L'amour a ses raisons que la raison ignore.
Et avec selene, l'amour n'est pas aussi simple - non pas absent mais pas non plus bien présent. Il y a cette dépendance en la certitude qu'elle même ne peut se passer de toi. On se nourrit inlassablement de tout ce qu'elle peut donner, de tout ce qu'elle offre depuis des décennies - et on jette quand on se lasse de ses inepties.

Tu ignores sûrement son mal-être, bien trop centré sur ta petite personne Alastor. Mais si tu n'as pas conscience réellement que tu la blesses - c'est volontairement que tu appuies sur ses plaies apparentes, pour la punir d'être la seule que tu tolères à faillir (faiblir).

Silencieuse mais toujours gracieuse, elle se glisse dans les ombres pour monter jusqu'à toi. Tu ne lèves même pas la tête, lui intimant dans le silence (et l'indifférence) de te rejoindre derrière le bureau.
C'est un second langage entre vous, quand les mots ne charcutent pas la peau, c'est le silence glaçant et culpabilisant qui teinte l'atmosphère de violence.

Quand ses bras s'enroule autour de ton cou, tu laisses échapper une inspiration, ouvre les lèvres sans pour autant l'accueillir avec chaleur.
Tu prends ton temps, tu aimes bien faire monter la pression - lui donner l'impression que tu n'en as rien à faire.

La sentir fébrile et dans l'attente.
La sentir faiblir dans ton étreinte.

— « Selene. Installe-toi. »

Il n'y a pas de chaise, alors ça sera les genoux.
Tu lui fais lâcher prise, et tu recules pour lui laisser la place de s'asseoir. La tête contre sa poitrine, tu empoignes sa hanche avec avidité, embrassant le haut de décolleté avec une gourmandise presque réservée.

— « Apparemment, tu attires tous les regards au casino ces derniers temps. Le public te redemande. »

Tu en es jaloux Alastor, jaloux maladif.

— « Félicitations pour tes performances. »

Mais que personne n'oublie, que celle qui embrase la scène et qui fait fantasmer les esprits  n'accordera son dernier spectacle que dans l'intimité du croquemitaine.

Si simples à satisfaire.
Le doute emprisonne ta raison et la jalousie déforme tes traits un instant. Il y avait ce paradoxe dans ta possessivité maladive Alastor : la volonté d'exhiber ton plus beau joyau, le montrer à la vue de tous sans jamais le partager, et cette frustration malsaine quant à l'idée que Selene puisse être désirée - puisse être volée.

Tu resserres ta prise autour de sa taille, le regard toujours concentré dans tes papiers. Tu observes du coin de l'oeil sa télékinésie qui te dérobe une cigarette et quand Selene la coince entre ses lèvres et te souffles la fumée sur ton visage, tu décides de cesser pour de bon tes activités. Son amour est impudique, sa dépendance ne te séduit pas et pourtant tu l'instrumentalises comme un marionnettiste.

— « Que moi. »

Tu te le répètes.
Ça te fait toujours le même effet : le malaise et la satisfaction. Le désir et la volonté d'en finir. C'est à cette sensation contradictoire que tu es addict Alastor.
Tu lui chipes la cigarette et vient la porter à tes lèvres, lui tires une latte avant de souffler la fumée par le nez, dents serrées.

— « Tu te plais au casino ? »

Poison, poison, poison.
Tu attrapes son menton pour l'amener directement à tes lèvres.
Lui voler un baiser.
Murmurant alors que vos bouches sont à peine déliées :

— « Jouer les trainés juste sous mon nez. »

Tu ne bronches pas quand elle tire sur la cigarette. Tu te nourris de son agacement - l'angoisse se mêlant au désir, et tu laisses ses doigts guider tes mains. Tu les remontes le long de ses cotes pour venir les glisser dans son dos, le griffer du bout des ongles.
A sa première question, tu ne réponds que d'un hochement de tête, venant enfouir ton visage à la naissance de sa poitrine pour y déposer quelques baisers.

Ta jalousie te ronge.
Mais de la sienne, tu t'en nourris.
C'est comme ça, c'est un jeu dangereux duquel tu t'es rendu dépendant année après année, décennie après décennie. Rien ne change et même le temps capricieux n'a pas réussi à te plier à la volonté de Selene.

— « Ne parle pas d'Electra. »

Tu fuis, encore une fois.
Tu renverses tout ce qu'il y a sur le bureau (tu regretteras quand il faudra tout ramasser - où tu attendras que Judas craque en premier) et l'allonges brutalement dessus, plaquant tes mains de part en part de sa tête.
Viens noyer sa souffrance par des baisers secs.
Vient éteindre ses protestations d'un silence imposé.

Quand finalement vos langues se séparent, c'est dans un souffle rauque tu exprimes le même jeu de culpabilisation ; celui qui vous attire, vous sépare et vous détruit.

— « Reste à moi et je t'aimerai un petit peu plus fort. »

Tu aimes Selene (peut-être) ; mais celle brisée entre tes doigts, pas la démente qui questionne encore et encore sans que tu ne sois capable de lui donner de réponses.
Elle te repousse mais s'accroche encore à ton col. Elle geint, les pleures étouffés d'une avalanche de baisers.

Ça t'effraie presque Alastor, cet amour démesuré (injustifié) - qui a le droit de t'aimer ? Elle ne te comprend pas et des décennies n'ont pas suffit à lui faire prendre conscience que son acharnement l'aveugle définitivement.

— « Lâche-moi... »

Elle t'étouffe.
Te couvre de baisers quand tu veux juste la baiser.
Il est peut-être là le problème, c'est toujours comme ça que tu l'as aimé. Dans le paroxysme de sa beauté ; et en prenant de la distance il est vrai qu'elle est aussi magnifique quand elle est énervée.

— « LACHE-MOI. »

Tu l'écartes violemment, puis vient se saisir de son visage. Tu plaques tes doigts sur ses joues et appuies pour l'immobiliser. Tu la secoues comme pour la réveiller de la transe dans laquelle elle s'est enfermée.

— « Ça suffit. Tu vaux mieux que ça, Selene. Cesse donc de ressasser en boucle le même sujet. »

Tu la toises et descends tes doigts sur sa bouche, appuies ton pousse sur sa lèvre inférieur avant de lui insérer délicatement - forçant le passage entre ses dents.

— « Tu es belle. Tu es mienne. Et tu es la seule que je ne partagerai à personne d'autres. »

Tu ne le diras jamais n'est-ce pas ?
Tu sais parfaitement de quoi elle parle mais feint l'ignorance, car tu es lâche Alastor. Lâche d'assumer des quelconques sentiments qui peuvent t'affaiblir.
Tu es de la vieille époque, et même si tu as peut-être aimé dans ta précédente vie, tu ne te souviens juste de la déception amère que cela t'a procuré.

— « Je ne vois pas de quoi tu parles. »

Mais pour soulager sa peine, tu viens enfouir ta tête dans son cou, humer la fragrance qui se dégage d'elle et de ses longs cheveux d'ébène. Tout ce que tu peux lui accorder, c'est lui rappeler qu'elle est la perfection incarnée (la bouche fermée - et sans les pleurs voilés).

Tu l'agrippes par la taille pour qu'elle vienne s'enrouler autour de la tienne. La porte dans tes bras comme cette chose fragile que tu as besoin de protéger, pour flatter ton égo et te rappeler que tu es indispensable à ces damnés.

Tu traverses le bureau, la maintenant d'un main dans ton dos et passes la porte qui se situe au fond et qui mène à un escalier vers tes appartements personnels. Une fois arrivés, tu la déposes sur ton lit à baldaquin.
Vient chercher ses lèvres, comme à votre habitude.

— « De quoi tu te plains ? Tu es la seule à venir ici. »

Comme si c'était ça qui était aquis.