T’es là Mando.
T’es encore là Mando ?
Mais t’es toujours là putain.

Certes, elle avait un goût de reviens-y… mais quand comprendras-tu que l’argent ne coule pas à flots ? Un jour, tu vas te retrouver à court et tes visites au moulin vont se faire de plus en plus rares. Mais tant que c’est pas le cas, t’y retournes. T’es là tellement souvent que les gens vont finir par croire que tu travailles ici ou que c’est ta résidence secondaire.

Mais t’es pas vraiment là que pour le plaisir pas vrai ? T’es là aussi pour les affaires. Joindre l’utile à l’agréable. Alors quand tu termines ta transaction, il y en a une autre qui n’attend que toi. Celle-ci répond au doux nom d’Eira. Plaisir doux amer que tu dévores de temps en temps. Parce qu’Eira, en plus d’être à ton goût, elle t’intrigue.

Elle arbore un visage qui transpire la fierté malgré le métier qu’elle exerce. Elle te semble déterminée et un peu ravagée sur les bords aussi. Toi tu ne comprends pas ce délire de ceux qui sont en bas de l’échelle sociale et qui souhaitent la grimper. Est-ce que t’as envie de la descendre toi ? Ah comme tu peux être cynique parfois.

Et pourtant lorsque tu te rends dans son antre, tu te présentes à elle avec un mot doux, une petite attention délicate alors qu’elle ne fait jamais preuve de tendresse spontanée envers toi. Mais tu t’en fous, cette bonté dont tu peux faire preuve, elle est gratuite, au même titre que ta violence et ta fourberie.

Le bon, la brute et le truand.
Toi, t’es les trois à la fois.
Et elle, même si elle ne veut pas l’admettre, elle un peu besoin de toi.

— Ouais, je sais, encore moi. Je sais que tu ne peux pas te passer de moi alors je te fais une petite fleur en venant te visiter de temps en temps. Ne me remercie pas, je suis un homme plein de bonté comme tout le monde le sait. Plein d’ironie aussi, mais ça aussi tout le monde le sait. Tu veux bien me masser les épaules et le dos ? J’ai des courbatures de fou.

Tu ne lui laisses pas le temps de dire oui ou non, tu t’allonges, tu prends tes aises et t’attends. L’air de dire « au boulot, j’ai pas que ça à foutre ». Mais ça tu vas pas lui dire, parce que t’es un gentleman. Quand ça t’arrange.

Le grand, le brave Armando.
Elle en a de bonnes elle.

Mais tu dis rien Mando. Cette fois tu répliques pas. Parce que t’aimes bien son ironie à cette demoiselle. T’aimes bien son sourire, t’aimes bien quand elle te dorlote; ça a beau être son travail, elle s’occupe bien de toi. L’une des raisons pour laquelle tu viens souvent la voir. Elle sait délier ta langue comme personne. Elle le vaut bien, mais surtout, elle le sait bien. Elle profite d’ailleurs.

Elle aime bien quand tu parles de tes aventures, elle aime bien écouter Eira. Toi tu te doutes qu’elle assimile toute les informations que tu lui donnes pour que ça lui serve plus tard. Ça se voit dans son regard à Eira, elle a l’ambition dans la peau. Elle a des projets pour Wonderland. En ce sens, elle est un peu comme toi.

À peu de choses près. Toi Mando, t’as pas d’appétit insatiable, tu sais aussi te contenter de ce que tu as. La preuve, ce moment que tu passes avec elle, tu le savoures… peu importe l’hypocrisie que vous montrez l’un envers l’autre. Quoique… peut être qu’elle t’apprécie finalement. Peut-être que toi aussi d’ailleurs. Qui sait ?

Elle dit qu’elle veut être dans tes bras Eira. Elle se dit prête à t’écouter. Toi, une fois la tension de tes muscles soulagée, tu pivotes d’un bond, agrippant ta délicieuse friandise pour échanger vos positions. Tu la surplombes, la jauge d’un regard amusé avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Elles n’étaient pas les tiennes, elles en avaient sans doute embrassé plus d’un, mais ça, tu t’en fous.

— C’est l’avantage de ma position qui fait que je peux avoir des exigences. Toi t’es là pour les satisfaire ma belle. T’as rien à espérer normalement. Mais t’as de la chance, comme je peux difficilement me passer de toi, t’as le droit à mes confidences sur l’oreiller. Et ça sans même qu’on ne baise, tu peux t’estimer heureuse.

Tu t’installes à côté d’elle avant de lui donner cette étreinte qu’elle dit désirer. Tu l’enlaces tendrement, parce que tu ne veux pas lui faire de mal. Pas pour l’instant. Le bon et le truand passent encore, la brute on verra plus tard.

— Alors, dis-moi, qu’est-ce que tu veux savoir poupée ? Qu’est-ce que tu veux que je te raconte comme aventure ? Celle d’aujourd’hui, d’hier, de demain peut-être ? J’espère qu’après ça, tu t’occuperas bien de moi. Une fois que j’aurais la gorge sèche à force de parler, je compte sur toi.

Et elle gagne comme ça Eira.
Toi Mando, tu rends les armes sans les utiliser.
En bonne poire que tu es.