Tu ne supportes pas son accusation. C'est honteux parce que c'est faux. Il sait que c'est faux ! Tu n'as pas peur de lui, c'est mort, impossible.
Tu n'as pas peur d'Alec Grey, le chien des enfers - car c'est toi qui en a la garde. Il ne protège que l'entrée de ton royaume, et un Dieu ne s'agenouille pas même face à trois terres enragées.

— « Tais-toi. Personne n'a envie d'écouter tes inepties. »

Le pas de trop, quand tu t'approches pour lui asséner un nouveau coup, il vient saisir le tien (de cou) et tu serres les dents pour encaisser la brutalité du choc. Ton dos épouse les barreaux de la cage, alors qu'il comprime ta cage thoracique de ses bras. Lèche ta main et tu te débats. Lui donnes des coups de bâton comme tu peux, pour l'obliger à te lâcher.

— « Ça suffit ! Lâche-moi ! Obéis ! »

La pression te monte à la tête et la tension te prend à la gorge. Sa langue (encore et encore le même schéma qui se répète) ; à croire qu'il ne sait faire que ça !
Tu geins, peinant à exprimer ta colère.

— « Obéis sinon... »

Tu plies le genou pour lui enfoncer violemment au niveau du torse, dégage une main pour choper la chaine reliée à son collier et tirer brusquement et d'un coup sec vers le bas.
L'étrangler succinctement afin de bloquer sa respiration un instant.
Lui imposes la trajectoire entre tes jambes.

— « Ne me provoque pas davantage ou je te jure que tu vas le regretter ! »

Non.
Tu n'acceptes pas le refus, ne tolères pas la frustration alors que tu encaisses encore moins l'absence de peur et de crainte dans le fond de son regard.
La violence n'est plus dissuasive, Alec est un fauve qui refuse totalement de se soumettre. Tu bats des cils, les paupières mi-closes alors que tu le toises avec froideur. La voix éteinte.

— « Allons bon. Des états d'âme. »

A sa question insolente, un sourire mesquin s'étire et tu tires de nouveau sur la chaine, cette fois pour l'attirer à toi. Suffisamment pour que vos lèvres se frôlent et tu viens lécher ses lèvres avant d'y soupirer.

— « Te détruire. Détruire ta vie. T'acheter pour que tu m'appartiennes pour l'éternité. »

Ça semble romantique mais ça ne l'est pas.
Je croyais que je ne t'intéressais plus.

Tu fermes les yeux, Aslan.

— « J'ai menti. »

Te délectes de sa peine et de sa rage.

— « Est-ce que ça t'a blessé ? »

Parce que si c'est le cas, c'est ce que ça a eu l'effet escompté. Qu'est-ce qui ne va pas bien chez toi Aslan, hormis absolument tout ?

— « Si tu me détestes c'est que tu m'aimes. »

A notre manière tordue.

Il n'est pas à vendre qu'il dit, et tu baisses les yeux d'un air presque attristé. Est-ce qu'il sait pourquoi tu es un aussi bon menteur ? C'est aussi parce que t'es un excellent acteur. Même si tu ressens pas les émotions comme tous le monde, tu connais leur impact sur les autres, tu sais comment être pour provoquer telle ou telle réaction - quoi dire pour les maudire, quoi faire pour les détruire.

— « C'est bien dommage. »

Soupire langoureux alors qu'il ne cesse de te répéter qu'il te hait, qu'il te déteste. Tu ne le crois même plus - pas après tout ça, pas après cette fois ; où vos corps se sont retrouvés. Ils se manquent mutuellement, tu le sais tu le sens.

— « Parce que tu ressens quelque chose pour moi, c'est évident, non ? Sinon tu serais pas venu alors que tu savais parfaitement que je voulais te piéger, tu serais pas à moitié sur moi alors que tu m'as menacé tout à l'heure. T'es dans la retenu car t'oses pas m'abimer. »

Tu passes ta langue sur ta lèvre, le prend de haut d'un haussement de sourcil hautain. Rictus satisfait toujours en coin. Tu te sens bien Aslan - cette situation tu la contrôles.
Parler de ses sentiments à lui ça te permet d'oublier les tiens.

— « Oh. »

Tu viens saisir son menton, frissonnant à sa poigne dans tes cheveux, à ses ongles dans ta peau. Tu te rapproches, presses ton corps comme tu peux contre le sien. Epouses parfaitement son torse du tien.

— « Il ne faut jamais dire jamais, surtout face à l'éternité. »

Murmure secret.

— « Je finirai par gagner tu sais. »

Tu le repousses et sors de la cage, profitant du contact pour t'extirper. Tu viens attraper les chaines pour attacher solidement ses bras de chaque côté.

— « Parce que je gagne toujours à la fin. »

Tu tapes dans tes mains pour attirer son attention.

— « Nouvelle leçon ! Mon chien doit avouer ses sentiments s'il veut pouvoir sortir d'ici. ça serait dommage que je te laisse moisir dans ton urine pendant le reste de la semaine... sans manger. »

Qu'est-ce que ça peut vouloir dire de tes sentiments à toi ?
Oh non.
Oh non non non.
Pourquoi est-ce qu'il retourne la situation, pourquoi il te parle de ce que tu ressens si ce n'est pour éviter d'assumer ses propres émotions ? Tu grimaces Aslan, alors que tu t'empourpres. Tu sais pas si t'as chaud de lui ou terriblement envie de lui casser la gueule. Cependant, une chose est certaine, il ne te laisse pas indifférent. Est-ce suffisamment intense pour parler de sentiments ? Tu es obsessionnel, possessif, mais pas a m o u r e u x.
Tu ne saurais même pas définir ce terme (alors que ça serait juste ce que tu ressens quand tu vois Alec).

— « On... Bien tenté mais. On parle pas de moi là. »

Son insolence n'est plus à prouver et son insoumission brave t'arrache des pics d'excitation que tu as du mal à cacher. Si le chien refuse de se coucher, alors la chienne frétillante devrait aller voir ailleurs.
L'abandonner dans sa niche pour revenir plus tard - à un moment ou il sera peut-être d'avantage docile.

— « Ce que je vais faire ? Ce n'est pas mon problème. »

La pensée t'arrache un haut-le-coeur, que tu étouffes, la bouche dans ton coude.
En effet, c'est un problème que tu constates maintenant. Inspires. Expires. Il a raison, merde.

Tu étires un sourire que tu veux crédible malgré les quelques tremblements dans ta voix.

— « Alors tu ferais mieux de céder maintenant pour éviter que ça devienne dégueulasse. Avoue tes sentiments ! Pourquoi nier ? Pourquoi résister encore ? »

Vu qu'il est attaché tu te permets de retourner près de lui, assis en tailleur juste devant sa carrure. Tu passes tes doigts amoureusement sur ton torse. Viens déposer un baiser doux dans le creux de son cou. Son parfum te rend fou.

Aaaah.

— « C'est ta frétillante chienne qui te le demande... »

Comment ça, pourquoi tu veux savoir ?
Tu veux savoir car ça te rend fou, Aslan ! Ça te rend malade d'imaginer, de fantasmer quand la vérité est au bout de ses lèvres. Il a juste à les ouvrir et à te cracher ce que tu attends.
Comme d'habitude, Alec devine et jubile de l'ascendant qu'il a sur toi quand il te résiste, quand il refuse de se plier quand tu as pourtant toutes les pièces pour remporter la partie.

— « Tu ne me laisseras donc jamais gagner hein... même quand t'es à deux doigts de crever dans ta propre merde. Tu sais que j'en suis capable, alors ! Alors pourquoi ?! »

Pourquoi est-ce qu'il ne baisse pas les yeux, pourquoi est-ce qu'il ne ploie pas les genoux ? Même trainé dans la boue, Alec reste fier - même bafouillé, souillé, attaché, Alec n'est jamais complètement humilié. Ça t'enrage de frustration Aslan, quand il se permet en plus d'émoustiller tes sens, de dresser ta démence.

— « Ne m'appelle pas ainsi. Je le fais uniquement pour me moquer de toi. »

Ma chienne qu'il grogne comme un animal. Tu le toises, reculant ton visage de quelques centimètres pour le gratifier de ton regard mortellement assassin.

— « Tss. Dégoutant. »

Et pourtant si enivrant quand il t'accorde presque ce que tu attends. C'est peu et pourtant incroyablement satisfaisant. Mais pas assez, et tout aussi frustrant.
Tu cognes la cage d'un coup de poing, pètes les plombs. Tu craques Aslan, étouffes un râle plaintif et affiches derechef un air placide.

— « Cesse donc de me provoquer ! Tu sais que je ne veux pas m'en contenter. »

Et il sait que tu sais
Tu sais qu'il sait - ce qu'il te reste à faire pour l'obtenir.
Mais tu t'y refuses. Tu n'es pas un chien, tu ne quémandes pas à manger. Qui est dans la cage, qui a été réduit à un état d'animal ?

Tu saisis son visage prisonnier du collier, enfonces tes doigts dans ses pommettes. Le secoues comme un prunier.

— « DIS LE ! DIS QUI A GAGNÉ ! »

Dis que j'ai gagné.

— « Sois à moi... Rien qu'à moi. Je les tuerai tous, tu m'appartiens. »

Dis que j'ai gagné, par pitié.

Il ne le dit pas.
Il ne dit pas qui a gagné et pourtant c'est toi, merde !
Tu te sens prisonnier dans le corps d'un adolescent capricieux, à qui on refuse de céder. Et pourtant tu le veux, tu veux son abnégation toute entière, tu cherches à te rassurer en un sens. Tu n'es pas le seul fou dans cette chambre - il y a un truc entre vous n'est-ce pas ? Une obsession lancinante qui n'a de cesse de vous grignoter le ventre, les tripes et l'esprit abusé.

A s l a n.
Sa voix te calme et tu obéis instinctivement, répondant d'une voix rauque et écorchée.

— « Alec. »

Et en réponse à son grondement sonore, tu t'accroches à lui pour ne pas glisser totalement sur le sol. Tu t'aplatis contre lui, les ongles bien enfoncé dans le tissu de sa chemise ouverte. Tu réquisitionnes son col et le forces donc malgré toi à pencher la tête vers l'avant, à tirer sur le collier relié à la cage. Tu lui fais mal - même quand tu veux lui faire du bien. Aaah quelle ironie.

— « Que je sois tien ? »

Ça brule dans ta gorge, et tu mourrais de l'avouer à voix haute mais cette possessivité te plait. Elle te rend vivant, tangible. Tu existes aussi fort aux yeux de quelqu'un que tu désires de la même intensité. Tu as compris qu'il ne cédera que si tu cèdes le premier. Tu gagneras ainsi - mais plus tard, quand lui sera rassasié. Tu lui offres cette pseudo victoire s'il le souhaite, il reste enchainé à tes pieds.

— « Je serais tien. Pour toujours. »

Tu lèves les yeux, grimpes jusqu'à ses lèvres. Tu passes tes bras sous ses aisselles et remontes tes mains pour agripper ses épaules par derrière. Tu l'enlaces, dans une étreinte aussi malsaine qu'amoureuse, aussi mortelle que doucereuse.

— « Maintenant donne moi tout de toi. Donne et prend. »

Prend,
moi.
Prend-moi tout.

Cruel comme toujours (autant pour toi que pour lui) alors que tu te retournes pour qu'il t'admire de dos seulement, prisonnier de ses liens qui l'empêchent de bouger. Colles tes fesses à son bassin comme si tu voulais t'asseoir sur lui. Les courbes de la chair épousent parfaitement la ligne définie de son corps étiré.

— « Et bien ? Prend donc ce que tu veux. »

Moqueur.

Tu as gagné
Il l'a dit, il l'a admis à voix haute. Tu frissonnes et exultes de cette victoire. Elle n'est pas prématurée, car la bataille fut longue et rudement menée.
Assis sur son bassin, tu appuies le creux de reins contre son intimité, la sent mourir sous le poids, gonfler sous tes lois. Son corps à l'agonie te ravit d'autan plus que le tien hurle pour ne pas mourir.

Le souvenir fantôme de ses lèvres te hante et te manque déjà. Mais qu'il est bon de le torturer, qu'il est bon d'avoir le contrôle quand tu sais pertinemment qu'il n'attend que ça - de recouvrer le sien au préalable arraché.
Dieu sait ce qu'il te fera quand il aura de nouveau sa liberté.

Tu hésites d'ailleurs pour ça à le détacher, craignant les conséquences qu'il n'a eu de cesse de menacer depuis que tu lui as passé le collier. Aussi, le chien est craquant avec une laisse. Tu fermes les yeux, ondules lentement le bas de ton dos pour le frotter à son bassin avant de te laisser tomber vers l'avant, les deux mains sur la moquette et à genoux. Tu souffles du nez.

— « D'accord. »

Naïf mais surtout avide, tu te laisses hypnotiser par ses soupires d'aise et par le cliquetis des chaines. Tu décides finalement de te redresser pour en premier détacher ses mains. Tu glisses tes doigts sur sa machoire pour en dessiner les contours et tu souris.

— « Tu es si mignon à ma merci. »

Tu fronces les sourcils, énonçant la menace.

— « Ne t'avise pas de te jeter sur moi comme une brute. Je t'ai bien éduqué. Gentil. »

Roucoules de suffisance, confiant. Et tu sors la clé de ta poche pour t'affairer au cadenas du collier. Tu le détaches totalement, inspirant bruyamment.