Arracher une à une les écailles d’une captivité crasse. Cesser de prétendre d’être ce qu’il n’est pas. Bandersnatch n’a que faire de vos querelles, Bandersnatch n’a que faire de vos histoires et de vos plans. Ceux qui règnent sont perdus.

Bandersnatch cesse de se faire passer pour un homme.

Il est avant tout la bête. Pelage retrouvé, sauvagerie reconquise. Oui, c’est une conquête qu’il a menée. Contre ceux qui ont fait de lui un homme, contre ceux qui ont fait de lui un monstre. Une conquête encore inachevée, au goût de métal.

Mais elle avance.
Et il avance.

Il a laissé dans son dos les noms pour ne garder que son essence et sa fierté. Pas de titre pour la bête de ce monde. N’existe plus pour satisfaire vos envies possessives et votre domination suintante. Il ne s’appartenait plus, collier au cou, souvenirs pour la reine, confiance vainement cherchée dans l’amour.

Colère et haine ont laissé des traces mais Bandersnatch maintenant réapprend à vivre. Avide de sa liberté, avide de connaissances, dévorer le monde et le comprendre. Le parcourir. Libre de vos chaines égoïstes et des siennes. La vengeance comme une question sans réponse. L’envie de violence, et la rancune tenace. Mais s’interroge.

Le collier à son cou lui pèse, les tueries lui pèsent. Sa captivité l’épuise. Mais il a cessé de hurler. Indompté mais silencieux, moqueur arrogant. Son seul regard suffit à vous rappeler que vous ne l’aurez jamais totalement. Qu’il est resté imbrisé sous vos coups.

Bandersnatch reste une bête, violente et bestiale. Profondément sauvage, il l’a ancrée dans la peau, la bataille. La guerre ne sera jamais son domaine, lui court dans les forêts et les montagnes. Mélancolie lancinante parfois, de ce ciel infini. L’envie de s’y perdre et d’oublier ce collier qui pèse.

Le temps d’une respiration.
Douter.
Repartir.

Certaines plaies ne se refermeront jamais et on va juste vivre avec. Parce qu'on existe jamais totalement en niant ses fêlures. Prend conscience de ses propres contradictions. L'amour et la haine sont si intrinsèquement liées au cœur de son histoire qu'il s'y est longtemps perdu. Paradoxalement apaisé. La balance des questions sans réponses qui n'en sont plus.

Respirer.
Le regard sur la plage, vers le bord du monde.
Sourire.

Bienvenue à nouveau, Bandersnatch.
Ce monde est le tien.
Cette vie est la tienne.

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