Combien de temps que tu es là ?
T'as la haine Meliodas, le coeur brisé, l'honneur souillé. Seule la volonté d'en découdre subsiste et malgré les chaines et la bouillie dégueulasse qu'ils osent appeler repas, t'as gardé la tête haute. T'espères que Lucy et Aimé vont vite comprendre et rappliquer pour te sortir de là parce que tu commences sérieusement à puer le moisi.

Les jours sont longs quand on s'ennuie. T'es tellement rien à leurs yeux que t'es le dernier en liste pour la torture. A croire que chaque garde qui passe devant ta cellule veut juste se foutre de ta gueule en riant grassement. Faut dire que c'est mérité, le nombre de fois ou tu leurs a ri au nez - à ces ploucs.

Privé de liberté, c'est la déprime. Tête baissée cheveux sales, t'avais presque perdu espoir quand un garde trop malin avait ranimé la flamme. A rentrer dans la cellule pour te filer la purée habituelle, à se moquer de toi, à te narguer il se rapproche...
Tire sur les chaines pour lui voler son arme, cambres le dos et tires sur les muscles pour venir lui coller l'arme sous la gorge. Tu sais pas ce que tu fais Meliodas mais c'est le jeu. Un autre garde passe et tu cris.

— « Approche et je lui tranche la gorge ! »

Qui y croit ?
Lui apparement, parce qu'il bouge pas.

— « Appelle le chasseur. APPELLE LE OU JE TE JURE QUE JE LE TUE MAINTENANT ! »

Haut gradé peut-être dans le corps de l'armée le Boug que t'as pris en otage mais on se presse d'aller le chercher. Et qu'il se dépêche ce fumiste, car t'as déjà des fourmis dans les jambes.
Actives ton pouvoir, tu sais qu'il se trouve à l'étage. Descends descends.

Le garde tremble un peu, n'ose pas bouger et sous tes doigts loin d'être meurtriers il en vient presque à geindre. Tu raffermis ta prise pour ne pas flancher, attends que le grand chasseur descende de sa tour d'ivoire pour le fusiller du regard. Plaque la lame et la presse contre la peau pour paraitre davantage menaçant.

Tes yeux s'écarquillent quand enfin il apparait dans ton champ de vision, ayant suivi sa position et son déplacement de son bureau jusqu'ici.
Tout de même soulagé de le voir - ce n'est pas une feinte ce n'est pas un piège.

— « Chasseur. »

Que tu réponds en écho à son salut, toujours plus con.
C'est bien comme ça que tout le monde l'appelle n'est-ce pas ?
Tu fronces les sourcils, n'obéis pas. T'es pas aussi bête qu'ils le pensent tous... ou peut-être que si. Mais en tout cas, l'otage est ton seul moyen de négocier.

— « Tu rigoles ou quoi ? Au moment ou je le laisse partir, tu en profites pour remonter et me laisser là. C'est mort. »

Tu te racles la gorge, le boug gesticule et t'as du mal à le retenir.
A croire qu'il sent d'ici que t'as aucune pulsion meurtrière dans les veines, t'es juste désespéré de rester là à rien faire. A te laisser mourir.

— « Je veux parlementer. Des termes. De ma libération. Et suivant... ce que tu décides, alors il aura la vie sauve. »

Désespéré à ce point...
C'est vrai que ça te ressemble pas Meliodas, mais la captivité te rend fou et l'absence de liberté aussi. T'es pas fait pour vivre dans ces conditions. Tu perds du poids, tu te tiens pas en forme et ta beauté naturelle s'amenuise aussi. Le souffle irrégulier, tu fronces les sourcils quand il te demande de le tuer. Désemparé.

— « Quoi...? Vous en avez à ce point rien à foutre de vos hommes ? »

Tu baisses les yeux, hésites quelques secondes à lui trancher la gorge pour lui prouver quelque chose - peut-être à toi aussi. Mais non, rien à faire. T'y arrives pas.
Tu lâches l'arme et laisse partir le garde, qui s'empresse de ramasser son épée et de te foutre son poing dans la gueule.

Tu secoues la tête et articules ta mâchoire pour la remettre en place. Tu le foudroies du regard sous la menace et tires sur les chaines, provocant.

— « Tu sais quoi ? Vas-y. Je m'emmerde ici, alors fais-moi voir du monde au moins. Je suis sûr que ton ami le valet n'est pas très occupé. »

Bluff, parce que t'as aucune envie de clamser Meliodas.
Mais peut-être que par magie une exécution publique pourrait attirer tes fidèles compagnons. Ou provoquer un miracle. Le dicton ici c'est "à tête coupée, porte chance les dimanches."

— « Pourquoi tout le monde est agité en ce moment ? »

Tu soutiens son regard (glacial) l'air aussi hargneux qu'un petit chien enragé. A force de tirer sur tes chaines, tu vas finir par t'arracher les bras.
Alors tu te calmes, analyses la situation. Pour l'instant, il est là.
Dans cinq minutes, il repart en haut. Tu dois l'occuper le plus longtemps possible, lui faire tenir la discussion autant que tu le peux possible afin d'en gagner (du temps) et ansi peut-être réfléchir à une idée de génie qui pourrait te sortir de là.

Le problème c'est que t'en as aucune - la prise d'otage était ton seul atout.
Tu étires un petit sourire. Le genre de sourire du mec qui a confiance en lui et au destin, ce genre de merde auquel y'a que les naifs qui pourraient croire.
Tu penses immédiatement à Marion, et ça serait l'insulter de penser ça alors tu t'excuses dans ta tête.

— « Ah oui. Le traité de paix, tout ça tout ça. Dites.. vous avez l'air de connaitre la Reine, elle pourrait pas en profiter pour faire un bon exemple et montrer à son peuple qu'elle n'est que paix et amour... en me... graciant par exemple ? »

Sourire un peu triste alors que tu tentes de garder la face.

— « Ou je vais vraiment mourir pour quelques objets volés dont personne ne se servait jamais ? »

Doutes qui s'installent progressivement à mesure que le Chasseur te rappelle le froide vérité. Tu n'as pas spécialement peur de disparaitre, c'est la perspective de ne pas avoir accompli assez de choses qui te terrifie.
La peur d'être oublié, oubliable. L'indifférence cruelle et froide du chasseur t'arrache un rire cynique. Tu sais que dans la vie, des événements viennent toujours s'occuper de types comme ça tot ou tard.

— « Je vois. »

Tu baisses la tete, te pinces la lèvre et laisses échapper un râle d'agacement. Tu fais claquer ta langue sur ton palais et abandonnes toute résistance.
Qu'elle soit mental, ou physique. De toute façon, ton corps ne va pas tarder à te lâcher. On remercie la musculature dessinée qui permet de rester cool en toute circonstance.

— « Bon bah tirez-vous, alors. Vous ne m'êtes d'aucune utilité et j'aurai du m'en douter. Merci quand même de m'avoir diverti pendant dix minutes. Si vous pouvez leur dire de me torturer plus souvent ça serait sympa. Je me fais drôlement chier et j'ai l'impression de devenir fou. »