je cherche dans les livres, les étagères
non pas que je cherche des étagères parmi mes livres, quoiqu’il y a des livres qui parlent d’étagères, qui parlent de mentionner car mentionner c’est parler mais les étagères sont-elles mentionnées dans les livres qui sont soutenues par
les étagères qui ne sont pas mentionnées ?
le tourne-disque chante ce que le disque révèle,
jazz ! ô jazz !
il y a des notes qui dansent mieux que ne dansent les feuillets volages qui pendent au vide, boudeuses des assises de mon bureau
que dis-je
les doigts filent, tricotent sur les couvertures les reliures les dorures les cuirs les grains durs,
je souris complice à la poussière qui s’élève et chatouille les parfums,
les cils éventail
je souris, je trouve sans chercher,
tripote entre les mains et
triomphe ! le gros ouvrage aux recoins rognés par les âges, au titre de lettres qui s’enchevêtrent les arrondis et l’encre
à hauteur de mes yeux,
je lui dis
bonjour ami depuis combien de temps ne t’ai-je pas entretenu de mes curiosités ? ah ! je souris, le sourire que je souris déjà, le sourire qui s’étire
reviens à la table,
lucy ! le voici déposer entre les tasses, les cuillères et les biscuits ce recueil de poèmes érotiques et saturniens, non pas qu’ils soient de saturne mais peut-être mûris d’un homme qui se rêvait paré d’anneaux et du beau des astres
fais le rougir de tes rougeurs ! la malice qui ourle les lèvres
je m’assieds, souple comme les drapés de satin et de soie
une jambe croisée sur l’autre déliée, la pose du philosophe voilà qu’elle me plaît !
un sourcil arqué, un souci marqué
je te contemple et vois
très cher, qu’il faut davantage de gêne à tes esprits pour que ceux-ci cessent de se terrer dans un confort de nihilisme et d’effronterie
je te vois et contemple,
cher à moi, qu’il m’est doux que ta présence vienne envahir mes silences ô si bruyants et éveiller ma demeure qui a tendance depuis quelques temps sans que le temps ne soit, à ronronner l’ennui dans ses rêves de sucre et de fonds marins
que dis-je
ouvre à la page 48, je crois que tu sauras en apprécier les formesamusons-nous aux dépens de tes bien-pensantes pudeurs avec l’amour de notre amitié
rire un peu, rire bonheur
ce poème chaque ver, ce poème tout entier
je le connais
car il fut le premier que j’ai lu après avoir jouit de rêves où les femmes et les hommes se confondent, comme je confonds la gauche et la droite,
les étagères et les étagères qui se mentionnent,
les cons et les imbéciles,
les vigueurs et les virils
…aux fins que tu te réjouisses,
et tu te réjouis, petit,
car voici que ta belle gourle
jalouse aussi d’avoir son rôle,
vite, vite, gonfle, grandit,
raidit... ciel ! la goutte, la perleavant-courrière vient briller
au méat rose : l’avaler,
moi, je le dois, puisque déferle
le mien de flux, or c’est mon lot
de faire tôt d’avoir aux lèvres
ton gland chéri tout lourd de fièvres
qu’il décharge en un royal flot.
lait suprême, divin phosphore
sentant bon la fleur d’amandier,
où vient l’âpre soif mendier,
la soif de toi qui me dévore
mais il va, riche et généreux,
le don de ton adolescence,
communiant de ton essence,
tout mon être ivre d’être heureux
heureux les simples de chair
malheureux les compliqués du coeur !
n’est-ce pas, lucy ?
je ris