ça ne fait pas de bruit. sur le plancher de ta librairie. ne pas déranger les livres qui peut-être s'endorment. à l'heure la clientèle s'évapore. dehors. par ta vitrine. le ciel de wonderland. la nuit boude le jour. qui aime à s'étirer.

il fait des tranches lumineuses sur tes étagères. comme une série de livres, édition solaire limitée.

ça ne fait pas de bruit. mais un seul, un pas seul qui passe la porte. et ses absences se chargent. de tous ceux avant

aujourd'hui, hier. demain toujours. qui vont et viennent. encore maintenant, ce soir

j'en fais partie. avec toi.

susan, traverser l'espace. tu l'as ramené avec toi. le livre du temps. qu'as-tu ramené d'autre, dis.  

dis, lysandre
alors qu'il te rejoint. et quand la librairie sera close. tout à fait close. dans la nuit on parlera. on parle toujours.

que maintenant, susan
n'a pas apporté de sablier.

ce sera entre nous.
entre nos temps à nous.

ses mains ; dépourvues de gant. susan tout près de toi, planté dans l'espace ; s'arrêter. scintillement des yeux rivé dans les tiens.

ta question,

c'est doux.

tu t'en souviens

demander, susan et fait un pas de plus. vers toi.

lys, comment tu te sens

que chacun des mots, pesé léger dans la bouche. on ne s'est pas vu. séparés au retour. alors vouloir savoir. qu'on ne demande jamais ça va ?, quoi de neuf ?, des nouvelles ?

vouloir savoir
ta chronologie éventrée. éclatée. l'éparpillement de tes toi à travers tant d'autres je que tu ne choisis pas. choisis. une tête à mille. aux morceaux propres que le temps a mangé. dis, dis

je me fais du souci.
parce que les choses - ces choses - te sont importantes.

et si on ne porte pas de gants en retour ce soir,
c'est parce que

il y a des barrières qui ne tiennent plus.