Ces plaisirs interdits
ces plaisirs exquis
il savoure avec délice ces contacts ces baisers
la fièvre qui s'empare de son être et on oublie un peu plus nos positions respectives nos raisons d'être
ne reste plus que l'amour dans toute sa passion

Les regards se croisent
(on constate le désir inavouable brillant et dévorant qui nous consume encore et encore)
les ordres qui tombent, encore, comme tu a l'habitude de le faire
(mais d'une autre nature
jamais ne les refusera, aussi indécents soient-ils)
lentement la main qui glisse le long de ton dos et qui vient défaire le tissu, dévoilant un peu de ta peau ; remonte sur l'épaule, cette main avide, pendant qu'on avance un peu plus vers le lit

En quelques pas vous y voilà ; t'allonge sur les draps, Elias dévoile tes épaules, ces frêles épaules toujours pudiquement cachée sous quelques étoffes, ses lèvres toujours collées aux tiennes
lui au-dessus de toi, son autre main qui descend un peu plus ; de ses doigts trace le chemin de la colonne vertébrale, sur l'épiderme à découvert, s'arrête aux creux des reins en pudeur feinte
et le désir qui monte, encore et encore, égare les sens et étouffe la raison pour laisser la passion s'épanouir à l'abri des regards indiscrets
ah, Juliette, qu'est-on en train de faire ?

Il les sent, les caresses avides, les baisers défendus ─ il en frémit, Elias, en veut encore, encore et encore, et cette main aventureuse amplifie le désir, cette peau entièrement offerte à lui
et enfin tu te dévoiles, entière, dans un apparat qu'il n'aurait jamais du voir ─ et pourtant le voilà enfin sous ses yeux, il a envie d'en explorer le moindre recoin

Te serre un peu plus contre lui, Elias, laisse ses mains te découvrir un peu plus à chaque caresse ─ passe sur les courbes des seins, des hanches, des jambes, vient enflammer les désirs qui sommeillent encore
ose te faire attendre en descendant le long de ton ventre sans jamais s'aventurer dans les endroits les plus secrets
aux creux du cou vient déposer mille et un baiser, remonter jusqu'à l'oreille et la mordiller

Il a tant de choses qui se bousculent dans son esprit, Elias, tant de choses qu'il voudrait te dire, qu'il aurait dû sortir avant
je t'aime
mais rien ne sort, rien n'arrive à franchir la barrière de ses lèvres ; on aimerait t'arracher tes plaintes et tes soupirs pendant qu'on retient les nôtres, on aimerait s'adonner librement à tout cet amour qui nous tue peu à peu
(mais quelque part au fond de nous quelque-chose nous en empêche, la raison qui se désole de notre imprudence ô combien dangereuse et ces intuitions inconnues qui s'horrifient de nos actes)
de toute façon c'est trop tard pour s'arrêter

Finalement les voilà tous les deux à nu, vulnérables, offerts l'un à l'autre
on sait qu'on a déjà atteint le point de non-retour, mais qu'importe, puisque le mal était fait ; on se perd dans nos sentiments et dans le désir, qu'importe les conséquences
(on aura tout le temps d'y réfléchir demain)
alors en attendant on continue ces embrassades interdites et ces étreintes défendues, ces doux plaisirs à peine rêvés qui deviennent réalité

Il se laisse faire, Elias, lorsque tu le bascules ─ te rend tes baisers, tes étreintes et tes caresses
retient les soupirs et les plaintes, ose enfin à s'aventurer dans les recoins les plus secrets de ton corps, vient encore enflammer les désirs lorsque tu viens amplifier les siens par ta main aventureuse ; les mains qui se rencontrent et les doigts qui se serrent presque par instinct

Et puis les regards qui se croisent, souffle court ─ on y voit le désir et l'avidité, la passion dans toute sa grandeur et l'envie dans toute sa folie
t'enlace encore, Elias, vient coller ton corps au sien ; délie les doigts et vient poser sa main sur ton visage, te forçant à le rapprocher du sien ─ si proches, et pourtant il ne fait rien, si ce n'est dévorer le moindre de tes traits du regard
il les sent, ces mots qui se bousculent et qui pourtant ne viennent pas ; aurait tant de chose à dire, Elias, mais pourtant il reste muet, par peur de briser l'instant

Embrasse-moi, dit son regard, embrasse-moi, laisse-moi goûter encore un peu plus à ce fruit défendu pourtant si exquis, laisse-moi te découvrir toujours un peu plus
laisse-moi profiter un peu plus de ce moment, fait-moi goûter aux suprêmes extases
laisse-moi t'aimer même si les dieux sont contre nous

▬ Pardonnez-moi, arrive-t-il finalement à souffler avant de déposer quelques baisers sur son cou si délicatement offert

Maintenant on s'offre et on oublie tout,
Demain on regrettera nos actes

C'est si rassurant, quelque part, de se savoir déjà pardonné pour ce qu'on était en train de faire ─ la conscience s'allège et la raison se morfond encore un peu plus, mais que peut-elle vraiment faire ? on l’a étouffée depuis un bon moment, c’est à peine si on l’entend
Il pourrait, c'est vrai, te remercier de ta clémence, mais n'en fait rien, pourtant ; ses gestes le fond à sa place
il redouble les baisers, les caresses, te découvre un peu plus à chacune d’elles, finissant par connaître les moindres recoins de ton corps, sa saveur, son parfum à la fragrance défendue – peut-être, qu’au fond, l’interdit décuple le plaisir, l’envie d’en voir toujours plus, d’en avoir toujours plus, jusqu’à ce que tu sois entièrement sienne, jusqu’à ce que plus rien te concernant soit un secret pour lui
Et pourtant il n’arrive pas à admettre ces mots, ces simples mots qui en disent tant, qui mettent le doigt sur ce qu’il ressent, et ne peut se résoudre à te les dire, à te les chuchoter au creux de l’oreille – mais quelque chose l’en empêche, pourtant, mots bannis qui feraient bien trop de dégâts s’ils étaient prononcés, semble-t-il

Il y a bien des choses qu’il aimerait te dire, Juliette, bien des choses partagées mais qu’on n’ose mutuellement pas (s’)avouer – peut-être par peur, sûrement, de regarder en face ses propres sentiments qu'on préfèrerait renier
le profond désir que le moment ne s'arrête jamais, de s'unir, de te désirer encore et encore
qu'on puisse t'aimer à jamais