CARACTÈRE

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Tu n'aimes pas les gens mais tu aimes le contact. Tu n'aimes pas qu'on te dérange mais tu aimes déranger. Tu n'aimes pas la dépendance mais tu aimes quand on dépend de toi. Tu aimes contrôler, tu n'aimes pas qu'on te contrôle. Il ne faut pas longtemps pour le remarquer, si quelqu'un t'énerve tu le feras vite savoir. S'il ne comprend pas assez vite c'est avec la violence qu'il comprendra. Et là normalement ça devrait lui percuter le cerveau.
Le tact c'est pas ton truc, mais tu sais en faire usage quand tu en as besoin. Un client hésite entre une journée et nuit ou une semaine ? Tu lui expliques combien on peut faire en une semaine que l'on ne peut pas faire en une nuit, et c'est gagné. Ca ne coûte pas grand chose de se forcer un peu, des fois. Parlons des clients, d'ailleurs. La plupart aiment être dominés, guidés, contrôlés, et surtout, ils aiment tant ton pouvoir. Il faut dire que dans certaines situations, la plupart du temps celles qu'ils recherchent on va pas se mentir, il est plutôt très plaisant. C'est ton argument de vente, après tout. Mais tu ne manques pas d'être douce et rassurante avec eux pour qu'ils se sentent aimés, pour qu'ils se sentent importants. Ce n'est que dans ces moments que l'on peut te voir au petit soin. Mais qui sait, peut-être qu'un jour une âme changera cela ?
Au-delà de ton caractère fort et plutôt dur, tu as aussi cette partie de toi extrêmement curieuse et pas mal effrontée. Quelqu'un t'intrigue ? C'est rare, tu ne vas pas manquer cette occasion. Tu vas aller le voir, tu ne le vouvoieras pas, Pour quoi faire ? c'est ce que tu te diras. Tu essaieras de ne pas faire fuir la personne évidemment, de ne pas l'énerver de trop, mais toi qui as du mal à voir les limites, tu en feras de toute manière sûrement trop.

En bref, faut pas me sonner les clochettes trop près des oreilles sinon je te casse le nez. Mais si tu veux de la compagnie pour les jours à venir, n'hésite pas à venir mon chou.Une enfance ni trop mauvaise, ni trop joyeuse. Tes parents sont stricts alors tu restes droite. Il faut étudier, il faut être poli, il faut se donner les moyens, il faut être indépendant, qu'ils disent. En somme, ils veulent la perfection, mais ne le formuleront jamais tel quel.
Les jours se succèdent en silence. Tu as peu d'amis, tes parents ne te laissent pas vraiment le temps de te nouer aux autres. Ni ne t'achètes de quoi communiquer à distance, tu ne verras jamais l'ombre d'un portable ou d'un ordinateur t'appartenant.
Tu ne le sais pas, mais tu es une bombe à retardement. Qui garde, qui contient, qui force l'irréprochable à n'être que la seule chose apparente. À l'intérieur, c'est un ouragan qui grandi. Qui se déchaîne. Qui demande à sortir. La tristesse. La colère. La solitude. La haine, pourrait-on dire. Mais pour haïr, il faut aimer, et tes parents ne t'ont jamais donné de bonnes raisons de les aimer. Tes amis par contre, c'est tout le contraire. Ils se dénombrent sur les doigts d'une seule main, mais tu les aimes d'une amitié sans nom. Tu les admires, tu les chéris, tu leurs est si reconnaissante. Après tout, c'était eux qui faisaient de ton monde froid et dur, un monde où il y a aussi parfois de la lumière et de la chaleur.

Puis ta majorité arriva. Jusqu'ici tu n'avais jamais réellement ressenti l'envie ni le besoin, de t'intéresser à quelqu'un de cette manière. Jusqu'ici, c'est-à-dire jusqu'à lui. Tout d'un film cliché, tout d'une relation rebelle et si belle. Du moins, au début. Il te faisait sortir, il s'exprimait librement sur ce qu'il pensait de tes connards de parents. Tu avais l'impression de vivre un conte de fée, sauf que tu n'étais pas aussi bien habillée qu'une princesse, et que le prince était bien plus du genre consommer l'illicite que l'amour et l'eau fraîche. On dit que l'amour rend aveugle. Toi il t'a carrément arraché les yeux et tout bon sens. Les études ? Pour quoi faire. Les études c'est énervant, lui il est apaisant. L'indépendance ? Mais pourquoi ? C'est être avec lui que tu veux et non seule. Les amis ? Tu peux les voir une prochaine fois.
Et puis la bombe explosa. Le jour où tu connus ta première fois. Tu ne savais pas comment l'expliquer mais tu ne savais pas comment ne pas y penser. Tu ne faisais que de lui tourner autour de manière enjôleuse. Il n'était plus ton amour, il était avant tout un outil. Un outil que tu aimais beaucoup. Et au début il n'était que ravi, comment ne pas l'être ? La sainte nitouche qui ne connaissait que les études et avait de sérieux problèmes de confiance en elle, devenait une vrai petite salope à temps plein prête à faire n'importe quoi pour un peu de bon temps. Il ne pouvait qu'être ravi. En tout cas, c'est ce qu'il pensait. Car tout cela tourna vite au dérangeant. Tu ne pouvais plus t'arrêter. Rien n'avait plus d'importance. Sur vingt-quatre heures, tu en passais six à dormir, deux à faire ta vie, et seize à ne penser qu'à t'envoyer en l'air. Et peu à peu, tu l'effrayais, il s'éloignait. Il n'était pas là pour sortir avec une folle non plus. Alors au fur et à mesure qu'il s'éloignait et ne satisfaisait plus toutes tes envies, tu en chauffais d'autre. Tu t'en voulais, tu te sentais mal, mais tu ne pouvais pas t'en empêcher. Il te fallait de l'amour, mais surtout il te fallait faire l'amour. Passionnément, brutalement. De toutes les manières, mais surtout brutalement. Car l'envie était trop pressante. Car tu ne pouvais faire autrement.

Peu à peu, tes amis s'éloignèrent aussi, jusqu'à disparaitre de ta vie. Tu les aimais, mais tu aimais trop le plaisir. Tu les voyais encore moins qu'avant et chaque fois que vous organisiez un moment ensemble, tu les approchais de manière gênante. Tous, sans exception. Ton esprit te criait d'arrêter, mais ce n'est plus ton esprit qui te contrôlait. C'était ton cœur et ses pulsions.
Tu n'avais plus personne. Ni compagnon, ni amis. Tu n'avais jamais réellement eue de famille non plus, simplement des tuteurs ne sachant que répéter les mêmes phrases encore et encore. La dépression se présenta à toi. Elle et son anxiété. Elle et sa tristesse encore plus grande que tu n'avais avant. Elle est ses idées noires, surtout.
Dans un élan de détresse, tu leur demandas de l'aide, à ces adultes qui avaient tant voulu te rendre parfaite, irréprochable, digne d'eux à leurs yeux. Eux qui avaient vu la redescente sans en comprendre le réel fondement, se disant que tu n'étais tombé que dans les filets du premier amour, loin de se douter de l'ampleur du problème qui t'habitait. Il étaient choqués, et surtout, se sentaient crachés au visage. C'est simple, ils pensaient que tu donnais des excuses. Que tu voulais de l'attention. Ils étaient clairs, ils ne t'aideraient pas car tu n'avais pas besoin d'aide. Pour eux, ce jour-là, tu tombas bien bas dans leur estime, alors que tu n'y avais déjà qu'une place moindre. Et pour toi ce jour-là, la rage s'installa.

Tu détestais le monde. Tu détestais la mort et ses belles formes qui t'appelaient sans cesse. Et surtout, aujourd'hui, plus que tout, tu les détestais eux. Ceux qui avait pour devoir de t'élever, de t'aider. Qui ne l'ont jamais fait, qui n'ont jamais levés le petit doigt à part pour te réprimander. Ces fils de chiens comme il les appelait avant que tu ne le perde. Ces monstres, comme tu les voyais.
La fin était évidente et tu ne pouvais pas l'empêcher. Ou du moins, tu ne voulais pas l'empêcher. Ils doivent payer. Alors tu les fis payer. Le prix à payer était la mort. Tu leurs lança la mort comme une incantation silencieuse. Tu n'avais pas de courage. Mais tu avais de la haine. Elle suffisait pour que le geste se fasse comme de lui même. Un couteau. Leurs gorges. Et c'était terminé. Ta mère n'avait rien vu venir, tu vint derrière elle alors qu'elle préparait le thé. Ton père lui, tenta de te résonner, avant d'attraper le téléphone fixe. Tu ne le laissa pas prononcer un seul mot, taper un seul chiffre sur les touches. Leurs gorges étaient tranchées. Ils avaient payés.
Ils avaient payés oui, mais à quel prix pour toi ? Le prix de ta vie, aussi. Tu les haïssais mais tu ne pouvait plus vivre, maintenant. Comment vivre en se sachant tueuse ? Meurtrière ? Comment vivre avec le regard des gens quand ils sauront que tu seras allée jusqu'à tuer tes propres parents ? C'était impossible. Impensable. L'amour faisait peur, l'amour faisait mal. Tu détestes l'amour, car il peut transformer en monstre. Aimer était la lumière. Aimer t'as tirée au plus profond des gouffres.
La question ne se posait pas, il te fallait mourir ce soir. Mourir, maintenant. Alors le couteau trancha une nouvelle fois. Et c'était la fin.

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