Les pas qui crissent dans la neige, rapide piétinent le sol sans ménagement et Alexis en a tellement l'habitude qu'elle ne tombe pas. Court court court à ta poursuite, hurle hurle hurle si fort pour que tu t'arrêtes mais tu ne le fais pas. Tu es un idiot, comme elle, et les idiots n'écoutent personne pas vrai ?

— MAIS TU VAS T'ARRÊTER OUI ? SALE CHIEN J'TE CAUSE !

Raz-le-bol de courir alors d'un coup Lexie hurlante s'arrête et attrape la première chose qui lui tombe sous les doigts -pas de chance pour toi Balthazar, c'est un lampadaire. La seule chose solide de ce quartier en pain d'épice, qu'elle sort du sol énervé et qu'elle te lance dessus sauvagement.

Court ensuite pour te rattraper.
Si elle te choppe, ses doigts à ta gorge pour t'étrangler.
Alexis fumante Alexis blessée hurle hurle encore, sauvage et déchaînée en s'approchant.

— T'ES QU'UNE POURRITURE ! ÇA T'AMUSE PAS VRAI ? J'VAIS TE DÉFONCER J'VAIS T'MASSACRER SALE CHIEN !!

Toi au sol, elle sur toi, des airs de déjà vu et pourtant nul doute qu'il s'agit d'une première fois. Première fois que les doigts agrippent la gorge sans serrer au point de te briser la nuque, seulement t'étouffer, et que la claque part sans qu'elle n'ait le temps de la contrôler. Alexis colère regard boudeur iris fureur, te toise et les mots se hurlent encore parce que tu n'es qu'un idiot de chien Bandersnatch.

— POURQUOI TU L'AS PAS ÉVITÉ ! IDIOT PUTAIN T'ES QU'UN GROS CON J'VAIS T'FUMER !

C'est ce qu'elle aimerait faire, vraiment.
Ce qu'elle aurait fait à n'importe qui d'autre qui ne soit pas toi, parce que Alexis colère a dans son coeur des larmes qui résonnent, et si elle ne comprend pas pourquoi, elle sait que ce que tu as fait là, ce n'est pas toi. Alexis folle Alexis pense alors alors..

Le poing s'abat contre la joue encore mais la gorge se libère -elle n'aime pas tuer les âmes déjà à terre. Elle n'est pas assez énervée pour ça.

— Abruti.

Debout la belle d'un geste souple, coup de pied dans les côtes, pas assez violent pour te faire mal, juste assez pour te secouer.

— RELÈVE-TOI ! DEBOUT CONNARD !

Qu'elle puisse te défoncer dans les règles de l'art.
Le renne a grand besoin d'évacuer.

Lève-toi. C'est idiot de te demander une chose pareille, idiot de vouloir, d'ordonner -c'est tellement idiot de te frapper là, tandis que tu gis salement au sol sans prendre la peine d'esquiver le moindre coup. Toi et elle, vous êtes pareils tu sais ? Sacrificiels. Vous assumez vos erreurs, vous pensez être l'erreur, vous fuyez vos vérités. Vous vous croyez être si grands si fort ! Vous voudriez être plus. Vous vous fourvoyez complètement, pourtant. Vous tuer pour les autres, mourir pour réparer vos torts, ça ne changera jamais rien. Toi tu renaîtras avec la chance peut-être de comprendre tout ça un jour mais elle ? Elle mourra simplement, Alexis. D'elle il ne restera rien d'autre qu'un tas de poussières et plus aucune façon de se racheter.

Alors te voir, te voir toi comme ça, te voir toi faire tout ça TOUT ça, ça l'assassine. Ça lui brise le coeur toi qui est son miroir, autant pour sa maison que tu détruits que pour toi qui te mutile -elle n'en a pas forcément conscience, mais les faits sont là. Elle t'en veut, elle est en colère. Tu n'es qu'un crétin et en plus tu en redemandes. C'est n'importe quoi.

— IMBÉCILE JE SUIS CHEZ MOI !

Ce sourire la, scotché à tes lèvres fatiguées, efface-le. Efface-le Balthazar il ne veut rien dire ! TU N'ES PAS-

— Pourquoi !? Pourquoi t'as fais ça !

((tu n'es pas un idiot))
Shoote dans la neige près de toi, les bras levés -elle a dévié son coup à la dernière seconde, tu as remarqué ?

— On te faisait CONFIANCE BALTH !

((on te fait toujours confiance, balth))
C'est simplement dur d'accepter tout ça.
Les bras qui retombent, son regard dur posé sur toi -elle a si mal au coeur, si mal pour elle, pour Daphnis et pour toi. Elle ne sait plus quoi faire, Alexis. Est-ce qu'elle doit te laisser mort par terre, est-ce qu'elle doit te sauver ?

— PARLE !

Parle lui.
Guide la.

Tais-toi.
Tais-toi.
Tais-toi, ferme la.
Les poings qui se serrent encore encore, les jointures si blanches qu'on en croirait la neige alors que tu sors toutes ces choses horribles. C'est pas vrai. C'est pas vrai Balthazar tu mens, tu mens, tu mens, TU MENS ! Tu ne peux pas être leur ami, les aimer, les aider pour venir lui balancer tous ces maux le lendemain. Tu mens. Ça se voit sur ton visage que t'es blessé, blessé si fort alors tu vois que tu mens, pas vrai ? Tu le sais ! Alors arrêtes de mentir. Tais-toi, tais-toi, tais-toi ! N'en dit pas plus.

Alexis la rage au coeur et les émotions en pagaille face à cette réalité si contradictoire. Vous étiez amis pas vrai ? Les poings qui tremblent, la respiration qui s'affole. Vous êtes toujours amis. Des amis Balth, pas vrai ? Pas vrai ? Dis lui que c'est vrai, arrête de mentir !

— MAIS PUTAIN QU'EST-CE QUE T'ES CON TA GUEULE ! TA GUEULE TA GUEULE FERME TA GUEULE !

Le coup de pied qui part, dans sa colère non contrôlée t'envoie valser quelques mètres plus loin. Tu as de la chance que la neige est douce ce soir, la chute fera moins mal. Pourtant à cet instant elle ne rêve que de ça, de te casser la gueule. Elle a besoin de se défouler, de s'énerver encore pour pouvoir évacuer sa rage et sa frustration. Tu n'es qu'un abruti de Bandersnatch, QU'UN BOUFFON TU ENTENDS ?

Son pied qui vient plier le fer du lampadaire qu'elle t'avait lancé dessus plus tôt. Avant que tu n'ajoutes ces mots qui vont t'achever.

— PUTAIN MAIS TU VAS LA FERMER TA GUEULE ????? J'VEUX PLUS T'ENTENDRE ENFOIRÉ ! VA CREVER PUTAIN D'MERDE !

Et le lampadaire qui vole une nouvelle fois dans ta direction, est-ce qu'il t'assomme ? Est-ce que tu es mort Balthazar ? Elle veut pas vraiment que tu crèves, elle voulait t'aider au départ ! Te mettre une dérouillée et t'aider, mais t'es si méchant pourquoi t'es si méchant ?

Elle n'en peut plus.
Alors, sans vérifier si t'es encore en vie, elle préfère partir pour déverser sa haine là où rien de ce qui lui importe ne pourra être détruit.

Tu t'en remettras, pas vrai ?
Promets-lui.