Tic tac, tic tac.
Maintenant tout est calme. Du chaos d'il y a quelques heures, il ne reste plus rien. Rien que le silence, Opal, si silencieux qu'on pourrait croire que tout cela n'était qu'une vaste illusion, qu'un vaste songe. Pourtant, tout est bien réel, Opal, n'est-ce pas ? Blanche envoyé au loin, le corps de Selene sur le sol, la détresse d'Alastor, son regard... Son regard, Opal. On ne l'a jamais vu avec de tels yeux, tu sais. Et ça nous a ébranlés, comme jamais ça ne l'avait fait avant. Soudain Alastor n’apparaît plus comme tout-puissant, mais comme fragile. Le géant de fer montre ses fissures et ça a brisé quelque chose, Opal. Il manque encore trop de recul, Judas, pour comprendre qu'il y a une certaine jalousie à voir Alastor trahir l'homme sous le costume pour toi, pour elle. De ses sentiments, ne reste plus que celui de l'urgence ainsi qu'une certitude, une seule : que tu es dangereux, Opal, trop dangereux pour rester.

Parce que tu as vu les limites de notre famille, n'est-ce pas ? Parce que tu as vu que s'il y avait des gens comme Darya aussi loyale que belle, il y avait aussi des agents du chaos, disparate, plus attaché aux avantages du nom qu'à leur père. Des gens comme Belial. Et c'est dangereux, si dangereux, tu vois, de laisser apparaître à la lumière du jour les faiblesses du maître quand on a de tels enfants dissidents dans nos rangs. Et il se refuse, Judas, à ce que tu arraches à Alastor son œuvre. Les Dark Shadows sont à lui, Opal. Pas a toi. Alastor nous a dit "fait tes preuves" quand vous tous nous avez dit "d’exécuter sans poser de questions". Alastor nous a dit "élève toi" quand vous nous avez tous dit "reste à ta place". Alastor n'a pas regardé notre rancune et notre soif de vengeance comme illégitime. Il a dit "ne culpabilise pas et déteste, Judas" quand vous tous disiez "c'est si beau ici, quel ingrat tu fais". Pour tout ça, il ne peut pas le laisser tomber, tu sais ? Il doit le protéger encore, lui et son empire. Alastor bien plus bienfaiteur que vous tous réunit. Alastor monstrueux, mais de loin celui qui touche le plus. C'est pour ça qu'il va jusqu'à toi. Tu es trop dangereux, il est trop tôt pour te soumettre. Et on doit le protéger de toi, de tes dégâts. On lui doit bien ça.

Aucune idée de comment il va procéder quand il franchit la porte. Son regard se porte sur toi, puis sur Dundee. Fronce les sourcils, la culpabilité qui revient d'un coup alors qu'il compte les secondes pour endolorir le cœur encore trop proactif. Et quand tu parles, il laisse un rire jaune franchir ses lèvres.

— Si seulement je n'avais oublié que ça.

Nouveau regard vers Dundee. Il se souvient de ton regard, Opal. Tu sais, n'est-ce pas ? Et tu te demandes sûrement pourquoi on en est arrivé à couper le doigt d'un frère pour l'amour d'un taré. Il se le demande aussi. Il n'a plus la naïveté de croire à un coup de zèle pour soigner sa couverture. Oh, si tu savais, comment les costumes se confondent depuis si longtemps déjà, Opal. Peut-être devient-on aussi fou que toi. Peut-être devien-on un bon citoyen de Wonderland après tout ce temps.

— Comment va-t-il ?

Touché
Presque tendre quand il te regarde. Tu vises juste, Opal, si juste qu'il n'a pas la mauvaise foi de te contredire. Lui-même s'en veut, tu sais ? Tout aurait été plus simple si on était resté le jouet au service de monsieur le maire. Tout aurait été plus simple si on s'était juste contenté de sa considération. Mais tu comprends, Opal, la gourmandise d'une âme, l'insatiabilité d'un cœur. On veut combler vide, on ne veut plus être seul, on veut donner un sens même minime à notre existence. Le maire ne suffisait plus. Aussi tragique que ce soi, mieux veut souffrir qu'être sobre de sentiments.

— Je ne peux pas faire ça comme ça et tu le sais.

Pas tout de suite, du moins. Pas sans se trahir auprès d'Alastor, pas sans devenir un traître aux yeux de tous. Et même pour Dundee, même pour ce frère auquel on en veut sans pouvoir cesser de l'aimer, on ne peut pas prendre ce risque Opal. Il déteste, tu sais, cette disposition au regret. Darya appelle ça être humain, Darya dit que c'est beau. Lui ne fait qu'en culpabiliser, l'impression que ressentir, c'est faiblir, que ressentir, c'est être à des lieux d'Alastor. Mais Alastor ressent aussi, on l'a vu aujourd'hui. Alors on ne sait plus qui on doit protéger, Opal. L'humain ou le monstre en sommeil ?

Mais tu as raison, on comprend. Comprends que tu l'aimes aussi fou que tu sois. Comme nous on aime aussi, idiot qu'on est. Mais il détourne les yeux encore, Judas. Ne pipe mot quand son regard dérive de nouveau vers Dundee, vers le frère qui agonise. Voudrait bien lui cracher encore que tout est de sa faute parce qu'il est parti. Mais réalise soudain qu'il n'a fait que faire ce que lui-même a déjà commis par le passé : fuir le premier maître, pour rejoindre un roi, notre roi. La différence entre lui et Dundee, Opal, c'est que ton adoré à le courage de l'assumer.

— Ici ou chez les Dark Shadows ? Remarque la réponse est la même : je n'en sais rien.

Quelques secondes où il se permet de graver l'image de Dundee dans sa mémoire avant de lui tourner le dos pour te faire face.

— Ainsi donc tu sais.

Simple constatation à laquelle il n'attend pas de réponse.

— Tu aurais pu le dire tout à l'heure, mais tu ne l'as pas fait. Pourquoi ?

Pourquoi n'as-tu pas brisé Alastor une bonne fois pour toutes ? Pourquoi tu n'as pas profité du choc de la chute de Selene pour dire notre nom ? Pourquoi tu n'as pas porté le coup de grâce, Opal ? Aurais-tu toi aussi du mal à te passer de ce fou dangereux ?

Et il écoute. Le sentiment que de toi, il pourrait apprendre beaucoup, le sentiment que ce qu'il fait défaut aux Dark Shadows, c'est cette vision que tu as et qu'eux n'ont pas. La vision des éternels, de ces gens qui même en mourant ne peuvent que continuer. Parce que c'est ainsi que le monde vous a fait, Opal, condamné à ne pas avoir de fin. Et il se demande, Judas, à quels points ses secrets sont un monde pour lui et un détail pour toi.

Il te laisse le temps de la réflexion, trop curieux pour oser te presser ou t'interrompre. Parce qu'il a besoin de comprendre, Opal, ce qui a retenu tes mots, ce qui a retenu les coups. Tu aurais pu mille fois faire tomber en cendres notre organisation. Tu aurais pu mille fois briser Alastor et le peu de confiance qu'il accorde à l'homme. Tu aurais pu en faire un loup si solitaire qu'il en viendrait à se couper de tout. Tu aurais pu enclencher la lente agonie des démons d'Halloween City. Mais tu n'as rien fait. Il se demande, Judas, si c'est par considération pour Alastor ou par envie de le faire souffrir plus encore. De votre relation, il ne reste que des centaines de questions. Opal, pas juste un fouteur de trouble, pas juste un lapin au sourire factice. Opal bien plus qu'on ne le pense et il veut comprendre, Judas, tout comprendre. Parce que c'est peut-être bien comme ça qu'on arrivera à protéger au mieux le patrimoine d'Alastor. Son patrimoine, son héritage, lui. C'est peut-être bien comme ça qu'on sauvera le navire de l'inéluctable naufrage.

Alors il écoute. Et quand tu commences à parler, il se fait l'élève le plus attentif du monde. Et quand tu t'excuses ça l'ébranle. Le déni comme premier réflexe, il fait celui qui ne comprend pas. Mais le déni ne suffit pas toujours et il le sait, tu le sais. Il l'a toujours ressenti. Son identité de genre comme un obstacle. Judas le bras droit, mais aussi Judas un homme. Et il sait, Opal, il le ressent chaque jour comme un handicap, comme une insulte, comme une immondice. Pourtant, il est ce qu'il est, Judas. Il ne se voit pas être autrement. Alors il a compris qu'il ne sera jamais le meilleur, jamais pleinement suffisant, jamais parfait. Parce qu'il est ce qu'il est. Parce qu'on ne peut rien y faire. Mais si le cœur était un organe raisonnable, on le saurait, hein Opal ? Alors on se contente de l'ombre, on laisse la lumière aux privilégiées comme Selene. On a fini par s'en contenter. Désolée... Oh, Opal, pas autant que lui.


Désolée...
C'est ce qu'on a envie d'hurler chaque jour.
Mais les excuses n'ont pas de sens, elles ne veulent rien dire. Alors on n'a jamais demandé pardon à Alastor, à la place, on a agi. Satisfait chacun de ses caprices, supporté ses rires et ses cris. On s'est tenu doit dans son antre alors qu'il défonçait les meubles et insultait le monde. On s'est tenu droit dans son euphorie quand le sang coulait à flots. On a traqué ses ennemis, on a pris soin de sa famille. Fait de chacun de ces Hommes des priorités. On a travaillé à sublimer son empire, à le rendre plus grand encore. On a nettoyé chacune des bavures de ses enfants. On a planifié dans l'ombre mille plans de sauvetage. On a fait disparaître chaque immondice dans son paysage. On s'est fait l'instrument de son ambition et de sa colère. Mais on ne l'a jamais pris dans nos bras, Opal. On n'a jamais été la douceur que tu as pu être même si on en a crevé d'envie plus d'une fois. On ne s'en est jamais senti le droit. Parce qu'on est un sale traître, tu l'as dit toi-même, Opal. Parce qu'on est ce corps que fait vomir Alastor. Regarde ses mains un instant, puis toi. Jamais suffisant. Mais ça n'a jamais empêché d'essayer. Le jeu est perdu d'avance pourtant, on joue depuis des années. Parce qu'il nous a donné un foyer, une famille. Parce qu'il nous a donné la force, parce qu'il nous a donné le droit de croire, aussi. Parce que c'est lui. Et il rirait presque de sa propre stupidité. Qui l'aurait cru si entêté, Judas.

Le regard qui se tourne vers Dundee.

— En est-il vraiment un ? Je ne lui reproche pas d'être parti. Ce serait hypocrite de ma part, c'est ce que j'ai moi-même fait. Non, je lui reproche de n'avoir rien dit. C'était mon ami. C'était mon frère. Je lui en veux d'avoir choisi une voie où on ne peut qu'être ennemis. Je crois qu'on s'est mutuellement brisé le cœur aussi.

Il nous a laissés seul, on lui a coupé un doigt. D'une certaine façon, les compteurs sont à zéro, la balle au centre. C'est parfois fatigant de rifler nos comptes dans le drame et le sang. Seulement, on a compris depuis longtemps qu'à Wonderland vous ne connaissiez que ça et qu'attendre une discussion tranquille autour d'un café était d'une naïveté sans nom.

— Il ne m'a jamais expliqué pourquoi il avait fui. C'était pour toi ?

Tourne des talons pour te faire face de nouveau. Dans ses yeux, ne brillent pas les reproches attendus, juste une profonde fatigue.

— Tu as raison, je suis un traître. J'ai trahi le maire et le trahis chaque jour un peu plus pour protéger cette bande de tarée parce que c'est ce qu'Alastor veut. Et je vais continuer. Éternellement, et même bien au-delà. Même s'il faut trancher les doigts de nos amis, mentir à nos anciens alliés. Tu es une menace pour nous. Dundee est le dommage collatéral du coup de pression que tu es venu mettre à Alastor la dernière fois. Ce qui lui arrive, tu en es aussi responsable. À quoi tu t'attendais en venant massacrer les membres de notre secte ? Tu l'aimes, mais tu l'as volontairement mis en danger. La prochaine fois, il n'y aura ni pourparlers, ni mise en scène. Ce sera un massacre dans les règles et Alastor se fichera bien de tes représailles parce qu'il aura la satisfaction de t'avoir volé ce qui comptait le plus pour toi. Vous savez tous les deux comment frappent l'autre alors pourquoi avoir attaqué, Opal ?

S’accroupit près de toi, le regard sérieux.

— Dundee, malgré ses choix, malgré tout ce que je suis censé exprimer à son égard n'en reste pas moins quelqu'un qui a compté. Il est mourant, mais je ne veux pas le libérer pour lui offrir un simple sursis. Je ne veux pas avoir dans deux mois à trancher la gorge de mon premier véritable ami parce que toi et Alastor avez des frustrations à soulager, un passif ou que sais-je encore à exorciser. Tu l'aimes, alors ne le condamne pas. Parce qu'on ne peut pas te tuer, Opal, alors à défaut, on ira tuer tout ce qui fait du sens pour toi. Cette guerre que vous vous apprêtez à lancer, ce sont les autres qui la paieront ni toi, ni lui. Alors dit moi : pourquoi je vous laisserais partir ?

Parce que ce n'est pas lui qui t'accorde un sursit, c'est toi qui lui en accordes un. Bien évidemment, jusqu'au bout, tu ne baisseras pas les armes. Tu es fait du même bois que lui (où il est fait du même bois que toi ?). Comme quoi les vieux dictons sont vrais, la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre, Opal. Si Alastor est buté, que dire de son créateur alors. Tu ne vas pas abandonner, tu veux ressortir d'ici à la tête haute même si c'est pour de faux. Vous avez chacun un ego si grand, si écrasant. C'est ce qui lui manque et il le sait. Lui a tendance à abandonner quand la guerre le lasse. Vous, vous acharnez.

Il n'a pas besoin de don pour savoir que tu ne bluffes pas. Dundee mort, plus rien ne te retiendra. On mourra tous, mais ce ne sera pas beau, ce ne sera pas rapide. On mourra dans la haine des uns et des autres, on se coupera les membres entre amis et amants. Et il le sait, Opal, mieux que personne, qu'Alastor ira faire tomber sa tête. Il ne comprendra pas le fait d'avoir appartenu à quelqu'un d'autre, et cela, même si on lui est entièrement dédié aujourd'hui. Il ne comprendra pas les remords pour le maire, il ne comprendra pas que sa main ne soit pas la seule et unique douceur secourable qu'il n'a jamais aimée. Et dans un sens ça le terrifie, Opal. Mais la peur de tomber en disgrâce est bien peu de chose comparée à celle de le voir mourir, lui. Et c'est bien le fait que tu le menaces, Opal, le fait que tu lui dises que tu n'hésiteras pas qui lui fait reconsidérer ta demande. Parce qu'il comprend, mieux que personne. Il y a des gens, comme ça. Des gens qu'on aime à un point tel qu'on pourrait égorger père et mère pour lui. Il y a de ces amours qui vont bien plus loin que le désir simpliste d'exister et d'être touché. Il y a de ces personnes pour lesquelles on irait tout sacrifier. Il en a connu une, avant. Il ne fait que reproduire (dans l'inconscience) les mêmes schémas ici. Alors il te prend bien plus au sérieux, Opal. Bien plus que quand tu faisais appel aux menaces de la Reine Blanche.

— Quelles garanties ai-je que tu n'iras pas nous rendre visite de nouveau avant longtemps ?

Parce que c'est bien la seule chose qui empêche encore son geste. Écarter la menace la plus directe ne servira à rien si la suivante arrive tout aussi rapidement. Alors il fronce les sourcils, met du poids sur la balance. Si tu pars ce soir, Opal, c'est pour ne plus revenir avant un certain temps.

— Avant que tu ne me répondes, retiens bien une chose : Nous avons une liste détaillée de toutes les personnes qui te sont ou t’ont été proches. Nous connaissons leurs identités, leur localisation et leurs habitudes. Si tu fais quoi que ce soit contre Alastor ou l'un d'entre nous ce sont ces innocents qui le paieront. De plus, maintenant que nous connaissons ton véritable point faible sache que nous n'allons pas nous gêner pour l'exploiter... Et ce de toutes les manières possibles. Il y a bien pire que la mort et tu peux me faire confiance pour être plus que créatif.

Toujours accroupis, ses yeux plongés dans les tiens. Une guerre qui se joue sur les mots et dans le regard.

—  Tu as dit que tu ferais n'importe quoi pour le sauver alors prouve le en restant loin de nous et de nos affaires, Opal. Parce que je ferais tout pour protéger Alastor, même si ça veut dire détruire Dundee et tous ceux qui l'entoure pour t'atteindre. Quelques secondes avant de se relever. Si ces conditions te conviennent, vous serez libre dans moins d'une heure. Le temps pour moi de préparer votre évasion et d'en profiter pour me débarrasser d'un boulet par la même occasion.

Avons-nous un accord, Opal ?

Je crois que nous avons un accord, Judas.
Et ça sonne comme un soulagement, comme la fin temporaire des combats. C'est pour le mieux, n'est-ce pas ? Alastor est trop instable, nos rangs sont désorganisés, nous ne sommes pas prêts à te combattre, pas encore assez solides. T'écarter, penser à une nouvelle stratégie, prendre le temps de se renseigner sur tes alliances avec la Reine Blanche, se lancer dans une guerre de l'information et redistribuer les cartes, c'est la bonne décision, hein Opal ? C'est pour Alastor, pour la survie du groupe qu'on fait ça. On ne se trompe pas. On n'échoue pas. Ne pas laisser le doute prendre le pas sur l'action. Pense, Judas, mais ne soit jamais immobile. Les proies meurent quand elles ne bougent pas et il ne veut pas mourir. Pendant d'interminables secondes, il reste silencieux, tendu. Ce serait bien plus simple de suivre aveuglément Alastor. Mais ce serait aussi une trahison. On voit le mur venir, quel genre de bras droit on serait si on le laisseait foncer dedans sans rien faire. Oui. Oui. Judas agit.

— Tant que tu respectes tes engagements Dundee, ses proches, toi et tous ceux qui ont eu le malheur de te côtoyer seront épargnés. Tu as ma parole. Et comme en sentant que tu pourrais te saisir de la perche pour porter un dernier coup, il précise. Contrairement à ce que tu penses je n'ai rien promis, ni juré au maire. Je m'engage peu, mais quand je le fais, je le fais sérieusement.

Un regard vers Dundee alors que déjà dans son crâne, se dessine le plan détaillé de votre fuite. Il sait déjà qui accusait, comment et pourquoi. La pression à un effet incroyable sur lui, tu sais ? Il meurt à chaque coup, mais en parallèle, il déploie sa véritable dangerosité. Méthodique, rapide, efficace. Et c'est peut-être bien parce que les Dark Shadows sont des enfants si dissidents qu'il est aussi bon dans son rôle, Judas. Il fait tout disparaître, les traces, les corps, les problèmes.


Et en l'espace d'une heure, tu as pu voir, Opal, comment, quand il le veut, il peut être performant. Quand il franchit la porte de ta prison pour la troisième fois de la soirée, il est au summum de ses capacités. Compte méthodiquement dans sa tête les secondes, car il a tout prévu. La pauvre victime qui portera le fardeau de la traîtrise à sa place arrivera bientôt. Il s'est assuré d'avoir des témoins, il a choisi le plus chaotique des profils, car sa parole ne vaudra rien. Dans un sens, il savoure le bon débarrât que ce sera, il t'en remercierait presque, Opal. Il vient te défaire de tes liens, défaire ceux de Dundee.

— Dernière précision : Je vais tenir Alastor et le reste des DS loin de toi et de Dundee mais nous poursuivrons nos activités que tu le veux ou non. Tu as peut-être façonné notre secte, mais beaucoup de choses ont changé, Opal, et beaucoup de choses changeront encore. Si je dois un jour te trouver (un regard vers Dundee) ou le trouver, crois-moi que ce ne sont pas tes tours de passe-passe qui m'arrêteront. T'invites d'un geste à déguerpir le plus loin possibles. En attendant, ne me donne pas une raison de venir le tuer, il ne mérite pas de payer à ta place.

Mais dans son regard, tu peux voir qu'il n'hésitera pas malgré l'injustice que ce sera. Parce que c'est comme ça, tu ne le sais que trop bien. Pour eux, on irait écorcher vifs les plus doux et innocents agneaux du troupeau.