L'allure royale quand tu remontes le tapis rouge. Le regard balaie les gardes qui t'ont escorté jusqu'au trône. Encapuchonné pour ne pas attirer l'attention, tu l'ôtes alors que tu vous sais seul à seul. Tu ne lui feras pas le plaisir de t'agenouiller car elle n'est pas ta Reine et tu n'es pas de son royaume - mais tu portes la main à ton coeur en signe de faux respect.

Les gardes tournent les talons, claquent la porte ; font résonner le fracas en écho jusqu'au plafond. Tu lèves les yeux d'ailleurs, observes les moulures, les colonnes et les fresques peintes à même le toit. La charpente détruite par le Jabberwocky pendant le bal a été vite réparée - à moins que l'attaque qui a fuite dans la presse de Wonderland ne soit pas en partie la vérité.

Tu te racles la gorge, confiant quant à l'échange - un brin méfiant, quand même. Avances de quelques pas en direction des marches et t'arrêtes en bas, un pied posé sur la première.

— « Votre Majesté. »

Petite courbette, et tu écartes les bras avec sérénité.
Tournes ta langue dans ta bouche avant de parler, les yeux s'écartent doucement et s'étire un rictus presque insolent.
Tu soupires, finalement.

— « Comme vous le voyez, vous m'avez fait appeler, et je suis venu. J'ose espérer que je n'ai pas fait la bêtise de me jeter aux pieds de mon ennemi mais que j'ai plutôt bien fait d'accepter l'invitation d'une alliée. »

Tu arques un sourcil.

— « N'est-ce pas, Juliette de Crims ? »

Elle te le promet ?
Tu restes méfiant Alastor, attentif aux termes du contrat que vous n'avez pas encore installé. Le regard ne s'assagit pas et tu fronces les sourcils, dévisages interdit la Reine de Coeur - prêt à réagir au moindre piège. Tu sais pertinemment que tu n'as aucune chance face à son immortalité, alors tu préfères jouer la carte de l'ignorant ; feintant de ne pas bien comprendre.

— « Attendez, attendez. Je crois qu'il y a méprise sur notre accord. C'est vous qui m'avez invité, et c'est vous qui me commanditez. Qu'est-ce que nous avons à gagner, à faire votre sale boulot ? »

Tu t'interroges, grimpes d'une marche pour lui montrer que tu ne la crains pas plus que ça. Tu es le croquemitaine Alastor - c'est toi qui soumet par la peur. Et si Juliette De Crims se montre volontairement stupide, tu te doutes bien que c'est pour cacher quelque chose.
Aussi, tu penches la tête vers elle.

— « Justement. Parlons-en, de cette paix. J'ose espérer que ce n'est qu'un leurre pour endormir votre soeur, sinon comment récupérer son royaume sans votre armée ? »

Tu ris jaune, décidément il faut tout lui expliquer, à cette imbécile.
Tu prends trop la confiance Alastor - à l'aise de voir qu'elle est réceptive à ses engagements.
Moins, sans doute, au fait qu'elle semble avoir oublié sa vraie promesse.

— « J'ai eu vent de ce qu'il s'est passé à votre fête. Ai-je eu tort d'imaginer que consentir à faire la paix était une mascarade bien mise en scène ? J'ai horreur d'être pris au dépourvu. »

Ou que les plans viennent à changer.

Non, tu ne le penses pas. Surtout qu'elle n'a jamais été capable de la maintenir. Les deux reines ont été en guerre pendant des siècles.... depuis aussi longtemps que tu te trouves dans ce monde, d'ailleurs - et tu es bien au courant du passé, de la rengaine, du destin.... Tu n'as pas pitié de ceux qui peuvent vivre éternellement Alastor, et tu ne plaindras pas le tyran d'être hais - car tu partages avec elle ce beau destin ; celui d'être craint plutôt que d'être aimé.

— « Parfait, c'est ce que je voulais entendre. J'avais seulement besoin d'être rassuré sur le sujet. Alors dites-moi, Majesté ? Quelle est la suite, sur quel plan pourrions-nous nous accorder pour sceller cette alliance ? »

Main sur le coeur, tu te penches légèrement en avant pour t'incliner. Serres les dents, tu peux bien endormir ton ego un moment pour lui faire ce cadeau ; celui d'un homme d'affaire prêt à conclure son plus bel acte, après la capture du lapin.
Tu lui aurais bien offert sa tête sur un plateau, s'il ne s'était pas envolé par magie.
Aucune idée qu'il s'est terré ici.

— « La chute d'Edelweiss de Marmoreal, voilà qui m'irait à ravir. Je serais votre épée, votre atout dans la manche, si vous décidez de m'user correctement. »

Et pas en chair à canon.

— « Si vous consentez à être mon bouclier. »

Quand elle parle d'une invité d'honneur, tu hausses les sourcils. Tu ne t'attendais pas à ce qu'une tierce personne intervienne et ne comprends que trop tard la cruauté déguisée dans le regard de la reine - à peine alliée si vite traitresse. Tu n'as pas encore saisis l'ironie de la situation et à quel point on t'a roulé si facilement dans la sauce Alastor. Ce n'est qu'à cette voix qui pétille à ton oreille que se produit l'électrochoc. Tu tressailles et lentement te retournes pour faire face à ce visage si familier.

Ton corps se crispe tout entier, d'abord hébété... interdit. Tu as du mal à analyser la situation, à assimiler la présence qui s'est glissée dans ton dos.
O p a l avec un e.
O p a l et ses traits féminins, la seule femme que tu n'aies jamais aimé (peut-être) et diablesse à la double personnalité, qui recèle sous son déguisement l'homme que tu as le plus détesté.
Mort cette fois pour mieux te doubler ; tu bégaies Alastor car tu comprends enfin que tu es piégé ; accuses le coup d'avoir été trompé et surtout d'avoir été trop naïf pour ne pas l'avoir anticipé. Si tu pensais habilement manipuler la Reine, entre individus d'affaires - Opal dans l'équation et tout s'écroule.

— « Toi.... » Que tu peines à articuler.

Ses doigts qu'elle serpente jusqu'à l'arrière de ta nuque et tes traits se déforment d'horreur et de haine (mélangées). Tu l'aurais tué maintenant mais... comment abimer un si joli visage ?
Sourire nerveux qui s'étire pour ne pas perdre la face, pas tout de suite.

Tu ne peux pas perdre, tu n'as jamais perdu.
Tu ne peux pas te rendre, tu ne t'es jamais rendu.
Il n'y plus qu'à jouer au jeu du pendu.
Crever avant qu'ils ne te forcent à revêtir la cape du condamné.

— « Vous vous êtes bien foutu de ma gueule... Haha.. »

Serres les poings alors que tu te rattrapes faiblement quand elle te repousse, amortis ta chute et atterris les fesses sur le bas des marches. N'oses pas te retourner vers la Reine qui doit bien se moquer - AH ! Elle peut bien savourer sa victoire, celle d'avoir piégé Alastor Haunting d'une manière aussi grossière.

Mais tes yeux ne quittent pas le visage d'Opal, qui s'érige déesse de ce monde, te préviens de la sentence de l'avoir déjoué.
Craches à ses pieds avec hargne.

— « Ne crois cependant pas que cette enveloppe te donne les droits de me toucher, sorcière.. »

Elle. Elle.
Ça te fait tourner la tête, Alastor. Pourquoi maintenant, pourquoi ici ?
Bordel que t'as été con de te ramener ici seul, par égo ou peut-être par abus de confiance. T'en sais rien mais Opal est la dernière personne que tu pensais retrouver ici. Alors tout ça, cette proposition d'alliance c'était un piège ? Ou bien la lapine a t-elle été encore une fois plus maligne, a amorti ce qui semblait devoir t'avantager pour retourner le plateau.

Quand les gardes se précipitent pour te maintenir à genoux, se saisissent de tes bras pour t'immobiliser, tu repenses à ce qu'elle t'avait dit la dernière fois que vous vous étiez croisés.
Je ferais s’effondrer ton château, comme si ce n’était que des cartes.
Et tu en es bien loin de ton château... Elle a réussi l'exploit à elle seule de te faire sortir de ta cachette, de t'isoler de tes alliés. Juste en ramenant son petit cul, juste en se pavanant elle a réussi à tout faire s'effondrer.

NON.
T'as le regard aussi noir que ton coeur Alastor - t'es pas du genre à abandonner, encore moins à te soumettre. Ris jaune quand Juliette de Crims voyage dans tes souvenirs. C'est désagréable de se sentir à nu, vulnérable. Les émotions à sa merci. Mais les souvenirs ne définissent pas spécialement l'homme, et tu craches, acerbe, à cette Reine de Piques.

— « Si vous saviez qui j'étais, vous auriez compris que je n'ai aucun scrupule à sacrifier mes hommes. Menacez-les autant que vous voulez. »

Regard équivoque à Opal qui s'accroupi devant toi. Qu'elle comprenne que t'es pas comme elle, à venir chialer dès que son petit amoureux est capturé.
Ou du moins c'est ce que tu crois Alastor - tu te mens surement à toi même ; les temps ont changés.

Tu frissonnes et recules la tête brusquement lorsqu'elle enfouis sa main dans ta chevelure. Le coeur accélère. Son visage te hante encore Alastor, et Dieu qu'elle est belle, belle à en crever.
Pourquoi a t-il fallu qu'elle change un jour, et pourquoi revenir ainsi, si c'est pour te torturer ?

— « Opal... Attends. »

ATTENDS !

Supplique amorcée quand tu vois le couteau.
Ce n'est pas tant la peur que l'appréhension de la douleur. La sueur glisse du front et tu fixes la scène au ralenti d'un oeil écarté, la pupille s'agite et tu déglutis.
Etouffes un cri de douleur au premier doigt.
Te mords la joue au deuxième.
Bordel de merde, ça fait un mal de chien.

Tu tentes de garder la face, d'un sourire peu sincère. La confiance n'est qu'une question de jeu et tu forces sur les muscles de ton visage pour ne pas grimacer de douleur.
Soutiens le rictus.

— « C'est toujours comme ça hein... Tu en viens encore... à faire le sale boulot... tes putes sont pas capables de se venger... eux mêmes ? »

La douleur est si vive, si intense que tu ne sens plus rien - sous l'adrénaline qui fait trembler chacune de tes extrémités. Tu l'observes, paupières à demi-closes, mais les yeux luisants d'une haine viscérale. Vexé d'être ainsi acculé, dépité d'avoir été aussi facilement piégé.
Comme Ambre te le disait encore il y a peu... tu transpires la confiance, sous-estime tes ennemis car tu es incapable de penser comme eux. Tu ne sers que ta propre personne et Opal a raison quand elle (putain, ELLE) te rappelle à l'ordre.
Tout ceci n'est qu'une vengeance puérile. Celle d'une chaine logique que tu as toi même enclenché il y a des décennies de cela.

Les ténèbres grignotent les murs, les ombres dansent et tentent de plonger la salle dans l'obscurité. Tu es trop nerveux Alastor, et le diable lui même hésite à sortir à ce moment là.

— « Si tu ne me tues pas maintenant... »

Ricanement glauque qui reste coincé dans ta gorge.

— « Je reviendrai encore... Tu le sais... Alors profite-en. Tue-moi maintenant. MAINTENANT. »

Petite pute.
La mâchoire se contracte et le corps n'est pas insensible à la douceur de ses doigts. Mais t'as tellement mal Alastor - la douleur brulante revient hanter le bout de tes ongles arrachés. Tu craches une gerbe de sang sur son beau décolleté. Pureté souillée.
Mais le blanc n'a rien de doux... c'est la plus terrible des couleurs. Elle t'aveugle et tu fermes les yeux ; n'en peux plus d'être en adoration devant sa plastique, ne veut pas l'affronter sur ce terrain.

Douleur fulgurante dans le nez.
Encore, encore, encore.
Gémissement arraché, plaintif alors que l'os est définitivement brisé. Quand elle te lache, tu te laisses tomber vers l'avant, récupéré par les gardes qui te maintiennent avant que tu ne touches vraiment le sol.

Et Opal s'éloigne, retournes près de la Reine.
Reviens... que ton corps hurle à ta raison. Tu bats des cils, sonné et lèves le visage brisé vers elle. Le fond des yeux est aussi noir que ton coeur.

— « T'a..mu..ser.. »

T'as du mal à articuler.

— « Tu regre...tteras... de pas... m'avoir... achevé... mainte...nant. »

Tu regretteras de ne pas m'avoir achevé maintenant.
Mais tu en es incapable, n'est-ce pas ?
Pauvre de nous.