Les nouvelles vont vite ; surtout à tes oreilles.

Un petit oisillon a chanté les péripéties du royaume de la pureté, plus clair que le blanc. Pas si clair que ça finalement. Ce royaume désormais taché d’une marque indélébile de vilenie est la preuve que le tien n’a rien à lui envier.

Mais toi Annarietta, tu es reine dans un autre royaume. Un lieu de vices et de débauches en tout genre ; tu n’en ressens aucune honte, aucune gêne, que de la fierté. Parce que tu sers la cause que tu choisis, ne reculant devant rien pour assouvir tes ambitions et celles de ceux que tu aimes. Car il existe en ce royaume une royauté encore plus grande que la tienne. Il n’existe en ce monde qu’une seule autre reine que tu respectes : l’écarlate.

C’est dans sa demeure que tu te déplaces, alors que le soleil commence à se coucher. Tu ne débarques pas à l’improviste, mais ce n’est pas non plus une visite officielle. Tu es d’ailleurs l’une des rares personnes à Crims pouvant se permettre pareille fantaisie. Tu n’es pas accueillie de la même façon que tout le monde pour une raison simple : tu n’es pas comme tout le monde.

Et ce statut durement gagné, cette confiance que vous partagiez, cette amitié aux reflets d’amour fraternel, tu le chéris Annarietta. Tu la considères presque comme une sœur tellement tu tiens à elle ; mais tu n’es pas pour autant aveuglé par cet amour et cette dévotion que tu as pour la reine rouge. Mais ça… il n’est pas nécessaire d’en parler maintenant.

Elle t’attend Juliette.
Elle remarque ta présence alors qu’on t’escorte dans un salon où vous étiez maintenant seules. Tu la regardes avec intensité, comme si tu ne l’avais pas vu depuis des lustres. Puis tu brises le silence comme tu as coutume de le faire :

─ Ma reine. Un sourire offrant un doux mélange entre respect, complicité et malice. On peut croire que tu te moques, mais c’est tout le contraire. Tu es simplement contente de la voir alors que tes joues maquillées de rouge s’empourprent davantage. Tu veux la devancer, lui apprendre quelque chose qu’elle ne sait pas. C’est pourtant sans réel espoir de la surprendre que tu lui demandes : une réaction sur les nouvelles venant du royaume de « l’innocence » et de la « pureté ».  ? Tu appuies ces deux mots avec un ton ironique, si bien qu’on pourrait croire que tu jubiles.

Mais non.
Une fois encore, tu es heureuse de la voir, c’est tout.
Comme à chaque fois.