AFTER ALL THE PAIN IS GONE WHERE WOULD I BE ?
tu m'as poignardé mille fois et t'as agi comme si c'était toi qui saignait.


Villa paisible, pas trop loin du centre ville.
Trop grande et trop blanche.
Espace aseptisé qui te donne envie d’étouffer.
Mais c’est toujours mieux qu’à Crims.
C’est pour « l’image ».
Et parce qu’ici tout brille.

La nuit tombe.
Lunettes sur le nez, tu parcours un bouquin sans vraiment le lire, Opal.
Jusqu’à ce que tes oreilles s’agitent.
Bruit dans la serrure.
Personne n’a la clé, sauf lui.
Sourire qui s’allonge, alors que tu t’étire.
Fermant le livre, tu te redresse.

Pieds nus, tu glisses sur les pavés blancs.
Approchant de sa silhouette.
Se hissant sur la pointe de tes orteils.
Les mains qui caresses ses joues.
Jusqu’à ce que tes doigts se perdent dans ses cheveux, agrippant ses boucles noires.
Attirant ses lèvres vers les tiennes.
L’embrassant tendrement.
Juste avant de souffler :

▬ Tu m’as manqué.

Aveux sincère.
Avec lui, tu n’as jamais joué la comédie.
Retombant à plat, ton regard se décroche du sien et tes lèvres trouvent la peau de son cou.
Doigts qui descendent, dégagent sa veste qui rencontre le sol.
Et là, tu te figes, Opal.

Juste là.
A la limite de son cou et le haut de son épaule.
Trace de dents bleutée.
Marque qui n’est pas de toi.
Et la risette s’éteint.
Doigt qui frôle, juste avant d’appuyer.
D’enfoncer tes ongles.
Juste là.

▬ Qui ?

Froid polaire.
Ordre cinglant.
Ta prise se fait plus forte.

AFTER ALL THE PAIN IS GONE WHERE WOULD I BE ?
tu m'as poignardé mille fois et t'as agi comme si c'était toi qui saignait.


Il pouvait siffler.
Il pouvait dégager ta main.
Il pouvait même faire les gros yeux.
Oui, il pouvait tout faire.
Tout, sauf se pointer chez toi avec la marque de quelqu’un d’autre sur sa peau.

Ca, il n’en avait pas le droit.
Te rappeller qu’il n’y a pas que toi.
Que tu ne lui es pas suffisant.
Poignarder ainsi ton ego.
Goût amer sur la langue.

Dundee réplique.
Tu hausse les sourcils.
Colère palpable.
Mais elle n’est là que pour masquer cette tristesse qui te serre la gorge, Opal.

▬ Je te demande pardon ?!

Octave grimpant.
Tu ne te donnes pas un air offusqué, tu l’es pour le coup.
Se fichait-il de toi ?
Quels noms tu aurais bien pu donner, Opal ?
Celui d’Ariel résonne.
Et il te semble être le seul.
Bien que tu ne l’aurais jamais dit.

▬ Que je sache, je ne t’ai jamais accueilli en portant les traces de quelqu’un d’autre !

Mensonge, Opal.
Même Dundee doit s’en douter.
T’as juste l’avantage de Blanc, qui masque les bleus pour que tu demeures “pur”.
Combien en caches-tu actuellement ?

▬ Alors tu vas me répondre immédiatement !

Parce que j’ai besoin de savoir, Dundee.
De savoir avec qui tu préfères passer la nuit.
Plutôt qu’avec moi.

AFTER ALL THE PAIN IS GONE WHERE WOULD I BE ?
tu m'as poignardé mille fois et t'as agi comme si c'était toi qui saignait.


S’il y a une chose à laquelle tu t’attendais, Opal, c’était bien à sa colère.
Tu ne l’a jamais pris pour un con.
Même si t’en donnais l’impression.
Alors, tu savais que t’allais prendre ça en travers de la gueule.

Par contre, tu ne t’attendais pas à ce qu’il prononce le prénom d’un homme.
Tu t’attendais à celui d’une femme quelconque.
Pas à celui d’un homme, que tu connais.
Et que tu te mets à détester instantanément, alors qu’aussi loin que tu puisses t’en souvenir, t’as jamais rien eu contre le Bandersnatch.

T’entends pas la suite, Opal.
Quand il te demande où sont tes marques ?
Qui t’as touché ?
Et au fond, c’est pas si grave… parce que t’aurais rien à répondre.
Si… Ariel, bien sûr.
Mais t’as pas envie, pas du tout même.
Parce que c’est compliqué avec la sirène.
Et puis, il ne laisse pas de marques, Ariel.
Parce qu’il est doux, contrairement à toi, Opal.
C’est lui qui rentre avec tes marques.

Et t’as si mal.
Tu ne comprends pas pourquoi.
Pourquoi ça te tue tellement autant de l’intérieur ?
Parce que tu pensais être le seul homme de sa vie… c’est ça, Opal ?
Tu tombes de haut.
Mais ça ne t’aide pas à mieux comprendre, pourquoi, pourquoi t’as la nausée ?
Et tu te dégage de sa prise sur ton bras.
Avec violence.

▬ Pourquoi t’es là ? Pourquoi t’es là si tu préfères passer la nuit avec Balthazar ?!! Pourquoi tu continues à venir même ?! Espèce d’enfoiré !!

Tu t’emportes pour rester droit.
Toi aussi tu hurles, Opal.
Pour ne pas t'effondrer.
Tu laisses ce feu brûlant et étranger te consumer.
Parce qu’en général, t’es plutôt glacial.
Mais là t’exploses, en plein vol.

▬ J’me demande pourquoi je t’ai donné la putain de clé de chez moi si c’était pour ça !! Pour que tu ne comprennes même pas que je voulais que tu restes abruti ! Alors je veux savoir, pourquoi t’es là ?! Pourquoi, quand visiblement un soir sur deux tu peux aller baiser quelqu’un d’autre ?!!

AFTER ALL THE PAIN IS GONE WHERE WOULD I BE ?
tu m'as poignardé mille fois et t'as agi comme si c'était toi qui saignait.


T’attends.
T’es à cran, Opal.
En chute libre.
Tu t’es jamais sentie comme ça.
Et une chose est sûre : tu t’attendais à l’impact, mais tu ne pensais pas qu’il serait aussi violent.
Parce que quand Dundee se met à crier… t’as l’impression qu’il vient de te foutre un upercut en pleine tronche et en plein dans le bide.

Parce que je t’aime Opal.
Et ça te scie sur place.
Droit comme un piquet.
Tu l’écoute déballer son sac.
Hurler ce qu’il éprouve.
T’as la lèvre tremblante.
Et t’as l’impression qu’il étale tes sentiments par la même occasion.
Étrange sensation.

Mais le soucis… c’est qu’en faisant ça, on dirait aussi qu’il expose tout tes mensonges et tout les siens.
Il fait naître le doute.
Alors qu’il n’a pas lieu d’être quand sa voix tremble autant, quand il te donne son cœur aussi simplement.
Limite s’il te le jette pas à la figure.
Et t’as envie de faire ce pas en avant.
De l’enlacer et de lui dire que toi aussi.
Toi aussi t’es amoureux de lui.
De l’embrasser et d’oublier ce qu’il vient de se passer.
C’est ce que ton cœur veut.
Pas ta raison.

Parce que t’as jamais aimé jusqu’ici, Opal.
Tu ne t’es jamais encombré de l’amour jusqu’à lui.
Et tu n’as jamais écouté ton cœur non plus.
Aux dernières nouvelles, t’en avais pas…
C’est trop nouveau.
Et ce doute, qui persiste.
Pollue tes pensées.
Gangrène.

Le silence c’était installé.
T’as fini par papillonner des paupières derrières tes lunettes et t’as senti tes cils s’humidifier.
Rapidement, les larmes se sont mises à dévaler sur tes joues et tu as posé tes doigts dessus.
Constatant qu’elles sont blanches.
Et tu n’as pu t’empêcher de te demander si tu avais déjà pleuré avant aujourd’hui… parce que tu te trouvais bien infoutu de t’en rappeler.
Incapable de le regarder.

▬ T-Tu… mens…

Le sanglot t’étouffe, Opal.
T’essayes de te persuader qu’il te ment, alors que ton cœur te hurle le contraire, mais la raison l’écrase.
Lui on ne l’a jamais écouté.
Elle, elle a toujours été là.
Elle t’as toujours protégé.
Alors tu serres les poings.
Et tu le répètes avec un peu plus d’assurance, croisant son regard cette fois-ci.

▬ Tu mens.

T’as du mal à respirer.
Tu te mords la lèvre inférieure.
Juste avant de détourner le regard.
Les larmes qui deviennent plus grosses.
Tout en restant silencieuses.
Tu trembles, Opal.
Et tu fermes les yeux une seconde.

▬ Pars.

Soufflé doucement.
Parce que ton cœur s’est brisé sur la même note.

AFTER ALL THE PAIN IS GONE WHERE WOULD I BE ?
tu m'as poignardé mille fois et t'as agi comme si c'était toi qui saignait.


Il n’y a plus rien eu.
Pas un mot, rien.
Juste sa silhouette que tu as vu tourner les talons.
L’envie dans les tripes de le retenir.
Mais toujours rien.
Juste la porte qui claque.

Tu sursautes.
Et le sanglot te submerge.
Tes jambes qui te lâches.
Tu chiales à en perdre le souffle, Opal.
Les verres se tâches de blanc.
Le sol aussi.
Tout se met à perdre sa couleur.
T’aspire tout ce qui traîne.

Et ça fait si mal.
Parce que tu te sens si vide.
Tu sais que tu l’as perdu.
Ce n’est pas la première fois que tu perds quelqu’un, mais bien la première fois que t’as mal comme ça à l’intérieur.
T’as l’impression que tu vas crever.
Non… t’as envie de mourir.
Ça aussi, c’est une première.

Est-ce que c’est cela la tristesse ?
Est-ce que c’est l’amour qui fait si mal ?
Qui te broie ainsi sans ménagement.
Ou juste ta propre connerie ?
La colère ne se fait pas attendre.
Elle se repend comme une traînée de poudre.

T’as retourné la maison.
Telle une tornade s’étant incarnée.
Il n’y a que quelque meubles qui on échappé à ta crise… le reste est devenu du petit bois.
Et le pire, c’est qu’au milieu des décombres.
Tu constates, que c’est toujours là.
Que t’as toujours mal.
Que tu te sens toujours aussi vide.
Et les larmes repartent de plus belle.
Jusqu’à l’aube.
Jusqu’au prochain crépuscule.