Tu es agacé, agacé par sa bêtise ! Bien sûr que non tu ne le laisseras pas mourir de faim. Tu tournes la tête, désabusé et à tes lèvres s'ourle un sourire narquois alors que tu desserres ta cravate mal faite. Tu plisses les yeux et te pinces la lèvre.
Retorques sur un ton suffisant.

— « Me prends-tu pour un barbare Alec ? Tu seras nourris trois fois par jour. Je suis peut-être sévère mais je respecte les droits humains ! »

Tu es aussi charmant et prévenant que ne l'est un prince. Tu tapotes sa joue du bout de la paume comme si tu avais peur de le casser. Une humiliation vite interrompue par le poing qui se loge dans la porte. Tu sursautes légèrement et le jauges du regard - le défies de seulement essayer de viser ton visage. Là peut-être tu songerais à lui couper les vivres, si ça peut lui inculquer un certain savoir-vivre.

Il est un peu confus, et tu l'observes (te délectes de la vue) réprimer sa colère et sa rage. Il se mord la joue, cogne de nouveau dans la porte mais cette fois tu l'as anticipé alors tu ne montres rien.

— « Tu es fatigué, ça te fait faire n'importe quoi. »

Orgueilleux jusqu'au bout des ongles que tu enfonces dans ses flancs, le tenant par le bassin. Tu es décontenancé par ce qu'il te dit mais préfères rester dans ton déni, n'entendant que des vaines provocations.
Mais dans ton esprit ça germe, et l'idée obsessionnelle pousse comme un parasite - obstrue ton libre arbitre.

— « Et toi cesse... d'être aussi bête. Stupide animal. »

Tu le repousses violemment, mains sur le torse. Alors que tu devrais le lâcher, t'éloigner, tes doigts glissent et restent collés sur le derme encore enflammé. Tu te mets sur la pointe des pieds et enroulent tes deux bras autour de sa nuque pour y lover ton visage.

— « Tu m'as dans la peau... Et aussi dans la tête. Je pourrais le supporter... ou te soigner. »

Tu te pares du jeu de l'amant amouraché pour mieux lui montrer - pour démontrer ton raisonnement, l'appliquer (ou le faire craquer) mais c'est toi qui perd pied Aslan.

L'étreinte s'éternise, et lentement il te soulève pour te porter jusqu'au lit. Tu geins, maussade, lassé par l'idée de devoir fournir encore un effort.
C'est que tu sais jouer les paresseux aussi Aslan, en fait... tu sais jouer à toute sorte de jeux. Celui des sentiments, celui de la pute chaudasse, de la prude vertueuse. Celui du prince charmant c'est ce que tu connais le mieux - ton plus beau rôle ! Mais Alec n'a définitivement rien de la princesse.
Tu geins, encore pendu à son cou alors que ton dos se love dans le matelas.

— « Noooon .... ! Je n'ai ... plus ... envie de ... te satisfaire, Alec Grey ! »

Tu te recroquevilles. Tu parais tout câlin d'un coup, toujours agrippé à son cou, le visage complètement caché au niveau de ses clavicules. Tu t'essaies à le mordre, lui qui adore faire ça. Avant de souffler, la voix étouffée par la proximité de votre étreinte.

— « Si, tu es malade. Un gros malade qu'il faut enfermer et disséquer. Hihi. »

Tu attends qu'il éloigne son visage pour te regarder et te plonges avec vice dans le fond de ses yeux sombres. Etires un sourire doucereux, tes mèches blondes étalées sur les draps.

— « Il faudrait être complètement détraqué pour m'aimer... moi. » On aurait pu croire à un instant de lucidité. — « ... un garçon ! » Mais en fait non.

Tu lèves les yeux vers la tête de lit, fais mine de réfléchir.

— « Puis tes troubles obsessionnelles, tes contradictions, tes menaces alors que t'es clairement impuissant face à moi. Tu m'aimes trop pour m'abimer hein... Aaaah Alec. »

Tu te redresses.

— « Bon, je me sauve. »

Il est un peu confus Alec, à juste répéter ce que tu dis en questionnant. Tu fais la moue, étires un sourire déçu en voyant qu'il ne réagit pas vraiment à tes provocations cassantes. Il a l'air complètement perché, et pourtant tu ne l'as même pas drogué cette fois.
Il se redresse au même moment et à sa proposition tu éclates d'un rire sardonique, te tient l'estomac pour te rouler sur les draps.

— « HAHAHAHA ! Une LAISSE ! ALEC GREY ME PROPOSE DE LE METTRE EN LAISSE ! »

A quatre pattes sur le lit, tu avances prudemment jusqu'à sa hauteur, déposant un baiser au coin de ses lèvres.

— « Bien essayé. Bad move de ta part joli coeur. Je me ferai un plaisir de t'exhiber à l'occasion ! »

Tu te forces malgré tout à te lever du lit, mu de l'idée obsédante de le punir. Quand il te questionne jusqu'à quand tu es dos à lui, replaçant le bouton de ta manchette. Son détachement dans la voix t'arrache un frisson. Tu serres le poing.

— « Jusqu'à ce que tu aies compris. »

C'est un peu vague.
Peut-être que tu reviendras demain, peut-être après demain, peut-être à la fin de la semaine.
Il y a aussi une possibilité pour que tu ne reviennes pas.

Même si ton coeur en meurt d'envie, il est châtié par ton esprit.

— « Je vais prévenir Lior pour qu'on t'apporte à manger trois fois par jour. Tu as la salle de bain et les toilettes dans la chambre, estime toi heureux que tu ne sois plus dans la cage. »

Oui, estime toi heureux Alec, qu'Aslan soit miséricordieux.

Tu ouvres la porte, lui jettes un dernier regard puis sors en la claquant.
Les nerfs sous tension du palpitant.