on a le corps blanc ; immaculé à la manière du royaume. lavé d’histoires parce qu’elles ne sont pas nécessaires. on a le corps sans marque, des yeux de glace

qu’on ne reconnaît nulle part dans la famille.
elle le traîne comme un trophée. il a les cheveux si blanc – si semblable au temps – de longues mèches ondulées ; on dirait une fille, susan.

la perfection ; si tu avais été une fille.
mais ce n’est pas grave, si blanc l’enfant on a brisé la fratrie avant même qu’elle commence. on voulait un grand frère ; pour résister au royaume des (im)purs. mais blanc, blanc susan un trophée immaculé

et on en vomit presque – du blanc.

mais maintenant c’est terminé. fuck off la scène de mère. on sait elle est ravie ; on sait on n’a jamais voulu de cette vie ; comme c’est honteux de ne pas aimer la reine. fuck off ses belles paroles ; aujourd’hui susan va retrouver son père.

on serait resté pour toi ; grand frère. si on avait pu te le dire, te nommer comme tel.

à la frontière, susan ne se retourne pas. tu as ignoré la détresse d’enfant tu as regardé le trophée c’est tout. quand a-t-on vraiment pu discuter avec toi d’amour ; morgan.

alors susan à la frontière. on va enfin se forger une vie qu’il pense, mais
morgan quand il bouscule l’air de sa voix, on roule des yeux. trois fois. fuck.
la besace à l’épaule, fait dos à son frère. s’obstine – un peu. se retourne – regrette.

la bouche s’ouvre, le regard se plisse et les sourcils se froncent. avec ses cheveux de fille – mère y tenait tellement – susan comme une jeune femme outrée. pourquoi tu le pointes du doigt c’est grossier, morgan.

what

c’est tout ce qu’il lance.
depuis quand
grand frère
viens-tu si dramatiquement le supplier de rester. baisse ce doigt, vraiment, c’est grossier.

morgan et son manège, le scintillement des yeux veut bien le suivre, mais c’est du pareil au même. il gagne du temps ; lui fait perdre le sien. c’est trop tard, fallait être honnête avant. et s’énerve susan face à la gestuel du clown – ridicule morgan – et avec les mots qu’il balance, l’assurance tremblante dans sa voix de grand frère et tu sais

ô combien susan
d é t e s t e
les contradictions

bah ok. know what, oui. oui je fous le camp. ENFIN. (écarquille les yeux, un pas vers son frère, le corps tendu) tellement loin je vais cesser d’entendre tes sonneries

conneries.

tu restes volubile jusqu’à la fin hein. ciao.

imbécile.

comme si de rien n’était. parce que c’est la vie qu’on a menée jusqu’à maintenant. tu nies morgan.

susan, le scintillement des yeux s’agrandit, les sourcils se lèvent, les lèvres en un trait d’ironie – étonné de t’entendre l’insulter. vraiment, morgan ; susan hoche la tête comme s’il t’entend. se rapproche encore. l’expression exagérée.

ils sont si près les frères, les bras de morgan pourrait gifler – une main trop frénétique – susan.
tu es tellement vivant, on aurait aimé être comme toi.

w.o.w. (si bien articulées les lèvres) tu manques de goût à ce point tu te teins la paille sur le crâne de la même couleur que mes cheveux atroces. ‘spèce de tronc. écoute-toi avant de m’insulter, t’es contradictoire de la tête aux pieds, creton d’îlot.

les mains avec colère ; susan repousse son frère.

et laisse le temps en dehors de nos problèmes. oubliez-le, purin.

putain.

si vous l’aviez oublié mère et toi, on vivrait très bien, je serais resté au lieu de partir. et c’est maintenant qu’on se parle, excuse me ??

le scintillement des yeux qui brûle ; amertume. rancœur parce qu’un jour on voulait jouer avec toi. parce qu’un jour il a fallu que mère le louange – t’oublie – devant morgan. on n’a pas joué, on s’est détesté. on voudrait ta force pour mieux cogner quand il faut que le temps se ramène dans la discorde.

mais tu le sais morgan, avec toute la force du monde ; on n’arriverait pas à frapper. on ne lèverait jamais la main sur son frère.

les pleurs de gamin ; c’était pour toi. les rêves ; pour toi. si tu avais cessé de vouloir l’amour d’une mère. tu le savais – ne mens pas – tu le savais comme elle est hypocrite voile blanc nom blanc sourire blanc
elle en chie du blanc

tu le savais tu as fait tout comme – faux frère ! on n’a rien réparé arrête de croire le contraire, avec ta rancœur – douleur qui le fait lâcher sa besace,

coup de pied dans ton mollet, mais
morgan définitivement – déjà – beaucoup – trop grand ; trop musclé trop vivant. pourquoi ne viens-tu pas avec lui au lieu d’essayer d’arracher ses cheveux, que

susan une main sur ton poignet ; essaie de se libérer. une main cherche quelque chose vers toi, ton visage

paume écrasée contre tes yeux, ton nez ; on rage.

alors LÂCHE-MOI, ROUTARD.

bâtard. repousse. essaie.

enlève cette tache sur ton crâne et retrouve toi, purin, morgan !

tâtonne parce que tu as le visage rigide ; ne lâche pas ses cheveux qui tirent. tâtonne on trouve les tiens on s’y agrippe. même sort morgan.

LUCK YOU. LUCK YOU WHITEHOLLOW.

fuck you. et tu n’as plus de nom. si susan savait réparer on aurait toujours le cœur bordé pour toi – faux ça n’a pas changé on t’aime encore – mais c’est vrai morgan tu es un destructeur, une copie arrête d’imiter pour l’amour. tu as détruit une partie de toi qu’il pense et si tu savais morgan comme enfant susan l’adorait ce bout de ton nom. avec le sourire des rois et petit frère t’aurait suivit comme un valet

on aurait bâti ton royaume sur la disparition du blanc.

destructeur morgan ; susan est sans doute pire. on ne sait pas réparer grand frère ; c’est un mythe. on n’a jamais pu restaurer ce bout de ton nom qui savait sourire. sourire vrai.

rage ; vouloir se libérer de ton emprise fait mal.

le sol ; ne s’y attendait pas susan. les mains bien agrippées à toi, morgan on t’entraîne dans la chute. incline le torse, un coup du pied, renverse les rôles susan au-dessus de toi, même si tu tires toujours, le scintillement des yeux te trouvent,

assassinent.

s t o p

claqué dans l’air. on ignore si morgan écoute, tirer sur son col avec les cheveux défaits, le visage dépourvu de rouge, susan derrière les iris en colère, susan on pleure un peu.

arrête de jouer le volatile, arrête de faire le tronc, t'es loin d'être aussi putride morgan. vas-y, vas-y ! dis !

dis-le ce que tu penses morgan. on le sait ta haine, ta jalousie. on n’a jamais voulu, susan t’en veux pour la culpabilité.

tu insultes, tu gesticules, dis-le !

le scintillement des yeux avec la voix franche, tranche le regard parce qu’on veut l’entendre. marre du silence. c’est à cause de toi, susan part. marre des choses qui ne se règleront jamais ; laisse-moi vivre morgan.