▬ musique

son entrevue avec les notables et bourgeois de la famille de vertbois a prit moins de temps qu’il ne l’avait imaginé - quelques savants arguments, une heure d’entretiens diplomates et sa mission se couronnait de succès : le conflit politique et familial a été évité

il aurait peut-être mieux valu qu’il rentre tôt et profite de son après-midi pour jardiner et retirer la mauvaise-herbe grignotant ses parfaites allées de courgettes mais non, il préfère le coupable plaisir de l’oisiveté

ainsi se promène t-il dans un de ces parcs arborant les allées bruyantes de la cité, le nez rivé sur les cimes d’arbres, les mains fichées de son appareil photo fétiche

le ciel a des clémences printanières, quelques nuages à peines pour le rider et la douceur tiède de rayons pâles - la lumière ne pourrait être plus propice à la prise d’argentiques et d’instantanés et quels meilleurs modèles que les ouvrages de mère nature ?

il s’arrête, près d’un banc, inspire, savoure le calme et la félicité
ses yeux avides derrière l’objectif - il cherche le vol d’un oiseau, reporte sa visée sur des bourgeons de chênes avant de s’arrêter inopinément sur le profil d’une inconnue
un mouvement de retrait aussitôt, il est éblouit, clos ses paupières, grommelle ; est-ce le soleil qui, d’un mauvais angle, la rendu aussi aveuglante ? à nouveau, il te regarde - non, non, c’est cet halo opalin qui t’entoure

camael sourit - la magie de wonderland est sans limites, voilà qu’elle transforme ses honnêtes gens en lucioles diurnes quelques secondes, ne réfléchit plus et, non sans s’approcher doucement de quelques pas, te photographie

clic

sur sa rétine, tu imprimes de la candeur, tu imprimes une pâleur de vie singulière : tes cheveux qui jurent d’avec le vert tendre des feuilles, ta petitesse qui se fait perle de culture entre les herbes hautes et les floraisons pastels

c’est beau - merci, songe t-il, de m’offrir ton portrait

quoique sa convenance le rattrape à l’instant où il abaisse son appareil, le regard bas, la moue contrariée de ne pas avoir requis ton consentement mais - ah, le sais-tu ? camael n’est guère doué lorsqu’il s’agit d’oser demander

pardonnez-moi, je me suis permis il dit, choisissant de rétablir l’honneur de ses bonnes manières en gagnant tes côtés si vous le souhaitez, je vous l’offre camael n’est pas plus guère doué lorsqu’il s’agit de se présenter

te tendre le cliché, c’est - se persuade t-il, une meilleure forme d’introduction

▬ musique

camael se confond entre un sourire soulagé et une moue tranquille - tu n’es donc ni fâchée, ni offusquée, mieux, tu acceptes le cliché et il oserait deviner dans tes yeux et cette injonction d'étonnement lorsque tu le coinces entre tes doigts une relative félicitée
ce cliché te plaît, n’est-ce pas ?

il est curieux cependant de noter la tournure de tes mots, ainsi se permet-il de reculer d’un pas et de te détailler avec un tantinet plus d’insistance… tu as les atours d’une ingénue et la vivacité d’une adulte aguerrie

curieux mélange, curieuse aura

c’est une photo, exacte. je suis heureux qu’elle vous plaise marque une pause, dénote dans les infimes inflexions de ta voix que tu t’es quelque peu égarée en songes - à moins que tu ne cherches à convaincre tes paroles de leur exactitude ?

ah camael, incapable de retenir ses curiosités chirurgicales
toujours à désirer comprendre lorsque, parfois, il n’y a rien à comprendre

oui mais - parfois n’est pas cette fois

de la chance ? le sourire qui s’agrandit, un soupçon amusé par le trait d’esprit vous venez de transformer ma passion en un don extraordinaire il dit, le joug d’une malice retenue dans les yeux trouvez-vous que vous êtes telle que vous imaginez être, sur cette photographie ?

lui, il te trouve telle que tu apparais présentement - vraie, ailleurs et fascinante.
le visage ne ment jamais sur l’âme que cache le corps et les photos sont, sans doute as-tu visé juste, de pieux témoins de cette vérité

▬ musique

il est à tes écoutes comme si tes paroles devenaient une messe à ciel ouvert, se demande si tu ne caches pas une religion sous tes songes - que peux-tu bien révérer, toi qui dis ne jamais être vraiment celle que tu es maintenant.

toi qui a peur d’ennuyer, toi qui dis être compliquée, toi qui dis être une… épée ?

hésitation, moue pantoise

une épée ? allons, est-ce une métaphore ?

voilà de quoi joindre son amusement au tiens et d’agrandir l’écart de ses mirettes vous ne m’ennuyez pas, bien au contraire voix solennelle je suis amateur d’histoires compliquées preuve étant que sa curiosité ne fait que croître et qu’il remercie le hasard de l’avoir orienté sur son envie d’oisiveté et non ses obligations ménagères elles dissimulent souvent les origines les plus simples oeil malicieux mais non moins les plus belles

mh mais…
une épée… ses pensées butent sur ce mot
tu es une épée ? tu dis, tu as dis, doigt vers le coeur - je suis une épée

vous êtes une épée répète, le sourire renaissant ce n’est pas ce que cette photographie montre ose la reprendre entre ses mains et la lever au dessus de vos regards voyez, vous êtes humaine le sourire qui s’agrandit je ne vois pas d’épée le soupçon d’un rire à moins que wonderland ne m’ait pas encore montré toute l’étendue de sa magie ? et que vous ne sortiez une épée de votre poitrail

camael - qui de vous deux est présentement l’ingénu ?

▬ musique

oh… à présent il comprend, il te comprend

il lui aura fallut quelques instants, tandis que ses yeux contemplaient tes chairs devenir metal étincelant, pour qu’il relie les questions aux réponses et les connaissances au présent : tu es une épée, tu as dis, tu as montré ; tu es au service de sa majesté ? sa majesté, la reine blanche ?  ici, à marmoreal, est-ce la ? êtes-vous vorpaline ? moue interdite, traits tendus

tu es elle, forcément, forcément…

un pas en arrière, non pas qu’il ait peur - mais il lui faut voir de loin pour comprendre de près
et s’il s’étonne constamment de la magie de ce monde et de ses enfants, il n’aura jamais été aussi bouleversé qu’en cet instant très précis comment, par quel sortilège damné ?

une arme humaine : non, impensable, improbable
tu n’as rien d’un monstre, ton sourire, ton rire, ta blancheur, ton aura toute entière appelle à la plus louable humanité… impossible
vorpaline, l’épée qui fend le jabberwocky, vorpaline l’épée qui combat les méchants, vorpaline l’épée qui t u e

il s’agenouille, récupère les deux morceaux de la photographie deux vérités d’une même face il songe et il n’ose songer en te regardant, et il hésite avant de sortir de son silence mais lorsque tu dis j’ai détruit votre passion. pardonnez-moi. et qu’il sent son coeur se serrer, il ne peut ni fuir, ni te condamner, ni te juger

ce n'est ni effrayant, ni beau, ce que tu es maintenant
ce qui est effrayant ne rit pas avec tant d'innocence
ce qui est beau ne se présente pas avec tant d'innocuité

ne vous excusez-pas, ma passion ne peut mourir aussi aisément veut sourire aimez-vous ce que vous faites, lorsque vous êtes une épée ? n’arrive pas à sourire car lorsque vous êtes une épée, ce que vous faites, c’est la guerre regard bas n’est-ce pas ? range dans sa poche le cliché fendu aimez-vous être une épée ? l'ombre d'une peine sous les cils

c'est la première fois qu'il s'en veut de ne pas être en colère et dieu sait qu'il aurait aimé : te fuir, te juger, te condamner comme il fuit, juge et condamne celles et ceux qui ôtent la vie sous couvert d'excuses que la vie même ne peut approuver : pouvoir, puissance, domination, protection ou même fonction...

▬ musique

vorpaline, c’est toi, c’est à présent indéniable

et vorpaline, tu dis des vérités qui sont tiennes mais qui, il doit bien le reconnaître, percutent et vont tantôt à l’encontre, tantôt au devant de celles qu’il a choisit de révérer une vie plus tôt
la vie d’avant

et ce sont là des vérités qui ne sonnent ni fausses, ni mauvaises, ni abjectes, ni prétentieuses - elles sont à ton image, pleines et franches, alors comment pourrait-il continuer à s’en vouloir de ne pas s’être mis en colère ? je vous demande pardon les traits un tantinet plus détendus, la voix basse j’avoue exécrer la violence et les personnes qui s’en servent ou choisissent de la servir il aurait été plus facile qu’il te dise pardonnez-moi d’avoir souhaité vous porter au banc des accusés et espérer vous condamner à la lie de l’humanité

évasif - son attention se reporte sur le banc ; un geste du bras, il vous y invite, s’y assied

vous ne faites pas la guerre s’interroge, observe la blancheur du halo qui t’habille et s’imagine qu’une madone n’aurait pas plus bel habit de vertu que le tiens vous dites juste tu ne fais pas la guerre, ce sont les méchants : la guerre ; mais les méchants le sont-ils ? méchants ? comment définir qui est le bon, qui est le mauvais ?

comment ne pas songer au fait que celui qui meurt sous les coups de l’autre est né, a grandit, qu’il a peut-être aimé, qu’il s’est peut-être perdu faute d’avoir été trouvé, compris, entouré ? comment ne pas songer que l’autre qui donne les coups est un fils, est un frère, est un père, qu’il a peut-être haït, qu’il a peut-être choisit de servir des haines plus grandes pour ne plus avoir à souffrir la sienne ?

ce que vous faites, c’est servir et protéger énumère, raccorde ses pensées c’est admirable tique, hésite, te regarde avec plus de douceur mais je trouve cela triste que vous ne vous définissiez que par votre fonction, vous faites injure à votre libre-arbitre l’esquisse d’un sourire et je trouve cela triste qu’il faille verser du sang pour empêcher d’autres sangs d’être versés

la paix ne peut-elle se passer de conflits et d’armes pour asseoir ses bienfaits ?

je vous vois le silence au visage et je ne vois pas votre mission la malice sage qui reprend ses droits je ne vois qu’une charmante jeune femme qui a prit plaisir à se voir en photographie non pas l’épée qui pourfend le jabberwocky, non pas l’arme d’une reine souveraine, non pas la création d’un fou qui a fait de la mort et de la vie des tue-l’ennui

et j’aime ce que je fais, oui éclaircit sa gorge, chasse les méandres de ses vagues-à-l’âme, s’offre le luxe d’une filouterie j’aime manger, j’aime rire, j’aime cueillir des tomates dans mon potager, j’aime écouter de la musique, j’aime lire des romans, j’aime me promener rit de trop parler je fais l’humain, j'aime être humain parce que je suis humain, comme toi

▬ musique

il te regarde et songe que ton profil est digne de ces effigies grecques que les ambassades et autres édifices prestigieux aiment arborer dans leurs cours et jardins - lignes parfaites, pommettes saillantes, regard clair, lèvres en ligne fusain

ne peut-on faire plus humaine qu’un être destiné à l’être avant d’être né pour le devenir ?

il sourit
tes paroles ont cette magie douce et raffinée qui, à la manière d’un baume, apaisent et mettent en confiance ; ses doutes quant à ta propension à la guerre n’ont plus lieu d’être je vois il te voit, vorpaline - innocente parmi les querelles, juste parmi les belliqueux je suppose que ma vision est quelque part égoïste et confortable ses mains qu’il joint, chiffonnent je condamne la violence mais, contrairement à vous qui choisissez de la braver, je ne fais rien un constat qui lui arrache quelques sueurs sourdes au moral

camael, toujours prompt à sermonner, toujours prompt à condamner, toujours prompt à juger
qui défend t-il ainsi ? si ce n’est sa fuite ?

il aime aimer, oui
mais il n’ose pas se battre pour ce qu’il aime, prétextant que s’il faut jouer des armes pour obtenir la paix, alors cette paix n’est pas bonne, n’est pas valable ; foutaises !
camael, lâche

le jabberwocky et vous-même partagez un sort bien cruel car vous n’avez pas choisi ce dernier - on vous a ôté le fondement même de l’humanité… le libre-arbitre observe la lunette de son appareil photo refléter les cimes d’arbres - pensif vous êtes aussi pure qu’il est condamné à ne pas l’être… ce monde a des ironies démentes

et lorsque tu dis que personne ne veut t’apprendre à être ce que tu es déjà, il ne peut retenir un léger rire avant que les infimes éclats de peine et d’absence au noir de tes iris ne lui intiment un soupire muet vous êtes humaine, vous êtes l’humaine la plus humaine des humaines que j’ai pu rencontrer jusqu’à présent la malice sur le palais, vérité vraie le simple fait de souhaiter l’être indique que vous l’êtes !

il te tend son appareil photo votre existence ne peut se résumer qu’à une fonction… manipule non sans précautions tes mains afin de leur indiquer comment convenablement le tenir vous pouvez êtes l’épée qui défend, autant que vous êtes l’humaine qui rit, qui pleure, qui peste, qui se questionne, qui doute, qui aime ! t’invite à prendre comme modèle un enfant qui court après son chien au loin dans une allée et clic ! mais s’il vous faut quelques conseils en matière d’humaineries banales… le sourire qui s’étire, la tendresse aux joues permettez que je devienne votre humble serviteur le polaroid qui s’imprime - la minute de battement, les couleurs qui apparaissent ; joli cliché qu'il pose sur tes cuisses voyez, être humain n’est pas compliqué l’humanité est dans les petits riens et petites choses...

l'humanité est dans l’enfant joyeux et son chien, dans la vieille qui rouspète après son mari qui traîne le pied, dans la félicité de savourer une glace par ces chaudes chaleurs, dans la conversation que deux singuliers inconnus échangent sur un banc à l’ombre des chênes…

▬ musique

tes doigts froids sur l’une de ses joues lui font l’effet d’un réveil matinal au sortir des songes, au sortir des brumes et au sortir de son retranchement ; il veut t’entendre et t’écouter plus qu’il ne le fait déjà ; déplore presque l’ironie de souhaiter t’enregistrer sur un magnétophone pour mieux te réécouter plus tard, tous les plus tard qui l’enfermeraient dans ses humeurs grises ; à chaque fois qu’il douterait de sa propre bravoure, à chaque fois qu’il nierait sa condescendance vis à vis de la guerre et de ceux qui, comme toi - la font non pas par amour de celle-ci, mais par amour de le la paix.

il y’a des milliers d’années de sagesse dans ce que tu lui dis, dans la douceur de tes traits, dans la rondeur de ta voix - en as-tu seulement conscience ? d’être plus sage et éveillée à la nature humaine que les deux tiers des humains de ce monde ? d’être plus sensible et consciente au pourquoi et au comment de l’être humain que les deux tiers des humains de son monde ?

il sourit,
essuie d’un revers de doigt timide la larme qui roule le long de ta pommette

je me prénomme camael, et je suis terriblement enchanté de vous avoir rencontré, vorpaline

son sourire s’étire,
plein des mystères de ses pensées et de la quiétude curieuse que tu lui as offert
le sais-tu ? il n’a jamais put jouir des bienfaits de son don, il n’a jamais pu épancher ses idées noires, ses chagrins, ses colères… en quelques minutes à peine, et par ta franchise, tu viens de lui faire goûter à sa propre magie

la mort est ce qui motive à vivre la plupart des humains, il est vrai, mais pas que

il y’a tant de raisons qui peuvent intimer la vie, la poursuite de demain…
tant de raisons qui peuvent faire de la mort une fatalité transparente, muette, insignifiante…

un arbre ne bourgeonnera jamais de la même manière, un édifice n’aura peut-être pas toujours la même devanture, le ciel n’est jamais le même, les rivières ne coulent jamais de la même manière…

il cherche ses mots
il veut que tu comprennes, que tu entendes son besoin singulier de te faire du bien, de te convaincre : n’imite pas, ne copie pas, tu es déjà ! tu es ! tu es ! tu vis !

l’éternité n’est jamais qu’une heure lointaine. le monde change en attendant, il ne l'attend pas. il aura toujours des merveilles à vous faire découvrir. il aura toujours des enfants à vous faire aimer, à vous faire craindre, à vous faire vous questionner, à vous faire vous répondre. dans deux jours, peut-être découvrirez-vous un livre que jamais encore vous n'avez vu lu. dans mille ans, peut-être aurez-vous un fou rire avec un inconnu rencontré au détour d’une ruelle. je sais combien… non, je ne sais pas. je ne peux pas savoir combien l’éternité est pesante, combien voir, voir, voir et encore voir des personnes vieillir, mourir, peut être affligeant, peut être cruel… mais quitte à vivre, vivez ! vivez comme vous l’entendez. vivez comme il vous plaît. vivez pour ce que votre monde ne vous a pas encore offert. vivez pour goûter tous les parfums de glace. vivez pour trouver un chemin que vous n’avez pas encore prit. vivez pour compter toutes les formes de sourire et de grimaces, vivez pour comprendre qu’il y’en a autant qu’il y'a de visages pour les porter. vivez pour vous aimer. vivez pour aimer ceux et celles qui vous aime. vivez !

il rit
emporté dans ses élans grandiloquents mais -
oh, vorpaline… tu lui fais tellement de bien !

ses yeux se plissent, son nez se fronce ; son souffle peu à peu reprend ses droits, à la manière du vent qui bruisse dans les feuillages qui vous ombrent.

vous avez été créé pour nous défendre, soit. mais ne faites pas que nous défendre nous. défendez-vous également. défendez vos envies, vos droits, vos rêves - osez ! osez rêver. osez désirer. vous n’avez rien d’une imitatrice. bon dieu !

oh sacrilège
(tant pis)

l’hilarité et la tendresse de cet instant valent bien dieu - tous les dieux

vous êtes une femme remarquable

une femme, vorpaline
et ton langage est aussi unique que
ta peur de ne pas être suffisamment humaine est commune
et c’est ce qui te rend plus humaine encore

▬ musique

tu es si belle, si belle, si terriblement belle qu’il aimerait te coucher sur un papier que tu prennes la forme d’un poème, d’une ode à la vie et à la lumière, te coucher sur une toile que tu prennes les teintes d’un paysage fantasmagorique, d’une divinité sans nom ni âge que les secrets d’une infinie splendeur

il aurait dû rougir, de te dévisager de la sorte,
mais il n’en fait rien, car il n y a pas de honte à contempler, à complimenter, à aimer…
alors faute de rougeurs, ses joues se parent d’une malice poussée par les virgules soleil de son sourire

le voilà enfant amusé, vieillard rajeunissant, homme éperdu
il se redresse, époussette ses jambes des quelques fleurs de tilleul qui s’y sont échouées
séant face à toi, il se défait de son appareil photo,
le dépose entre tes mains

je vous aimes aussi, vorpaline recule d’un pas
le nez en l’air et l’air ailleurs cet appareil photo, je vous l’offre et le sourire soleil étire ses rayons, étire le rire tapis sous la douceur de son palais

soyez exactement qui vous souhaitez être, et si votre être doit changer comme on change les linges d’un lit ou comme les saisons se succèdent, n’ayez pas peur. être n’est jamais linéaire. être, c’est une constante ré-interprétation de soi !

le rire éclate,
léger, doux et sonore

ses doigts se perdent timidement sur le bout de ton nez
avant de glisser sur les hauteurs dociles de tes pommettes
c’est une caresse qui se veut promesse

que vos pas se croiseront encore, et encore, et encore

car, on oublie jamais un partage aussi riche et tendre que celui qui fut vôtre
et il a hâte ! ô si hâte ! si hâte de voir, vorpaline, qui tu seras demain
qui tu seras dans dix mois, qui tu seras dans cent ans

je ne doute pas que vous vivez et allez vivre plus consciemment encore votre vie ! il recule,

un soupire succinct qui s’échoue dans le vide
dire au revoir n’est pas ce qu’il préfère, quoiqu’il concède à cette formule le luxe de cacher un million de bonjours

je dois retourner aux banalités de ma fonction… or, permettez que j’emporte un peu de vous avec moi. votre souvenir, vos mots ! ainsi, lorsque nous nous reverrons, je vous aimerais plus encore car vous compléterez ce que j’ai de vous, et ce que garderez de moi facétie fraîche,

ses pas l’éloignent

vous me montrerez les photos que vous
aurez faites, oui ?

l’écho du brouhaha urbain semble lui parvenir
la bulle n’éclate pas, elle fond comme neige au soleil

à bientôt, vorpaline

le coeur est léger
léger comme le coton qui se prend pour des nuages et les nuages qui se prennent pour des mouchoirs

qu’y a t-il de plus beau qu’une rencontre ?