Rien ne se passe comme prévu. La porte est proche, il n'avait plus qu'à fuir, c'est ce que tu avais espéré. Mais c'est médusé que tu as vu les flammes lécher sa peau, affolée que tu as entendu ses cris.

Non. Non. Non.
B a b yl o n e.
E s t h e f.

Il l'avait bien hypnotisé... Esthef avait réussi à la commander. Tu aurais dû le poignarder plus fort encore, l'envie de lui taillader la gorge, ce bouffon fait foirer tous tes plans. Furieux tu reprends ton couteau, savoures presque de le voir consumer par la flamme, si Alastor ne s'était pas jeté pour sur Babylone tu l'aurais sûrement poignardé à mort. À la place tu le laisses comme un chien sur le sol. Te relève, Alastor toujours pencher sur le corps de ton ancienne subordonnée (aucun d'eux n'a été ton égal, c'était toi le bras droit, c'était toi qui sauvais toujours tout, c'était toi qui le sauverais encore, e N c O r E). Il faut qu'il fuît, il faut qu'il s'en aille. Le valet est encore là, la reine folle aussi.

Barre-toi. Barre-toi. BARRE-TOI.

Tu supplies en silence, cherches son regard. Tu hésites à te jeter sur le Valet pour couvrir sa fuite. Léger espoir quand enfin il se relève est court.

Il fuit !

Puis se jette contre Esthef.

Qu'est-ce que tu fais ?

Puis hurle.

FUIS MERDE.

Et le Valet qui bouge, enfin. Ton souffle qui se coupe, le cri qui s'étouffe dans ta gorge quand tu vois son corps choir, démembrer (personne n'a le droit, il est sacré, personne n'a le droit, P e R s O n N e) et le rouge, tout ce rouge, t'as la gerbe qui prend, refoule les immondices chaudes dans ta gorge. Il va le tuer. Il va le tuer. IL VA LE TUER PUTAIN. Ton regard fou qui dérive, voit la silhouette de la reine, ton couteau serrer dans ta main, quand tu approches, lentement, d'un coup la lame qui se pose sur sa gorge si délicate. Les meurtriers ont toujours des cous délicats. Si simples à trancher.

— Bonne nuit.

Coup sec, l'ombre s'abat. Bon timing, est-ce une manœuvre désespérée pour fuir ou un coup de génie, Alastor ? Tu voulais que l'attention du valet soit sur sa reine. Tu voulais qu'il cesse de le regarder lui, qu'il la regarde elle, pour qu'il le laisse en paix. Dans le noir tu hurles.

— GUIDE-MOI.

Jusqu'à lui. Marche a tâtons, tu crois que tu pleures mais tu n'en es même plus sûre. Y a quelque chose de chaud sous ta main. Du sang ? Non. Son sang.

— Alastor... Alastor je suis là.

Cherche comme un aveugle, t'as l'impression de soulever un cadavre. Tu réalises qu'il ne va pas sûrement pas tarder à en être un.

— Guide-moi. Guide-moi.

Tout ce que tu n'as jamais attendu de lui en vérité. Qu'il te guide. Qu'il t'amène. Vers la délivrance. Vers la fin. Vers la libération. Ah. C'est seulement étreint par la peur, son corps que tu soutiens jusqu'à la porte, que tu comprends que tu ne veux pas la voir, cette fin. Gémis, parce que tes mains ne sont que douleurs mais tu dois vite le sortir d'ici. Tu murmures autant pour lui que pour toi.

— Pourquoi faut-il que tu fasses toujours le mauvais choix ? Pourquoi tu ne m'écoutes pas ? Pourquoi tu m'as laissé partir ? T'es vraiment qu'un bon à rien.

Tu le traînes. Tu vous traîne. Sors de se maudit bureau, arpente ce couloir qu'Opal avait parsemé de cadavre... Il te semble que cela fait une éternité déjà. Tu le traînes. Tu vous traîne. Chute sous son poids. Tu l'aimais tu crois. Tu ne veux pas voir la fin.


Pourtant elle est là.

Résumé :

- flemme mais en gros, judas twist, tranche juliette pour faire diversion et fuit dans le noir avec Alastor parce que oui Alastor à foutu le noir cassez pas les couilles c'est comme ça et pouf on s'en va dans le drama vrm je suis au bout aled 

La fin est là. À chaque pas cette réalité se grave et pourtant tu continues de marcher, continues de lutter. Comme-ci la réalité était une chose bancale qu'on pouvait modeler, changer. Vous en avez le pouvoir, vous l'avez toujours eu. Impossible pour toi de te dire qu'il était présomptueux de décider du destin d'un milliard de gens. Vous aviez le pouvoir, celui de créer des miracles (vos miracles, leurs cauchemars), celui de briser la balance, de renverser l'ordre pour instaurer le vôtre. Vous aviez le pouvoir, vous l'avez encore. Pour ça qu'il se bat, Alastor, pour ça qu'il ordonne que tu le guides jusqu'au tunnel, qu'on s'échappe, qu'on reparte de zéro, qu'on n'abandonne pas, parce que prêt de lui tu n'as jamais su abandonner quoi que ce soit. L'espoir un peu fou, dément, de se dire qu'on va tromper les pronostiques une fois encore, qu'on va continuer, que ça ne s'arrêtera pas, jamais, parce que c'est lui, parce que c'est toi, parce que tu le porterais au bout du monde. Lui. Le seul et unique roi que tu reconnais.

Alors tu fais un pas vers le tunnel.

— Non, attend... Je veux voir dehors.

Tu te figes, le regarde interdit. T'ouvres la bouche, prêt à lui dire que dehors ce n'est que ruine, que dehors il n'y a rien, mais que ce dehors on le reprendra, on le fera notre, on leur volera jusqu'au moindre brin d'herbe et on fera tout brûler à deux parce que c'est le seul et unique rêve qu'on s'autorise à avoir. Tout conquérir ensembles. Tout brûler ensembles. Pour mourir ensembles. Il faudra juste être patient. Mais il ordonne. Non. Il quémande. S'il te plaît. C'est presque impur dans sa bouche. Quelque chose se brise en toi, se fissure lentement.

Non. Non. Non. Non. Non.

— Tout ce que tu voudras.

Tu tournes des talons, ça se brise en mille morceaux. Tu sens ta gorge qui te brûle, tes yeux qui s'embrument. Tu as le mauvais pressentiment... Non, tu as la glaçante certitude que plus jamais vous ne mettrait un pied dans votre ancienne maison. Tu fais un pas. Tu sais que tu ne reverras pas le tunnel. Un deuxième. Tu sais que tu vous condamne. Tu vous traîne vers la porte. Tu sais que tu devrais lui désobéir pour sauvegarder sa vie.

Mais tu sais que ton cœur tout entier est depuis longtemps à ses pieds.

L'extérieur n'est que ruine. Votre empire réduit en tas de pierres et de cendre, réduit aux cris du Jabberwocky. C'est terrible. Mais Alastor sourit. Tu tournes ton regard vers les ténèbres qui ne sont que jours grâce au feu de l'ennemi.

— Oui, le soleil, Alastor. Regarde, l'aurore brille pour toi.

Tu le serres un peu plus contre toi, écartelé par ton propre chagrin. Il va mourir. Tu vas mourir. Tu marcheras peut-être quand lui sera immobile mais ton cœur sera poussière en même temps que lui. Il a peur, il confesse. Et tu ne sais qu'il ne ment pas. Tu as un sourire aigre, tu maudis ton propre don. T'aurais voulu te voiler la face encore longtemps. Qu'il voile la sienne. Mais tu ne peux pas. Tu n'as jamais pu. Tu aurais largement préféré voir les ombres que la vérité.

Le portail s'ouvre devant toi. À travers de lui tu vois le sable, entend presque déjà le bruit des vagues. Et le soleil. Le vrai soleil. Ton regard se voile, tu ne tournes pas la tête vers Opal, te contentes de presser Alastor contre toi et d'avancer.

— On s'en va, Alastor. Je t'emmène voir le jour d'un peu plus près.

Résumé :

- traîne alastor jusqu'au tunnel mais Alastor se rétracte
- Judas obéi à conte coeur
- je sais pas comment résumé je suis a n é a n t i e
- opal ouvre un portail
- judas rentre dedans
- judas emporte alastor face au soleil, parce qu'alastor mérite de mourir au soleil