CARACTÈRE
Si une quelconque personne se demande un jour — par curiosité et douce ignorance — ce qu’est la folie, il suffirait pour lui de rencontrer Daisy.
Ce n’est pas qu’un simple brin de folie, il faut s’accrocher ; c’est un mélange entre l'innocence et le déséquilibre, la passion et la peur.
Surtout la peur.
Daisy a faim. Elle donne l’impression de n’être jamais rassasiée. C’est un animal qui rôde peu, qui reste dans son coin. Elle refuse qu’on la prive de sa tranquillité.
C’est trop dur pour elle de se mêler aux autres ; mais c’est (trop) facile de l’amadouer avec un bon repas.
Sans prévenir, Daisy se perd trop vite. Elle se laisse aller, se laisse sombrer ; elle rit et pleure, sans aucune raison. De toute manière, elle ne se justifie pas ; ses actes sont toujours irréfléchis, puisqu’elle-même ne prend jamais la peine de se creuser les méninges.
Daisy est épuisante. Elle ne parle pas, elle hurle pour exprimer sa constante douleur ; et lorsqu’on lui demande de se taire, elle redevient sauvage. Presque indomptable, elle déclare la guerre à toutes les personnes qui oseraient lui faire du mal.
Et le mal, elle est capable d’en faire ; inconsciemment, souvent, elle est désaxée de toute façon.
La gourmandise n’est pas son seul péché. Daisy semble aussi emportée par la colère, puis dans son petit confort personnel, elle laisse sa paresse prendre le dessus. Parfois, il lui arrive de mêler les trois à la suite…
C'est la méfiance à l'état pur — surtout avec les femmes — mais en général, n'importe qui se fait rejeter par Daisy. Et si elle a le malheur de s'attacher à quelqu'un, elle fera tout pour cette personne.
Dans ce cas particulier, sa loyauté va étonner bien du monde.
Daisy ne limite pas sa violence lorsqu'elle ressent le danger. Elle n'est pas lâche, fuir serait une grossière erreur pour elle. Elle préfère affronter ce qui pourrait la menacer.
Sa frénésie est un atout pour elle ; un malheur pour celles et ceux qu'elle considère être ses ennemis.
Entre l'amour et la haine, elle choisit la haine. Elle préfère que le monde entier la déteste. Pourtant, la solitude ne la réussit absolument pas.
Elle est capable d'aimer — un peu — mais elle ne fait rien pour se faire aimer. Il faudrait déjà qu'elle ait de l'amour-propre...
Impossible de savoir ce qu’elle est réellement. Daisy semble mauvaise à première vue ; et c'est bien ce qu’elle veut faire croire.
Il est difficile pour elle de différencier le bien et le mal ; elle confond tout, et c’est normal. Désormais, elle vit la vie qu’elle a toujours désiré vouloir mener dans le fond…
Mais Daisy est condamnée. Elle souffre de son envie continuelle d'ingérer quelque chose, peu importe ce que c'est ; elle ne sait plus vraiment pour quelle raison.
Sa faim la tiendra toujours prisonnière.
Petit à petit, Daisy s'avance vers un enfer qu'elle a créé de toute pièce. Un enfer qui se déguise en paradis pour elle.
C'est uniquement parce qu'elle a oublié ce qu'elle était.
Elle était fatiguée, mais travailleuse.
Elle était apeurée, mais courageuse.
Elle était misérable, mais souriante.
Elle était pitoyable, mais bienveillante.
Mais elle était tellement affamée, et elle a cédé…
Heureusement que tout a été effacé.
Et malgré l'amnésie, son passé continue de la hanter.
Daisy s'est égarée à Wonderland, et elle ne se retrouvera plus jamais.
AVIS SUR LES BRAVE HEARTS Méfiance level 90. Daisy a un gros souci avec eux. Ils ne lui inspirent rien de bon.
AVIS SUR LES HOLY CROWNS Méfiance level 50. Daisy a un doute envers eux ; après tout, elle a juste suivi Jean.
AVIS SUR LES MASTER PIECES Méfiance level 70. Daisy ne sait pas trop quoi en penser, alors autant se méfier.
AVIS SUR LES DARK SHADOWS Méfiance level 100. Daisy est certaine d’un truc : ce sont les pires.
En quelle année et où a t-elle grandi ? Au début du XXe siècle, en Allemagne, dans un petit village de campagne. Daisy et son frère jumeaux ont vécu certaines horreurs de la Première Guerre mondiale.
Un souvenir marquant de sa vie d’avant ? Les premiers instants où la famine a touché son pays, elle n’avait pratiquement plus rien à se mettre sous la dent.
Comment est-elle morte ? Daisy s’est laissé mourir de faim, parce qu'elle était emplie de honte ; elle enlaçait son frère dans ses bras. Il a subi le même sort.
Comment a-t-elle réagi à son arrivée ? Daisy pensait que c’était un rêve, elle pensait que c’était le paradis.
Quelle est sa plus grande peur ? Daisy avait peur de la faim. Maintenant, elle a surtout peur des autres.
Son objectif à Wonderland ? Daisy veut juste vivre tranquillement dans son coin, rien de plus, rien de moins.SECRET INAVOUABLE/!\ TW : cannibalisme/anthropophagie /!\
Sa mère était là, devant ses yeux ; elle était sur le point de découper son frère. Alors elle a défendu celui qu'elle aimait tant et qui lui suppliait de l'aider, car il n'avait pas envie de se faire dévorer.
La faim rongeait son estomac — depuis presque une éternité pour elle — alors elle s'est laissé emporter par ses instincts de survie. Après avoir tué cette femme pour défendre son égal, c'est elle-même qui a dévoré sa mère devant les yeux apeurés de son jumeau.
Machinalement, elle lui a tendu un morceau de chair et lui a dit de manger aussi, comme elle.
Le goût était atroce, mais c'était un délice tout de même. C'était juste la sensation ; celle d'avoir un morceau de viande sous les crocs, contre la langue, puis ressentir sa trajectoire dans son œsophage pour enfin remplir son estomac vide depuis des lustres.
C'était un pur plaisir.
Elle revivait.
Après cet acte de barbarie, elle reprenait doucement conscience.
Elle a tout régurgité de honte, puis s'est laissé mourir de faim.
- Résumé:
Elle a mangé sa mère pour en finir avec sa douloureuse faim.
J’ai faim.Une lamentation murmurée chaque jour. La famine était un vrai fléau.
Daisy, obligée de prendre le relais de son père parti à la guerre, coupait du bois à l’aube pour réchauffer leur foyer. C’est bien trop laborieux quand elle n’avait rien dans l’estomac. Mais sa mère n’y pouvait rien. Ses yeux vitreux fixaient sa fille qui avait la peau sur les os. Le fils, lui, n’osait pas se plaindre. Il faisait avec.
Mais Daisy savait que son frère était aussi affamé qu’elle.
Un matin froid, les mains écorchées d’échardes et de coupures, Daisy revenait, une pile de bûches fraîchement coupées dans les bras. Mais choquée par le tableau qu’elle contemplait devant elle, ses mains tombèrent toutes seules, faisant chuter dramatiquement, les morceaux de bois.
Jean — son frère tant aimé — était ligoté. Ses implorations étouffées avaient pour seul effet d'alerter la demoiselle qui se sentait davantage en danger.
Dans un élan de survie, Daisy s’était emparée de sa hache juste avant d'apercevoir sa mère, armée d’un couteau de cuisine bien aiguisé.
Daisy, on va pouvoir manger, si tu le souhaites.Ses paroles ressemblaient juste à une vaste plaisanterie.
Les rires nerveux de Daisy résonnaient dans toute la maison ; manger son frère n’était pas la solution pour en finir avec son éternelle faim.
Même si, la famine avait autant creusé dans sa chair, que son ventre hurlait de douleur.
Même si, son corps était dépourvu de vie, et qu’elle s’approchait d’une mort certaine...
Daisy refusait. Ou bien, elle l'acceptait d’une certaine manière.
Quelques coups de hache maladroits en direction de celle qui l’avait mise au monde, Daisy laissait l’adrénaline la contrôler.
Le coup de grâce ayant mochement amoché sa mère, quelques éclaboussures écarlates avaient taché les misérables habits de Daisy. Elle-même était devenue un monstre pour assurer la survie de son jumeau.
Sans réfléchir avec une seule once d’éthique, elle ne coupait plus du bois, mais des morceaux de femme qui finalement, ne ressemblait qu’à de simples bouts de viandes.
Le sourire de Daisy montrait un certain soulagement. Après avoir libéré Jean, elle lui tendait un morceau de sa maman très mal coupé et sanguinolent — certainement la cuisse.
Mange.Daisy était un exemple pour son frère et inversement. Alors en la voyant dévorer salement sa procréatrice, il exécuta l’ordre.
Après tout, il n’avait pas le choix.
C’était lui, ou elle.
Ce goût était nouveau, différent de tout ce qu’ils avaient pu manger avant la guerre. C’était immonde, mais un délice à la fois. Parce qu’elle aimait avoir de la chair sous la dent, qu’elle semblait retrouver l’énergie qui lui manquait rien qu’en se nourrissant d’une telle façon.
Sentir cette viande humaine prendre le trajet jusqu’à son estomac la rendait si euphorique. Elle était heureuse, pour une fois.
Et tant pis si elle avait du sang sur les mains et autour de ses lèvres torturées d’extase, tant pis si elle avait gagné le titre de meurtrière ; il s’agissait bien de légitime défense ?
Il s’agissait surtout d’échapper à la mort...
Merci maman,
Merci de nous avoir servi un si bon repas.
Je ne l'oublierai pas.
Pourtant, la lucidité lui explosa à la figure.
Elle avait mangé sa mère, et son frère l’avait suivi. Le traumatisme était encore plus puissant que la faim en elle-même.
Alors, Daisy s’était relevée, malade de son acte, la vomissure jetée au sol était instantanée, un instant qui semblait long par sa douleur.
Pardon… Pardon… Maman, pardon... Pardon… Je veux crever désormais pour te remercier aussi !! Alors pardonne-nous… La salive dégoulinante s’était mélangée aux larmes.
La voix de Daisy était brisée, au point où elle s’était elle-même demandé si c’était le signe qu’elle avait perdu sa propre identité.
Peut-être qu’on se reverra au paradis…Non.
C’est l’enfer qui nous attend.