Danse des pas dans l’hôtel, sinistre comme au premier jour de sa création ; il y a les cris plus taraudant qu’on enterre - les sommeils terribles qui resteront à jamais, les poussières dans les vases et Valentina se plaît à les admirer, ceux dont la place est méritée. Le ricanement qui résonne à l’étage de la Mort, lorsqu’il se joue des visages dépravés qui se dessinent. Pourtant à force de mourir, il ne reste que des mânes. Des mânes disparues, à force il ne restera que de la terre mais ce n’est pas un problème. Car la nymphe sait piéger, de ses courbes damnées, les Icare prêt à se brûler au nom de la luxure.
Et elle est prête à consumer tout ce qui est un peu trop beau pour simplement rester derrière. Les sirènes, les araignées, c’est de son côté qu’elle les veut. Et là, dehors on lui en a désigné une ravissante, alors Valentina s’exalte.

Dévale les marches comme cette tête qui a une fois roulé ici, par erreur disait-on mais c’était justifié. Tout est toujours justifié pour les âmes qui périssent ici ; elles l’ont bien cherché, n’est-ce-pas ?
Le rire qui éclate à la songe et ses serres se contractent alors que descend Valentina à la réception. Ô il est persuadé qu’il entrera, celui que ses araignées ont perçu de l’étage supérieur. Quand bien même il ne le ferait pas, Valentina aux serres acérés se prêtera à aller le chercher, car il ne craint personne ici. Et personne ne le craint, à moins d’avoir déjà pénétré ses terres, et c’est ce qui est le plus divertissant, en réalité.
Arrivée avant même qu’il n’entre, la nymphe se prélasse avant de lentement l’effleurer du regard, comme une délicate parure à ses lèvres sourit - la courbe délicate et confiante sans pour autant fausser un désir. Reste lui-même, tant que lui ne s’est pas prononcé - si c’est un client, alors il se prêtera aussitôt au jeu.

Mais sa voix qui résonne laisse décrocher un instant ses songes lubriques. Et un cercle presque surpris prend place sur ses lèvres - car d’habitude, Valentina capture. Aujourd’hui, c’est le mouton qui se jette dans la gueule du loup, et ça a quelque chose d’aussi plaisant que déroutant. Car il est vrai, le personnel manque quand il meurt trop vite - et les Hommes meurent toujours trop vite.
Surtout quand ils périssent de ses mains.
— Bonjour, bienvenue à l’Aphrodite. C’est un plaisir. Courbe aux lèvres ; elle se veut amicale, elle se veut coopérative. Ô cet ignare - il ne doit pas avoir idée de ce qu’il se trame ici, ou bien met-il directement les pieds dans la fange ? Assurément non, s’il vient pour l’annonce, il y a de grandes chances pour qu’il ne soit qu’un vagabond en quête d’argent. Alors Valentina un instant le songe simple.
Il n’y a nulle raison de sortir les griffes. Je suis Valentina, propriétaire de l’Aphrodite ; comme vous avez l’air de l’avoir constaté. Et cet ajout n’a pas de double-sens, parce que le démon est sans hésitation à son sujet, et ne tique pas réellement sur le fait qu’il le connaisse peut-être déjà, après tout, il y a tant d’âmes qui vivent et périssent ici.

— Nous avons plusieurs postes libres. Dans l’idéal.. Songe un instant le regard vers le plafond levé ; Ô elle sait, quelle tâche nécessite le plus de soin. Les chambres ont besoin d’entretien. Et nous avons également un réfectoire, nécessitons du personnel pour l’accueil. Cite ce qui est précisé sur l’embauche, naturellement. Alors que Valentina d’une oeillade amusée l’observe, pris de hâte alors qu’il se remémore les tonalités de sa voix - peut-être s’y retrouve, dans les temps où ses courbes se prêtent aux désirs et où il se laisse aller dans les nombreuses chambres de l’hôtel.
Et les orbes qui glissent jusqu’à leurs homonymes ; À vous de me dire, qu’avez-vous comme expérience ? Car peut-être, sait-on jamais, viendrait-il de trouver une perle rare, une perle qui damnera de la plus vile des façons, un peu comme lui le fait.

Il faut toujours un beau filet de soie pour les plus beaux insectes. Chaque écho de ses mots fait sourire le démon de l’autre côté qui s’enchante à ce titre de son effet - sans pour autant le remarquer à priori. Il faut manifester l’intérêt plus que l’indifférence et c’est à son attachement facilement démontré que Valentina tisse toujours sa toile, ici, les rats grouillent et si même eux se prennent dans les mailles, c’est qu’ils sont plus bêtes qu’autre chose. Alors quand il s’excuse des tâches convenables, la nymphe s’autorise un rire en écho aux damnés.
Il y en a tant, qui ont périt ici ; les lits qui accueillent les vivants n’ont presque pas de différence avec ceux qui accueillent les morts. Alors, s’il en faut plus pour le rebutter, Valentina sourit.

Intérieurement, jubile. La mention du moulin rouge est exaltante - peut-être l’occasion trop grande pour être rêvée. S’il ne veut plus en être une, Valentina pourrait bien se montrer déçu, mais son air est impassible presqu’autant que les traits de son visage s’adoucissent.
— Il faut bien des gens pour se salir les mains. Et intensément, se prête à en faire partie ; lui offre un sourire pour l’amener à considérer cette éventualité. Assurément, il ne le lâchera plus, et ce simplement depuis que ses serres acérées ont décidé que c’est dans cette chair qu’elles se planteraient.
Pour ce qui est de rester ou de revenir cependant, c’est on ne peut plus amusant.

Savais-tu, Alec que les gens ne reviennent jamais ?
Ô ici, les draps sont des linceuls. Ce qui fuient ne font que retarder l’heure où les portes définitivement se refermeront autour d’eux.
— Il est bon de savoir s’adapter, n’est-ce-pas ? Croise les doigts pour l’observer, inquisiteur alors qu’il vient de se dévoiler. Mais qui Diable viendrait ici après avoir travaillé cent ans au Moulin Rouge ? Ah - il n’en sait rien, mais l’envie dont il s’éprend de faire tourner la roue est insaisissable.
Les rats ne deviennent pas des lions, après tout, et les racines collent toujours fermement à la peau.

Comme sa présence, qui graduellement fait frémir son échine. Il n’en saisit probablement pas la raison, car elle n’est pas importante - Valentina aime chérir les créatures il dit, ses sirènes, il fera de lui sa sirène mais le musellera autant que cela lui plaira.
Il se précipite dans ses songes et en oublie un instant le principal, c’est qu’en Enfer, les terres sont vastes et chaque parcelle est piteuse. Sur ce magnifique tableau dont il peint déjà l’esquisse, c’est Alec qui se dessinera ensuite.
— Mais il est encore mieux d’être obéissant. Je ne suis pas ici pour apprendre aux hyènes comment mordre. Sourire satisfait aux paroles qui crépitent entre ses lèvres. Il pense en avoir dit assez, sans en avoir dit trop pour autant.
Les gens s’engouffrent et découvrent - avec horreur parfois.

— Que dirais-tu de visiter les lieux ? Ça serait enrichissant si tu venais à rester. Redressé sur ses deux jambes, quand la proposition sonne délicate sur ses lèvres, presque doucereuse. Après tous les Anges ont des ailes et il n’y a qu’une fois les portes du jugement passées qu’elles deviennent serres et se resserrent.