le scintillement des yeux suit le renne en bois qui s’active. concentré susan. ses sourcils se froncent. assis sur le sol de la caserne ; jambes repliées vers le cœur avec au bout des doigts un sablier qui se balance. suit le renne, susan ; disparaît de son champ de vision, réapparaît, disparaît. un peu comme

tu crois à ces histoires d’enlèvement

la question, susan, comment aurait-on enlevé le temps sans qu’il ne file entre les doigts ; si aisément. le scintillement des yeux soucieux. envahir l’espace de daphnis en silence, avoir dit bonjour la formalité un peu égarée. à ta porte le corps attendait de rentrer, l’esprit déjà réfléchissait,

assis sur le sol de la caserne. on fixe le renne en bois. un jour ; on se souvient, de ses sabots brisés et de ses ramures éclatées. restauré pour le revoir aujourd’hui. la conversation avec absinthe, ça n’est pas suffisant. la cassure un peu derrière son devoir, car après tout ; c’est vrai, comment garder le temps s’il n’existe plus. à quoi je sers, daphnis.

on s’est senti inutile ; tout d’un coup. au bas de l’horloge. dans l’hiver éternel peut-être parvenir à y geler l’angoisse ; trouver un éclairci. la vérité, rien n'était bien clair quand susan t'a lancé j'ai besoin de te parler.

on déteste les sentiments, daphnis. la vérité. on les déteste ces détours ridiculement complexes ; te remercie d’être aussi direct. apaisement, susan. le bout des doigts geste souple retourner le sablier.

le scintillement des yeux formellement se pose sur daphnis. tout autour, ce royaume de jouet qui enchante. moue sur les lèvres, susan l’air totalement perdu. tapote l’index contre le verre qui retient le sable. tapote le bout des pieds sur le sol.

elles sont distantes, les émotions. comme une fiche d’administration placée sur la figure. susan déboussolé, il faut le jouer cet air déboussolé. mais c’est la vérité.

que le temps s’arrête, pour toi ce sera du pareil au même.

l’évidence. on se demande alors pourquoi pour nous, ce n’est pas
du pareil au même.

c’est parce que je prends mon père comme prétexte. ça piétine dans l'esprit. daphnis

la question du bout des lèvres. ne pas te quitter des yeux, mais lever le menton ; réfléchit susan.

est-ce que ta fonction c’est d’être le père noël ou bien le jour où le caprice de time sera levé

un petit train quelque part siffle.

tu partiras là où tu veux aller

car nous sans le temps, sans les minutes et les heures symboliques, calculer l’exactitude d’une horloge atemporelle. mais les horloges sont faites pour écouler le temps. sommes-nous donc devenu inutile, daphnis ?

l'esprit se répète. fixation, même boucle temporelle du cheminement de la pensée soudaine.

on t’écoute ; tu nous fais un peu penser à vorpaline. à jabberwocky. à bandersnatch. shelly. tous les noms de ces immortels. tu parais presque l’être tout autant. et dans le scintillement des yeux ; on n’est pas stupide, on le sait. grugé par les secondes ou non tout le monde

aliéné au temps.

tu parles ; entre les doigts le sablier file. nous aussi nous avons une fonction. une boîte dis-tu. ta boîte à toi, susan ne la quitte pas des yeux. à te voir vidé, on

les barrières sont mouvantes. si alastor détruit, je réparerai. ou alors tu pourras changer de barrières. précisément.

pas d’espoir. pas de crainte. voix formelle ce sont les yeux dans les tiens qui s’accrochent. scintillement présent, vibrant. et la bouche sérieuse. la vérité ; on comprend. la différence entre lui et toi ; susan on a choisi de s’oublier. choisi de ne pas exister, écarté. choisi sa boîte.

dans le sable des vivants – qu’il retourne – susan la conviction malgré tout, si ce n’est pas durant les secondes qui lui sont allouées, que les choses muent. des versions couches par couches. tu n’as pas toujours été le père noël.

viens à la tour un jour. tu seras encore dans la boîte, mais tu en seras à la fois sorti.

un petit soldat de plomb près de sa cuisse. le salut, sérieux susan.

pourquoi alors restes-tu. en quoi les barrières qu’on t’a imposées te concernent, te font t’investir si fort

parviens-tu à trouver un sens parce qu’il le faut.
ou parce que tu le veux toujours. malgré tout.

écraser sa joue dans le creux du coude. l'air concentré. tu sais daphnis, même sans time. il y en aura toujours ; des boîtes. ça lui prend du temps. le silence à tes mots. avec le scintillement des yeux qui scrute. tes pupilles. ton nez. ta bouche. scrute.

c’est bon ; ne pas savoir. on aime l’ignorance des pourquoi. comme on y répond soi-même ainsi ; je l’ignore. retourner sablier.

on a lu, un jour, dans un livre d’alice
(par ennui)

on a lu

le temps qu’il t’es donné. dans ta boîte quand tu fais les choses

quand tu ne les fais pas.

quand tu vas pour faire les choses. pendant ce temps tu penses. c’est toi qui penses.

tu existes, dans cette réflexion, dis ?
couler le scintillement des yeux vers un ourson peluche bonnet de père noël. des doigts délicats qui l’élèvent. délier les jambes pour l’y déposer. c’est doux.

tu sais, c’est précisément pourquoi tant que tes jouets tombent, je les réparerai.

formalité de la voix tranchée. décisionnelle. l’évidence lui semble-t-il, susan.

parce que c’est nécessaire.

ce n’est pas de nos affaires. la vie des autres. pourtant, gardien à travers ta boîte vivante vibrante ; gardien les yeux fourrés de petites existences. une sorte de créateur de petites histoires. daphnis tu es un créateur de petites histoires. en nous, l’envie qu’elles vivent. contre les vents. encore encore encore

et tu diras ; assez.
alors on cessera

la neige comme le temps se (dé)compte. entre le moment où elle tombe et le moment où elle fond ; la neige, ta neige, est visible. foncièrement là.

l'illusion que ce soit vrai, c'est possible aussi.