Tu places la rage d'Alec sur sa frustration, née de votre dernière soirée passée ensemble il y a deux semaines. Cette nuit où tu lui as délibérément fait comprendre qu'il n'était désormais plus rien, qu'il ne t'intéressait plus maintenant que tu lui avais tout pris.
Mensonge éhonté, articulé par un déni de sentiments contradictoires. Si tu prends plaisir à le tourmenter, c'est aussi que tu te sens vivre au travers de ses cris et de ses menaces, et que tu mourrais de passion à tomber sous ses coups.

— « Me sentir...? »

Tu répètes toujours en question ce que tu n'es pas sûr de comprendre. Le dire à voix haute rend cela plus réel.
Alec s'accroche à tes cuisses, les tire vers lui pour mieux capturer ta bouche le temps d'un baiser douloureux, car ses dents pincent tes lèvres. Tu geins, confus et perdu quand il ne semble pas lui même certain de ce qu'il veut.

— « Exprime toi correctement. »

Tu viens saisir ses poignets quand il soulève ton haut, pour le repousser. Tu l'allonges sur la moquette et grimpe sur lui, retires toi même ta chemise que tu laisses choir sur le bas côté. La langue s'aventure sur le derme bouillant de son torse déjà nu, alors que tu saisis ses hanches pour le maintenir immobile et t'y accrocher.
Lui assènes une claque sur la cuisse.

— « Hm... Si je te donne les commandes, comptes-tu en abuser ? »

Abuse,
De moi
De nous.

— « Je veux que tu me donnes raison de te punir au centuple demain. »

Il est en feu, aussi fauve qu'animal. Tu te demandes où il cachait son énergie jusque là. La liberté lui sied bien, il ne s'y soumet pas. Il la domine, sa liberté et ça le rend beau à regarder. Tu envies cette facilité qu'il a de pouvoir s'assoir sans honte sur sa pudeur. Il n'est jamais réellement humilié, n'est-ce pas ? Il arrive toujours à en faire sa force et ça t'enrage. Tu jalouses son assurance au même stade qu'elle te reflette la tienne.

Il ne se fait pas prier et prend les commandes. Tu te racles la gorge et le laisses faire, entourant tes bras autour de sa nuque alors qu'il te presse contre les barreaux de la cage dans laquelle tu l'avais enfermé il y a quelques minutes. Sa langue se perd sur ta peau, rend le derme plus brulant qu'il ne l'est. Ton corps se tend en sentant ses doigts le marquer à des endroits honteux, tu rougies. Pourtant, tes paupières sont mi-closes et ton sourire inexistant. Tu restes de marbre, indifférent - la pokerface du contrôle.

— « Alec... t'as pas idée de ce que j'ai envie de te faire. »

Son petit sourire en coin te fait froncer les sourcils. Tout comme sa remarque particulièrement déplacée... Ta poitrine se gonfle d'ego alors que ton coeur y tambourine comme un dingue. Tu tournes la tête, ne voulant pas faire fi de ses provocations indélicates. Tu te redresses comme tu peux, avant qu'il ne... quoi ?

— « Qu'est-ce que... tu fais ?! »

Le clic du cadenas scelle l'humiliation la plus totale. S'il est assez fort pour supporter ça, toi non ! Tu viens choper le collier, y glisses tes doigts en dessous pour l'élargir. Tu pestes, pris de râles bruyants.

— « DETACHE MOI IMMEDIATEMENT ALEC GREY. C'est moi qui paie ici ! C'est à toi d'obéir ! »

Tu te perds dans tes contradictions. T'as la haine dans le regard et le poitrail en feu. Putain, tu vas le tuer. C'est maintenant. Toutes les fois ou tu l'observais dans l'ombre, ou tu rêvais de l'ouvrir en deux avec un couteau de cuisine. Tu aurais du le faire ! Tu l'aurais perdu à jamais mais rien de tout ça ne serait arrivé.

— « C'est terminé, je vais te tuer. Je vais te tuer ! »

Tu te jettes sur lui, les bras en avant pour choper sa gorge et l'étrangler avant d'être arrêté par la chaine.
Inspires. Expires.
Merde.

— « T'es mort, Grey. T'es mort. »

Il ne sait pas ce qu'il attend, sinon il ne jubilerait pas de cette manière. Là qu'il susurre sur le ton de l'humiliation. Tout tes muscles se tendent et pourtant tu te calmes doucement. Inspires, expires. Tu l'observes d'une oeillade sombre se déplacer dans la pièce, s'adosser au mur et te toiser d'un rictus arrogant. Tu lui tordrais bien le cou si le tien n'était pas déjà prisonnier de cette stupide cage. Tu t'emplis d'un regard amer - en vient à haïr ce que tu adorais il y a pourtant quelques minutes. Oh Aslan, t'as vraiment du mal à accepter que tes propres armes peuvent se retourner contre toi.

— « Grave erreur, mon coeur. »

Tu te gorges de puissance quand il te tend le bâton et lentement tu viens l'attraper entre tes doigts. Le serres si fort que ta paume en devient irritée. Il ouvre grand les bras et tu souffles par le nez, la respiration sifflante. Tu ne sais pas ce qu'il attend réellement mais tu vas lui donner - de toute la force dont tu es capable. De toute la haine que tu peux exprimer.
C'est une chance qu'il soit si prêt, une opportunité qu'il soit autant de travers.

L'élan de ton bras créé un arc de cercle et tu viens frapper le bout du bâton contre son visage. Tu jurerai presque lui avoir pété une dent - et elle a volé quelque part sous le lit. Le sang a giclé aussi, est venu tâcher les murs déjà rouges.
Comme une goutte de rien dans un océan de tout.

— « Tu veux à ce point souffrir ?! »

Profitant du choc de l'impact, le bâton fait un mouvement similaire au premier mais cette fois pour faucher ses jambes.
Ainsi le forcer à s'étaler douloureusement sur la moquette. La mâchoire abimée.

— « Alors souffre ! »

Tu te galvanises d'un pouvoir nouveau. Celui de pouvoir le faire chuter même en étant attaché, celui de détrôner ce petit roi fêlé.

Il n'a rien d'humain, ce n'est pas possible. Il est infaillible - complètement fou. Tu l'observes rire à quatre pattes, alors que l'hystérie de tes doigts serre le bâton un peu plus fort. Tu trembles Aslan, trembles d'une frénésie nouvelle. Tu ne veux pas qu'il se relève, tu ne veux pas qu'il gagne. Car cette guerre a toujours été un affrontement mental. Il ne s'agit plus d'hématomes ou d'arc en ciel sur la peau, il s'agit de savoir qui détournera le regard le premier.
Qui rira bien qui rira le dernier.

— « Si c'est que ça, tu me permets que je t'en casse une autre ? »

A sa remarque salace, tu le fixes d'un mélange de dégout et mépris. T'as pas été à cran comme ça depuis trop longtemps. Il joue avec tes nerfs et toi tu tombes en plein dedans.
Tu laisses le bâton glisser au sol (toujours à porter) alors qu'il se place en face de toi.
Te provoque encore et encore - se targue invincible, il est seulement risible.

— « Que je t'aime ? »

Tu siffles entre tes dents, ricanes d'un air sardonique. Qu'est-ce qu'il te chante d'un coup ? Tu ne comprends pas cette mélodie. Tu ne rentres pas dans son jeu car cette fois c'est toi qu'il a perdu (qui la perdu).

— « Je ne sais pas ce que tu veux. Tu es malade, Alec. »

C'est peut-être audacieux de ta part de l'avouer à voix haute. Quelque chose cloche chez toi aussi n'est-ce pas ?
Mais ce n'est pas le même mal qui ronge Alec.
C'est plus enfoui, moins défini.
Inspires. Expires. Tu te calmes, résolu à l'aimer - certes - mais en silence. Tu ne lui accorderas désormais qu'une cruelle indifférence jusqu'à ce qu'il décide lui même de se résigner.

— « Alors, rampe. »

Tu as contrôlé ta colère, tu l'as étouffé. Tu ne céderas pas plus désormais, tu ne lui offriras pas ce qu'il veut. A croire qu'il n'attend que ça... que tu le frappes, que tu le bousilles, que tu l'abimes. Tu as compris Aslan, que tu lui ferais davantage mal en l'ignorant. Tes yeux se ferment, tu attends. Tu attends patiemment qu'il cède, qu'il rampe à tes pieds. Oh, il ne le fera pas... Mais tu n'auras plus rien à offrir.

Tu entends la chaine se décrocher, rouvres les yeux pour observer ce qu'il est en train de faire. Il tire d'un coup sec et tu te jettes presque au sol en t'accrochant au collier pour ne pas t'étrangler. Tu pousses un râle plaintif avant d'atterrir sur le lit. Les draps sont doux, le matelas moelleux... Tu accuses le coup de son corps qui aplanit le tien. Fatigué de jouer... Pourtant la première partie était amusante, quand tu es rentré dans la chambre pour le torturer.
Encore une fois, Alec retourne la situation à son avantage. C'est risible pour toi, frustrant au possible.

Demain...
Oui, demain il paiera...
Tu as toujours de nouvelles idées, toutes aussi maléfiques les unes que les autres. Tu consoles ton esprit, devenu souffre-douleur de ses désirs, en pensant à tout ce que tu lui feras subir après ça. Pour moins culpabiliser de venir chercher sa langue, de gémir sous son bassin.

Il ôte le collier et tu trésailles en l'entendant s'écraser contre le mur. Tu tentes de te redresser sur tes coudes pour reprendre ta respiration. Te crispes entièrement quand les dents d'Alec s'enfoncent au niveau de l'épaule.
Dans un souffle, tu enfonces tes doigts dans sa chevelure, t'y accroches.

— « Tu veux que je crie ton nom hein... »

Insolent même en position de faiblesse. Mais l'es-tu réellement d'ailleurs ?
Tu redresses le menton pour le toiser d'un air hautain et supérieur.

— « Pour ça il faudrait déjà que tu me fasses crier. »

Le regard trahit une étincelle maligne, et brille de concupiscence. Tes doigts s'aventurent au niveau de son pantalon, viennent jouer avec le bouton pour le faire sauter. Ta poitrine est en feu, et ton souffle s'accélère quand la main vient se lover contre le tissu, épouse la forme durcie par le contact.

— « Alec. »

C'est vrai, tu l'as sous-estimé et tu le sous-estimes encore. Une partie de toi refuses de lui concéder ne serait-ce qu'une victoire car tu t'es convaincu que tu gagnais à chaque fois, même quand il prenait le dessus. Tu souffles bruyamment pour témoigner de ta gêne, malgré l'excitation qui pointe toujours de manière flagrante. Alec s'est emparé de tes jambes et le haut de ton corps glisse sur la soie, s'enfonce dans le matelas. Tu t'accroches au drap, qui s'échappe d'entre tes doigts. Frissons qui dominent ta colonne vertébrale quand il t'enlève ton pantalon. Tu geins presque silencieusement, les dents serrées et les joues en feu.

Sa langue vient s'échouer sur le boxer et tu craques, gémis.
Tes yeux s'écarquillent et brulent, tout comme ta gorge qui s'éraille. La sueur perle des cheveux jusqu'au menton, s'écoule sur le lit alors que tu t'échoues vers l'arrière. Tu penses à demain pour ne pas regretter hier, pour ne pas te laisser totalement dominer par aujourd'hui.
Et au mouvement de ses lèvres, tu t'abaisses à ordonner qu'il recommence à nu (supplies, ingénu) ; complètement dépassé par la situation.


Recroquevillé sur le lit, tu mets quelques secondes à te redresser. Tu cherches tes vêtements, honteusement volés, subitement arrachés. Sans un mot, tu remets ton boxer et ton pantalon, enfiles ta chemise (encore essoufflé). Tu peines à la boutonner, les doigts encore tremblants et lubriques. Décoiffé, tu jettes un regard sec et froid en direction d'Alec, confortablement installé dans le lit. Mains derrière la tête, mais pour qui se prend-il ?

— « Je la perçois d'ici, ton arrogance suffisante. Tu es fier de toi, tu n'as pas besoin de me l'imposer. »

Tu devrais être flatté, qu'il affirme avec arrogance. Alec n'a pas perdu de sa superbe, il est toujours aussi mauvais gagnant même après avoir approché la défaite d'aussi prêt. Tu le laisses s'approcher, ne frémis pas quand il te gronde dessus. Tu as compris une leçon essentielle - il n'attend que ça d'être puni, d'être bousculé, malmené. Tu devines qu'il a trouvé la faille pour te retourner, et c'est ce qui t'accule à chaque fois.
Tu réponds sèchement, agacé qu'il en vienne à t'infantiliser lorsqu'il t'aide à t'habiller. Tu lui assènes une tape sur la main pour lui faire lâcher prise.

— « Je vais où je veux. Je suis libre, moi. Et je t'ordonne de rester ici. »

De rester seul, sans personne (d'autre) à satisfaire. Ton regard s'éclaire, malveillant et tu ourles un sourire faussement désabusé à sa mine narquoise.
Les yeux se posent sur le collier et tu frissonnes. Quelle idée de merde t'as eu, encore. Tu lui arraches des mains et le jettes à l'autre bout de la pièce, sans rien dire. Sans expliquer ton geste. Tu lui tournes ensuite le dos, ramassant ton pantalon.

— « Tu as raison. Et quelle meilleure punition que ce qui te frustre le plus, mon cher ? »

Tu enfiles ton bas avant de le boutonner et de rentrer ta chemise à l'intérieur, passant les bretelles de cuir par dessus tes épaules.

— « Tu crèves d'attention, Alec. C'est ton problème. Tu ne supportes pas d'être ignoré ou mis de côté. »

Tu en as déjà trop dit, tu te diriges vers la porte.

— « C'est pour ça que tu es devenu ce que tu es. Une pute qui se donne en spectacle pour avoir la sensation d'exister. Tu ne respires que quand je te regarde. On se revoit après demain, ou encore après demain. Je ne sais pas encore. »

C'est ta punition, de passer tes jours dans le noir, à m'attendre.

Tu sens qu'il change d'attitude, que son teint se blêmit à mesure que son ton s'amplifie. Il perd les pédales, déraille du chemin qu'il tentait jusque là de suivre aveuglément. C'est ce que tu aimes passionnément chez lui - son instinct qui prend le dessus sur sa lucidité, son impulsivité qui domine sa raison. Il se trahit tout seul, tu n'as rien besoin de faire !
Malgré tout, il se débat dans cet océan de pétrole. Putride quand derrière ses traits si parfait, son port altier, grouillent les vers de la décrépitude. Alec Grey est aussi pourri que ne l'est surement son portrait.

— « Bien sûr que tu vas attendre sagement. Parce que tu m'appartiens pour la semaine et que je l'ai décidé. Je te paie à obéir. Alors si pour satisfaire mon plaisir tu dois rester seul et enfermé, ainsi se fera t-il. »

Il vient saisir ta mâchoire quand il te plaque contre la porte et tu secoues le visage pour te dégager - n'y arrives pas alors tu tournes la tête, la penches sur le côté.
L'oeil vicieux toujours à le foudroyer.

— « Je le peux. »

Que tu réponds, sûr de toi.
Quoique un peu troublé par l'intensité de son regard et son odeur encore si aphrodisiaque. Ses doigts chatouillent ta peau et tu souffles délicatement entre tes lèvres pour calmer tes ardeurs.

Tu pourrais t'époumoner inlassablement à rire de lui et de son désespoir mais tu préfères jouir de l'ascendant que tu possèdes encore pour t'abandonner pudiquement à ses bras, mu d'une envie farouche et refoulée de te pendre à ses lèvres, de dévorer sa bouche.
Tu l'embrasses pendant bien de longues secondes ou le silence fut parsemé de soupirs avant de cogner ta tête contre la porte. Soupirant cette fois d'exaspération, tu le toises.

— « Arrête ce caprice ou je vais croire qu'Alec Grey s'est épris de moi pour de bon. »

Tu essuies ta lèvre inférieure du bout du pouce.

— « Tu ne serais pas amoureux de moi par hasard ? Ça serait très problématique pour la suite de nos échanges... »

Ça serait dégoutant, écoeurant.
Ça serait... envoutant, enivrant.
Chaotique et délirant.