CARACTÈRE

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Vous connaissez tous le petit mioche qui s'ennuie plus vite que la lumière et qui vient réclamer votre attention toutes les cinq minutes ? Alors imaginez qu'il a grandit ; toujours aussi irresponsable et hyperactif mais qu'avec le temps cette curiosité s'est étrangement mutée en une spirale de divertissement destructeur et instable.

Loin de craindre la douleur, sa voix nonchalante ne vacille nullement au spectacle de ses bras et jambes valsant vers d'autres horizons. Rien ne lui procure de plus grand plaisir que d'entendre la rage de ses pairs se déverser tandis qu'ils s'adonnent à la violence à défaut de la parole. Car ce qu'il exècre au plus haut point reste l'indifférence, ce regard méprisant et hautain qui n'admet point son existence et lui rappelle ses années de labeur infernal.

C'est marrant la vie, ou peut être juste la mienne allez savoir.

J'ai abandonné très vite mes rêves d'enfance parce qu'il fallait bien manger autre chose que mes désillusions. Par une jonction de chance et malchance, le boom industriel de l'époque m'aura offert une place de choix parmi les toc névrosés de la classe moyenne, et ma vie quoique fade au possible n'était pas si mauvaise. Il faut dire, j'aurais probablement continué ainsi jusqu'à la fin sans l'intervention du malheureux (quoique libérateur) accident. Finir sous deux tonnes d'acier est douloureux croyez moi. aie.

C'est de pareille façon que mon petit derrière tomba dans ce foutoir de ville de noël. Et de ma nouvelle vie mon choix fut de la mener comme la précédente. Une idiotie sans nom en rétrospective, mais je ne savais comment vivre autrement que d'ennui. Des années durant, c'est la tâche de l'avant noël qui aura usé et abusé de ces minimes tel un pantin machinal sans vie. En somme, je n'ai jamais vraiment su comment ni pourquoi je me suis retrouvé à fabriquer des jouets pour ce vieux pochtron maniacodépressif de père noël. Être occupé sans le moindre temps mort m'aura permis justement de circonvenir à ces questions dérangeantes.

Contre toute attente, ce fut par la main lascive d'une femme à la douceur mortifiante que mon existence trouva encore quelques couleurs. Au centre d'explosions et de cris agonisants, le sacre de ma nouvelle vie ne présentait pour elle qu'un simple caprice irréfléchi. Et par son charme ensorcelant me suis-je retrouvé aux portes d'un monde de violence et d'excès.

Ai-je changé pour autant ? J'en doute. Car je ne fais que suivre les règles qui régissent ma nouvelle vie. Pourtant aujourd'hui je discerne dans le regard des yeux qui m'entourent une lueur nouvelle, si étrangère à l'indifférence d'antan. Allant du désir charnel à l'exaspération, tout en passant par le mépris haineux, tous semble me courir après pour bien des raisons. Tous veulent un morceau de ma personne, et je dois bien reconnaître que je me plaît beaucoup à provoquer tant d'effervescence...