c’était une écriture familière, sur l’enveloppe. une calligraphie délicate, comme cette personne qu’il appelait précieuse. car elle l’était précieuse à ses yeux. Ariel était porté disparu depuis des jours, ou peut-être des semaines, le temps était bien trop capricieux ici et il en avait perdu la notion.
il tournait et retournait l’enveloppe entre ses doigts.
Undine ne savait pas trop ce qu’elle pouvait contenir, mais il appréhendait. la boule au ventre et la gorge serrée. il ne savait pas à quoi s’attendre de la part de son colocataire ? collègue ? ami ? modèle ? quelqu’un sur qu’il comptait beaucoup trop ? un peu trop.
c’était flou.
ses mains tremblaient alors que la pulpe de ses doigts touchait le papier, encore et encore. avant qu’il ne se décide de l’ouvrir.
la vision troublée sur les quelques mots qui noircissaient la simple feuille qu’il tenait. l’encre se diluait alors que ses larmes s’écrasaient sur la lettre. le cœur lourd parce qu’il savait ce que ces quelques mots voulaient dire.

tout s’écroulait pour lui, prit de court. il avait la sensation de perdre quelque chose. un mélange d'émotions qui grondaient, la surprise, la tristesse, la déception. il n’arrivait pas à contrôler ce flot. c’était une réaction égoïste de sa part. comme si on le privait de ce qu’il voulait.
la seule chose qu’il ne ressentait pas c’était de la colère. il n’arriverait pas à lui en vouloir. pas à Ariel, c’était bien la dernière chose qu’il pourrait éprouver. il pourrait tout lui donner malgré cette lettre.
il refusait simplement de se faire à l’évidence qu’il ne reviendrait pas ici. Undine avait encore besoin de lui. il ne voulait pas le laisser partir. il avait l’impression qu’il lui glissait entre les doigts. de ne pas pouvoir le rattraper. ne pas pouvoir l’avoir un peu plus longtemps.
il n’avait pas eu le temps de le revoir.
pas depuis qu’il avait quitté le casino.
figé sur place, dans un silence bien trop pesant, le temps de réaliser. le temps de comprendre ce qui se passait. de se faire à l’évidence. des secondes, minutes, des heures durant.
le regard dans le vide, plat, las, Undine aurait préféré ne pas réaliser qu’une amitié pouvait autant blesser.