c'est peut-être parce qu'il s'agit de toi.
d'aujourd'hui. traverser l'orée, sous les feuillages s'arrêter.

avec les branches au sol qui craquent. et aimer le bruit en écho. les foulées comme avant. avant toi,

marcher dans la forêt à la rencontre d'un ami. le chemin de la tour jusqu'ici, dans l'esprit le but précis. la sensation d'attente. la sensation de rencontre. savoir qu'il était là. savoir que tu seras là.

c'est peut-être parce qu'il s'agit de toi.
susan aujourd'hui le sourire aux lèvres. c'est doux. un peu évadé.

répéter ces gestes de venir, rejoindre. savoir que c'est différemment la même chose. et quand on te voit, lever la tête. scintillement des yeux planté dans les tiens.

hier, aliocha nous invitait à découvrir la forêt. avec le regard malice.
aujourd'hui, dis

aimé

formalité dans la voix délicate.
dis, quelle vision du monde veux-tu qu'on se partage.

c'est ce que j'ai aimé en toi.
la franchise que maintenant, aussi, je vois.

l'avez-vous lu à voix haute

le poème.

récité il dévoile tout autre chose.

sourire s'étire.  

juste le temps qu'il faut.

scintillement des yeux franc dans les tiens. l'attente aimé n'est jamais ni trop longue ni trop courte. toujours parfaite. l'attente est une aventure. susan, écouter et les gestes se plaisent à effleurer au-dessus des têtes les feuillages. des arbres qui disent bonjour et les bras alanguis ont le plaisir de les saluer en retour. bracelet de petites pierres rondes aux couleurs de la forêt ; glisser sur la peau.

à t'écouter toujours ; susan le sourire se fait simple. et des yeux qui s'amusent. un effet. on aime le choix de tes mots.

ils donnent une sensation de silence bruyant. dans leur dire qui siffle et claque.

malice dans le scintillement du regard. susan les mots comme passage. gardien du vivant. en mourant.

à ton geste, s'avancer te devancer. un deux
trois pas. s'arrêter. qu'on se retourne à la question.

pour mieux voir ce qui me plaît dans votre calme. et

regarder au-devant les routes tracées sous des foulées d'allers-retours.

parce que vous aurez une vision de cette partie du monde que j'ignore. précisément parce que ça vous est cher

scintillement des yeux coulé à nouveau sur toi. planté droit, susan que la bouche se fait peut-être sérieuse la voix s'articule. c'est délicat.

ce qu'elle dit de la forêt parle aussi de vous. c'est une façon de mieux vous voir.

la vie des autres ; susan ça n'a jamais été nos affaires.
au-dedans, sourire. quelque chose a changé depuis qu'on a gravé sur le mur de sa chambre une méduse. depuis le goût des fruits et la peinture. une complétude de monde

qui donne envie de voir.
et que malgré tout la vie des autres n'est toujours pas son affaire, susan.

mais les choses paraissent plus simple.
j'aime voir. c'est tout.

je te laisse marcher. et aujourd’hui j’aurai le plaisir de me laisser porter.

susan, te suivre. scintillement des yeux à la rencontre des espaces. des bras d’amour – lio l’amour est comme un arbre – que le silence a la musique des oiseaux. des bêtes de wonderland qui s’entretiennent peut-être autour d’un thé sur le dos des cerfistaux.

susan à la manière des princes, planté à travers les vides et les trop-pleins à écouter l’absence de ta parole. la tête au-devant de l’horizon en troncs.

quand tu racontes encore, couler scintillement des yeux sur toi. on dirait susan qu’on dévore tes mots par le bleu limpide des iris.

sourire. est-ce que tu t’es battu avec les félins et les spectres. quand la nuit fait des branches un amour monstre.

tu demandes. et susan sourire davantage. le rouge des lèvres a la couleur des joies simples. ta question ; comme un partage. on est amoureux des partages.

j’en pense que j’aime l’idée maintenant quand je marcherai

je marche. un deux trois
vers toi.

ce sera à la suite de tes histoires. j’aurai les écorces pour me les raconter. me laisser imaginer.

comme on peut, là, maintenant ; imaginer quelque part la forêt qui débouche sur une lagune et les odeurs de mer. d’herbe humide.

le regard sur l’horizon. glisse sur une branche au-dessus de vos têtes. bleu des yeux semble alors

se diluer. en violet doucement le regard change. que la branche s’illumine. elle a les contours clairs. ultra visible. et susan on ne remarque rien ; le don de time n’est pas pour lui. rendre visible le monde à vos yeux.

quand je viens ici, je marche à travers des couches d’histoire. des tranches de vie dont j’ignore parfois. souvent. ce qu’elles racontent. je viens seul ou accompagné. et j’aime l’idée que les arbres et l’herbe ont cette intimité de nous voir tous en même temps.

dans la terre leurs racines sont des commères.

il y a quelque part, un chemin, une trace qui m’est chère. je suis venu avec un ami, j’ai aimé le monde qu’il m’a montré. des branches et des souches qui mènent à la lagune.

qu’on a le bras vers l’horizon. susan le regard détaché de la branche et les yeux redeviennent bleu. bleu qui te regarde.

le chêne, là. si on y grimpe la vue aura des allures de monde ouvert.