Il peut le faire. Ce n’est pas si compliqué, n’est-ce pas… ? il suffit simplement de couper quelques morceaux, de… Euh….Où est la recette déjà… ? Grande inspiration, Simon passe nerveusement une main dans ses cheveux bicolores, observant ses ingrédients pris absolument au hasard. Malone devrait arriver sous peu, s’attendant sans doute à un repas délicieux. Et il ne va pas être déçu, ça non ! Simon ne déçoit personne.

De toute façon, tout le monde peut cuisiner ? Ce n’est pas sorcier ! Prenant un couteau, il décide de trancher un légume, avant de laisser un petit cri de douleur s’échapper. Il vient de se couper. Et crotte. Perdant quelques précieuses minutes à désinfecter la plaie et à se mettre un pansement sur l’horrible blessure – qui n’est pas si horrible que cela, loin de là – il remonte ses manches, prêt à en découvre avec la nourriture qui semble vouloir le mettre au défi.

Il ne recule pas devant un défi.


Simon entend qu’on toque à la porte. Merde. Paniquant intérieurement en voyant le massacre commis : des restes de légumes sur tout le plan de travail, le toaster avec les tartines en train de brûler, des ustensiles par terre et un glaçage de gâteau aussi frais que la reine d’Angleterre…. Ça pourrait être pire, non… ?

Enfilant sa fidèle fourrure, il abandonne lâchement la cuisine pour aller ouvrir. Tombant nez à nez sur Malone, il s’efforce de sourire et de paraître sûr de lui.

- Malone ! Je t’en prie, entre ! Ne fais pas attention à l’odeur de brûlé, c’est…euh…une hallucination…hahaha…

Un… Barbecue ? Simon affiche un sourire charmeur – celui auquel personne ne peut résister -, cachant bien volontiers le malaise qu’il ressent. Il passe même une main dans ses cheveux bicolores, tel un mannequin cherchant à dédramatiser la situation. La diva réfléchit quelques instants, avant de prendre la parole

- Un barbecue ? Ah ! Rien ne brûle ici, si ce n’est mon amour pour toi.


Simon se racle ensuite la gorge face aux questions de Malone, se grattant l’arrière du crâne en se balançant sur ses jambes, gêné. Il se sent bête, si bête. Alors, il finit par hocher vigoureusement de la tête, tentant d’envoyer valser les inquiétudes de son « ami ». Répondant à l’accolade, fourrure-man plonge son regard dans celui du blond.

- Je vais toujours bien quand je suis avec toi, Malone.

….Séducteur comme toujours, toutefois, il a le regard fuyant. Se mordant la lèvre, il finit par reculer légèrement en prenant la bouteille entre les mains. Grande inspiration, les joues rougissants de honte, alors qu’il s’apprête à montrer le cauchemar en cuisine.

- Tu cris pas, promis… ?

Et il s’écarte pour que Malone voit l’étendu du carnage.

Non, il ne cuisine pas beaucoup. Simon hoche lentement de la tête, honteux. Quel idiot ! Il n’aurait jamais dû l’inviter, voilà qu’il se ridiculise devant son amant et éventuellement amoureux. Les joues qui se colorent d’un rouge fort gênant, le regard fuyant alors qu’il remarque à peine la détermination dans les gestes de Malone. Non. Il a encore échoué, il a encore-

…

Malone veut l’aider ? Il ne va pas prendre la fuite en courant ou se moquer de lui ? Le regard de l’homme à la fourrure s’illumine rapidement, oubliant tout sentiment de culpabilité ou de regrets. Retroussant de nouveau ses manches en imitant l’artiste, il se gratte l’arrière de la tête.

- Je voulais faire un gratin de légumes, avec des toasts et un gâteau…

Et puis, la remarque rassurante de l’acrobate lui arrache un sourire sincère, se rapprochant du blond pour suivre ses instructions. Il n’a pas l’habitude qu’on le traite comme ça, Simon. Il n’a pas l’habitude d’être rassuré, aimé, chérit. Ça le surprend un peu, il doit l’avouer. C’est… Agréable ? Pourtant, il y a toujours cette voix sinistre, pernicieuse qui lui murmure que ce n’est qu’un jeu.

Qu’un jour, Malone le délaisserai.

Silence. Simon se mord la lèvre discrètement, avant de lancer un regard à son compagnon de cuisine.

- Alors, je suis vos instructions, chef ! Qu’il dit, l’air taquin.

Parce qu’il a pas la force de parler de ses failles, pas maintenant.