Les paupières finissant par flancher alors qu’une fatigue tout sauf naturelle t’avait envahi. Un réveil en un lieu tout sauf étrange, relativement familier sans s’apparenter à ta demeure, ton casino ou un lieu que trop arpenté. Tout sauf libre de tes mouvements alors que tu te sentais comme lent, comme si ton métabolisme tournait au ralenti car en réalité cela était le cas. Tu frissonnas légèrement ayant rapidement compris que tu te trouvais en ton plus simple apparat et attaché à une structure métallique froide. Une lueur en émergeant, la lueur d’un lampadaire tout bonnement. Tu tortillas dès lors ton cou en tous les sens possibles pour retrouver un semblant de sensations alors que tu avais tendu ton oreille pour recueillir les quelques paroles de l’être tout sauf inconnu face à toi. Judas ? Oui Judas effectivement alors que ton regard s’était apposé sur lui.

Tu étais en une situation quelque peu… Complexe. Est-ce que ta dernière heure était potentiellement arrivée ? Pas le moindre du monde et tu en étais convaincu car tu pensais avoir depuis le temps parfaitement cerné ton interlocuteur des plus imprévus. Ce bras droit que tu n’avais pas vu depuis un moment, celui que bien des Dark Shadows n’avaient pu entrevoir ces derniers jours de par ton simple méfait qui fut de surcroît une demi-mesure.

Plus que limité en tes mouvements donc tes réactions furent clairement elles aussi bridées face à ses propos, un simple sourire se dessinant auprès de ton faciès en un premier temps. Est-ce que Judas venait paradoxalement d’exhausser un de tes désirs ? Est-ce que cette simple situation te satisfaisait déjà ? Toi qui venais de le faire se détourner de ses habitudes de ne point directement se salir les mains en quelque sorte. Allait-il enfin être un peu plus digne de votre petite secte à tes yeux ? Ou alors te complaisais tu de sa présence car cela sentait atrocement une chose que tu prêchais… Car tout cela avait un goût de vengeance et surtout de chaos.

« - Faudra vraiment que je demande à Darya ce que c’était comme poison, ca faisait longtemps que j’avais pas si bien dormi. »

Un sarcasme délicieusement servi là où paradoxalement il y avait une part de vérité en tout ceci. La vérité qui était celle que ton sommeil avait commencé à être troublé par des terreurs nocturnes qui remontaient à des problématiques bien différentes, bien anciennes et sans rapport avec le perfide traitement que tu avais réservé à Judas.

Les paroles ne te manquaient point, des plus assassines en ton esprit les unes que les autres car tu ne connaissais de limites. Tu étais donc toujours plus qu’heureux paradoxalement… Ayant réussi à le changer alors que tu n’avais de nouveau qu’une envie… Le désir de le faire sortir de son calme apparent, vrai ou faux tu ne le savais. Tu avais toujours eu soif, soif de chaos, soif de cette anarchie sans fin même si tu te devais d’en être un tribut, un instrument.
Tu étais un agent du chaos et c’est tout ce qui comptait.

Soufflant donc pour bien mieux épier le nuage que tu avais fait naître. Tu avais reporté ton attention par la suite sur la brebis galeuse que tu avais créée, cet être trop pur que tu avais vicié.

La vindicte, tu la sentais et plus que jamais tu savais qu’elle l’animait, qu’elle le motivait… Mais qu’est ce que la vindicte une fois que l’on se permet de la rendre tout sauf satisfaisante ? Lorsque celle-ci n’était pas à la hauteur de nos attentes ? N’y a-t-il rien de plus frustrant ? De plus enrageant ? Une victoire fade… Bien pire que la défaite tout bonnement.

« - J’ai juste envie de dire dommage qu’Alastor se soit permis de te couper l’herbe sous le pied… Dire qu’il t’a volé toute la gloire sans le savoir. »

Une parole étrange, un tout qui faisait que les futurs tourments de Judas n’auraient le moindre effet sur toi. Comme si Alastor avait déjà touché ta dignité, tes émotions là où il n’y aurait présentement que la douleur physique à subir éventuellement qu’importe les dires.

« - Je me demande juste… As-tu compris que ce que tu feras ira dans mon sens ? Qu’à chaque fois que tu me toucheras mon étreinte se refermera sur toi Judas ? Différente de celle en ce bureau. Dire que tu vas te corrompre un peu plus en ma douleur… C’est si exaltant. »

Les monstres n’avaient de limites et tu en étais l’essence même… Même si tu étais pieds et poings liés non pas de par cette corde mais à cause de votre supérieur commun.

Sur le papier effectivement tu n’étais plus libre de te venger par la suite une nouvelle fois, tu n’étais plus libre de nourrir un cycle qui aurait une fin obligatoirement tragique. Tragique car tu n’étais pas le genre d’hommes auxquels on pouvait imposer facilement une ligne, tu avais entretemps repensé à tout cela et le pire est sans doute que tu avais envisagé des solutions… Bonnes comme se ranger et bien pires pour d’autres, des solutions terribles qui rappelaient le vrai monstre que tu étais. Tu étais donc là à écouter Judas qui présentait toute sa petite histoire, son jugement ou encore ses menaces tout sauf dissimulées.

Il y avait toujours une femme te disais-tu en parallèle… Ou un homme selon les préférences mais en tous les problèmes il y avait quasiment cela… En tous les problèmes trop complexes.

Est-ce que tu venais de t’enfoncer en de biens profonds problèmes ? Un boulet accroché à tes pieds… Ta nature destructive ne cessant de te rattraper car c’était ainsi que tu avais évolué, que Wonderland t’avait rendu ainsi alors que ta mort avait toujours juste permis de planter les graines de la déviance. Tu avais beau être le patron de ce fichu casino, être riche à en faire jalouser certains, être le genre d’hommes que l’on ne regardait pas de travers et pourtant… Tout l’or du monde, tous les tourments de l’univers étaient incapables de racheter tes soucis, tes angoisses et plus que tout de fixer un être déviant qui ne savait plus que vivre de par ses vices lourdement ancrés à cause des supplices qu’il avait subis.

Tu avais toujours eu ces problèmes, l’alcool… La poudre… Le tabac et l’addiction au sadisme, à la douleur des êtres mais surtout plus que tout Blanche.

Tu avais dès lors doucement baissé la tête au fur et à mesure des propos de Judas ayant ignoré sa dernière réplique même, bien trop occupé par tes propres malheurs qui avaient fini par te rattraper. Un ensemble de catastrophes qui avaient pris bien des traits mais qui revenaient toujours, la majorité sous la forme d’une femme à la crinière Blanche et aux yeux mielleux.

Tu avais donc serré les dents, la mâchoire comme si tu avais voulu broyer quelque chose avant que doucement et sûrement il ne reste plus rien de Belial. Qu’il ne reste plus rien de l’homme mais seulement un être, un animal à qui on avait appris à se défendre à travers bien des tentatives d’asservissement.

La douleur s’élevait ainsi au fur et à mesure des secondes même si tu forçais toujours sur la partie inferieur de ton crâne, un rire finissant par s’extirper tout sauf rassurant. Voilà ce que tu étais, un monstre et qu’importe le contexte il ne put que sortir de sa cage car c’était le seul qui avait réussi à régler tes problèmes, à les soulager parfois là où l’homme avait épuisé toutes les solutions.

Un rire dément et incontrôlé, un rire long qui témoignait clairement d’un manque de clairvoyance. Le rire d’un fou pour lequel on ne pouvait plus rien faire, le rire d’un cadavre ambulant qui respirait malgré tout encore… Une coquille sans le moindre contenu qui vivait néanmoins et agissait par mimétisme de ce qu’on lui avait encore une fois infligé.

Tu étais ce genre d’hommes, ceux qui savaient que si on finissait par les aimer ils auraient toujours un tribut à payer qu’importe sa forme car le destin est cruel.

Même en l’au-delà qu’était Wonderland elle réussissait à te briser le cœur et à être la pire calamitée que tu t’étais attiré et à la fois la seule incontrôlable, l’unique.  

Tu riais encore et encore, jusqu’à ce que le souffle commence à te manquer, jusqu’à ce que la respiration soit complexe et nécessaire de façon plus clair. Les éclats se faisant tous sauf singuliers, toujours irraisonnés jusqu’à ce que tu t’arrêtes de par des obligations naturelles plus que psychologiques.

Au final même Wonderland ne t’avait changé, elle n’avait fait qu’empirer ton être à croire que tu payais le meurtre de ton vivant tout comme le suicide stigmatisé par la religion.

« - Tu crois réellement qu’hormis l’image nous sommes différents ? Combien de pères, de mères, d’enfants as-tu égorgé, mutilé, massacré comme moi… Combien en as-tu estropiés, fauché en son nom comme chacun de nous ? À combien d’entre eux à tu fais vivre l’enfer même si ce n’était de tes propres mains au nom d’Alastor ? Un homme aussi névrosé que moi ? Un homme qui veut le Chaos comme moi ? COMBIEN ??! »

Un long rire s’en suivant encore… Une respiration nécessaire après ce hurlement.

« - Tu as juste enfin choisi d’assumé de franchir la ligne comme je l’ai fait depuis longtemps ? C’est ce qu’il a donc fallu pour que tu comprennes malheureusement les règles barbares de notre monde ? »

La tête toujours basse même si le ton de ta voix trahissait clairement ta démence alors que tu venais d’énoncer une vérité infâme car au final vous travailliez vous deux pour lui… Pour Alastor.

« - On est à la fois opposés et à la fois identiques… On l’a baisé et elle nous a ensuite brisé le cœur et même si chaque de nous fait du mal à l’un ou l’autre est-ce que cela nous satisfera vraiment ? »

Non car en ce domaine tu étais convaincu qu’il fallait plus, qu’il y aura un nouveau jour un dérapage car cette vengeance était minime à tes yeux qualitativement pour l’instant…

« - Tu le sais que ca nous satisfera pas, qu’on en demandera plus inconsciemment mais je ne vais te supplier, te dire d’arrêter, va au bout de ta vengeance actuellement mais… »

Relevant la tête sur ce dernier mais ayant réussi à calmer ta respiration, ton rire inhumain qui avait résonné en les rues… Tu ne pus que conclure sur ces mots.

« - On est sur la même ligne cependant si tu la dépasses, tu as franchi une nouvelle comme tu le soulèves… Le futur ne sera pas ma préoccupation car tu n’as fait qu’entrevoir le monstre en sa cage. »

Un avertissement… Qu’il prenne sa vengeance présentement mais… Qu’il n’aille plus loin…

Car même elle tu pourrais accepté de la sacrifier car ne l’avais-tu pas sacrifiée de ton vivant déjà ?

Une première parole qui sonna étrangement entre peut être un mélange de satisfaction qui sait et à la fois dès lors de perte de temps. Tout prenait donc une tournure bien moins sentimentalement sûrement et en réalité bien plus personnel et en lien avec l’ego tout bonnement. Une évolution envisageable en cette relation entre toi et Judas mais qui fut peut-être précipitée par ses dires, par ces quelques phrases. Tu le vis donc s’approcher et présenter la lame non loin de ta chair, la douleur n’en sera que trop familière. Clairement tu commençais déjà à réfléchir à certaines choses en ce moments précis et tes premières esquisses furent clairement plus déplaisantes que lorsque la lame s’ancra dans la chair pour s’y mouvoir avec une certaine lenteur pour déchirer les tissus. Tu ne savais pas encore spécifiquement ce que Judas voulait faire ou du moins ce qu’il voulait écrire mais ce moment avait donc perdu en importance, déjà tourné vers le futur. Comme bien souvent le corps pouvait guérir simplement mais l’esprit lui était bien moins résilient et en ton cas il n’était pas question de résilience mais… Plutôt de désir malsain à devoir réprimander.

Tu avais une envie d’escalader en cette violence que tu avais fait naître mais tu devais te contenir.

Les sonorités typiques à la douleur finissant par s’extirper de tes lèvres alors que tu ressentais le sang chaud, ton hémoglobine doucement couler le long de ta peau. Ton inspiration se faisait parfois bien plus longue et profonde pour tempérer le désagrément plus que prononcé malgré tout. Tu avais déjà énormément subi de par le passé alors cela n’était pas si horrible que cela mais l’affront était bien là même s’il ne serait que temporaire…

Il y eut le torse puis les deux bras alors que les sifflements donnaient place à une petite complainte de douleur des plus naturelles. Tu avais attentivement écouté l’ensemble de son discours et dès lors tu n’avais pas spécialement envie d’attiser plus le feu de par sa dernière parole qui vint comme fermer une parenthèse avec la première. Tu n’étais toujours pas de son avis car tout bonnement vous étiez déjà à une place bien importante en la chaine alimentaire avant qu’il n’arrive chez vous, ce n’est pas tout juste quelques années qui pouvaient surplomber quasiment un siècle. Des ressources divergentes là où celles de Judas venaient de la part d’Alastor tout bonnement. Cela te faisait toujours doucement sourire malgré tout lorsqu’il évoqua le fait que vous n’avanciez pas en quelque sorte de par les électrons libres qui formaient votre groupe. Poursuivre le chaos en croyant que tout le monde serait éternellement discipliné était impossible, il fallait savoir tolérer les besoins de chacun pour éviter de trop grands écarts même si ici… L’écart fut lié à tout autre chose et à des sentiments.

Un tout relativement chaotique au final en vérité.

Un long soupir une fois que tous ses propos furent terminés alors que les signaux de ton corps ne cessaient, tu soufflas une énième fois avec nonchalance alors que plus vite tout se terminait plus vite tu pourrais retourner à tes préoccupations. Ce divertissement avait drastiquement perdu de sa valeur tant de par les anciennes actions d’Alastor que de par les quelques confessions de Judas.

« - On pourrait disserter des heures mais on peut… Se contenter d’un… Bonne soirée. »

Une simple phrase entrecoupée par les inspirations en lien à la douleur. Tu avais autres choses à planifier alors que tout ce jeu avait perdu drastiquement de sa valeur soudainement.