Attirée par le bruit d’un cri.
Hurlement qui provoqua en elle un frisson incontrôlable.

Il venait de loin, de très loin, mais il n’avait pas échappé à ses sens. Quelque chose se produisit alors en elle : l’inexplicable. La sensation de frapper aux portes de la mort sans que celle-ci ne vînt lui ouvrir. Pendant l’espace d’un instant, un court instant, elle perdit le contrôle de son corps, posant un genou à terre, suffoquant.

Qu’est-ce que… qu’est-ce qui m’arrive ? Je vais mourir ? Là ? Maintenant ?! Je ne suis pas blessée… qu’est-ce qui se passe ? Elle ne pouvait contrôler ses tremblements ni dominer son esprit qui semblait convaincu qu’elle allait y passer. Pourtant, malgré la peur, malgré cette phobie qui prenait le dessus sur elle ; l’excitation venait se joindre à ce curieux mélange d’appréhension et d’incompréhension.

Elle reprit peu à peu ses esprits une fois que le second hurlement cessa. Regarda dans la direction où elle pensait l’avoir entendu, puis dégaina son arme. Sa curiosité, parfois morbide fut nouvelle fois plus forte que cette peur latente de revivre encore cette sensation.

Elle courut la traqueuse, aussi vite que ses jambes le purent. Quelques minutes plus tard, elle tomba sur une scène pour le moins… originale. Quelques corps recroquevillés, dont les âmes semblaient les avoir quittés. Et plus loin, debout, se tenait une femme au visage que Crowe qualifiait d’angélique. Tête blonde, jolie, mais semblait redoutable.

Ce cri… venait-il d’elle ?
L’arme à la main, la bretteuse s’approcha, chercha à donner du sens à tout ceci.
Sans succès.

Alors elle ne put faire qu’une seule chose, demander à la seule personne qui semblait en état de parler… la questionner sur ce qui venait de se passer :
─ Qu’est-ce qui s’est passé ici ? Elle remarqua les armes près des corps qui convulsaient de peur, entendait le battement de leur cœur au rythme anormalement rapide. Frappé par la peur de… mourir ? Comme elle auparavant. Si Crowe s’en était sorti avec juste une bonne frousse… eux ne semblaient pas avoir eu cette chance. Les saphirs vinrent jeter une œillade inquisitrice à la tête blonde ; la traqueuse semblait comprendre ce qu’il se passait… bien qu’elle n’ait pas toutes les informations, elle se risqua à demander une fois encore : est-ce que ce petit groupe est venu vous importuner… mademoiselle ?

Situation la plus plausible.
À moins qu’elle n’ait fait cela que pour le plaisir ?
Si toutefois elle était responsable.
Trop de questions, pas assez de réponses.
Je n’aime pas ça…

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Main levée ; ordre de ne plus faire le moindre pas.
Crowe bien que n’ayant aucune raison d’obéir, n’objecta pas.
Ici, ce n’était pas son territoire et elle le respecta.

La blonde quant à elle s’avança jusqu’aux corps encore en convulsions. Alors qu’elle lui répondait, la bretteuse quant à elle rangea calmement son arme dans son fourreau. Il n’y avait point d’ennemis ici, sauf celui qu’elle se créerait sciemment. En l’occurrence, celle qui lui faisait face était une créature intrigante, probablement dangereuse… mais une adversaire ? Elle n’en avait pas l’air.

Puis elle mentionna un nom : Uriel. Vilaine Uriel que ce petit groupe était venu assassiner. Sauf que voilà, il y avait la présence de la traqueuse, celle des assaillants, celle de l’inconnue ; aucune trace d’un autre protagoniste, masculin ou féminin. À moins que les sens de la traqueuse lui jouaient des tours… mais elle peinait à y croire. À moins que cette Uriel n’était tout simplement pas ici ? Seule explication que la bretteuse trouva plausible dans un premier temps.

— Il n’y a personne d’autre ici que vous, moi et vos assaillants, vous savez ? Vous auriez pu tout aussi bien leur faire comprendre cela et peut-être qu’ils vous auraient laissé tranquille ? Mais en disant cela, même elle avait du mal à y croire. Alors elle préféra ne pas insister. Surtout que l’inconnue n’en avait pas terminé avec elle.

Le regard sur l’épéiste et ce qui ressembla fort à une menace plana dans l’air… ne provoquant en la traqueuse qu’un léger émoi d’amusement. Elle était à la fois curieuse de voir ce qu’elle entendait par-là, mais aussi suffisamment maligne pour comprendre que tant qu’elle ne se montrait pas menaçante, il n’y avait pas lieu d’un affrontement. Quand bien même… s’il y en avait un, elle savait déjà comment cela allait se terminer.

Alors elle répondit, bras croisés ; pas intimidée pour un sou, voix dénuée d’émotions, mais ne laissant planer aucun doute sur le fait qu’il en fallait bien plus pour la faire trembler :

— Vous ne trouverez pas une ennemie de plus en moi à moins de vous montrer menaçante à mon égard. Je ne suis ici nullement en ennemie, mais pas en amie non plus. Juste une passagère à la curiosité un peu morbide. Et puis elle mentionna une nouvelle fois son nom : Uriel. Mais qui était-elle ? La traqueuse ne ressentait aucune autre présence de plus que celles qu’elle avait sous les yeux. Emportée par cette avidité d’en savoir plus, elle n’hésita pas une seconde à prêter main-forte à l’inconnue. Elle ne put ensuite s’empêcher de lui demander : vous savez… vous venez de mentionner deux fois une personne qui manifestement n’est pas là. Uriel par-ci, Uriel par-là. Mais vous alors, j’ai le droit de connaître votre nom ? Tenez, vous savez quoi, je vous propose un échange de bons procédés.

D’un pas de recul, elle s’inclina respectueusement, respectant le protocole inculqué, les mains jointes devant la taille. Puis elle se présenta d’une voix suave :

— Crowe Stark. Puis-je avoir l’honneur de connaître le nom de cette délicieuse, bien que menaçante inconnue ?

Parce qu’un peu d’insolence ne faisait pas de mal.
Une manière de lui faire comprendre que si elle était prédatrice sur son territoire.
Il y avait un monstre en face d’elle qui ne craignait rien ni personne.

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Elle parlait de ce qu’on ne pouvait pas voir.
Sauf que cela allait bien plus loin.

Surtout pour une personne avec l’acuité sensorielle la plus développée de Wonderland. Non seulement elle ne voyait pas, mais elle ne sentait aucune odeur que la leur et n’entendait pas non plus quelqu’un d’autre même à l’intérieur de sa bicoque. Alors à quoi donc faisait-elle allusion ? Clairement, cela dépassait la traqueuse. Sans doute qu’il y avait un sens caché aux paroles de cette belle blonde… mais celui-ci échappait à la brune aux reflets indigo.

Du côté de l’inconnue, il semblait qu’il n’émanait de chez elle aucune hostilité, ce qui permit à la traqueuse de se détendre un peu. Et pendant qu’elle l’aidait, enfin elle se présenta à elle : Bahn, la Banshee ; ce qui ne manqua pas d’arracher un sourire narquois à la bretteuse. Comme-ci toutes les inquiétantes créatures humanoïdes de ce monde devaient absolument avoir un surnom.

D’où qu’elle venait, que faisait-elle ici.
Très vite Bahn la questionna à ce sujet.
Crowe à son habitude, lui servit une réponse franche.
Toujours sans émotion dans la voix :

─ Je rendais un petit service à quelqu’un pour être honnête. Je cherchais une certaine plante aux propriétés utiles pour un breuvage qu’elle souhaite réaliser. Il se trouve que je suis plutôt douée pour… traquer.

Elle choisit bien ses mots : traquer.
C’est ce qu’elle faisait de mieux la bretteuse… ex aequo avec le fait d’ôter la vie également, mais ça elle ne le mentionna pas. La Banshee devait bien se douter que son katana n’était pas là pour faire joli. Et tandis qu’elle continuait d’aider la demoiselle à envoyer les corps vers d’autres horizons, elle se permit de la questionner. Elle ne faisait que lui rendre la pareille :

─ Vous avez mentionné Uriel et ses prédictions, qu’est-ce qu’elle prédit ? L’avenir ? Vous ne trouvez pas ça ennuyant ? De connaître le futur des gens… personnellement ça ne me viendrait pas à l’esprit de chercher à le savoir. Ce qui se passe dans l’instant présent a tellement plus de valeur que tout le reste. Et qu’était cette fameuse prédiction qui a poussé ce groupe à venir régler ses comptes avec… vous ? Elle ?

Et si.
Et si Uriel et Bahn étaient en réalité un tout ?
Pensée si saugrenue que Crowe la rejeta dans la seconde.  

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Pas vraiment serviable.
Pire encore, elle déléguait la blonde.
Refilait la tâche à cette fameuse « Uriel », encore elle.

Comme si celle-ci avait la réponse à tout, surtout aux questions auxquelles elle ne voulait pas répondre. Comme c’était pratique pensa la traqueuse. Et soudain, noir se fit le regard dirigé vers la traqueuse. Très vite elle en vint à ce qui ressemblait fort à une menace. Suffisant pour impressionner la mercenaire ? Pas le moins du monde.

Son visage ne laissa transparaître aucune émotion, mais comme elle n’était pas là pour chercher querelle, elle clarifia son propos lorsque son interlocutrice en eut terminé avec son couplet sur son statut de messagère mortuaire.

─ Je dis les choses comme je les pense. C’est dans ma nature d’être franche et directe. Ne voyez pas cela comme une insulte ; plutôt comme un point de vue différent du vôtre. Je ne m’intéresse pas à l’avenir parce que je suis plus captivée par le présent. Vous pouvez dire ce que vous voulez, ça ne changera en rien ma pensée.

Elle voulut rajouter qu’elle n’aimait pas spécialement être menacée… mais à quoi bon ? Pourquoi vouloir absolument démontrer sa force ? Quel intérêt d’essayer de montrer qui a la plus grosse ? La bretteuse avait bien trop d’autodérision pour cela. Elle était bien trop maligne pour ça.

Puis la messagère funeste dévoila le « don » de cette fameuse Uriel. Tirer les cartes, rien que ça ? Crowe, curieuse, arqua un sourcil. Elle se demanda alors comment se déroulait une séance de tirage de cartes avec cette fameuse cartomancienne.

Mauvaise fortune s’abattit sur les victimes jetées à l’eau si la traqueuse comprenait bien. Mais la prédiction fut correcte. Intéressant.  Une fois de plus, Crowe ne put qu’être intriguée. Sauf que voilà, un autre nom se joignit à la conversation : Sidhe.

Uriel… Bahn… Sidhe.
Je m’y perds avec tous ces prénoms.
Elle compte me faire tourner en bourrique encore longtemps ?
Il n’y a qu’elle ici.
Elle et personne d’autre.
Mes sens ne me trompent pas alors pourquoi…

Elle comprit alors qu’il ne lui restait qu’une seule chose à faire pour connaître le fin mot de l’histoire : poser la question plus ouvertement :

─ Je vous promets d’être aussi douce qu’un agneau. Encore une fois, je ne lui veux aucun mal, comme à vous d’ailleurs. Je ne suis là que pour satisfaire ma curiosité, pas pour semer des cadavres partout où je passe… en tout cas pas ici. Puis-je donc rencontrer Uriel ?

Crowe était une tueuse redoutable certes.
Mais elle ôtait rarement la vie de quelqu’un sans aucune raison.
Le plaisir de tuer certes… mais pas au hasard.
Car cela ne lui procurait aucun frisson.  

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Situation désamorcée.
Les mots avaient eu leur effet.

Le dernier corps partit, Crowe suivit de près l’étrange blondinette, cherchant à percer son mystère. Elle et ses… des sœurs peut-être ? Elle avait peut-être, à l’instar d’Ishtar, la possibilité de téléporter des personnes à elle ? La traqueuse ne l’écoutait parler presque que d’une oreille tellement elle en était plongée dans sa réflexion.

Il émanait de cette femme une aura vraiment particulière, tandis qu’elle parlait d’un sommeil profond. Mais qui donc devait sortir de sa léthargie ? La bretteuse en était persuadée, elles étaient seules ici, à moins que ses sens ne la trompaient… ce qui lui semblait aussi improbable que désagréable à imaginer.

Alors elle garda le silence, toujours plongée en plein songe.
Plus elle parle et moins je m’y retrouve. Je n’aime pas tout ce qui est nébuleux comme ça… Huh ? Elle s’est arrêtée ? Qu’est-ce qu’elle…

Et ce fut à ce moment-là… que la traqueuse commença à comprendre ce que Bahn avait tenté de lui expliquer. Se fiant à ses sens, elle observa alors que le comportement de la blonde avait totalement changé. Mais ce n’était pas que ça, son rythme cardiaque avait changé, sa manière de s’exprimer, l’intonation de sa voix… tout était différent. On aurait dit… C’est comme-ci son corps était un instrument, mais que plusieurs personnes jouaient avec. Donc elle avait raison et moi aussi. Nous étions bien seules toutes les deux… physiquement parlant en tout cas. Je vois… fascinant !

Elle s’approcha lentement. Les mains en l’air comme pour prouver qu’elle ne lui voulait aucun mal ; comme si elle essayait d’approcher un chaton peureux. Elle calma rapidement le jeu d’une voix de velours, essayant de calmer le palpitant tambourinant contre la poitrine de cette nouvelle… personne ? Personnalité ? Que dire ?

─ Du calme petite colombe… je ne suis pas là pour te faire du mal. Si j’étais avec eux… crois-moi que tu ne serais déjà plus de ce monde. Je tiens d’une source sure qu’ils ne reviendront pas. Quant à moi je ne suis que de passage. Je cherche une plante spécifique, tu peux m’aider petite colombe ?

Pendant son discours, elle s’approcha lentement, toujours les mains levées, toujours dans un calme olympien. C’est... elle… Uriel ?

─ C’est toi, Uriel ?

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Tout avait changé chez elle.
Son rythme cardiaque.
Sa façon de parler, de se déplacer.
Tout était différent.
Comme si elle était une autre personne.

C’était bien le cas, aussi étonnant que cela pouvait paraître. Uriel était un autre être que Bahn. Ça paraissait totalement fou et pourtant, c’était bien le cas. Bien que la bretteuse avait encore du mal à l’appréhender, elle-même finit par réaliser qu’au final… ce n’était pas comme si c’était la chose la plus improbable qu’elle n’est jamais vue. Crowe savait faire la différence entre quelqu’un qui jouait la comédie et quelqu’un qui était sincère.

Et cette Uriel ne jouait pas.
Elle était d’une authenticité presque aberrante.
Un être différent de celle qui se nommait Bahn.
Une personnalité différente.

C’est vraiment fascinant. Je me demande bien comment c’est possible. Comment deux personnes peuvent habiter le même corps ? Deux âmes différentes qui se relaient ? Dédoublement de personnalité ? Tu es fascinante… Uriel.

Uriel qui effleura la paume de l’épéiste du bout des doigts ; méfiante, mais douce. Elle lui demanda alors de se présenter, tandis que la bretteuse positionna ses bras le long du corps en lui répondant :

— Crowe… Stark. Je ne devrais normalement pas être là, mais votre… petite hésitation et elle proposa un qualificatif pour désigner cette autre entité : amie, Bahn, disons qu’elle a annoncé sa présence d’une manière bien singulière alors que je cherchais bien loin de votre maison. Mais… j’ai l’oreille fine on va dire.

Pas l’envie d’en dévoiler davantage sur son don, n’ayant pas véritablement confiance en elle pour le moment. Elle sortit un papier caché dans une poche intérieure de son haut avant de le tendre à la demoiselle :

— J’ai besoin de ce qui est inscrit sur cette liste. Il ne me manque que les trois dernières plantes, vous avez ça chez vous ?

Puis elle désigna sa bicoque et l’invita… Uriel avait le comportement opposé de son alter ; avenante, douce, serviable. Si bien que c’en était déroutant. Mais cela eut également le don d’arracher un sourire amusé à la traqueuse qui aimait bien ce changement soudain d’ambiance. Elle s’inclina respectueusement et fit quelques pas en direction de sa maison avant de lui répondre d’une voix de velours :

— Si vous avez du thé, ça sera parfait. J’ai besoin de souffler un petit peu alors un peu d’hospitalité ne sera pas de refus. Enchanté de faire votre connaissance, Uriel. Désolé d’être aussi directe, mais vous êtes bien plus avenante que Bahn.

Sans gêne ni tact.
Du Crowe dans le texte.

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« Pas une amie »
Crowe arqua un sourcil lorsqu’elle entendit la réponse de son interlocutrice.
Elle partageait son corps avec quelqu’un qu’elle n’appréciait pas ?
Ça devait être un véritable fardeau à porter.

Pour autant, la traqueuse se refusa à faire le moindre commentaire, ne voulant pas envenimer une situation déjà suffisamment ambiguë à son goût. Et ce, malgré la curiosité qu’elle ressentait pour cette étrange inconnue. Malgré tout, elle répondit à la question qu’Uriel lui posa, avec une fois encore, son honnêteté légendaire :

— Crié sur moi ? Non. Elle s’est montrée méfiante et un tantinet menaçante à mon égard, mais rien de plus. C’est cependant ce même cri qui m’a attiré ici. Mais comme je le disais auparavant… j’ai l’ouïe fine. Très fine. Si bien que vous ne pourriez même pas envisager ce que je suis capable d’entendre.

Et parfois elle-même aimerait ne pas entendre ce qui venait à ses oreilles. Mais c’était le prix à payer pour des sens aussi aiguisés que les siens. Il y avait toujours le revers de la médaille à maîtriser une capacité comme la sienne. Uriel se saisit ensuite du papier tendu et se permit un commentaire sur l’écriture. La traqueuse répondit sans réfléchir :

— Pas la mienne, mais merci, je lui transmettrai le compliment.

Sourire poli pour conclure et puis elle accompagna la blonde tout en focalisant ses sens sur elle. Crowe, un tantinet méfiante, essayait de trouver une faille dans le comportement de son interlocutrice ; quelque chose qui lui prouverait qu’elle mentait et qu’elle était bien la même personne depuis tout à l’heure.

Mais plus le temps passait et plus cette théorie se réfutait. Si bien qu’elle en finit par se rendre à l’évidence. Il y avait bien deux personnalités distinctes dans ce joli corps. Crowe n’en était que fascinée davantage alors qu’elle la suivait gentiment à l’intérieur de sa maison.

Elle attendit ensuite poliment que la maîtresse de maison l’invitât à s’installer avant qu’elle ne le fasse. Elle en profita pour répondre à son interrogation :

— Beaucoup ? Presque tout le temps à vrai dire. Je déteste purement et simplement rester trop longtemps quelque part. Je ne me sens vivante que lorsque je voyage… entre autres. Elle garda volontairement le silence sur ce qui la stimulait, ce n’était pas le moment de rendre la blondinette méfiante à son égard maintenant qu’elle gagnait petit à petit sa confiance.

La traqueuse vint ensuite se saisir du sac de plantes gentiment préparées par cette délicieuse hôtesse la remerciant en s’inclinant une nouvelle fois. Toujours courtoise, elle en profitant pour continuer la conversation qui s’engageait, répondant à Uriel d’un ton dénué d’émotion, alors qu’elle se dévoilait un peu plus à elle. Aussi curieux que cela pouvait paraître, elle lui faisait confiance alors qu’elle venait à peine de la rencontrer.

— Moi ? Non. Pas mon genre. Mais en ce moment je dors mal, mon amie m’a expliqué qu’avec ces plantes elle pouvait me concocter quelque chose qui apaiserait mon sommeil. Une mixture m’empêchant d’avoir le moindre cauchemar… ainsi qu’une autre pour mon entraînement. Voyez-vous, mes sens sont… très aiguisés. Mais je cherche toujours à repousser mes limites. Avec son autre mixture, elle va fragiliser un peu ma maîtrise. Il est toujours important pour une guerrière de ne jamais, ô grand jamais, se reposer sur ses lauriers. Ça n’a jamais été mon genre, ce n’est pas maintenant que ça va commencer. Et vous alors, au-delà de faire du thé, vous savez préparer des concoctions aussi ?

Quelque chose lui disait que oui, mais elle posait la question par acquit de conscience.

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