petit détour à la capitale rouge où grondent la colère de juliette
ça te fait rire un peu de savoir qu’il existe une folle au pouvoir
heureusement que des têtes tombent pas tous les jours
quoi que ?

si t’avais ton popotin sur le trône,
oh lucy
quel beau roi tu ferais.
t’engagerai les plus grands fous du royaume pour qu’on trouve la solution à tes maux
et après
(seulement après)
t’aiderais la misère du monde à s’anéantir d’elle-même
les voleurs deviendraient des chevaliers
les riches, des gens aisés
les pauvres, des gens aisés aussi

le juste milieu.

mais finalement t’es qu’un chapardeur sans titre
épéiste sans renom,
en tête à tête avec le soldat de crims
faudrait pas dire trop de bêtise
tu veux pas finir embroché
(même si t’es sûr : tu maîtrises le glaive mieux qu’lui.)

« prêt quand t’es prêt sauf que tu sais pas que j’étais déjà prêt quand toi t’étais pas prêt, copain. »
le sourire scotché aux lèvres, c’est marrant les rendez-vous avec anael
ça n’a de sens que leur finalité
quand vous avez assez tergiversé loin du bon sens de vos vies

et en empoignant le bâton qu’on te donne
uah
tu sens la force monter
position du super héro qui fait croître en lui un chakra plus fort que de raison

« ça, ça c’est d’la bonne. » beau bois, oui. « dis pas ça mec les épées c’est super ça surprend ça a la classe ça fend l’air et ça peut aussi servir de perche, de pelle, de couteau, de rôtisserie… » mais on en aurait pas fini si tu continuais ta liste, alors tu fais juste signe à l’autre de laisser tomber.

en garde il fait le malin
chanceux
y’a pas de ravin par ici mais il aurait chuté comme jamais à faire l’insolent comme ça
sale gosse.

les jambes écartées un premier pied bien appuyé en avant, le second derrière, tu te penches, plies un peu tes genoux en positionnant ton arme au niveau de ta hanche, prêt à bondir.

« me provoque pas, j’ai l’avantage d’être petit. »

tout sourire ton complice
la paume sent fort fort fort le bois pressé
car tes doigts veulent pas la perdre
cette épée, cette victoire

alors que lui il l’a fait tourner
elle virevolte comme une brindille
mais il comprend pas hein,
les malins sont ceux qui gagnent les batailles
mais pas la grande guerre.

« c’est pas moi qui finirait en rôti, garçon ! » les tics de langages qui prennent racines dans le passé
et à la menace
il engage

fourbe, non
il a simplement lancé les hostilités
(c’est bon enfant)

mais tu le vois
l’appui sur sa jambe
le bras qui se lance
c’est rapide mais pas impossible à contrer
alors tu recules
un peu surpris, c’est indéniable
mais contrattaque : on laisse pas l’adversaire sur une pseudo victoire

« t’attaques à vif toi ! ça perd pas d’temps ! »

plus petit toi tu te baisses à peine
le bâton prend un virage et tu l’élances
espère taper le tibia
ça pourrait surprendre aussi

par contre t’es mal placé pour riposter s’il se montre
aussi éveillé que toi.

fort, le combat t’imprègne d’une hargne
lucy, t’as la rage
de vivre, d’être vainqueur
et c’est pas anaël qui va t’empêcher
de croire en ton trône

même s'il esquive l'air habile
trop satisfait;

« que pouvais-je bien espérer venant d’un soldat de carreaux… »

les épaules viennent mimer une sorte de haussement
hâtif ; on a pas le temps de faire dans le théâtre,
tu joueras l’hébété quand le bout de ton bâton
finira sur son torse, pour le clouer au sol.

et après les attaques un semblant de repos
pour mieux parer, contre attaquer
surement

tout n’est que stratagème, pas vrai ?
tourne tourne l’épée factice entre tes doigts
la dextérité comme trophée
jusqu’à ce qu’elle t’échappe

« oops. »
les yeux se baissent
devant toi mais plus dans tes mains, ton arme
tu t’abaisses, fluide
entame une galipette vers lui jusqu’à empoigner à nouveau ce glaive
puis le pointer
le toucher
le bois contre son estomac
sans appuyer.

« touche. à l’escrime j’aurai gagné.
vous apprenez ça à l’armée ? les galipettes surprises ? »

toujours amusant
même si tu ne comprends pas sa référence
les gens d’ailleurs
ont vu des choses étranges

mais dans leur autre monde
ils n’ont visiblement pas tout appris
ah
ringard.
tu pouffes laisse échapper un rire de gosse
lorsqu’il hurle prêt à mourir
sacrée comédie pour un bâton de bois.

tu t’écartes d’un pas sur le côté
regarde le drame se produire
alors qu’il s’effondre, véritable cadavre
toi tu ranges ton épée sous l’bras
applaudis paume contre paume
bel acting.

« chapeau ! »
et tu t’abaisses
l’air satisfait, supérieur, même.

« arf, ça m’étonne pas. à la tête de juliette
c’était clair que vous vous partagiez tous
un seul et même neurone
faut bien commencer avec quelque chose…
nah, je rigole anael ! énorme blague ! »

le rire au ventre qui s’extirpe jusqu’à ta gorge
tes lèvres
tu te bidonnes ta voix grimpe dans les aigues
tu finis même par tomber sur tes fesses
tellement penser à crims ça te plie en deux

« non mais, j’veux dire
juliette. JULIETTE.
c'te vanne j’en peux plus ! »

le goliatte ? goliat ? gaule y hâte ?
tu comprends pas mais le rire étouffe tes questions
applaudit lucy le comédien mort pourtant qui s’élève, revit,
que c’est beau le théâtre
que c’est beau de jouer ce que l’on craint, le sourire étendu
ah
ju li ette
la bécasse
juliette cette bécassine
tu souffles
hyperventile mais ça vient
c’est bon
tu respires
essuie d’un revers de main cette larme qui elle aussi rit

« mais tu m’étonnes
oh dieu
c’est pour ça que vous êtes
tous peint en rouge là
c’est parce que
vous respirez plus là
avec vos têtes coupées de partout
et quand elle hurle, là
on l’entend depuis la forêt d’hollywood, tu sais ?
on l’entend votre juju
« QU’ON LUI COUPE LA TÊÊÊÊTE »
oh
la belle chèvre
tu sais si
tu me livres juju mains et poings liés
promis
promis juré craché
j’en fais une chèvre
tu pourras porter du vert après tu verras comme c’est bon de respirer
on donnera du vert à la chèvre de crims ! »

pouffe ; mais se relève l’enfant qui menace
de ses paroles si légères pourtant quelque part
l’envie n’est pas une blague
reprend les armes qui trainent au sol
et d’une épée
qu’il tend vers le garçon
la lame de bois contre son cou
c’est comme ça qu’on coupe les têtes ?
il demande
toujours l’air hébété

« tu m’aides un de ces quatre
à infiltrer le palais
dis ?
j’garde le secret
j’veux juste
me poser sur le trône. »

laisse siffler dans la voix qui s'extirpe
une requête cachée par l'ironie

sous le regard inquiet
des idées qui triment.