Discrète silhouette se déplaçant dans les ombres du château, désireux de ne pas se faire repérer, Perceval encore une fois fuit ce qu'il n'aime pas
Perceval brise légère et discrète laisse ses pas le guider vers un endroit qu'il connaît bien, vers un endroit que bien peu de gens ose troubler en raison de son irrascible propriétaire ─ dit-on avec mépris et crainte dans la voix, mais lui n'a que faire de ces idioties et de ce qu'on devrait ressentir
(non, lui ressent, simplement)
Arrivé devant la porte, deux bouteilles d'alcool à la main, sans vraiment s'annoncer, Perceval ouvre brusquement

Sal... ut ?

Coups d’œils intrigués pour ne découvrir personne dans la pièce, si ce n'est le silence et le désordre habituel hantant les lieux ─ où pouvais-tu donc être parti ?

Balth ? t'appelle-t-il, comme si cela allait mystérieusement te faire surgir de nul part

Et le silence encore lui répond et c'est par un haussement d'épaule qu'il répond à l'absence de son ; Perceval s'avance sans crainte, prend ses aises, pose ses bouteilles par terre et s'allonge sur le lit, grimaçant lorsque le meuble gémit
(peut-être devrais-tu songer à vite changer de lit avant que celui-ci ne tombe en lambeaux)

Son regard encore balaye ce qui te sert de chambre, finissant par tomber sur quelques objets singuliers
Risette amusée qui se dessine sur les lèvres, Perceval attrape le jouet qui traînait là

Eeeh, je savais pas qu'il avait ça, lui.

Amusé, le voilà qui observe le jouet sous toutes les coutures, sans nullement prêter attention à l'extérieur.

Examine le jouet avec grande attention, Perceval, lui faisant adopter toutes les poses possibles, espièglerie dans le regard, et ne peut s'empêcher de se demander quand avais-tu eu ce drôle d'objet, incongru au vu du tempérament qu'il te connaissais ─ peut-être que, quelque part, pensait-il avec amusement, tu n'étais pas complètement sorti de l'enfance ? Il y avait un incongru décalage fascinant entre l'objet et son propriétaire

S'il ne fait pas vraiment attention au grognement d'abord, trop absorbé par sa contemplation, c'est le grondement qui le fait sursauter, se redresser brusquement pour tomber nez à nez avec une bête ─ énorme, et fort mécontente

AH

Ne s'attendait pas, Perceval, à voir surgir de nul part un tel monstre, dans l'antre de son ami qui plus est ─ mais il ne sait pas, Perceval, que tu te caches sous la bête terrifiante qui lui fait face
pense, Perceval, que tu reviendras bien assez vite pour chasser l'animal qui s'était introduit chez toi
en attendant il devait la repousser, cette bête qui osait troubler son attente et la tranquillité relative des lieux ─ espère aussi que tu reviendras vite, Balthazar, pour la chasser

ARRIÈRE, SUPPÔT DE SATAN

Menace la bête, Perceval
dans la précipitation et la panique, ce n'est pas avec une arme qu'il te menace mais
avec le jouet

La bête encore devant lui, immense terrifiante, claque ses griffes au sol en un geste mécontent et Perceval déglutit ─ ah, quelle épreuve lui donnait-on donc ? Était-ce une punition pour ses péchés (mais lesquels ?) ? Ou une simple farce du divin qui semblait s'ennuyer en ce jour ?

Son sang ne fait qu'un tour lorsque la bête se mit à parler, à articuler difficilement ─ et ces crocs immenses prêt à le broyer ah ! dans quel pétrin s'était donc fourré Perceval ?
mais soudain réalise, Perceval ; que dans ses mains point d'arme mais un frêle jouet entre ses doigts, qu'il tenait en joue le monstre avec ─ se rembrunit, Perceval, quelque peu honteux de ce geste
(ah heureusement que personne n'était là pour le voir
pense-t-il naïvement)
alors un peu brusquement pose le jouet sur le lit, le lâchant presque, avant de se reculer un peu plus contre le mur ─ ah, que faire, quand on était ainsi acculé ? main sur la garde de son épée, prêt à dégainer malgré sa position peu avantageuse

N... N'approche pas, démon !

Il ne peut peut-être pas encore sortir, mais il peut au moins essayer de repousser l'animal
(pour gagner un peu de temps)

La bête ne bouge pas, non, semblant peu intimidée par la menace implicite ─ pour peu qu'elle ai déjà eu du poids
secondes interminables, dans lequel le sort de Perceval semble bien incertain ─ va-t-il mourir ici ou dans un caprice soudain va-t-il rester miraculeusement en vie ? S'agite la bête sous les yeux de Perceval, qui commence à sortir l'arme de son fourreau ─ observe le moindre geste, sous tension ; se prépare à toute éventualité, muscles tendus
l'instant est éternité presque agonie face à l'indécision de l'animal ─ que fait-il, au juste ?

Quand sous ses yeux se résorbent poils, griffes et crocs pour laisser place à une silhouette bien connue, une silhouette qu'il reconnaît entre mille
te dévisage, Perceval, entre surprise et incompréhension, les sons refusant de sortir de sa gorge
ce sont tes paroles moqueuses qui le sortent de sa stupeur

B... Balth...?

Abasourdi, Perceval, par ce qu'il vient de voir ─ quand ? comment ? il n'avait pas souvenir d'un tel pouvoir t'habitant, que tu pouvais devenir bête à ton bon vouloir

Depuis quand tu...?

S'arrête, Perceval, quand il se rend compte alors que
la bête c'était toi depuis le début
se rembrunit, Perceval, lorsqu'il se rend compte de tout ça
(ne sait pas s'il est soulagé ou s'il a honte)
range son arme, quelque part rassuré qu'il ne s'agisse que de toi et pas d'une réelle bête, avant de soupirer et de s'affaler contre le mur

Aaaaah, je suis soulagé que ce n'était pas une vraie bête à l'instant petite pause puis eh, tu serais venu me sauver, j'espère ?

sourire mutin sur le visage, espièglerie au regard, comme s'il attendait une réponse particulière ─ ou peut-être est-il simplement curieux de ta réponse, s'amusant d'avance quelle qu'elle soit

T'observe du regard, Perceval, pendant que tu déambules nu dans ta demeure ─ sourire en coin qui orne son visage pendant qu'il t'observe sans gêne aucune

Joli p'tit cul

Léger rire, Perceval, qui s'évanouit au profit d'un rougissement presque honteux lorsque tu sous-entends cette fameuse nuit ─ souvenirs aux relents d'alcool en oxymore vacillant entre flou et net, c'est qu'on ne savait pas si on la regrettait ou non, cette fameuse soirée où tout avait dérapé sans qu'on ne puisse vraiment expliquer comment
mais bien vite c'est un petit sourire en coin qui vient se peindre sur ses lèvres, empreint de malice

Vraiment ?

Moue contrariée qu'affiche Perceval à ta réflexion, détournant le regard quand tu lui rappelle cet instant de panique ou le jouet avait un temps servi de talisman
(d'arme même)
Oui, on était encore vivant malgré le corps brisé aux mille cicatrices, malgré les tempêtes et les sermons ; on ne savait même pas comment on était encore en vie à ce jour, dans ce royaume où l'insolence et la liberté sont péchés capitaux

Quand même, Balth, si je meurs, y'aura plus personne pour venir prendre un coup chez toi, tu pourrais faire un effort ! Oh, d'ailleurs...

Il attrape les bouteilles non loin et t'en tends une, grand sourire aux lèvres, comme si toutes les déconvenues précédentes étaient oubliées

... Je suis pas venu les mains vides, comme d'habitude