divine violence ★
we can simultaneously be human and monster.
that both of those possibilities are in all of us.


Les catastrophes s'annoncent souvent à petits pas.
Tu ne saurais donner ton avis sur la question, Opal.
Mais peut-être que de ne pas le trouver chez vous quand tu es rentrée, cela aurait dû t'alarmer… un peu plus.
Oh, parce que tu t'es interrogée.
Mains sur le miroir, hésitation palpable et puis, tu as décidé de lui faire confiance.
Crever ta curiosité dans l'œuf.
L'attendre, comme avant, mais en un peu différemment.
Comme il t'a attendu.

Sauf que tu as beau t'occuper, Opal, allant même jusqu'à faire à manger, les minutes se font longues.
Les heures aussi…
Pourtant tu refuses de céder à la panique, ne résistant cependant plus à te ronger les ongles.
Impatience qui te démonte les nerfs.
L'inquiétude se fait une place bien au chaud.
Malgré que tu sifflotes, donnant une fausse impression de joie et de détente.

Et enfin, la porte s'ouvre.
Volte face, squelette qui se fige.
Face à son état et au sang noir qui tâche.
Le sol, les murs… lui.
Ce n'est que quand tu inspires un grand coup, que tu comprends que tu avais arrêté de respirer.
L'horreur dans le regard aux pupilles dilatées.
Tu t'approches de lui, Opal.
Prenant doucement son visage tuméfié entre tes doigts délicats.
La colère qui brille déjà dans le fond de ton regard.
Rage dirigé vers celui qui a osé le toucher.
Pourtant, c'est sur une petite voix que tu demande :

▬ Qu-Qu'est ce qu'il s'est passé ?

Tout en pensant au fait qu'il va falloir le soigner.
Éponger, suturer et… aimer, bien sûr.

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Tu n’attends pas sa réponse pour faire un pas en arrière.
Commencer à rebrousser chemin pour aller chercher de quoi le soigner.
Tout en craignant ce regard.
Peur au ventre de ce qu’il signifie.
Ce vide intersidéral dans ses orbes abyssales.
Et là ça tombe, comme un cheveux sur la soupe.
Non pire que ça.
Comme une claque en pleine gueule.

Ton corps s’est figé par réflexe, Opal.
Cependant, il faut plusieurs secondes interminables à ton esprit pour comprendre de quoi il parle.
C’est que cela remonte…
Et là, sourcils froncés, tu observes et comprends.
Les marques, reconnaissant les griffures.
Constatant avec une rage qui grimpe, qu’il a pris le temps de le soigner, parce qu’il cicatrise au lieu de pourrir.

Tu serres les poings.
Ongles s’enfonçant dans tes paumes.
Toute ton expression s’est figée.
Tu es à l’image d’une statue de marbre blanc, Opal.
Une oeuvre d’art hésitant entre éclater d’un rire dément ou juste, exploser à l’image d’une supernova.
Le rire t’échappe malgré toi.
Fendant la sculpture.

▬ Balthazar.

C’est sorti sur un ton froid.
Glacial, d’une colère à l’image d’un blizzard.
Et tu te détourne, Opal.
Pose tes mains sur la table.
Tâche de… rose, ça aussi ça décolore.
Du bout des doigts, tu te pinces l’arête du nez.
Regard impérial qui fond sur lui.
Lui que tu aimes, mais qui en cet instant te donne envie de tuer.
Tuer tout ce qui aurait l’affront de bouger.

▬ Qu’est-ce que tu FOUTAIS avec le PUTAIN de Bandersnatch ?!

Parce que c’est tout ce qui importe.
Savoir, encore et toujours.

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On se revoit ici, oui, juste ici.
Au même endroit, mêmes éclats de voix.
Toujours le même sujet aussi.
Et ça te donne envie de refaire du petit bois avec tous les meubles de la villa.
T’arrives pas à y croire.
Rancune est dure, elle s’accroche.
Goût amer dans la gorge.

Balthazar.
Toujours lui.
Tu claques de la langue.
Plus qu’agacée, Opal.
Depuis le premier jour où il est arrivé tu ne l'as jamais vraiment senti.
Pourquoi créer un monstre ?
Ça n'avait aucun sens après Chenille, Lièvre, Lapin, Dodo et Loir.
Faut croire que t’as toujours su au fond qu’il te pourrirait l’existence sans raison.

Il crie lui aussi.
Hausse le ton et ça te vrille les tympans.
Retourne ton esprit déjà sens dessus dessous.
Et tu ne peux pas te calmer, Opal.
Non tu ne peux, c’est trop tard.
C’est là, ça ravage déjà tout en toi.
Blanc qui déborde et non il ne fait pas du gris avec noir, ils se battent eux aussi.
Ce soir on n’est plus complémentaires.
On est opposés.

▬ MAIS QU’EST-CE QUE TU FAISAIS AU MARAI PUTAIN ?! CE N’EST PAS ASSEZ BIEN ICI C’EST CA ??! TU ME REND COMPLÈTEMENT DINGUE !

Et ça glisse dans cette pente raide.
C’est presque si t’entend les bout de nous se fracasser contre les marches.
Tous ces escaliers qu’on a grimpés.
Main dans la main.
Et on dégringole, à nouveau… encore.
Envie de l’attraper par le col et de le secouer.
Mais tu ne veux pas aggraver son cas, Opal.
Non… c’est juste que si tu le touches, tu ne sais pas de quoi tu serais capable.
Tu prends un inspiration.
Fébrile et tremblante.
Faisant mine d’essayer de te calmer.
Un portail qui s’ouvre.
Et tu tournes les talons.

▬ Je vais l’éclater.

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Tu l’entends de tes grandes oreilles.
Ce si faible « reste » qui lui échappe.
Mais ce n’est pas suffisant.
Insuffisant à te garder ici, en place.
Contrairement à son éclat de voix.
Nouveau.
Encore.

Et tu n’as jamais eu autant envie de le tuer.
C’est que dans ta colère, c’est lui que tu aimes, que tu t'imagines éclater.
Faire des petits bouts de lui.
Avoir la paix et finir par regretter.
C’est le nom d’Alastor qui stoppe tes gestes.

La colère ne descend pas, Opal.
Elle se mue en une étrange forme.
Au début d’incompréhension mêlé.
Pourquoi diable parle-t-il d’Alastor ?
Et lentement, mais sûrement, tu finis par comprendre.

Un éclat de rire, complètement dément, t’échappe.
Il se répercute en écho et tu manque de t’étouffer.
Essayant de te reprendre, le portant s’était refermé, tu poses ton regard sur lui.
Orbes impériales qui juges.
Risette impértinante.

▬ Est-ce que t'es en train de me faire une CRISE DE JALOUSIE, DUNDEE ??! Non mais c’est UN COMBLE !! Je l’ai fait pour TE PROTÉGER, ENCORE ! POUR DÉTOURNER L’ATTENTION ET TU VIENS ME PRENDRE LA TETE AVEC CA MAINTENANT ?! Inspiration. Tu es si stupide.

C’était sorti si glacial, le regard haut.
Tu te dresses telle une tour imprenable, Opal.
La colère et la déception qui battent à tes tempes, rythme cardiaque décousu.
Passant une main sur ta face.
C’est toujours toi, mais ça commence à se diluer, de plus en plus l’autre toi.
Doigts qui balayent tes cheveux vers l’arrière.
Et tu reprends.
Assène, tel le courroux divin.

▬ Oui, c’est cela. Tu es STUPIDE. Idiot de penser que Balthazar était sincère. Nous sommes tous des monstres. Il m’en veut pour RIEN et toi, parce que je sais que tu lui en a parlé. Tu es comme ça Dundee, tu lui as dit que ce tu éprouvais et lui, qu’est-ce qu’il a fait ?!! IL T’AS BAISÉ BIEN ÉVIDEMMENT. Parce qu’il SAVAIT que ça me rendrait fou. Ce que je lui ai fait, il le mérite. EST-CE QUE C’EST CLAIR ?! IL LE MÉRITE DEUX-CENT FOIS MÊME CET ESPÈCE D'ENFOIRÉ !! Parce que CA, te renvoyer COMME CA, c’est loin d’être de la pitié. CE N’EST PAS DE L’AMITIÉ. T’es une victime collatérale Dundee. Tout comme Ariel en a été une entre toi et moi, t’en es une entre Balthazar et moi.

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Il y a cette part lucide.
Cet éclat de conscience.
Qui se demande : comment arrêter tout ceci ?
Parce que tu as les mains qui tremblent, Opal.
La rage qui commence à avoir du mal à rester contenue et en place.
Et il l’ouvre encore.
Cris sa colère et ses déceptions.
Tire sur tes nerfs déjà à vif.
Ne voulant que lui dire de se la boucler.

Mais c’est qu’il semble inarrêtable.
Avouant sa jalousie mal placée.
Remettant en cause chacune de tes actions.
Chaque pensées et désirs.
Et plus ça déroule, plus ça se fait clair dans ton esprit, Opal.
Tu veux tuer, là, tout de suite.
Non pire que ça… tu veux le tuer, lui.
Cette pulsion qui remue dans ton ventre.
Le monstre cherchant à quitter sa cage.

Tu serres les dents.
Retiens comme tu le peux.
Mais cette phrase sur Balthazar, sur toi…
Et c’est l’élastique trop tendu qui saute.
Le tremblement n’est plus.
La chaise non plus.
S’éclatant contre le sol.
Il faut croire qu’il y a encore une part de toi, Opal, qui refuse de le crever maintenant.
Infime, mais réelle.

▬ MAIS PARS !! CASSES-TOI ! SI TU EN AS ASSEZ. ÇA NE SERA QUE LA DEUXIÈME FOIS !! PARCE QUE JE NE CHANGERAIS PAS, DUNDEE. JE SUIS COMME CA ET C’EST TOUT ! C’EST PLUS FORT QUE MOI, C’EST AU-DELA DE MOI. ET SI TU NE PEUX PAS LE SUPPORTER OU L'ACCEPTER, ALORS DÉGAGE !!

Ça vole, les couverts et la vaisselle.
Parce qu’il te faut des choses à réduire à l’état de néant, pour ne pas que cela soit lui.
Et comme bien souvent, c’est les meubles.
Tout ce qui peut te passer sous la main.
Parfois, c’était aussi Bill.
Et tu poursuis, Opal.
Hurlant à t’en déchirer la voix.
A t’en arracher le cœur.

▬ JE T’AI CHOISI ET J’EN AI PERDU ARIEL. J’AI DU FAIRE UN PUTAIN DE SACRIFICE POUR NOUS !! LUI FAIRE MAL COMME JAMAIS JE N’AI VOULU LUI EN FAIRE. ET TOI TU ME FAIS DU OUIN OUIN POUR BALTHAZAR ?!! TU SAIS QUOI ? C’EST MOI QUI M’EN VAIS. GARDES TOUT, OU PAS, J’EN AI RIEN A FOUTRE. A JAMAIS !

Le portail s’ouvre et tu sautes dedans.
Tu n’as pas vraiment réfléchi sur le coup.
Et c’est un rire qui se brise en constatant le sable à tes pieds, le bruit des vagues à tes oreilles.
On ne faisait pas plus maudit lieu dans tout Wonderland.