Il est un gout particulier que d’aimer vivre dans le danger. Ou tout du moins loin du confort des habitudes, de ne tournoyer qu’autour des âmes qui vous font vous sentir complètement à l’aise, qui ne juge ni votre existence ni vos gouts. Mais amère est à conclure que tu ne fais partie de ces gens-là. Vacillante araignée, qui aime danser, tourner sa toile autour de ceux qui pourrait la mépriser, voilà ce que tu es. Et c’est dans cet ordre d’idée qu’elle avait connu la belle et dangereuse Jubilee, messagère de cette chère Reine Rouge. Terrifiante Jubilee que tu avais invité pour le thé, pour une conversation agréable entre femmes. Entre curiosités.

Tu n’étais pas dupe de son mépris prononcé à ton égard, ni même que tu n’étais épargné pour le moment que pour une sombre raison, dont tu n’étais pas sure toi-même, mais elle t’avait déjà laissé penser par le passé que ton absence de terreur à son égard avait fait de toi un oiseau pour le moins particulier. Pas que tu t’en plaignes, juste qu’elle t’intriguait probablement autant que toi-même tu l’étais à son égard.

Tu t’es affairée de bonne heure pour accueillir celle que tu aimais à appeler juste dans tes pensée, le bel oiseau rare. Le thé fumait d’ores et déjà dans la théière rouge sang, où trônait l’emblème des Brave Heart, assorti à de jolie tasse tout aussi rouges, un set qui ne sortait des tréfonds de ta cave que pour les passages de Jubilee. Tu avais averti Judas de tes contacts avec elle, frileuse à l’idée que qui ce soit puisse te prendre pour une traitre ou quoi ce soit du genre.

Tu chantonne, te balançant légèrement sur tes hauts talons, sortant quelques autres petits gâteaux pour agrémenter le thé, déposant le tout dans la petite cour extérieure de ta maison, où trônant une jolie table de jardin en fer forgé blanche, et deux chaises assorties de coussin confortable, les bougies et autres lampions éclairant suffisamment le lieu. C’était quelque chose avec lequel elle s’était rapidement accommodée. La nuit constante. Elle n’avait de toute manière jamais vraiment aimé les journées dans le passé, car bien trop souvent jonchés d’une violence qu’elle ne supportait plus de subir. La nuit au moins même les monstres dormaient.

Un bruit venant attiré son attention, elle était là.

Quelques pas élégants et légers pour rejoindre la porte et pour ouvrir celle-ci d’un geste calculé et modéré, sourire sensuel et usuel sur tes lèvres pourpres, voix chantante mais contrôlée.

« Ravie de te recevoir ma chère, je t’en prie entre. »

Sourire léger alors que tu bouge ta main pour l’inviter à entrer.

« Comment s’est passé le voyage depuis le Royaume de la merveilleuse Reine rouge ? »

Tu prenais toujours beaucoup de précaution, à ne pas écorcher, ou mal parler de la Reine Rouge, déjà parce que tu la respectais, surtout son gout prononcé pour le meurtre et aussi parce qu’il aurait bien malvenu de critiquer la Reine de son invitée devant elle.

Belle. Belle est Jubilee.D’une prestaance à confondre si elle est réelle ou bien imaginaire, longue chevelure dans laquelle se reflète les éclats de la lune semblent se fondre, déesse au cœur des mortelle, dont l’aura se glisse sous la peau, empoisonne les veines jusqu’à vous faire étouffer. Jubilee elle est. Tout ce que tu aimes à admirer. Elle est et serait toujours tout ce que tu rêverai d’incarner mais que tu ne pourrais jamais. Jubilee était beauté. Jubilee était iréelle. Laisse entrer en ton antre l’oiseau Jujube, laisse pénétrer dans ta maison celle qui te fascine mais qui pourrait tout autant d’un geste te tuer. Aucun doute dans ton esprit écorché. Cette femme est un danger, et toi tu ne peux t’empêcher de l’inviter à prendre le thé. Terriblement folle qu’est l’araignée.

Sourire esquissé sur tes lèvres pourpres, qu’elle ait remarqué le soin porté au choix du set pour le thé, un thé uniquement choisi pour Jubilee, commandé auprès d’Isabeau, ton créateur de tasses favori en Wonderland, laissant habituellement ranger dans une boite gravée au nom de Jubilee les douces tasses et l’élégrante théière. Tu apprécie que l’on remarque ton attention portée aux détails, parce que c’est finalement ce qui vient à te constituer et faire de toi ce que tu s. Le détail c’est ce qu’il te reste de ta vie passée, ce qui te raccroche encore à ton identité alors que tu sens doucement que Wonderland semble te dévorer contre ton gré.

« Je suis heureuse que cela te fasse plaisir. Il t’es dédié après tout. »

Sourire féminin mature sur tes lèvres pourpres, vipère en ton royaume, tu l’invite à s’installer, alors que tu verses l’agréable breuvage au cœur des tasses.

« Thé noir, note de menthe et grenade. »

Annonce simple, pour un thé entièrement maison, alors que s’évanouit vers le ciel la vapeur du thé, que le liquide réchauffe, que les notes de grenade viennent à se glisser au creux des narines. Ouvre le sucre d’un geste agile au cas où elle en voudrait. Souris amusé de la suite, alors que ton regard glisse vers elle tout aussi amusé et fier.

« Oh, ça ma douce c’est simplement parce que ce n’est pas moi qui en suit chargée. »

Glisse tes doigts dans ta tasse alors que tu savoures son rire, les yeux un instant fermés. Loin de toi l’idée de contredire ta divine invité tant tu prête peu d’attention aux renégats qui peuplent Halloween, ou les bas étages de ta secte. Et bien mal avisée l’araignée d’en venir à donner des informations qu’elle ne devrait. Non il est bien plus agréable de converser, de laissez dire, sans se laisser marcher sur les pieds.

« Nul doute que cette fabuleuse reine qu’est Juliette leur aurait déjà fait sentir son courroux. »

Les mots sont sincères, tu avais du respect pour Juliette et sa façon magistrale de faire tomber une à une les têtes, ainsi que celle de son mari. Qui parlerait de toute manière en mauvaise instance de la Reine de son invitée. Bien trop d’impolitesse, dont tu n’étais point capable.

« Comment se passe la vie en ces belles terres d’ailleurs ? Je n’ai pas souvent l’occasion de sortir souvent de mon carcan. »

Plus par volonté que par empêchement, car se complait l’araignée dans le noir ambiant.