Le coeur qui pulse à cent à l'heure, alors que tu cours dans les rues désertes de Crims, poursuivi par les seuls soldats qui ne peuvent pas dormir tranquille la nuit. Malgré le danger de la situation, t'as le sourire aux lèvres Meliodas - peur de rien et surtout pas d'eux. Bon peut-être de la mort, un peu. Alors tu cours plus vite encore pour leur échapper, utilisant ton pouvoir pour savoir où ils se situent et du coup t'engouffrer aux travers de ruelles sombres et sinueuses.

Mais un bruit de poubelle attire leur attention et tu tentes alors le tout pour le tout, les entendant (et sentant) se ruer vers ta direction, tu escalades la façade du bâtiment pour jusqu'à atteindre une fenêtre. T'accrochant au rebord, tu profites qu'elle soit entrouverte pour te glisser à l'intérieur d'un appartement. Ton dos heurte bruyamment le parquet et tu maugrées quelques insultes étouffées, bercées par les cris des soldats passant juste en dessous et s'éloignant au loin. Tu soupires, et alors que tu te redresses, tu regardes par dessus ton épaule pour déterminer et analyser là où tu avais atterri.

La pièce est sombre, et tu distingues tout de même un lit à baldaquin. L'odeur est assez étouffée, renfermée dans des vapeurs de différentes fragrances. Si c'est agréable, ça te donne aussi mal à la tête. Aux lueurs des éclairages de la Crims, tu te rapproches du lit et constates qu'il est vide.

— « S'il y a quelqu'un, montrez-vous. Je peux expl- »

Vide.
Et ta tête aussi.

Tu geins Meliodas, quand tes paupières frémissent ton esprit s'échauffe. Tu ne remarques pas tout de suite la position dans laquelle tu te trouves. Les mains dans le dos tirent nerveusement sur les liens qui te retiennent à une chaise.
Encore un peu dans les pommes, tes yeux confus se posent sur une silhouette qui veut se donner un air menaçant. Tu gesticules un peu plus pour vérifier si c'est bien solide.
Articules doucement envers la jeune femme - légitimement effrayée.

— « Ok... Je l'ai peut-être mérité. »

Tu regardes autour de toi, gesticules sur place alors que tes doigts habiles s'affairent déjà à essayer de te dégager de ces liens. Dans l'armée, on vous apprend à sortir de ce genre de situation en gardant son sang-froid. Pourtant Meliodas, tu constates avec effarement que c'est quand même ficelé de manière complexe. C'est qui cette nana, une pro du bondage ?

— « Tu vas faire quoi avec cette canne ? M'assommer de nouveau ? Pose ça fillette tu vas te faire mal. »

T'es en train de te faire mal aux poignets.
Tu tentes de la charmer, hausses un sourcil, étires un demi-sourire.

— « Je pense qu'il y a erreur sur la personne beauté. Je suis pas ici pour t'agresser je cherchais simplement un endroit pour me cacher des soldats qui... »

Merde, tu vas l'effrayer avec tes conneries.
Tu perds patience, et t'énerves sur ces foutus cordes qui se resserrent à mesure que tu te débats.

— « BON DETACHE MOI LA C'EST PLUS DROLE. »

Brrr. Elle te donne des frissons cette fille. Brutale, bestiale.... Tu prends son avertissement au sérieux et évites de faire trop le malin. Tu immobilises tes cuisses écartées et relèves le visage vers elle pour la jauger.
Le charme semble ne pas marcher (même s'il est sincère, car tu la trouves belle) et au contraire, envenime presque son caractère de reptilienne. Impérieuse et impériale dans son manteau de soie, tu écarquilles les yeux quand elle révèle l'identité du lieu dans lequel elle te retient malgré toi.

— « Oooooh. Oh. Alors c'est le moulin rouge ce bâtiment ? Cool. »

Tu sembles pas plus effrayé que ça, même si le coup sur l'épaule te fait t'abstenir de crier encore. C'est que tu y tiens à ta tête, et que même si tu veux revoir Balthazar - le chasseur et sa faux, la marche vers l'échafaud... C'est pas dans tes plans.

Tu mets quelques secondes à percuter, que la belle inconnue au parfum prononcé et à la langue bien tranchée se révèle surement être une des prostituées du bahut. Tu fronces les sourcils, soudain bien sérieux, quand elle te demande ce que tu veux.
Ce que tu veux ? Ton coeur répond automatiquement à la va-vite.
Comme une boucle infinie ; de l'or de la justice (pas la vengeance) une bonne dose d'opium revoir Lucy demain ne pas mourir ne pas pas mourir.
Ne pas mourir, c'est ce que tu veux.

— « Les soldats coursent après n'importe qui après minuit j'ai l'impression. Ils sont un peu bêtes tu crois pas ? Très oppressant votre pays, très oppressif. »

Tu souffles du nez pour chasser une vilaine mèche brune qui s'est échoué devant ton visage.

— « Je te dirais qui je suis si tu me détaches. Tu veux bien, dis ? Je te serais plus utile en pleine capacité de mes moyens. »

Penches la tête.

— « Tu travailles ici ? Et si oui, service de nuit ? »

La reine est légèrement perturbée ?
T'en vois une qui l'est un peu aussi, juste en face de toi. Mais tu sais qu'elle n'a pas l'intention ni de te couper la tête ni de porter la couronne. Dommage, tu lui aurais bien offert celle de Juliette. C'est soudain une pensée qui t'hypnotise pendant quelques instants ; ce ferait un beau butin pour un beau cadeau. Faudra que tu réfléchisses à un plan solide pour ne pas te faire buter.

— « C'est exactement ce que je pense ! Il lui manque.. une bonne dose de magnanimité pour les gars comme moi. Exterminer les rats c'est bien mais être une bonne reine aussi. »

T'es pas là pour discuter politique, même si tu pourrais tenir le sujet pendant des heures. Elle te confirme que la boutique est bien fermée et tu te doutes bien que Mère Grand doit veiller sur ses enfants même la nuit. Faut pas faire trop de bruit, entendu.
Tu hoches la tête sans rien ajouter, complètement sous le joug de sa beauté - ensorcelé par ses traits et surtout... ses mains.

— « Oof... »

Qui glissent sur tes cuisses et tu inspires lentement par le nez pour contenir ton excitation naissante. T'es un homme simple Meliodas, et tu soutiens son regard avec intensité. Tu te laisses faire parce que t'as pas d'autres choix mais on va pas se mentir, tu profites aussi un peu de la vue. C'est pas tous les jours qu'une créature aussi exquise vous attache à une chaise pour vous torturer de cette manière.

Mais si tu esquisses un demi-sourire à la proposition de rester pour la nuit (ton pouls s'emballe) - tes yeux s'écarquillent à la seconde proposition.
Tes muscles se tendent soudainement et l'excitation retombe lentement alors que tu la jauges d'un air plus fermé.
Plus froid.

— « Qu'est-ce que... Qu'est-ce qui te fait dire que j'en veux ? »

Qui t'a dit que j'en prenais, serait plus juste.
Et Qui es-tu ?
Tu déglutis, te racles la gorge, te débat un peu plus sérieusement de quelques mouvements brusques. La vérité c'est que t'es un peu en manque - mais tu veux pas céder.
Tu veux lutter Meliodas. Et écouter ses désirs n'est pas toujours une solution.

— « C'est pas mon genre. Maintenant détache-moi. Haha, très drôle, qu'est-ce qu'on se marre. Tu as gagné fillette. »

Tu tentes malgré l'agacement provoqué par le manque, de te reprendre et de faire bonne figure. Tu ne doutes pas une seconde qu'elle n'a sûrement pas voulu t'attaquer - et tu gardes en tête l'objectif de lui demander comment. Ce n'est pas inscrit sur ton visage que tu fumes de l'opium (du moins tu l'espères, parce que sinon ça serait grave quand même).

Elle mentionne le terme addiction et tu tournes brusquement la tête en serrant les dents, dans un sifflement de frustration qui trahit non seulement une vérité mais aussi une certaine honte.
La belle s'abaisse pour délivrer tes jambes en premier. Tu l'observes faire sans répondre, notamment parce que tu contrôles ta respiration pour te calmer pendant quelques secondes.
Tu dois penser à autre chose.
Autre chose.
Poings qui se serrent et les ongles s'enfoncent dans la paume de la main. Jusqu'au sang.

Elle te libère finalement et tu te lèves d'une trombe, te massant les poignets. Tu t'étires ensuite de manière assez surjouée, ayant besoin de bouger après être resté aussi longtemps contraint.
La belle créature te conseille de rester et tu hésites. Il est clair qu'un lit confortable en cette nuit froide apaiserait ton corps souillé par l'effort ne serait pas de refus, mais l'appât du danger est malheureusement aussi attirant.

— « Pourrais-tu m'assurer sans mensonge que j'y risquerai ma vie, de sortir d'ici en pleine nuit ? »

Tu te penches sur elle, sans pudeur.

— « Je ne voudrais pas abuser de ta générosité, notamment en t'imposant ma présence dans ton lit. En effet vois-tu... »

Tu te montres d'un mouvement clair de la main.

— « Ce corps-ci a besoin d'un matelas moelleux et je ne sais pas si je pourrais me satisfaire d'un modeste tapis. »

Evidemment qu'il peut s'en satisfaire. T'es même capable de dormir en équilibre sur une branche tout en haut d'un chêne.
Tu réprimes un rire, comme si tu étais le seul à pouvoir comprendre l'absurdité de ta requête.

— « Je suis un voleur, mais un honnête. Et surtout homme de parole. Je m'appelle Meliodas Sherwood mais tu peux m'appeler quand tu veux. »

Et pour couronner le tout, tu lui avais offert une petite révérence.

Tu considères sérieusement l'idée de partir.
Mais ça veut dire prendre le risque de te faire pincer, peut-être tuer par le maitre de ces lieux. Tu cours vite Meliodas, mais tu sais que tu n'es pas le seul, et que si le risque est trop élevé, tu peux y laisser ta peau. Ça ferait de la peine à Lucille et à Lucy si tu meurs.
Et tu dis pas non à une belle nuit bien loti, dans des draps de soie et des bras jolis.

Tu considères sérieusement l'idée de rester.
Et quand elle se présente, tu arques un sourcil. Beau minois mais aussi beau patronyme.

— « Narcisse... C'est original. Et plutôt cohérent. »

Tu doutes pas une seule seconde que c'est bien trouvé. Son nom de famille te fait réfléchir, notamment à la question des informations qu'elle détient à ton égard - et que tu ne lui as jamais confié, surtout pas dans ton inconscience.

Son haussement d'épaules tu le connais bien - c'est celui des beaux parleurs, ceux qui feignent le désintérêt pour t'attirer dans leurs griffes, pour attiser le désir.
Mais cette technique tu la maitrises tout aussi bien, alors à son clin d'oeil tu échancres un rictus malicieux.

— « Puisque c'est demandé si gentiment... Je m'invite volontiers. »

Mais face à la provocation tu réponds toujours présent.
Te fais imposant, de ta carrure musclée face à sa silhouette chétive. La domines d'une tête alors que tu réduis la distance entre vous pour sentir son souffle dans ton cou.

— « Mais je te préviens, je prends beaucoup de place. »

Passes une main pour remettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

— « J'espère que ça ne te dérange pas. »