sanité : 75%

qu’est-ce-que tu fais ici ?
tu ne sais même pas réellement,
il y a les pas l’esprit qui avance, car
jamais finalement persuadés d’où se diriger.
ne connaît que le rouge des roses
le vert des feuillages
et les sentiers emmêlés devant toi.

explorer des routes méconnues parfois une épreuve,
parce que c’est peut-être au final, une faim insatiable de s’ouvrir
s’ouvrir au monde ou attendre qu’il ne s’ouvre à toi
tu hésites, bascules sans trouver ta route. pourtant, elle est là
se dessine à l’allure de tes pas silencieux,
à l’allure de ta respiration qui parfois se fige.
pas lents sur le sentier comme au premier jour
et sensation de terre contre la semelle de tes chaussures
tu ne connais rien d’autre que crims
parce que ça t’effraie d’un jour y retourner,
là-bas ; la ville où il fait toujours nuit.

et comme tu sais que rien ne sera jamais pire,
alors tu t’autorises à t’y ouvrir plus aujourd’hui.
les pas lents les iris écarlates qui zieutent les environs,
tout est si différent et pour l’instant rien ne saurait rendre le séjour moins agréable,
ou peut-être que tu te trompes, peut-être que tu t’es réjoui.e trop vite ?
car tu t’heurtes à un corps que tu n’as pas perçu au loin,
car tu étais trop fixé.e sur ce monde que tu redécouvres à chaque fois.
pourtant, tu récupères si brusquement ton attitude déracinée,
désorientée alors que ton coeur se serre,
comme étouffant, le sang pulse mais ta cage thoracique brutalisé
se sent comme asphyxiante.

c’était brusque - inattendu,
mais pas plus que ce regard sur toi qui te toise ainsi,
alors un instant. le regard baissé comme s’il était insultant
les yeux qui jonglent sur les dalles et remontent sur lui.
parce que tu le sais à ses mots, ce qui t’affecte est probablement sa peine
et tu ne peux rien y changer,
c’est douloureux - presque autant que ça te plaît.
car il doit se sentir mieux.

« désolé.e de vous avoir bousculé. »
parce que rien d’autre ne sort à l’instant,
faute de ne jamais s’entretenir à d’autres
faute de ne se percevoir jamais ailleurs
que parmi les fleurs.
(désolé.e désolé.e désolé.e
tu t’excuses à l’intérieur et ton regard le chante)
parce que les humains sont des êtres effrayants,
tu te dissipes un instant, peut-être qu’il ne parlait pas de ça,
qui sait ? même si tu restes persuadé.e que désormais,
tout le monde saisit dès l’instant les effets de ce que tu ne contrôles plus.
« c’est moi. je ne regarde pas devant moi. »
alors tu nies,
mine de ne pas pleinement te diriger vers cette douleur
que tu sais lui avoir dérobée sans pour autant n’en avoir envie.
sans pour autant n’en être triste ou fâché.e
parce que tu la prendras de bon coeur si ça peut aider un inconnu,
et c’est ça ton problème
et c’est ça qui blesse plus qui ne délaisse.

tu lui as dérobé, et alors
les paroles durs les mots résonnent,
tu savais qu’il valait mieux pour toi
que tu ne quittes pas ton chez-toi.
tu ne t’écoutes jamais (re)découvre
ce monde que tu parcours
et les gens, changeants.

tu oublies parfois cet effet étrange
(tu ne le veux pas désagréable)
que tu procures aux autres,
tu oublies parfois les couleurs du monde,
mais ce n’est pas grave - si tu les redécouvres.
sans peine, avec pour seul désir de t’éclipser
quand il saisit trop brusquement pour toi ton bras
(jamais on ne te touche)
(jamais on ne t’effleure)

ce ne sont pas les roses du jardin,
ni les haies dans les allées
alors tu tires, aussi brusquement.
n’oses pas ordonner, après tout toujours subir,
même le moindre coup de brise.

 « je- euh, je.. »
regard paniqué.e, articulations des phalanges
qui titubent comme ton esprit
ton coeur qui boit l’asphyxie qui lui appartenait
car tu ne contrôles plus rien il est vrai,
ça vient ça repart sans crier gare.

tu comprends alors, la raison de cet ordre
et tu te plies, sans pour autant réussir
à masquer ce que tu fais,
après tout, tout est de sa faute
le croquemitaine (il serrait peut-être aussi fort)

 « je sais pas. moi non plus. »
autant être honnête, car toi même tu ne sais
comment arrêter, ni comment
cesser de puiser puis tout rejeter
(ils ne seraient pas morts le cas échéant)
car il n’est pas idéal,
de puiser toutes les souffrances du monde
(c’est bien trop douloureux)
alors dégage ton bras presque trop
promptement - puis le resserre contre toi,
il ne te veut probablement pas de mal
mais c’est comme si tout le monde ne faisant qu’en faire,
encore et encore.