sanité - 100%

la mer borde les sens divisés,
les sens bordent la mer et au loin,
sur les grains de sable
le temps est long.
le temps est court aux brises
il se rallonge aux maux.

la peine fait mal,
la douleur absente pourtant
trouve refuge dans les mains moites
et le sable colle à la peau.
il y a les vagues inversées
qui rendent le paysage beau
il y a le goût du sang qui persiste,
il n’y a rien d’autre.
il y a le vide incommensurable.

le doute qui persiste,
le sablier qui se tourne.

toi qui te penche vers l’avant,
admire le paysage
habitué aux fleurs rouges
aux haies grandissantes
à toi qui plonge au travers de grandes haies.
quitte à t’arracher la peau.

il y a le temps qui passe,
mais pour combien de temps ?
tu grattes le sable,
fais des trous ici puis là
par hasard tu penses.

est-ce qu’il y a quelque chose
que j’ai fais de mal
qu’est-ce que je deviendrais
si je n’étais pas là
qu’est-ce que je ferais
si les vagues ne m’accueillaient pas
et pourtant il y a dans les abysses lointaines
des réponses parfois.
elles font mal.

est-ce qu’il y a cette question
que tu te poses,
ou suis-je lae seul.e
à lutter et douter, contre moi même
(pour moi-même)
puis les pieds effleurent l’eau.
la sensation douce et froide
l’esprit ravivé pourtant si loin

on ne reviendra pas
on ne reviendra plus
on les a laissé derrière,
on ne peut plus revenir
comme sur terre.

le souvenir des mots qui pendent
des corps qui (se) pendent et de toi
hissé plus haut qui les regarde
la vision des morts fidèle depuis l’arrivée
et les ténèbres toujours ont suivi.
elles paraissent si douces, aujourd’hui
ces dernières qui t’enveloppent
parce qu’elles portent un nom particulier,
une identité particulière.

parce que tu peux mettre un nom là-dessus,
alors tu te contentes de sa vision
quand lentement tu tournes ta tête vers lui.
trop longtemps l’observes,
trouve le temps long parce qu’au final
il a peut-être changé
ou peut-être bien même avant tout ce changement
quand perceval délaissé en milles morceaux
s’est retrouvé bien loin de tous
et tout le monde se moque de qui tombe ensuite
des mains du valet.

le bruit des vagues somnifères
et tu demeures là à l’écouter
un instant les mots suspendus,
te demande finalement, si aujourd’hui
tu as pris la bonne décision.

 « tu n’as jamais été plongé dans les ténèbres. »
peut-être qu’il le faut
peut-être que tu es lae seul.e qui peut se le permettre,
tu ne sais pas. peut-être qu’il te tuera,
n’est-ce-pas ce pourquoi tu es ici ?
« tu les a laissé.. t’engloutir. »
l’appellation est-elle juste ?
peu importe, au final.

viens là et s’assoit dans le sable,
où la tête levée bientôt il faut admirer son ombre
grande, plus que toutes les autres
perdues, sans doute autant que toutes les âmes ici bas.
« mais tu n’es pas seul, dans ces ténèbres. »

il y a la courbe d’une époque où le temps
se demandait lui-même ou il pouvait bien être,
il y a les cheveux qui dansent dans la brise
et ce regard que tu lui accordes,

dans les ténèbres
il y a de la place, et si tu t’y installes alors,
je viendrais assurément avec toi.
hors de la tempête.
tu peux laisser des grains de sable derrière toi
si tu veux retrouver ton chemin.

« j’y suis déjà assurément. comme beaucoup d’autres. »
et ils ne peuvent te le reprocher,
non ? tu es né ici valet, dans la lumière
mais de ton rôle ainsi donné, n’a découlé que des ténèbres.
mais il y a de la place pour toi ailleurs.
sourire et les yeux avec légereté,
s’envolent en ta direction,
car la brise est douce - quand tu n’es pas la mort.

il y a ses mots qui pendent
le long de son échine il y a,
les douleurs qui frémissent.
contre sa peau, les ronces dansent
et tu les admires, un instant
(pour la dernière fois peut-être)
ashe.
il y a cette sensibilité que tu caches,
cette âme en cage qui se morfond,
ce corps en miette qui s’efforce,
et pourtant même épuisé
se tient ici à tes côtés.

 « ashe. tu n’es pas seul. »
et aussi longtemps que je serai là
tu ne seras pas seul,
nos ténèbres seront communes.
« tu n’es pas qu’une épée. »
car une épée ne fait que trancher,
et pourtant tu as démontré
pouvoir ressentir, toi aussi.
car ashe il y a tout ce que tu caches
que j’ai pu découvrir,
tout ce que tu ressens
que je ne comprends pas toujours.

mais hier comme demain,
aujourd’hui comme après demain,
dans mes songes, tu perdureras
tout ce que je voulais, c’était simplement

(qu’est ce que je voulais, déjà ?)

 « ashe. tu es.. »
la mort, les cris, la douleur,
les fantômes qui persistent
le sang qui éclate, les organes qui implosent
mais sais-tu ce que tu es réellement ?
homme, existence libre.
tu n’es pas comme ils t’ont pensé,
tu es comme tu veux exister.

 « tu es quelqu’un. un corps vivant avec un coeur lourd à porter. une âme peut-être un peu perdue mais avec le volonté de ne pas tomber. j’aime ça, chez toi. ou chez vous, comme tu préfères. peu importe combien il y a de cendres à rattraper que tu laisseras. »
et peu importe combien tu en laisseras sur le chemin,
je les ramasserais toutes.

les yeux qui glissent contre
le tien qui persiste et regarde il ne sait même plus où
il y a des étincelles ailleurs
au creux du regard
créées pour toi.
données à toi
entre tes doigts et la mort
vaillante contre ta peau
n’est qu’éphémère
et la main tendue n’est qu’une invitation
à l’après, peut-être
au nouveau, surtout

et tu aimerais lui dire,
si simplement pourtant
tu ne t’es pas trompé,
tu n’as rien fait de mal.
mais ça serait mentir, n’est-ce-pas ?
qui es-tu finalement, pour te donner le droit
celui d’accorder le bien et le mal
parce qu’il n’y a aucun bien et aucun mal
seulement de la peine et de la terreur
et peut-être qu’il est bien peiné depuis des années.

« tu as fais de ton mieux. et c’est suffisant. »
et ça le sera toujours,
même si tu dois lutter un instant.
ça sera suffisant,
s’il faut supporter tes plaies lourdes
et doll au contact les sent
(au contact latent de tes orbes qui s’écoulent
et contre les siennes alors il sent)
tu es blessé presqu’autant qu’ellui
et pourtant,
il y a tout ce que tu caches qu’iel ne peut pas voir,
ou bien ne l’as-tu jamais vraiment caché ?
c’est qu’iel se soucierait bien désormais,
de tout ce qu’iel a pu une seule fois rater.

« j’aimerai tes cendres, même si tu les rends détestables. » 
parce que ashe tu le sais peut-être
mais sous les plaies,
le coeur gronde. depuis longtemps,
ou depuis peu, peut-être,
faute de savoir iel ne dit rien.
aujourd’hui il faut y voir plus clair, alors
« puis elles me collent à la peau. aux lèvres aux étincelles de ton prénom. »
parce qu’on veut se dire,
ashe que tu n’es pas seul,
que tu n’es plus seul ; que vous n’êtes plus seuls.
qu’il y a la présence là même si elle est courte,
même si elle s’étend pour rapidement disparaître
et tu le sais ashe,
on ne reviendra pas,
et tu le sais ashe,
tu ne seras pas seul.

quand la rose dépose ses paumes contre
tes tempes où le sang gronde
les pulsions se lamentent contre sa peau,
et doll lutte. doll pour ne pas te laisser partir,
peu importe si ça doit le tuer,
si tu vois ici ton chemin alors
tout ira bien.
et iel s’approche pour t’observer, ashe
car dans ton regard sans lueur,
il faut accorder du temps.

et en t’observant un instant,
tu lui sembles à la fois si paisible
mais si mort intérieurement.
à la fois si dépaysé, et détruit
comme s’iel était fautif.ve,
et iel ne veut que détruire cette songe brutalement.
moue de tristesse contre tes orbes,
et il pend contre ton regard
quelques chose que personne ne peut définir.
« je suis tellement désolé.e ashe. tellement désolé.e pour tout. »
car c’est comme si l’on était fautif.ve de tout,
entre les haies
d’avoir couru à ta poursuite parfois,
d’avoir connu tes jours les plus gris
comme les plus heureux.
parce qu’on s’en veut,
de s’être accordé au peu que tu nous donnais
parce qu’on s’en veut,
de t’en demander trop
et quand ton corps mort s’en moque bien
sur tes lèvres tendrement
déposer un baiser,
ou est-ce simplement une marque d’affection,
de celles qu’on ne sait pas offrir,
de celles qu’on a toujours douté de te donner,
sans jamais oser.
alors pour attendre que la rose se fane
entre tes doigts, il faut du temps ;
mais tu sais ashe.
il n’y en a plus.

ce que ça signifie ?
iel ne sait pas.
peut-être que cela signifiait tout,
peut-être que cela ne signifiait rien,
au baiser rompu il a oublié
les maux qui raisonnaient
et s’est contenté pourtant de son regard
de la danse de ses mots,
et aujourd’hui dans les grains de sables
vois-tu ashe ?
tu ne lae blesses pas.
même ellui, ne sait pas.
ne cherche pas non plus à savoir,
et alors simplement sourit.

 « tu n’as pas besoin de savoir, rassure-toi. »
car on ne t’en voudra pas,
si tu ne sais pas.
on ne t’en voudra pas,
de douter puis de vaciller,
on ne t’en voudra pas,
de finir plus bas à chaque fois
car on t’a dis désormais
tu ne seras plus seul.

« je suis près de toi. »
ça paraît si important à dire, maintenant
et ça résonne plus fort pourtant
dans le feu mort de ton regard
être là, dans tes ténèbres
te diriger
dans une nuit interminable.
et au bout du chemin
même si tu dois finir seul ashe,
car tu te trompes

si le monde n’avait pas besoin de toi,
doll en avait besoin.
et aux douleurs déposées
iel te pardonne
mais qu’en est-il des tiennes ?
ça l’effraie,
sur la peau quand ça crépite.
il n’y a que les frémissements du vent
et pourtant tout semble différé.
comme s’il allait s’envoler bientôt,
doll craint de laisser les grains s’échapper.
comme s’il allait mourir bientôt,
doll craint d’oublier les mots sur le chemin.

ah,
c’était donc ça.
tout ce que je voulais.

tout ce dont j’avais besoin,
c’était me sentir exister à tes côtés
même si ce n’était qu’un instant,
même si c’était simplement maintenant.

 « accroches-toi à moi. et si on se perd alors… »
peut-être que ce n’est pas grave,
peut-être que comme tu dis,
c’est inévitable.
 « alors on sera perdus à deux. mais tu ne seras plus seul.
est-ce que tu te souviens ashe,
la première fois dans ta visite au labyrinthe
on t’avait dit ceci.
parce qu’on sait depuis si longtemps
que rien n’est plus terrible que ta solitude.
pour ça encore qu’on rampe contre toi,
là jusqu’à ne plus sentir le vent
contre le visage taper.

couvert par ton ombre,
sans relâcher ton visage
laisser fleurir un second,
parce que tu n’es pas seul,
parce que doll n’est pas seul.e
et que ça lui convient ici.
et contre ses lèvres encore
peut-être que le monde se divise
peut-être que le coeur se fend
mais iel n’a plus mal un instant.
iel ne la sent plus un instant.
parce qu’il y a quelque chose
qu’il ressent et au fond de lui,
c’est assez brutal et sincère pour
faire faner toutes les autres peines,

aimer.

doll sur la route longiligne
les lampadaires ont la lumière qui crépite
et la route sombre dans la nuit
disparaît lentement
et les pas lourds tombent.
mais le coeur léger s’étend car
iel ne t’a pas demandé de l’aimer,
ashe, non.
iel ne t’a pas demandé de le lui rendre,
ashe, et pourtant voici,
entre tes doigts
son visage qui se dessine
et aux caresses éparses de tes lèvres
rougit un peu.

et iel ne sait pas pour quelles raisons,
mais en soi la rose, sent les épines se dissiper
brusquement alors qu’elle ressentait
autrefois rien que t’as douleur
tambouriner contre elle.
puis le monde se tapisse de ses plus belles couleurs
un court instant

entre ses lèvres le monde
n’est plus trop rouge,
bien qu’un peu trop gris.
doll les couleurs se distinguent,
et tu les admires, sourire aux lèvres dessinées.
et toi, ashe ?
les vois-tu comme je les vois ?
et la lumière qui au-delà s’étend ?
la vois-tu comme je la vois ?
elle est si chaude, au dessus de moi.
et comme les lippes qui se referment
le contact de tes paumes chaudes

jusqu’à la rupture.
brutale,
et iel se fige soudainement,
le corps se crispe cruellement et alors
que ses mains serpentaient ses joues
elles se crispent sur sa peau
comme s’il fallait souffrir
comme s’il était nécessaire de passer par là
et pourtant, après cela
il n’y aura rien.

et pourtant,
doll le sait.
doll le sent,
doll l’accueille,
au fond de lui, elle avait toujours été là,
la mort. elle ne l’avait jamais quitté,
toujours présentie et aujourd’hui
voilà qu’il lui offre
voilà qu’il lui sert la mort,
puis offre le repos.
et quand iel sent déjà sa chair se déchirer,
alors il est trop tard quand ses cordes vocales
lentement s’étirent.
un cri mort-né désigné sur ses lèvres
mais ça n’a pas fait mal, ashe.
ça n’a pas fait plus mal que l’existence
entière depuis tout ce temps.

la lumière s’évade si vite
et les iris rubis la toisent s’en aller,
son corps lourd tombe alors qu’iel voudrait s’étendre
chercher la lumière,
elle était si chaude cette instant,
elle était si douce soudainement,
entre ses bras il n’y avait plus de maux
entre ses lèvres plus de ressorts
c’était lent et triste, pourtant.
la larme qui s’écoule est trop vive
et son corps si lourd.

iel s’éteint entre tes mains, ashe
iel s’éteint entre les lames
celles d’un homme avant celles d’une arme
celle d’une âme avant celle d’un corps

tu regrettes peut-être, doll
de ne pas avoir fait ce souhait aux étoiles ce soir-là,
celui d’avoir un peu plus de temps.

n’étais-tu pas cellui qui avait si longtemps désiré la mort ?
ashe entre tes doigts,
c’est délicat,
ashe entre tes mains,
c’est un linceul doux,
ashe contre toi,
c’est si apaisant.
alors si l’on s’éteint ici,
nous seront à jamais en paix.

(je suis désolé.e
tout le monde j'aurais aimé
un peu plus de temps.)