La question revenait si souvent.
Pourquoi une telle dévotion ?
Pourquoi vouer un tel culte à la royauté ?
La réponse était aussi simple qu’ambiguë : parce que.
Parce que c’était mon choix ; parce que c’était dans ma nature que d’aimer cette reine plus que je m’aimais. Je n’avais pas besoin d’y chercher une quelconque explication en réalité, jamais je ne me questionnais sur ce fait, bien au contraire. Pour moi c’était une évidence ; l’inéluctable destin qu’était le mien : servir ma reine jusqu’à en crever s’il le fallait.
C’était ma fonction dans ce nouveau monde. Peut-être que dans le monde des alices j’avais eu une vie similaire ? Une vie de servitude pour une reine ou un roi. Un dieu ou une déesse. Quelle importance maintenant ? Wonderland était ma maison… pour toujours.
Mais Alec relevait toutefois un point important. Notre existence avait-elle vraiment un but ? Avions-nous tous une raison d’être ici ? Les natifs n’avaient pas le choix… mais nous ? Nous les réfugiés qui avions quitté notre autre maison ; qui avions finis par l’oublier, avions-nous tous une fonction en ce bas monde ? Ma réponse fut paradoxalement moins passionnée que d’ordinaire :
—
Est-ce qu’on ne s’en ficherait pas un peu au final ? Tu crois que c’est si important que ça d’avoir un but défini ? Je ne pense pas que c’est ce qui nous rend heureux ni entiers. Je ne peux pas parler pour les autres parce que même moi j’ai toujours cette sensation désagréable… cette impression qu’il me manque quelque chose alors que je devrais normalement être comblé. D’autres n’ayant aucun but doivent peut-être même se sentir mieux que moi… qui sait. Et après des centaines d’années.
Si les rôles s’inversaient alors quoi ?
J’avais des doutes à ce propos Alec…
Curieusement, je ne voyais pas cela possible.
—
Que je termine au moulin à vendre mon corps pourquoi pas tout peut arrivé. Mais curieusement j’ai du mal à t’imaginer à ressentir une soudaine dévotion pour ma reine blanche. Tu es bien là où tu es… et je suis bien là où je suis.Et tant mieux d’ailleurs.
Parce que je ne savais rien faire d’autre.