Ton périple de quelques infimes jours avait fini par sa révéler intéressant en ce misérable royaume… Tu avais donc entrepris de rentrer en Halloween City ayant des priorités à gérer, un casino à retrouver et bien d’autres choses… Une étreinte féminine à qui tu devais offrir un maigre présent que tu avais trouvé auprès d’une malheureuse fleuriste que tu avais sûrement aidé à ta façon. L’obscurité permanente de ta ville favorite, de la ville damnée qui t’avait vu t’épanouir te manquait alors que le soleil aussi déplaisant soit-il ne cessait de baigner les environs. Au final ton aventure en ce les terres de la Reine Blanche t’avait permis d’entrevoir le vrai visage de bien de ses servants, de ceux qu’elle muselait en ses terres alors qu’au fond de leur être leurs tourments ne cessaient de croître… Attendant qu’on finisse par les libérer d’une quelconque façon pour qu’ils soient enfin magnifiques et non pas de simples pantins d’un malhonnête esthétisme. Rien n’aurait pu te préparer à ce que tu allais enfin voir alors que tu songeais à simplement retrouver ton manoir, encore loin de chez toi mais t’en rapprochant en chacun de tes faits et gestes.

Il y eut comme une voix qui ne tarda à s’élever en ces plaines infectes, une complainte qui te fit doucement stopper ta marche. Tu aurais pu ignorer le tout mais un appel aussi clair, une phrase si simple et ampli de douleur. Un tout qui eut le don de te donner… Faim en quelque sorte et qui sait enclin à faire une bonne action, une bonne action… À ton image tout bonnement. Cela venait sans doute d’un être qui se voulait la face comme tous les êtres en le domaine d’Ivoire. Tu ne tardas à trouver un jeune homme, sans doute l’origine de cette plainte, celui qui était en proie à ses émotions. Un malchanceux comme tant d’êtres en Wonderland, un qui n’avait pas accepté ce qu’il était ou pouvait être.

Tu arrivas donc bien rapidement à sa hauteur qu’importe ton apparence tout sauf hospitalière à vrai dire ce n’était que la perception de la société qui trouvait le tout inhospitalier…

« - Pourquoi n’aurait-il pas ce droit ? »

Une simple réponse assassine qui fut soufflée, les laisser sombrer… Il n’y avait rien de mieux pour ensuite venir les cueillir, les aider à se rebâtir, à se relever avec dignité… Ou plutôt horreur. Il ne ferait exception tout bonnement… Mais qui sait peut-être allais-tu réussir lui à l’aider, à en faire un être digne et merveilleux non pas nécessairement à ton image trop dépravée mais maudit tout comme toi.

« - Comment t’appelles-tu petit ? Toi qui sembles si malheureux. »

Et inapte à avouer une triste réalité dont tu devras tôt ou tard t’émanciper. Tu venais peut être de mettre la main sur un met d’exception mais tu devras le travailler pour en tirer le meilleur… Pour faire de lui un vrai vivant et à défaut en tirer un certains divertissement de simples rencontres ne donnant pas toujours lieu à bien des retrouvailles.

Il t’observa enfin et comme tous autres il se montra apeuré, les degrés de cette réaction variant drastiquement d’une personne à l’autre. Une absence totale d’exception, identique à bien d’autres mais enclin à accepter ses émotions présentement sans que tu n’aies à lever le petit doigt. Tu sentais en sa voix son hésitation, son chagrin, sa peur, un bien délicieux cocktail dont tu savais toujours te délecter. Sans doute s’agissait-il effectivement d’un habitant de ce royaume trop beau, un autre perdu qui refusait ses sentiments car ils étaient trop vils soi-disant. Il était ainsi à même le sol alors qu’il avait même pris soin de faire attention à certaines formules de politesse, un monsieur s’étant glissé en ses paroles. Tu avais même pu doucement observer ses quelques larmes comme tu avais pu le faire avec tant d’autres. Tu n’allais pas avoir beaucoup à faire avec lui sans doute mais en un autre sens il semblait si chétif et dès lors partir de si loin… Certains étaient déjà bien névrosés en réalités mais résistants à leurs tourments, lui était à l’opposé de cette école… Sans doute excessivement malléable mais que trop pur au point où le brusquer serait contreproductif.

Tu avais donc fini par doucement te rapprocher de lui, de nouveau sans pour autant le toucher, le profaner de tes doigts toi qui d’habitude était si tactile. Tu avais fini par lui offrir ceci si mauvais en ton esprit alors que ta voix était si chaude et rassurante malgré ton apparence morbide.

« - Belial mon petit. »

Tu avais petit à petit ouvert tes bras sur ces propos comme si tu voulais l’accueillir à tes côtés mais non pas sans son consentement, pour ue fois que tu le cherchais auprès d’une personne… La chose étant pire qui sait…

« - Qu’est ce qui te tracasse et fait que tu es là seul dans cet état. »

Le ton de ta voix se faisant toujours si doux et chaud, rassurant, tu ne l’avais frôlé, rien et pourtant tout ceci était lié à ta nocive magie qui venait doucement distiller en les environs le doux sentiment du réconfort malgré celui que tu étais réellement. Tu voulais qu’il vienne s’échouer entre tes griffes pour doucement les refermer sur lui et commencé à te l’approprier, commencé à le tourmenter. En temps normal tu mettais plus de temps à jauger les gens, à savoir ce que tu pouvais en tirer de chacun mais lui semblait si divertissant en sa rare faiblesse qu’il t’avait montré en quelques instants… Peut être était-il du genre à passer d’une émotion forte à une autre, peut être exprimerait il une forte rage ou colère ou un important rejet de toi mais tu étais convaincu qu’il allait se laisser bercer par ses émotions…

« - Qui est-ce qui t’a blessé ? »

Une toute dernière question tu avais besoin néanmoins d’un peu plus de cartes en mains alors que tu souillais les environs encore et toujours de ta magie assassine. Pourquoi réfréner ses sentiments, ses émotions ?

C’est ainsi qu’il vint se loger en tes bras ouverts, en tes griffes pour ton plus grand plaisir sans le moindre effort. Ceci avait le don sans doute de te donner une idée, une idée de son caractère et de comment s’y prendre et sans doute un meilleur aperçu de son traumatisme. Peut être était il faible, son tourment n’étant si important ou l’inverse ou alors les deux pour ton futur bien grand plaisir. Tu analysais chacun de ses actes aussi simples soient-ils, le fait qu’il ne cessait de sangloter là où ses poings clos démontraient clairement un certain renfermement ou alors de la haine. Penchant pour la seconde option tandis qu’il se trouvait blotti contre toi, auprès d’un inconnu. Cela était toujours aussi tragique de voir un père être la source des malheurs de son enfant, une situation infâme et qui ne devrait jamais avoir lieu mais qui au fond était une bien belle chose pour toi. Une situation des plus abjectes cela étant un bien bel euphémisme, n’y avait-il de plus tragique que n’aimer la chair de sa chair ? Bien sûr que tu allais l’aider mais non pas nécessairement de la meilleure des façons… Mais au final ne le soulagerais-tu pas de ses tourments ?

Tes mains qu’en à toi vinrent se loger en son dos, le gratifiant d’une chaude étreinte, d’une étreinte malgré tout ce que l’on pouvait penser paternelle. Une étreinte qui se voulait bourrée de bien des choses et surtout d’attention. Tes doigts se perdant tantôt à sa chevelure alors que ta voix se faisait toujours bienveillante.

« - Calme toi mon enfant rien ne peut t’arriver ici, avec moi. »

De quoi lui offrir un peu de réconfort, l’impression que tu le comprenais alors que tu ne pourras jamais exactement deviner ce qu’il ressentait n’ayant jamais expérimenté une relation père fils tout bonnement. Convaincu que tu n’auras jamais à y faire face en tant que géniteur. Tu laissas tes griffes quitter son corps pour quelque peu reculer, tes doigts glissant le long de son visage afin de sécher certaines de ses larmes.

« - Qu’est ce qu’il te fait exactement Ayden ? »

Il te fallait des précisions sur tout ceci même si tu savais ce que tu stimulerais en lui pour doucement le retourner si le tout finirait par s’avérer effectivement divertissant.

« - Je pourrais t’aider qui sait mais j’ai besoin de savoir ce qu’il t’arrive exactement… Je sais que parler de tout ça sera douloureux mais c’est pour ton bien. »

Doux et rassurant tu avais distillé ton besoin dans la moindre retenue ayant depuis un moment cessé d’utiliser ton pouvoir convaincu qu’il finirait par s’ouvrir à toi vu son état lamentable. Tu savais au fond de toi quoi faire pour ce monde soit meilleur, pour que ce monde soit chaotique comme tu l’aimes. Faire en sorte que cet enfant le rejette, que cet enfant le déteste, que cet enfant en vienne à souhaiter sa mort et de ses propres mains… Que cet enfant considère un autre comme son père.

Comme si les monstres ne résidaient qu’à Halloween City, ils se trouvaient partout en Wonderland et le jeune homme aux airs tout juste d’adolescent ne cessait de confirmer ta pensée sur ce bas monde. Le royaume d’Ivoire était lui aussi des plus pourris, complétement ravagé à sa façon même s’ils faisaient semblant de ne pas céder à leurs envies. Il y avait eu comme un profond dégoût en ton être à l’énonciation de tout cela de la part de ta proie. Est-ce qu’il ne venait pas de chatouiller la fibre paternelle que tu n’avais jamais réellement pu exprimer de ton vivant ? Même si la situation d’Ayden pourrait être bien pire, le tout étant si facile à enfoncer. Tu savais dès lors quoi faire de cet enfant, quoi offrir à ce rejeton que l’on n’avait appris à aimer. Il ne cessait de parler de son père mais quant était-il du reste de son cercle familial. Etaient ils aussi infâmes que son géniteur ou alors totalement inexistants ce qui dans tous les cas n’en serait que plus facile. Ton esprit ne commença à fleurir, nimbé de bien des idées pour doucement s’accaparer la bienveillance et l’âme de cet être auprès de toi. Tu finirais par avoir besoin de l’aide d’autres individus…

Ce qui était décidé en tous les cas c’est que tu comptais offrir une famille digne de ce nom à ce jeune homme, une famille différente mais entière en tous points.

« - Je vois mais j’ai besoin de savoir Ayden, tu dois bien avoir une mère non ? Elle te maltraite elle aussi ou… Elle n’est point présente pour t’aider ? »

Vivante ou morte, qu’importe la façon, tu n’avais peur d’amener les sujets épineux car il te fallait avancer tout comme lui le devait aussi. Il était une si chétive créature, l’œuvre en serait longue mais une nouvelle fois il se montrait des plus malléables et non pas spécialement insupportable au contraire. Tu n’avais aucun doute sur le fait qu’il saurait se montrer reconnaissant car tout sera toujours meilleur que ce qu’il a actuellement.

« - D’ailleurs de par ce que tu m’as dit je peux t’aider, pas présentement mais je pourrai t’aider bientôt, d’ici quelques jours. Je suis d’Halloween City, une ville où les gens sont honnêtes, là où ils ne sont hypocrites avec leurs envies et leur existence contrairement à là où tu te trouves. Il faut d’abord que tu t’éloignes de ce monstre qui te torture Ayden, tu ne peux pas rester au Royaume d’Ivoire actuellement. »

Tu ne pouvais dire qu’Halloween City était une ville sans massacres ou autres mais tu étais tout à fait capable de modifier la vérité. Une ville où chacun était libre voilà comment tu percevais le lieu à la nuit éternelle. Sur ces dires ton masque vint de surcroît s’ôter pour prendre la forme de cette fameuse boucle d’oreille auprès de ton lobe.

Tu avais entrepris de lui offrir un visage humain auquel se raccrocher tout bonnement.

« - Mais si tu te sens fort, que tu arrives à tenir encore quelques jours alors rassemble tes affaires, tu n’auras qu’à me rejoindre au parc de Neverland et je te ramènerai à Halloween City pour t’offrir une vraie famille qui sera là pour toi. Une famille qui te nourrira, qui prendre soin de toi, qui t’apprendra et plus que tout qui t’aimera. »

Alors que tu entrevoyais déjà la composition de ses futurs proches.

Une absence de réponse concernant une potentielle génitrice et tout ce qui y était lié. Tu n’avais pourtant fait de commentaire sur cette précieuse information mais tu l’avais soigneusement notée en ton esprit. Il allait être possible de jouer sur ça, de se distinguer sur tout cela et de proposer à Blanche effectivement un chuchoteur en plus même si tu te demandais comment elle allait pouvoir réagir… Elle était comme toi mais sans doute bien plus tendre en son approche et encore plus mielleuse, moins sanguine. Lui mettre le petit Ayden dans les pattes aurait été un bon moyen pour faire en sorte qu’elle se canalise sur quelque chose en ce moment, quelque chose autre que les déboires sentimentaux même si tu étais une source de bien des problématiques.
Le plan était déjà dessiné en ton esprit mais il te fallait l’aide d’autres individus comme Darya là où le poison serait nécessaire à un moment. Tout ne faisait que commencer alors qu’Ayden allait pouvoir enfin profiter d’une vraie vie, d’une vraie existence bientôt si tout finissait par se concrétiser. Un passage vers un monde vicieux et sombre mais qui finira par le forger tant en la douleur qu’il apportera que l’amour qui lui a sans doute toujours manqué.

« - Bien, une fois à Halloween City je t’emmènerai faire la rencontre de dame Wolfman. Elle saura prendre soin de toi et t’offrir de l’amour. »

Un amour très spécial, spécifique mais de l’amour malgré tout. Tu ne doutais pas qu’elle prenait soin de ses chuchoteurs ou futurs chuchoteurs.

Sur cela tu te relevas donc ton étreinte se faisant plus faible pour au final disparaître en parallèle tout bonnement, de nouveau droit. Un regard aux alentours alors que les lieux étaient toujours désertiques, aucun regard indiscret ayant fini par se poser sur vous tout bonnement.

« - Je ne peux pas malheureusement rester éternellement ici avec toi et on va se questionner sur ton absence non ? Sache que si tu fais ce que je t’ai dit tout se passera bien et tu seras enfin libre et aimé par de bonnes personnes. »

Réajustant tes affaires alors que vous alliez chacun devoir retourner à vos occupations, tu ne pouvais faire plus pour lui présentement.

« - Ton malheur est bientôt terminé. »

Pour que tu finisses en offrande à un autre bien différent.