent j’te l’ai dis, j’te le redis, j’vais surpasser tes maris, et tous les autres oui, oui, oui t’auras pas le temps de dire « ouf  ! » que t’seras crazy in love de moi, accroc jusqu’à la moelle oui, oui, oui johnny

oui, oui, oui, vas-y ris, vas-y plaisante
joue-là mec léger, mec simplet
profite de vos gamineries tant qu’tu peux

c’est quand même vachement chouette de l’entendre rire duch’hot - parce qu’elle a un rire trop stylé, genre le rire que t’as envie d’entendre quand tu te poses à table pour manger, ou le rire que tu cherches dans la foule de gens à la soirée pétée où on t’a traîné de force hehe

et quand elle te prend l’menton du bout des doigts et insiste sur l’impossibilité que t’puisses un jour attendre le firmament du trône de la vie de son domaine d’être le best mari : ben tu fais une moue fière et virile (et tu n’rougis pas ! ben non ! t’es viril stp)  t’vas voir que je vais t’ébaubir le babissement ça veut rien dire mais t’fais genre j’en ai pleins dans le sac des merveilles à t’faire t’émerveiller oh oui ! même si en fait non - enfin tu n’sais pas, mais tu trouveras

tu lui trouveras mille merveilles pour peu qu’elle veuille bien rire encore

à une trentaine de mètres en amont, tu distingues l’ancienne maisonnée de berger qui t’sers de planque, nichée pépère au sommet de la plus haute colline - ça fait des lustres qu’il n’y a plus de moutons et plus de berger et tant mieux pour toi (pour vous)

ok, v’là mon super palace pointes un doigt sur le susnommé, accélères le pas après vous ma mie crochètes le cadenas, pousses la lourde porte de bois promis c’est pas sale pour sûr, t’es bordélique mais t’es pas crado’

tu tires sur une ficelle qui pendouille à ta droite dans l’entrée et tintintinnnn une guirlande aux milles et une ampoules colorées s’allume, chassant l’obscurité

alors on voit les murs grignotés par tout un tas d’affiches que t’as chiné au marché noir, des affiches de ton monde - groupes de rock, polaroids de villes que t’as même pas visité, publicités pour du pastis ou du whisky ; on voit des objets et des babioles dignes d’un fast-food américain, avec ton tourne-disque jaune pétard, ta collection de vinyles éparpillée sur le canapé au cuir usé, ta statuette du pape jean-peul II qu’a la tête qui bouge (celle qu’on vend dans les boutiques souvenirs des aéroports), tes bottes de cowboy imprimées d’étoiles roses, ton tapis imitation peau de lama aux teintes arc-en-ciel, ton bang à weed en forme de bite (oui) ; tes trois guitares (dont la fameuse gibson) accrochées par une astucieuse manip’ à un porte manteau en métal

bref : on voit ton joyeux bric à brac

tu poses ton blouson sur la table, pousses les chaises, choppes deux verres et une bouteille d’un cognac que t’a piqué chez un gros bourge de crims et pour l’avoir goûté, t’sais qu’il vaut son pesant d’or à ton merveilleusement merveillé pretty peach ! chuchote, genre vous êtes coupable d’un crime c’est pour nous mettre dans le mood rock’n’roll

tu lui avances un large fauteuil au velours bleuté, fiché de coussins en forme de coeur et de fleurs (t’les as trouvé dans une brocante et t’en es tombé fou amoureux - ça te rappelait ceux de chez ta grand-mère betty, on ne juge pas !)

prends tes aises duchesse, j’suis pas un hôte de folie, c’est la première fois que je reçois ici alors stp, sois indulgente que tu couines, avec tes airs de bambin tristounet - le bon acteur
sauf que eh, c’est vrai - t’avais jamais reçu personne ici on s’en descend un et j’t’emmène voyager sur des gibson’s vibes lèves ton verre, trop fier

trop fier
et
trop heureux