Autre(s) compte(s) : Azazel J. Amberfox & Lilian C. Stardust.
dispo rp : Messages : 113Points de Bonheur : 244Avatar : Shuu Tsukiyama - Tokyo Ghoul.Âge d'apparence : Mi-vingtaine. Signe Astro : Le calice (11 smar)Rôle : -Métier : Gérant du Forgotten Theorem | AuteurInventaire : Clé envoutée | Chewing-gum repas (1).Pouvoir : Osmose mémorielle. En couple avec : Sa mémoire. Autre(s) compte(s) : Azazel J. Amberfox & Lilian C. Stardust.
Lysandre T. Aurem
very seriously lost
Page blanche | Thaddeus Lun 29 Mar - 8:07
Rewrite the books
And rewrite yourself
Feat. Thaddeus
Cacophonie oculaire. Des livres secoués, abandonnés à un sort inopportun, retournés, malmenés, brusqués. Si l’arrière-boutique – pièce de résistance menant vers les confins d’un appartement parsemé d’esquisses mémorielles à aduler – est en proie à un capharnaüm constellé d’ordre – des tasses de thé oubliées, dans lesquelles on peut désirer lire des avenirs qui n’existent point et des notes accrochées aux murs, aux fenêtre, pour essayer de se rappeler, de s’identifier –, l’avant-boutique se veut à l’image de la psyché de son propriétaire; aléatoirement disposée, fracturée d’inconsistances difficiles à interpréter. Des ouvrages sont entassés, comme dans n’importe quelles autres librairies, dans des étagères en merisier sombre, mais à leur prestance s’additionnent des piles de livres érigées à même le plancher. Des stalagmites dont les pointes sont décorées d’échiquiers et de bouquets fleuris – myosotis, coquelicots et œillets –. Des damiers surmontés de figurines de bois – d’où sortent-elles celles-là – veulent parfaire le tout.
Lysandre considère le tout d’un œil un peu atterré, cela dit. On dirait une course à obstacle dont il ne peut discerner la ligne de départ ou d’arrivée. Ses souvenirs – comme souvent, comme toujours – se hâlent, mais il jurerait que l’état des lieux n’était pas si désastreux par le passé – hier, aimerait-il dire sans trop savoir ce que cela signifie –. Les réponses ne viennent pas et il se contente de considérer le tout en soupirant.
Atterré, vraiment.
Bras croisés, il ne sait pas particulièrement par où commencer, comment rectifier le bordel que se veut être son domicile. Tant à faire et le manuel d’instructions lui manque. Une voix lui souffle – sourire, peut-être le sien, peut-être pas – qu’il pourrait tout réécrire, recommencer à zéro, brûler ses notes et réécrire, réécrire. Mais il ne sait pas, il ne sait pas trop.
Comment réécrit-on une librairie entière, Lysandre ?
Neverland gravite dans les vestiges que le temps a laissé derrière et Lysandre envie la ville qui se réveille, qui ouvre ses fenêtres pour saluer le jour. Tout tourne rond, mais pas sa tête et, dans un pincement de lèvres désolé – pour lui-même, pour ses livres – il se dit que cela est vraiment, vraiment, atterrant. Décidément, un cerveau de rechange ne serait pas de trop.
Une tour noire roule de l’un des échiquiers qui trône précairement. Elle roule, roule, roule et lorsqu’elle claque contre le sol, la porte s’ouvre sans cérémonie. La clochette annonce l’arrivée de quelqu’un.
Thaddeus est debout et le monde s’est renversé. Ça a commencé par l’inverse.
Il y a trop de gens et il ne s’est jamais senti aussi seul. Les ongles enfoncés dans la paume, pour se rappeler –il ne peut plus l’oublier, pourtant-, qu’il est là. Que ces gens, avec cette altérité et cette diversité ne lui renvoient aucun miroir à lui-même, et il n’y a pas d’empathie, pas de sympathie, rien que le mouvement trop violent de son absence d’intégration parmi eux. Il se fait bousculer, regarder un peu de travers à la limite, mais c’est tout, c’est tout, et on l’ignore, et il est là, et il ne sait pas ce qu’il fait là, et il a un peu envie de pleurer, parce que rien que formuler la pensée lui permet de rester calme, et il est là, et il ne comprend pas, et le monde est devenu cet amas complètement blanc d’un son qui résonne dans sa tête sans vouloir complètement s’arrêter. Le monde est devenu fou et il est la seule personne qui est encore un peu sensée, et il espère presque que l’explication donnée soit que son cerveau, comme dans un mauvais rêve, n’accepte pas de le laisser avoir mal. Il ne devrait pas être là.
Cela ne l’empêche pas de rester. Encore et encore et ici et ailleurs, et il a bougé, lentement. Il a bougé, avec les dents qui sont enfoncées si fort dans ses lèvres que le sang a perlé, et il a dans la bouche le goût amer de sa propre sensibilité, de sa propre réalité, et ça n’aide pas. Ça n’aide vraiment pas. Il veut fermer les yeux et qu’on l’oublie.
Il se retrouve au milieu d’un amas encore plus encombré. Il ne sait pas vraiment comment il s’est rendu là, il ne s’est pas comment le mouvement de la fluctuation piétonne a pris ces dimension- là, et ça froisse contre le tissu de ses vêtements, ça crisse contre ses nerfs. Il est là. Éventuellement, il finit par prendre complètement la réalisation, et par mordre dedans. C’est une révélation qui a le goût du soulagement, pendant un instant, parce qu’il se rappelle, pendant une seconde qui a flotté juste avant la seconde de l’impact, qu’il ne voulait pas mourir. Il me voulait pas mourir, il fallait absolument qu’il fasse imprimer son document, il fallait absolument qu’il finisse ce qu’il avait à faire avant, et-
Il est un idiot qui essaie de s’accrocher à cette réalité, et les joues mouillées, à trop contempler ces visages un peu éberlués autour de lui, il finit par se sentir anxieux. Décalé, désaccordé, il est la note de trop sur une symphonie dans lequel il est inutile. Alors il bouge, il bouge avec son corps qui pèse un million, et il bouge lentement, en laissant ses yeux couler sur des informations que son cerveau n’arrive pas vraiment encore à traiter. Il les regarde et regarde et ne les voit pas, ces façades qu’il longe, et il y n’y a de la lumière que lorsqu’il voit le mot « Library ». Parce que ça se met à faire du sens, parce que son cerveau assimile l’idée de livre à « mémoire », à « devoir », à point de repère par rapport à ce qu’il y avait avant, et c’est ce qui le fait s’arrêter sous l’insigne, c’est ce qui le fait ne même pas regarder à l’intérieur de la vitrine : il pousse sur la porte simplement.
Une tour noire qui tombe, c’est le premier mouvement.
Il est entré, il a franchi une première porte, et il a l’impression que le monde vient de s’arracher le reste de la peau. Immobile, sous la cloche qui résonne ses dernières vibrations, il fait face à un accueil qui ne ressemble à rien. C’est comme s’enfoncer dans un lit trop grand, ou un cercueil trop confortable. Il a un premier sourire, fatigué, désincarné, et par un quelconque miracle, se croit encore seul. Il se croit seul, n’a pas encore structuré l’idée qu’il puisse y avoir un commis, un gérant, qui que ce soit. Il referme la porte, persuadé d’être simplement face à quelque chose qui ne nécessite pas l’artisanat de qui que ce soit.
Il est face à un bordel organisé de pensées, de détails et de souvenirs, et ça ressemble exactement à ce que cela devrait être, dans son cerveau fatigué d’enfant qui voulait vivre au milieu des livres.
Pourquoi n’a-t-il jamais essayé de passer l’examen pour devenir documentaliste ? Il ne se rappelle pas.
Il y a des livres écornés, abandonnés, qui servent de plateau à des tasses de thé. Thaddeus avance doucement, lentement, en contrôlant ses pas, ses respirations, et le monde est peut-être un peu figé. C’est pour ça qu’il ne le voit pas, cet homme dans un coin, c’est parce qu’il est trop concentré sur ce qui est plutôt que ce qui devrait être, et il tend les mains, un peu dépassé, pour ramasser un biscuit qui traine sur des pages ouvertes. Il est entré ici, au final, parce que c’est ce qui paraissait safe, ce qui paraissait sécuritaire. Mais à l’intérieur de l’endroit, face au bordel de couleurs qui prennent des formes, il s’est juste oublié. Il n’existe pas vraiment, tout ce qui compte consiste en ce biscuit qu’il lâche au milieu d’une tasse abandonnée, loin des pages du papier, qu’il vient épousseter. Immonde, immonde hérésie, que de la bouffe sur du papier imprimé.
Et puis il voit le type, et ses yeux s’ouvrent, et sa gueule s’enflamme, et Thaddeus a ce mouvement de recul, immensément terrifié.
« Uh- Oh. Hey. Hm. »
Les lèvres gonflées, les yeux exorbités, il ouvre la bouche, la referme, et il est un poisson en train de crever qui veut se cacher.
« M’sorry. Hello. »
Et pour bien le condamner, il a trop reculé, dans sa frayeur surprise, et son coude vient frapper une tasse qu'il ne voit pas, une tasse qui vient s'éclater, en un million d'éclat de céramique bleu, contre le parquet surchargé. Métaphore cruelle de sa propre condition, il y a quelques instants. Ça le fait exploser en sanglots. Le monde est debout et il est renversé, dans sa tête.
Autre(s) compte(s) : Azazel J. Amberfox & Lilian C. Stardust.
dispo rp : Messages : 113Points de Bonheur : 244Avatar : Shuu Tsukiyama - Tokyo Ghoul.Âge d'apparence : Mi-vingtaine. Signe Astro : Le calice (11 smar)Rôle : -Métier : Gérant du Forgotten Theorem | AuteurInventaire : Clé envoutée | Chewing-gum repas (1).Pouvoir : Osmose mémorielle. En couple avec : Sa mémoire. Autre(s) compte(s) : Azazel J. Amberfox & Lilian C. Stardust.
Lysandre T. Aurem
very seriously lost
Page blanche | Thaddeus Lun 12 Avr - 23:37
Rewrite the books
And rewrite yourself
Feat. Thaddeus
La tasse se fracasse et Lysandre, avant de réellement intelliger le bri de la porcelaine, l’embarras de son client, se dit, toujours atterré, que le capharnaüm de l’arrière-boutique a saigné jusqu’au désordre de l’avant-boutique. Des tasses partout, qui se multiplient et qui se morcellent devant les yeux d’un autre.
Désolant. Il ne se rappelle plus de ce qu’il pensait de cette tasse. Il ne se rappelle pas non plus du profil de l’individu qui se répand en larmes au-dessus de la porcelaine détruite. Il cille en face des cheveux bleus – souvenir d’un autre, d’une couronne mortuaire sur un faciès digne d’en mourir – et tend une main gantée de blanc. Ce n’est pas le bon bleu, convient-t-il mentalement. Plutôt un bleu neuf, oui.
« Here, here », commence-t-il doucement en s’approchant de l’inconnu. « It is just a cup. I am sure to have many more elsewhere. No need to cry over spilled tea. ».
Il le saisit par l’épaule et l’intime d’un mouvement calme à se diriger vers l’un des canapés sombres qui brodent les étagères du mur opposé. Il l’installe, s’il le peut, près d’un coussin veiné d’ocre et d’argenté. Il le contemple, un instant, vacillant contre le relief de souvenirs fuyant et se dit qu’il s’agit de la première chose – personne – qu’il contemple aujourd’hui et qui ne le fait pas se sentir las. Un vague intérêt remplace la lassitude, mitigé par une pointe d’inquiétude découlant des manifestations émotionnelles de l’autre. Une envie de consoler, de rassurer, parce qu’une librairie – le rôle premier du Theorem, n’est-ce pas – se doit de prodiguer du bien-être à ses clients. De l’aventure, de la connaissance, de l’évasion, de la perspective.
Lysandre sourit. Il lui tend un mouchoir brodé des initiales A. C. A. et piqueté de floraisons azures.
« Now, sit here while I clean up the mess. I shall be right back with you if you’ll give me a minute. »
Il s’écarte, trace ses pas jusqu’à la porte menant vers l’arrière-boutique et jette un regard par-dessus son épaule avant d’y disparaitre. Il ne se rappelle pas exactement où il a rangé son matériel de nettoyage, mais convient qu’un balais ne devrait pas être en mesure de se cacher trop facilement. Il l’a probablement rangé dans le grand placard à la gauche de l’arrière-boutique, oui. Oui. Il le déniche, revient à l’avant et s’empresse de rassembler la tasse fracturée en un amas de pièces incongrues.
« Now lad, would you like some tea ? On the house. »