il fait nuit, une nuit noire que seules les astres éclairent encore. tu ne trouvais pas le sommeil, alors tu as laissé harmonie endormi paisiblement là où vous avez élu domicile, à neverland, et tu es parti. tu ne sais pas depuis combien de temps ; ici, de toute façon, cette notion n'a pas de sens, pas vrai ?
tu as pris une bicyclette. c'est plus rapide qu'à pied, ça permet d'aller plus loin. mais loin où ? vers l'ouest, tu décides au hasard. tu passes devant des maisons colorées, une végétation insolite, des paysages tout droit sortis d'un rêve – ou d'un cauchemar, au choix. même de nuit, wonderland reste aussi fantasque. étrange monde où vous avez atterri. et comme le précédent, tu ne sais pas ce que tu y fais.
les roues de ton véhicule s'enlisent dans quelque chose, t'arrêtant net. du sable, fin et immaculé. tu descends de la bicylette, l'abandonnant là, au bord de la plage, et tu avances. tes pas laissent des traces dans le sable, au milieu des coquillages aux reflets irisés qui étincèlent à la lueur de la lune. finalement, tu t'assois, les bras passés autour de tes genoux qui sont ramenés contre ta poitrine, et tu fixes la mer. elle ne ressemble pas du tout à celle de chez toi, à ōma, mais c'est tout de même la mer, et étrangement, ça a quelque chose de réconfortant.
absorbé dans ta contemplation silencieuse, tu ne remarques pas une autre présence qui s'approche.

ah. on dirait que tu n'es pas seul sur cette plage. quel dommage. tu tournes la tête vers la voix qui vient de t'interpeller et dévisage longuement ton interlocuteur. il ne semble pas bien plus âgé que toi, mais depuis que tu es à wonderland, tu as appris à ne pas te fier aux apparences. les gens ne sont pas toujours ce dont ils ont l'air, ici.
mais quelle importance ? de toute façon, ce n'est qu'un rêve.

je ne sais pas.

seule réponse que tu offres à sa question. tu n'as pas vraiment pris le temps d'y réfléchir. ça ne t'intéresse pas de parler des étoiles ou de la mer. il y a une raison pour laquelle tu te promènes plutôt la nuit. à vrai dire, cet inconnu bavard avec ses drôles d'oreilles poilues sur la tête dérange la tranquilité de ce lieu (et la tienne), et tu n'attends qu'une chose : qu'il s'en aille pour enfin retourner à ta solitude.
résolument, tu te tournes de nouveau vers la mer. peut-être que cela suffira à le décourager de te parler à nouveau. pourtant, au fond de toi, tu n'y crois pas trop.
tu n'as vraiment pas de chance, hoshiko.

comme tu le craignais, l'inconnu continue de te faire la conversation, visiblement décidé à ruiner ta tranquilité. peut-être que tu ferais mieux de t'en aller ; mais tu n'as pas envie de rentrer auprès d'harmonie, pas tout de suite. tu n'arriverais pas à dormir, de toute façon.
ça ne va pas te tuer de parler à quelqu'un pour une fois, tu supposes.

la chèvre.

juste après avoir répondu, tu te souviens que les gens d'ici n'utilisent pas le même zodiaque que vous. mais tu n'as pas vraiment pris le temps de retenir tous les signes astrologiques de wonderland, alors tu ne connais pas le tien. tant pis.
tu entends d'une oreille l'autre raconter quelque chose que tu ne comprends pas tout à fait. tu lui adresses un regard vaguement confus. les cieux sont un livre entrouvert ? tu as beau lever la tête, tu ne déchiffres aucun secret caché dans les astres. ça doit être une métaphore, mais c'est trop abstrait pour toi.

moi, les étoiles ne me disent rien, tu souffles.

tu portes bien ton nom, enfant des étoiles ; elles sont muettes et distantes, exactement comme tes parents. mais ce n'est pas grave. leur silence ne te dérange pas.

tu n'y connais pas grand-chose en astrologie, hoshiko, et une fois de plus, tu te retrouves incapable de répondre. est-ce qu'il y a des constellations pour chacun des douzes animaux du zodiaque ? tu demanderas à harmonie, peut-être qu'il saura, lui. en attendant, tu hausses les épaules.

je sais pas.

il parle décidément beaucoup, ce type. mais il a l'air d'avoir sommeil ; avec un peu de chance, il finira par s'endormir et te laissera tranquille. en attendant, tu n'as qu'à supporter ses drôles de bavardages.
peut-être que tu devrais éviter de lui répondre, pour le décourager. mais sa façon de te parler comme si tu n'étais qu'un enfant ignorant est juste assez importune pour que tu n'arrives pas à l'ignorer. tu te relèves, et tu te tournes vers l'étrange personnage, fronçant les sourcils.

je suis pas aveugle, réfutes-tu fermement. et je ne suis pas perdu.

tu saurais retrouver son chemin jusqu'à neverland, c'est vrai, mais est-ce que tu n'es pas un peu perdu dans ce monde, finalement ? tout autant que tu l'étais dans le précédent, d'ailleurs.

et puis, t'es qui, d'abord ?

la politesse voudrait que tu te présentes en premier, hoshiko, mais t'en as pas grand-chose à faire de la politesse.