Mille pas ont déjà dansé sous ces ruines, mille vies s'y sont étendues dans toute la splendeur de leur éternité, laissant sur les lieux une empreinte pareille à aucune autre. Sur le large bord de la fontaine, sa frêle silhouette repose, assise avec la légèreté des corps fragiles, chevelure au vent, et l'humilité qui nous prend avec la conscience de n'être rien, un simple éclat minuscule au cœur d'une immensité.

La paume effleure la surface de l'eau, songeuse, avec une délicatesse presque apeurée, tandis que le soleil fait luire les pièces qui reposent au fond du bassin. Combien sont déjà passés ici, combien de mains ont confié leurs souhaits à l'étreinte de l'onde ? Combien de vœux contient cette eau claire, et combien se sont habillés de réalité ? Une ride soucieuse passe sur son front alors qu'elle pense à elle, soudainement, et se trouve incapable de savoir ce que désire son cœur.

Des petits pas sur le passage de colonnes, tout près d'elle, lui font lever la tête. Elle reconnaît cette silhouette candide, si jeune et déjà emplie d'une telle bonté, et un sourire discret étire ses lèvres tandis qu'elle lève la main en un salut tendre mais silencieux.

Lorsque tu parviens à ses côtés, elle passe une main affectueuse sur tes cheveux de feu, geste fugace dans sa crainte de déranger et pourtant si heureux de partager à quel point ta présence lui est douce. Attrapant alors son précieux carnet, elle y inscrit quelques mots avant de te le tendre.



Un coup de vent vient dessiner des rides à la surface de l'eau qui scintille dans la fontaine. Son histoire lui est inconnue, elle à qui ce monde est si mystérieux ; la lui conteras-tu, apprenti chevalier blanc ?